Criterium

Petit stage de littérature moderne : Amélie Nothomb ¿ Cosmétique de l'ennemi Jean Teulé ¿ Raimbow pour Rimbaud Jeanne Bourin ¿ Très sage Héloïse ...et l'on m'a offert gratuitement Ben Elton ¿ Nuit grave : c'était le moins pire des quatre livres qui étaient ainsi proposés (parmi lesquels l'invendable, apparemment illisible même par les fans, Livre du Voyage de Werber)... j'ai préféré de beaucoup Antechrista d'Amélie Nothomb, que je prendrai sans doute prochainement, la quatrième de couverture m'inspirant beaucoup. Et puis deux pavés parus dans la collection "Dossier noirs" des éditions Agone, sur L'or africain et Que fait l'armée française en Afrique? ¿ Diablement chers mais trop intéressants pour ne pas tomber dans ma besace. Il y a donc maintenant un peu de géopolitique sur mon chevet.

é la Nuit.

Fête de la Musique : la fête n'était pas dans la rue, mais dans ma boîte aux lettres. Un ami n'ayant pas donné plus de nouvelles qu'un mort dans sa tombe depuis mois et années, m'a envoyé un exemplaire de son album. Hors commerce, limité à 50 exemplaires distribués aux amis proches, packaging entièrement fait main et réel travail n'ayant rien à envie à un professionnel. Merci, R., tu m'as sauvé mon 21 juin. edit Punchette, ces deux images sont magnifiques.

J'ai lu le petit pavé en deux tomes d'Elisabeth Kostova, L'historienne et Drakula (après avoir eu une pulsion récemment pour lire une histoire où il était question de sang et de canines). Mon bilan est mitigé, mon avis partagé ; en fait, ce roman est assez inégal. Dans l'ensemble, le second tome m'a plus plu que le premier ¿ j'ai pourtant souvent vu un avis contraire dans les critiques, car il est vrai qu'il y a beaucoup plus d'action dans le premier tome et de digressions historiques dans le second : chacun juge selon son goût. Oh, et je voudrais préciser dès maintenant que le titre en français ne fait pas du tout honneur au titre original, qui, pour tout un tas de raisons, gagnait en ambiguïté et en profondeur : The Historian. Je pense que je vais devoir décomposer le livre selon les choses que j'ai aimé et celles que je n'ai pas apprécié. J'ai aimé : ¿ le fait que trois histoires sur le même thème se déroulent en même temps, par l'intermédiaire de lettres, manuscrits, notes : à la fois l'enquête du Pr Rossi, celle de son thésard en histoire trente ans après, et celle de la fille de ce dernier dix-huit ans plus tard encore. Genette dirait que c'est un roman tout plein de métalepses. ¿ la recherche historique dont l'auteur a fait preuve et le fait que les passages les mieux rédigés soient justement ceux-ci ; certains ont reproché un ton pédant à ces parties, mais au contraire je pense qu'elles apportent plus qu'un style assez quelconque d'une histoire de vampires somme toute assez quelconque. Je n'ai pas aimé : (attention spoilers) ¿ Le cliché du chat sacrifié. Il y a toujours un chat du héros qui ne demande qu'à se faire sacrifier. Même dans Millenium ça a été le cas. ¿ Le thème du complot. Des hommes-vampires en noir qui contrôlent les institutions du monde et arrivent toujours à suivre à la trace les héros, que besoin d'en dire plus? Mention spéciale au fait que ces conspirateurs des ténèbres vont jusqu'à essayer d'empêcher à tout prix les protagonistes de mettre la main sur le roman Dracula de Bram Stoker, comme s'il s'agissait d'un dangereux et secret ouvrage révélant l'emplacement de la tombe du Prince des Ténèbres. ¿ Le style d'écriture, à part les passages historiques, change peu entre les différents personnages et contextes ; cela est dommage car j'ai vraiment trouvé que cela donne parfois un côté un peu artificiel. ¿ L'auto-congratulation sur le métier d'historien. Les historiens-héros entre eux usent de ce qualificatif comme du compliment le plus élevé qui soit, d'une manière parfois un peu précieuse et peu justifiée (dire de quelqu'un qu'il montre qu'il est un vrai historien car il a soudain deviné l'indice que le lecteur avait calculé depuis cinquante pages, est un peu excessif). ¿ La nécessaire idylle entre les héros de sexe opposé, toutes générations confondues ; sans que le côté psychologique ne soit vraiment exploité ; la déclaration d'amour fou et transi vient un peu comme un cheveu sur la soupe. Enfin ; cela plaira aux amateurs de fantastique moderne et éventuellement de romans historiques. J'ai aussi relu le petit ouvrage sur les Prêtres dans l'égypte ancienne de Serge Sauneron, un plaisir.

J'adore les proverbes africains. ¿Quand un arbre tombe, on l'entend ; quand la forêt pousse, pas un seul bruit.¿ ¿On n'insulte pas un crocodile avec les pieds toujours dans l'eau.¿

Bonjour. Ceci n'est en fait pas un TALC (topikalakon) ¿ en effet, l'embargo sexuel total de la gent féminine est un phénomène qui a déjà eu lieu dans un passé lointain... et pas si lointain. Passé lointain : la pièce de théâtre comique grec Lysistrata, par Aristophane à la fin du Ve siècle av. J.-C. Dans cette pièce, les cités grecques d'Athènes et de Sparte sont en guerre. Pour arrêter le massacre vain et inutile, Lysistrata, une Athénienne, donne le mot d'ordre : "Plus de sexe jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de guerre". Cela donne l'occasion de scènes truculentes (telle femme n'en peut plus et tente de se cacher avec n'importe quel homme dans un coin ; les hommes protestent et implorent, en pleine disette). évidemment, le stratagème réussit. La pièce a été sans cesse traduite et je crois même qu'en est sortie récemment une version en BD. Texte en français Passé pas si lointain : en 2009 au Kenya des femmes ont décidé d'appliquer le même traitement pour faire pression sur le gouvernement. L'épouse du chef du gouvernement a même rejoint le mouvement ; en une semaine à peine, cela a porté ses fruits. Un article sur Afrik.com Voilà, c'était la minute culturelle.

אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה ¿ Exode 3:14

Je me sens comme une goutte d'eau. Faible, insignifiante. éc¿urée. Transparente. Noire. Poursuite de nigredo. Je tomberai, là où cela fait le plus mal, pour grandir. Tout cela pour se diluer dans un océan de rien. Bien à vous.

“Ποῦ μοι τὰ ῥόδα; ποῦ τὰ ἴα; ποῦ τὰ καλὰ σέλινα; Ταδί τὰ ῥόδα, ταδί τὰ ἴα, ταδί τὰ καλὰ σέλινα.” — La fête des fleurs.

J'aime beaucoup ces deux derniers poèmes. ¿ Le début du dernier, en particulier, me touche et m'inspire. Je vais me renseigner sur l'auteur...

J'ai moi aussi une certaine affection pour les mots français dérivés du grec ancien. Sémaphore, phosphore, adamantin, améthyste, hiéroglyphe, hiératique. Il y a aussi ces mots qui sonnent comme ce qu'ils désignent. Susurrer, murmurer, chuchoter, siffloter, ronronnement. Et puis ces mots simples et tout empleints de pureté. Nuit, lune, eau, sang, vent, arbre, ruelle, puits.

Cela me fait plaisir de vous lire : même si les lettres manuscrites sont de plus en plus rares, cela ne les dessert pas, bien au contraire, je dirais même que cela contribue à leur aura, à leur donner un aspect plus touchant, plus personnel, plus précieux. ¿ En fait, il ne me viendrait même jamais à l'idée de réfléchir sur le prix du papier, des timbres et de l'enveloppe, pour ma part. En revanche, personne n'entretient, parmi vous, de correspondance active et soutenue avec quelqu'un qui vous est cher? Corollaire : si une telle personne vous le proposait, pensez-vous que vous accepteriez? Réussiriez-vous à tenir cette correspondance? (Interlude : par contre, les cartes postales, je déteste ça! Je n'aime pas les ranger, je n'aime pas du tout en écrire ¿ je ne prends jamais de temps en voyage pour acheter un lot de cartes et les envoyer aux personnes auxquelles il "faudrait"... simple goût : si je voulais présenter un voyage à quelqu'un auquel je tiens, je préférerai de loin écrire une longue lettre et y glisser quelques photos).

Bonsoir. é l'ère du tout numérique, du mail, du forum internet, du twitt, du buzz, du wizz, de la messagerie instantanée, du sms, bref de la communication moderne et surtout électronique, la saveur qu'a une lettre manuscrite ¿ l'écrire autant que la recevoir ¿ reste, et peut-être même augmente, de par son côté plus solennel, patient, sensuel même. En effet, elle contraste : temps de communication plus long, aspect tout à fait tactile ¿ qui n'a jamais touché du doigt ou même des lèvres une belle lettre d'amour, par exemple ¿ et personnel ¿ l'écriture manuscrite et tous ses aléas et ses beautés. Ainsi, certains continuent à aimer la communication manuscrite. Et vous? écrivez-vous des lettres? Aimez-vous en recevoir? ¿ Est-ce seulement dans un cadre sentimental, ou plus élargi? Pour ma part, j'aime beaucoup en lire et en écrire.

Toute la psychanalyse n'est pas Freud. Michel Onfray critique la vision exagérément sexuelle de Freud, ce qui est, aujourd'hui en 2010, enfoncer des portes ouvertes : les élèves de Freud eux-mêmes surent moduler ses théories et les adapter avec d'autres théories qui, si elles n'expliquent pas non plus tout (je pense à Adler et à sa vision du moteur de l'homme non pas comme sa sexualité mais son envie d'ascension et de reconnaissance sociale), ont le mérite d'être complémentaires. Et cela, déjà dans les années 1910, des gens comme Jung insistaient dessus. De plus, même lorsque c'est l'école freudienne qui parle de libido, cela ne désigne pas nécessairement un instinct purement sexuel. On oublie que l'apport de Freud à la psychanalyse, ce n'était pas sa manie de voir du sexe et de l'¿dipe partout ¿ et pourtant, du sexe, il y en a bien dans beaucoup d'endroits insoupçonnés ¿ mais d'avoir montré pour la première fois de façon claire l'existence de l'inconscient. Il y a donc une psychanalyse après Freud, qui a su critiquer son apport. Clairement, en conséquence, jeter toute la psychanalyse parce que l'on jette Freud, c'est aller un peu loin ; mais on sait qu'Onfray aime aller un peu loin (a posteriori), histoire que l'on parle.

Oh! qu'il est doux, quand l'heure tremble au clocher, la nuit, de regarder la lune qui a le nez fait comme un carolus d'or! (...) Il me semblait, ¿ tant la fièvre est incohérente! ¿ que la lune, grimant sa face, me tirait la langue comme un pendu! ¿ Aloysius Bertrand, le Clair de Lune (in Gaspard de la Nuit)

Goossen van Vreeswijk, in le Lion d'Or (1675) Cheminement.