La compétition est-elle une bonne idée ?
La compétition est sans doute une part naturelle de nos échanges, et elle n'est pas toujours problématique. Cependant, la valorisation de la compétition me semble une erreur du point de vue de l'épanouissement des humains et je voudrais expliquer pourquoi j'en arrive à cette conclusion.
Tout d'abord, demandons-nous à quel besoin la compétition répond afin de mettre en évidence qu'il s'agit d'une stratégie parmi d'autres plutôt qu'un besoin fondamental. On veut participer et si possible gagner dans une compétition et éviter de perdre. Pourquoi cela ? Parce que participer répond au besoin de jeu et de défi et que la victoire apporte de la reconnaissance, de la valorisation, du prestige, du rang social. La défaite apporte l'humiliation, la dévalorisation et l'exclusion sociale. Soit on est sur le podium, soit on est inconnu, voire moqué.
L'esprit Coubertin est théorique. Dans la pratique, la défaite est douloureuse et certains athlètes se font vivre des conditions terribles pour accéder au podium. Beaucoup de la souffrance engendrée est cachée, pour ne pas paraitre faible. Et les perdants sont laissés de coté, alors on ne sait pas quels sont leurs sentiments. On interview certes parfois des perdants, mais seulement parmi ceux qui ont une probabilité d'être sur le podium. Certes, certaines personnes aiment la souffrance, mais pas autant que cela. Le podium hante probablement ceux qui ont manqué de reconnaissance et d'attention dans leur passé et qui n'ont pas accueilli leurs sentiments passés.
Il est clair donc que la compétition apporte certes de la reconnaissance et de la valorisation à certaines personnes, mais dans le même temps en prive d'autres, qui sont généralement plus nombreux. Ce n'est donc même pas un jeu à somme nulle, mais un jeu à somme négative ! Il y a plus perdants que de gagnants.
Pourtant obtenir la reconnaissance par la compétition évite de montrer notre fragilité et cela apporte un soulagement si l'on a peur d'exprimer un besoin de reconnaissance ou de valorisation inconditionnelle, ou si l'on sait que cette demande sera rejetée. Notez que l'on peut croire qu'une telle demande sera rejetée simplement parce qu'on a jamais essayé.
Quand on souffre, on a tendance à mordre plutôt que de s'ouvrir avec amour. Une tragique situation qui indirectement soutien la compétition.
Or on peut répondre au besoin de défi en faisant des choses qui sont en premier lieu neutres pour les autres ou encore en faisant des choses avec les autres, en coopérant avec les autres. La compétition n'est donc pas la seule stratégie, et en fait il semble que ce soit la pire stratégie possible. Quelle différence entre le bonheur d'un groupe de personnes dont seuls quelques uns sont valorisés parce qu'ils ont gagné contre les autres et le bonheur d'une équipe qui réussit ensemble sans le faire contre quiconque et qui peut se féliciter mutuellement ?
La compétition peut être implicitement soutenue par l'idée que l'on mérite a priori l'humiliation, la dévalorisation et l'exclusion sociale pour le simple fait d'être humain. Ce qui arrive aux perdants apparait alors comme normal. La compétition apparait comme le moyen de sauver une minorité de personnes de leur sort commun. Et le reste est à jeter à la poubelle.
Les gens ont besoin certes de défis, de reconnaissance et de valorisation. Pour l'intéret de chaque individu de la multitiude, on ne peut que désirer se tourner vers des coopérations. On peut alors avoir la satisfaction de réaliser des choses ensemble.
Il y a un besoin auquel la compétition ne répondra jamais : c'est le besoin d'unité sans limite.
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