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"Tu n'es pas mon psy !"


existence

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Je suis un peu inquiet que le mot psy soit devenu une excuse pour se séparer des autres et se réfugier dans une tour d'ivoire. Voire d'agresser les autres qui nous montrent de l'empathie ! Parfois, on est tellement conditionnés à se juger les uns les autres que l'on envisage même plus qu'on puisse avoir une relation empathique avec autrui.

Ayant étudié un peu la psychologie, c'est vrai que souvent les psys sont dans le jugement des autres, ils les mettent dans des cases : parano, pervers, schizo, ADHD, etc. Souvent ils considèrent qu'il y a des problèmes au lieu de voir des êtres humains et évitent d'avoir des relations humaines avec leurs patients. Cela est théorisé par le notion de "distance thérapeutique".

Mais un certain nombre de psy se rendent compte de la deshumanisation dans leur profession. Dans les trois années que j'ai fait, on nous a montre une vidéo d'enfants qui jouent, et les psy qui prenaient pour supposition qu'ils étaient malades arrivaient à une analyse de leur comportement dans ce sens tandis que ceux qui n'avaient pas de supposition n'y voyait pas ces problèmes. Cela dit, qui s'en souvient au milieu d'innombrables terminologies ? Et que dire des différentes branches de psychologies qui se chient ouvertement les unes sur les autres en prétendant être meilleures ?

Je pense que le sujet est plus général. A savoir que l'on est élevé dans une culture ou l'on méprise les besoins et que souvent l'on apprend à se venger des autres plutôt que de leur dire ce dont on a besoin. Si l'on ne peut pas parler de ses besoins, la situation se bloque facilement et c'est logique qu'on considère autrui comme son ennemi. Il est naturel qu'on assure sa survie. L'empathie est pour moi la cle pour sortir de cette solitude de nos besoins.

Parfois un psychologue est une personne neutre qui peut nous apporter un espace de sécurité, cela dit, ce n'est pas une raison pour considérer que l'empathie est le boulot exclusif des psy et que nous ne sommes pas compétents pour cela. Nous sommes des êtres humains, cela nous donne naturellement une certaine compétence.

Il me semble qu'il y a deux choses à éviter quand on se met en empathie :

  • avant de chercher des solutions, attendre que tous les besoins de la personne aient été entendus. Quand cela arrive, il y a par exemple un silence de soulagement. On peut en rester là, profiter du moment pour respirer. Ensuite, on peut parler avec la personne, si elle en a envie, de solutions, cela dit, cela est souvent superflu. Parfois, il faut se retenir de le faire. Nous avons envie de contribuer et nous l'avons deja fait si nous avons écouté la personne avec empathie.
  • sortir de soi-même en disant par exemple que c'est terrible, que c'est bien, en parlant d'une histoire qui nous est arrivé qui serait similaire, en posant de questions qui n'aident pas notre compréhension mais seulement répondent a notre curiosité, etc. Cela nous donne un sentiment de proximité avec autrui, mais cela réduit la probabilité qu'autrui aille au bout de la liste de ses besoins.

Et il y a deux situations ou il est préférable d'éviter de parler explicitement d'empathie et de besoins :

  • Si l'on a soi-même besoin de beaucoup d'empathie au même moment. Il est préférable dans ce cas de prendre un peu de distance et d'avoir de l'empathie pour soi-même. Notez que cela est valable dans l'autre sens, à savoir que l'on a peu de chance d'obtenir de l'empathie d'autrui si autrui a besoin de beaucoup d'empathie au même moment.
  • Si quelqu'un semble allergique à parler de ses besoins, pas la peine d'insister. Autrui peut ne pas se sentir suffisamment en confiance pour ouvrir son coeur. Ou bien avoir des émotions qui l'en empeche. Ou bien être conditionné, etc. Dans ce cas, on peut imaginer pour soi-même quels sont les besoins que la personne ne dit pas.

Bonne empathie !

2 Commentaires


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J'ai eu quelques cours sur la façon de faire des entretiens, cette année. C'est resté très général, mais tu as globalement raison. L'objectif n'est pas de répondre à la place de l'autre, mais de l'amener à raconter, poser le questions s'il y en a, et l'amener à trouver de lui-même les réponses. Le rôle de la personne en face est uniquement suggestif, finalement. Elle est là pour guider, pour mettre l'accent sur quelque chose qui semble important, etc.

En outre, il vaut mieux éviter de prendre le risque de "casser" la dynamique (en se racontant, par exemple) ou de l'amener dans une direction qui n'est pas celle attendue (la personne ne cherche normalement pas de la compassion mais des solutions à ses problèmes).

Tout ça devant être mêlé dans le fait de montrer qu'on comprend ce que nous dit l'autre, nous plaçant ainsi à son niveau, sans pour autant être à ce niveau.

Mais effectivement, chercher à savoir ce qui cloche, et ainsi "classer" la personne dans une pathologie, plutôt que de chercher à comprendre la singularité de la personne et d'agir instinctivement en fonction, me semble être une erreur. Je ne sais pas si ça déshumanise la chose, mais ça simplifie en tout cas le problème et, du coup, amplifie le risque de le manquer.

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Oui, ce dont tu parles-la est la neutralite bienveillante. Cela est neutre, comme son nom l'indique. Et il n'y a pas besoin de beaucoup de formation pour faire cela. Un deconditionnement par rapport aux jugements peut etre necessaire, mais c'est a peu pres tout.

Les gens ne recherchent pas la compassion, oui dans un sens, mais ils recherchent l'empathie. Ou s'ils ne le disent pas, peut-etre qu'il y a une tristesse que se cache.

Montrer que l'on comprend peut repondre au besoin de validation, oui.

Ben ce que je veux dire avec le classement, c'est que supposer un probleme est sans issue, puisque on est amene a le creer. D'autre part, fondamentalement, les gens cherchent a repondre a leurs besoins, et les besoins sont "ok".

Certaines strategies pour repondre aux besoins sont problematiques, cela dit, cela est de la surface.

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