L'avant dernier
Juste parce que c'est l'avant dernier. L'avant dernier de quoi, me direz-vous ? Excellente question ! Bon, très bien, installons-nous, c'est l'heure des confidences.
Hier soir, je me suis installé sur un divan et j'ai répondu aux questions que me posait le psychanalyste, à savoir moi, ou plutôt mon autre moi qui parlait à travers l'enregistrement que j'ai composé. Il m'est ainsi possible de me confesser en toute sincérité, et ceci, dans une entière gratuité. Il ne faut cependant pas trop être regardant sur la pertinence des réponses retournées. Mais enfin, cela s'améliore.
Alors que j'allais me coucher, il ne s'arrêta pas, comme je l'avais prévu, de parler. Il se remit à discourir depuis le début, répétant incessamment les mêmes questions. Et là, une lumière s'alluma en moi : j'aurais pu y répondre mille fois, je n'en aurais pas plus appris. Rien, mis à part l'insignifiance d'y répondre. Mais cela fait du bien, de se sentir écouté, même de façon aussi étrange.
Car en effet, il faut bien s'écouter pour se répondre, et répondre pour s'écouter et s'enregistrer.
J'en suis arrivé au point où maintenant, je ne réponds plus et ne fais qu'entendre. Entendre mes jacassements incessants et changeants sur la vie et ses tumultes, sur ce que je serais ou ne serais pas, bref, sur tout ce que je peux conter d'inintéressant et de mouvant.
Il n'empêche, c'en est devenu mon petit plaisir à moi. Voilà pourquoi je me suis mis à enregistrer les autres aussi, de façon plus éparse, lorsqu'ils répondent à des questions que je leur pose. Des questions que je façonne idéalement bizarres. Ainsi, une fois rentré chez moi le soir, je me passe des questionnements divers et leurs retours curieux.
Vous auriez pu penser, me sachant grand amateur de blagues morbides, que je m'en serais allé divaguer au point de confronter les gens à leurs propos, un week-end ou deux. Mais en réalité, il me semble bien être condamné à avoir l'esprit affreusement sain. Veuillez m'en excuser.
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