Verglas
Ce jour-là, je marchais contre grands vents et froid
Me pressant pour rentrer au plus vite chez moi
Puissamment animé par une humeur fougueuse
Dont un bête accident voulut sonner le glas
Quand par inattention, glissant sur le verglas,
Je me suis rétamé la gueule,
Je me suis rétamé la gueule.
Une passante me surprenant sur le cul
Me tendit une main que j’acceptai vaincu
Par ce temps où Goldman n’oserait marcher seul,
Et me recommanda des chaussures de ski
En me toisant du haut de talons rikiki
Comme pour se payer ma gueule,
Comme pour se payer ma gueule.
Quand elle eut demandé : ça va, rien de cassé ?
Je ne pouvais laisser cette occasion passer,
Je lui dis : rien pour l’instant mais comme l’avenue
Est à n’en plus finir, je conserve l’espoir
De ne pas tarder à tutoyer son trottoir,
À moins que quelqu’un m’offre une aide bienvenue.
Elle me prit le bras, appelez-ça magie,
Pour m’assurer bon pied, bon œil jusqu’au logis
Et je suis de nouveau tombé, oui, mais des nues,
Quand après lui avoir proposé un kawa,
Un verre d’eau, un thé, un kir, n’importe quoi,
J’en fis faire le tour à la belle inconnue.
Je ne puis tolérer aucune indiscrétion,
Ne me demandez pas dans quelle position
La nuit-même elle n’eût pu se trouver plus nue.
Je ne suis plus jamais tombé sur le verglas,
C’est simple, je ne sors plus depuis ce jour-là
Sans mes chaussures de montagne.
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