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L'épouvantail


Jedino

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Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je marche dans la rue, je ne vois que des pingouins, tous plus ou moins moches, tous plus ou moins les mêmes, et tous plus ou moins en course pour rejoindre un troupeau quand ils n'ont plus à chauffer le gosse loin, très loin, et seul. Les mêmes démarches à la con, les mêmes démarches toujours vers l'avant. Zombifiés par leurs musiques abrutissantes, celles qui chantent dans les têtes et s'appellent pensées. Bref, une armée d'abrutis en puissance se voulant être beaux et dignes quand ils ne sont que bas et laids. Fort heureusement, ils n'oublient jamais que les habits font l'homme. Mieux encore, ils sont capables, grâce à une science du jugement aiguisé, ce qu'est la personne avec la force du premier regard. Autrement dit, nous possédons en nous un scanner visuel de ce qu'est un être dans sa profondeur, si je me risque à parler d'une quelconque profondeur pour des machins pareils. Dès lors, à quoi bon discuter? si nous savons tout de l'autre avant même d'en savoir. Je vous le demande. Enfin, admettons que cela ait du sens aussi. Nous en venons, très logiquement, à échanger, dans l'idéal de la situation, c'est-à-dire à monologuer amicalement chacun de son côté afin de dire ce que nous serions selon nous, et selon la monstruosité qu'est une société. Donc, je donne mon prénom, je donne mon âge, je donne mes occupations, je donne tout ce que je peux faire qui soit pour moi valorisant et potentiellement intéressant. L'autre ne manque pas de m'imiter. C'est ce que nous nommons respectueusement la conversation, conversation qui s'accompagne pour beaucoup d'une fausse courtoisie. Mais franchement, qu'est-ce que ça peut me foutre, tout cela? Est-ce que je connais quelqu'un quand je connais des données d'elle, des artifices censés l'identifier, ou est-ce que je la connais quand je sens ce qu'elle peut être, quand je passe du temps avec celle-ci? Passons. la sociologie m'a déjà tué, la psychologie aussi. L'essentiel n'est de toute façon pas d'être dans le vrai ou dans le juste : nous nous contrefoutons pas mal d'agir comme il faut ou comme il faudrait. Nous agissons. Mal, cela va sans dire. Qu'importe ! Nous avons appris qu'il vaut mieux mal agir que ne jamais se mouvoir. Ceci explique sans doute notre mépris à l'égard des plantes. Fainéantes ! L'homme est définitivement à l'image de Dieu. Il ne faudrait surtout pas que son arrogance soit injustifiée. Imaginez ! Il risquerait de prendre conscience de son infinie superficialité et, pire, il en serait l'unique fautif.

Bordel, allez cramer en Enfer. Vos âneries m'insupportent. Ou peut-être est-ce cela, l'intelligence : se vanter d'être sur le trône de la merde, se prétendre capable d'un degré d'esprit proche du divin, et renier ses poils qui rappellent trop cette animalité qui fait peur, au point d'en inventer une seconde peau, une textile, une foutue apparence. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer, ou me borner à tenter de comprendre. Parce que j'ai beaucoup de peine à concevoir que nous soyons en mesure de saisir ce qu'est un arbre en dedans par la simple vue de son écorce et de son feuillage. Je dois sûrement être trop con pour ça.

8 Commentaires


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se vanter d'être sur le trône de la merde

Ça me fait penser à cette citation : "Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul", Montaigne.

Je cite Montaigne parce que ça fait cultivé mais en fait je tiens cette phrase de Booba qui l'a reprise dans Pitbull. blush.gif

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Invité
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