Courbe du bonheur
Le bonheur collectif semble être la somme des bonheurs individuels. On appelle cela l'approche utilitariste. Cela suppose qu'on puisse attribuer l'équivalent d'un nombre pour définir le niveau de bonheur d'un individu, et qu'on fasse la somme pour obtenir le bonheur collectif. Il y a cependant un problème, qui est que le plaisir des uns peu alors compenser la souffrance des autres, ce qui dans certains cas pervers, peut être une tendance sacrificielle.
Je pense que l'erreur est de faire directement la somme. Une fois que nous avons déterminé le vécu individuel, il ne faut pas l'additionner directement. D'autre part, la détermination du bonheur collectif est en fait assez subjective, il y a donc plusieurs interprétations possibles d'une même situation.
Supposons qu'on détermine le bonheur individuel bi d'un individu i. La valeur zéro signifiant une sorte d'apathie, les valeurs positives des expériences globalement positives (éventuellement des petites douleurs mais ne remettant pas en question le bonheur global) et les valeurs négatives signifiant des expériences négatives (souffrance, tristesse, etc.). Chacun peut déterminer selon ses propres critères si son vécu est positif ou négatif. Il s'agit d'une impression subjective.
Le bonheur collectif B est une notion différente. Nous nous en rendons compte quand nous faisons la différence entre nos envies et ce que nous devons faire. En fait, nos prises de décisions se basent plutôt sur la notion de bonheur collectif qu'individuel. Tout est dans sa détermination. Pour calculer B, on va d'abord déterminer les bonheurs individuels bi d'un groupe d'individu I. Première chose, donc, tout dépend du groupe I considéré. Ensuite, on va appliquer une fonction de transformation f du bonheur individuel en composante du bonheur collectif. Cette fonction va dépendre de l'attitude qu'on a envers cette personne. Une attitude empathique (partie négative à gauche) et morale (positive à droite) ressemble à :
En d'autres termes, le côté positif est évalue comme positif pour le bonheur global, mais de façon régressive. De ce fait, la jubilation individuelle entre peu en ligne de compte, seulement le fait d'être content, pendant que la souffrance de son côté est prise en compte pour ce qu'elle est.
Une autre attitude, par exemple malveillante pourrait ressembler à ceci :
Dans ce cas-là, il y a une satisfaction du malheur d'autrui et le bonheur de l'individu est considéré comme négatif. Une attitude indifférente serait bien entendu une ligne horizontale.
Sachant que le malheur et le bonheur individuel peuvent être considéré environ de sept façons, cela fait approximativement 49 fonctions différentes :
Chaque individu i fait son évaluation du bonheur collectif B en prenant en compte certaines personnes et pas d'autres, éventuellement en comptant des groupes entiers d'individus à la fois comme un seul individu (les allemands, les chinois, les blancs, les noirs, etc.). Le fait est que nous avons peu d'informations sur les bonheurs individuels, donc nous simplifions et en cas de besoin, nous analysons plus en détail.
Si le monde est dans un état 1 et que l'on envisage un autre état 2 ayant une valeur B à peu près égale, cela ne nous motivera pas à agir. Si cet état 2 a une valeur B plus importante, on sera d'autant plus motivé à agir pour promouvoir B que cette différence sera importance. Si cet état 2 a une valeur B moins importante, on cherchera à éviter la réalisation de cet état.
La différence entre deux évaluations par deux individus différents i et j peut créer des tensions entre ces individus. En effet, selon leurs évaluations, il va leur apparaitre des actions à faire, et ils peuvent être en désaccord dans la phase de réalisation, parce qu'ils n'ont pas la même évaluation de B, ou parce qu'ils n'ont pas la même façon de réaliser un nouvel état 2.
Ce n'est pas nécessairement une différence d'évaluation de B qui crée des tensions, cela peut être simplement la différence dans les façons de réaliser un nouvel état du monde considéré comme préférable.
Bien entendu, pour réduire les tensions, et pour prendre des décisions collectives, il peut être nécessaire de se mettre d'accord sur une certaine évaluation de B. Quelles fonctions de transformations f choisir ?
La fonction f(x) = x a déjà été largement critiquée par ses effets pervers. J'ai proposé plus haut la fonction empathique et morale :
Elle a l'avantage d'être croissante : l'augmentation du bonheur individuel est une augmentation du bonheur collectif. Elle évite la perversion : un bonheur individuel élevé ne change pas grand chose au résultat final, ce qui compte surtout c'est l'absence de souffrance et un minimum de bonheur. Dans ce cas, on considère une bienveillance à l'égard de tous les individus. On peut ensuite discuter de la pente de la courbe.
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