Quoi que, hein!
Le bonheur est un vieux problème. Depuis tout petit, il y a cet apprentissage des choses les plus simples, des goûts les plus précieux. Pas directement, crûment, mais progressivement. C'est là le but de l'éducation que de préparer au reste d'une vie en l'endroit où nous sommes. Mais, rien n'indique comment parvenir à ce mot, à cet état, qui devrait, à l'entendre, nous mener à un petit monde qui serait idéal pour nous. Est-il plaisir? Possible. C'est souvent ce que nous entendons. Une accumulation longue et importante de plaisirs qui permettent d'embellir notre existence. En cela, il n'est qu'un synonyme de plaisir. Il n'a pas lieu d'être. Est-il une forme de plénitude, d'état de satisfaction supérieur, presque divin, qui amortirait infiniment notre faim? L'idée n'est pas idiote, mais l'idée est irréalisable, impossible. Le bonheur ne serait que spéculation. Et que nous apporte la spéculation? Rien, sinon de nous tromper. Est-il absence de désir? Désirer, c'est amener à prendre plaisir. Et un bonheur sans plaisir me semble difficile à concevoir. D'autant plus qu'arrêter cette machine qui fait, quelque part, notre essence, ce n'est pas comme arrêter le moteur d'une machine. Il nous manque le bouton off.
Non, je crois qu'à lui courir ainsi derrière, nous ne pouvons que sombrer dans l'erreur. Le bonheur, ce n'est pas ce truc un peu imprécis et tellement désirable qu'il faut attraper à n'importe quel prix. Ce n'est pas non plus celui qu'il faut mépriser. Au fond, il représente tout et rien, à la fois. Il est un vide tellement plein. D'où la bêtise de vouloir s'en abreuvoir, puisqu'il n'y a pas matière à nous satisfaire. Oui, je crois bien que la leçon que ce farceur aimerait nous apprendre, c'est qu'il ne sert à rien de désirer à en souffrir ce dont nous n'avons nullement besoin. Parce que, en quoi consiste-t-il? N'est-il pas une simple idée, un de nos délires abrutis voulant nous faire passer pour des êtres ayant un besoin autre que ceux des animaux? Peut-être en doutez-vous, mais moi, je n'y vois qu'une velléité pour prendre distance avec ce que nous n'assumons pas. Nous avons besoin de manger, boire, et dormir. Soit. Pourquoi faudrait-il davantage, pour être heureux? Evidemment, cela n'est pas plus, cela n'est pas mieux. Mais, partir à la quête de ce qui n'existe pas, cela ne peut résulter que deux choses : la peur d'être ce que nous sommes, à savoir des animaux, ce qui n'a rien de péjoratif, même si nous en doutons parfois, ou la volonté de se détruire, donc de connaître la douleur, et de pouvoir s'en plaindre. Quoi qu'après, je peux comprendre qu'on craigne cela. Il n'est pas facile pour tout le monde de redescendre au niveau où il devrait être. Quand on est au-dessus, quand on a le pouvoir, redevenir commun peut être difficilement supportable. Bref, si vous souhaitez être heureux, le mieux à faire, c'est encore de ne pas y penser. Vous verrez, on s'y laisse prendre avec faiblesse et facilité.
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