Mince alors!
Vraiment, parfois, je ne comprends pas. Pourtant, je ne suis pas totalement abruti. Certes, je ne suis pas un génie. C'est la vie. Mais, comment expliquer ceci? Comment saisir cette crainte de simplement demander s'il est possible de s'asseoir? Non, je ne crois pas à l'excuse de la timidité. Moi-même je le suis, et en suis capable. Bon, effectivement, j'ai dévié vers un comportement moins ouvert encore, et cela n'aide pas toujours. Non. Y a-t-il alors une peur constante et pesante, une sorte d'aura qui virevolterait dans l'air en France, amenant à ne pas oser? Je veux bien croire que certaines personnes soient suffisamment inquiétantes pour forcer au doute. Il ne me semble pas être de cette trempe-là. Effectivement, je n'ai pas le sourire jusqu'aux oreilles, tel un idiot se disant qu'il va une fois de plus se fatiguer à tenir un rythme inutilement élevé. Un rythme qu'il a choisi pleinement conscient. Mais je n'ai ni tatouage, ni piercing, ni casquette à l'envers, ni tête de racaille, ni couteau sous la paume de la main. Probable que j'ai une tête de cinglé. J'ai déjà été "emo" parce que dégageant l'impression d'être un suicidaire, alors pourquoi pas. Cela ne me surprendrait qu'à moitié.
Pire encore : le choc des politesses. Comment en sommes-nous arrivés à étonner quelqu'un qui demande à s'asseoir à côté de quelqu'un? S'imposer par la force est une telle habitude que la légèreté devient curieuse. Ou attise l'indifférence. Je ne suis pas des plus éveillés dans la vie. J'essaie pourtant de répondre, même inaudiblement, lorsqu'on me stimule. A croire que les gens sont morts. Nos corps seraient-ils donc des tombeaux?
Mais j'exagère probablement la situation. Je généralise, aussi. La sympathie se trouve. Souvent. Qui cherche trouve. Ce n'est pas entièrement faux. Pas entièrement vrai non plus. Il faut vouloir raisonnablement. La démesure ne peut décidément pas s'accorder avec la mesure. Cela reviendrait à faire de David l'ami de Goliath. Doivent-ils réellement finir par se combattre?
Notre situation conflictuelle amène à une logique factuelle. Nos violences forment l'information et la pensée. Par violence, j'entends autant un coup qu'un mensonge ou une mauvaise intention. Si nous venons à douter d'une personne dont on demande un service qui ne lui coûtera rien alors que la scène se dilue dans une masse importante d'autres personnes, cela tient d'une part, oui, de notre ingratitude profonde, et d'autre part, de notre inaction véritable face à l'inadmissible. Plutôt regarder, oublier et vivre, que se bouger, se confronter, et risquer. Voyez comme vivre sonne faux dans cette phrase. Comment mieux montrer la dégoûtante vérité qui l'anime?
Je ne dis pas que la vie est haïssable, même s'il m'arrive, plus qu'il ne faudrait, de le penser. Il n'empêche qu'elle nous apprend à être une machine du déni. Evidemment, cela est surtout vrai chez nous, les occidentaux, ces idiots. Je vois tant d'incohérence en nous. Est-ce normal, nous qui devrions être, à nous entendre, dans les hauteurs de l'idéal humain? La montagne est bien basse.
Le temps passe. J'ai dix neuf ans. A peine quatre ans de mots abandonnés. Trois d'avalés. Et déjà un trop plein. Quoi qu'on ne remplit jamais un néant. Sauf s'il est borné. Tant d'hypocrisie et de velléité. Voilà un texte criant de ne pas être entendu, d'avoir trop été vu. D'être lu. Je ne suis pas celui que je suis.
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