Entretenir l'idée d'un monde spirituel revient à se représenter ce monde dans notre esprit. On peut se représenter différentes histoires, mais la particularité du monde spirituel est qu'il est considéré comme réel et que l'on est pas autorisé à le définir soi-même. Il faut en effet être un prophète pour avoir le droit de dire ce qu'il y a dans le monde spirituel. En d'autres termes, considérer qu'il y a "monde spirituel" revient à l'allocation d'une partie de notre esprit, sachant que nous n'avons pas les droits d'accès pour modifier ce que cette partie contient.
Le monde spirituel finit donc bien par exister au sens où une représentation de la même chose se retrouve dans différents esprits, sans que les gens puisse la modifier, puisque l'accès en écriture est restreint. Cela ne dépend pas de l'existence au préalable d'un monde spirituel. Imaginez par exemple qu'à la place des statues de Jésus sur sa croix, il y ait des statues de Harry Potter. Les Eglises seraient à la gloire de Harry Potter, et l'on raconterait partout l'histoire de Harry Potter. Bien entendu, on ne pourrait pas modifier l'histoire vu que l'auteure est Mme Rowling. Cela serait au-delà du phénomène de mode qui a eu lieu, cela deviendrait un objet social central. Dans ce cas-là, Harry Potter commencerait vraiment à exister, son histoire et ses personnages. Ce ne serait plus un simple trip personnel quand on lit le livre ou quand on regarde le film, mais comme si tout le monde se retrouvait dans la même salle de cinéma.
Dans ce sens, les religions sont des ancêtres du cinéma avec des histoires à rebondissements, comme les dieux grecs qui se tuent, se font naitre et se jouent des tours. Ou bien Jésus qui nait, puis des milliers d'enfants meurent sauf lui, puis il est crucifié, donc il meurt, puis il revient à la vie et il s'envole au ciel. Ou encore les histoires de Mahomet et les guerres contre les infidèles non musulmans, qui vaut bien un Riddick chargé de sauver la nouvelle Mecque.
Un monde spirituel, du fait qu'il est la présence d'un monde imaginaire, a un effet sur les gens, et même pourrait-on dire une fonction sociale dans la mesure où il est promu pour ses effets. Dans le monothéisme, on distingue les dieux et les anges, qui entretient l'idée que la position hiérarchique est liée à la nature de l'être. Un ange est en-dessous de dieu et de nature différente. Les deux vont ensemble. Comme on sait, on est influencé par les histoires parce qu'on s'identifie aux personnages. Dans ce cas, on s'identifiera soit à dieu, on se sentira au-dessus de tout, parfait, etc. soit on s'identifiera à un ange et on sera subordonné, obéissant à des missions. La flatterie ici est importante, autant quand on se pense dieu que quand on se pense ange.
Ensuite, selon les monothéismes, ce ne sont pas les mêmes personnages qui sont mis en avant. Dans le christianisme, de façon évidente est mis en avant Jésus, en même temps victime et en même temps sauveur. D'où souvent les gens se mettent en avant comme trimant, comme souffrant afin d'obtenir le respect, c'est-à-dire en fait une forme de pouvoir et d'admiration irrationnelle. Ou inversement, quand nous faisons quelque chose pour autrui, il peut nous mettre sur un piédestal comme si nous avions sauvé l'humanité. Les laïcs, qui ne croient pas en dieu ou ne vont plus à l'église, sont souvent influencés malgré tout. Le masochisme peut venir de là. On trouve d'ailleurs une psychopathologie différente selon les cultures. Les maladies mentales apparaissent ou disparaissent au cours des siècles, en fonction des influences psychologiques.
La croyance dans un monde spirituel n'est donc pas anodine. L'influence sur les comportements, sur la psychologie des gens est importante, et imposer un monde spirituel, c'est imposer une pression psychologique, dont les effets peuvent être divers et variés. Tout comme la consommation répétée d'une substance ou l'exposition répétée à un stimulus, la religion entraine une déformation du psychisme des individus, et avec cela une déformation de la société toute entière, et donc de la culture, des livres et des œuvres diverses. Ajouter à cela les subventions des travaux pour le compte des institutions religieuses, et vous comprenez pourquoi la religion est tellement présente dans l'art, qui est pour beaucoup l'expression de la subjectivité.
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