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La matrice : le contrôle par la reciprocité


existence

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La règle de la réciprocité est qu'il faut s'efforcer de payer de retour les avantages reçus d'autrui. Elle fonctionne de façon automatique. Quand nous recevons quelque chose d'autrui, nous sommes immanquablement disposés à accepter de lui faire une faveur en retour. Dans le cas d'un don reçu, nous sommes contraint intérieurement à faire un don en retour. C'est pour cela qu'il y a des stands dans les grandes surfaces où l'on nous donne à manger gratuitement. Comme nous savons que nous allons nous sentir obligé d'acheter si nous acceptons, nous avons tendance à éviter de recevoir. Cependant, si l'on remet en perspective la situation, et que l'on comprends qu'il ne s'agit pas de générosité mais d'une action pour promouvoir le produit, on est libéré de l'engagement de rendre. Par ce faux don, le but est de faire de la publicité. Si l'on considère qu'il s'agit vraiment d'un don et qu'on ne veut pas donner en retour, on préfèrera éviter de recevoir afin de ne pas remettre en question la règle de réciprocité.

Le principe de dette existentielle de la religion monothéiste est relativement simple. Un dieu est censé nous avoir donné le monde tel qu'il est, notre vie, les plantes et les animaux. Ce dieu supposé est noté Dieu. Si on admet l'idée qu'un dieu nous tout donné, on ne peut que se sentir accablé par le sentiment de dette, par l'obligation de réciprocité. Or comment savoir ce que Dieu attend de nous en retour ? Facile ! Selon les chrétiens, il attend de nous que nous devenions chrétiens, pour les musulmans qu'on devienne musulman, et pour les juifs qu'on devienne juif, qu'on obéisse aux règles édictée dans des livres afin de rendre la pareille au Créateur. Selon les déistes, on doit obéir aux règles qu'ils pensent être celle de Dieu.

La croyance en Dieu a donc pour enjeu le contrôle des actions d'autrui.

Le terme créateur veut dire la même chose que Dieu à part que cela met l'accent sur le fait que tout viendrait de Lui et donc que nous serions endettés auprès de Lui. Ces règles et ces livres étant contradictoires, cela les rend déjà moins forts. Et puis, pourquoi faudrait-il croire les chrétiens ou les musulmans ou les juifs d'avoir le bon livre ? Mais plus fondamentalement, c'est le fait d'admettre qu'il y a un Dieu qui semble nous mettre en position vulnérable psychologiquement, puisque dans l'obligation de rendre.

Le simple fait d'écrire une phrase affirmative contenant le mot Dieu présuppose qu'un tel Dieu existe et donc présuppose notre obligation. Mais, si un tel être existe, est-ce que nous lui sommes vraiment redevables ? On peut faire une comparaison avec l'utilisation de la monnaie pour échanger. Si quelqu'un nous prête de l'argent, on lui en sera redevable. Mais si une communauté imprime des billets pour les distribuer afin qu'il y ait des échanges, est-ce qu'on est redevable de la somme qu'on a reçue ? Non, puisque il s'agit juste de la création d'un moyen d'échange, et si tout le monde rendait sa monnaie à l'imprimeur des billets, il n'y aurait plus d'échange et ces billets n'auraient pas d'utilité. De même, si on suppose qu'un Dieu a tout créé, nous n'avons rien à lui rendre, puisque cela remettrait en question la valeur des choses. En effet, si on voulait tout rendre, cela reviendrait à faire disparaitre le monde, nous-mêmes compris. Un tel Dieu n'est donc pas comparable à une personne qui nous donne quelque chose. Ainsi, quand un croyant nous dit que nous sommes en dette auprès de Dieu qui nous a tout donné, même en supposant qu'un tel Dieu existe, nous n'avons pas de dette, puisqu'il nous aurait donné à tous des choses n'étant utiles que pour échanger entre nous.

Ce serait plutôt à chacun de voir s'il trouve que l'existence est une bonne chose et donc s'il a envie de dire merci à cet éventuel Dieu, tout comme on pourrait se demander si l'on doit remercier ceux qui impriment les billets de banques. Personnellement, je suis perplexe à propos de l'utilisation de la monnaie aussi bien qu'à propos de la notion d'existence du monde étant donné le chaos et la souffrance qui y règne. Visiblement, c'est à nous-mêmes de faire notre propre bonheur et si les livres supposés être révélés par Dieu étaient à même de rendre tout le monde heureux, cela ferait longtemps que cela aurait dû arriver.

Il n'y a aucune raison de croire qu'un livre est la parole de Dieu, donc aucune raison de croire que c'est ce qu'il faut faire pour rendre la pareille à notre éventuel Créateur. Et même si Créateur il y a, nous n'avons pas de raison de lui rendre quoi que ce soit, puisqu'il nous aurait donné justement ce que nous pouvons échanger. La plupart des choses que nous chérissons sont le résultat de l'évolution, qui est un phénomène étonnant, mais qui n'attend rien de nous en retour, ou bien sont des créations humaines. Ce n'est qu'à un niveau métaphysique très lointain qu'on peut avoir des doutes sur la provenance des choses, et à un tel niveau, la notion de réciprocité ne s'applique pas.

En résumé, si Dieu existe, nous n'avons aucune obligation envers Lui.

7 Commentaires


Commentaires recommandés

Je ne vais mentionner que le 1er paragraphe, je n'ai fait que survoler les suivants (je ne ressens pour ma part aucune dette).

C'est le principe du don et du contre don, qui est effectivement une pratique ancestrale, appliqué au commerce.

Je n'avais jamais imaginé cela comme ça. En général je refuse car ça ne me dit rien, tout simplement.

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Existence, là, comme ça, non. Seulement, hier, quand je l'ai lu, je sais qu'il y avait bien deux points précis où je n'étais pas aussi convaincu que pour les autres. Ce qui dénote en rien la conclusion pour laquelle je suis parfaitement d'accord. D'ailleurs, c'était, il me semble, un "argument" des déistes, que de dire que si l'on voulait prier Dieu, il valait mieux vivre sa vie pleinement plutôt que de s'agenouiller devant son lit le soir. Le rejet des rites, en somme, oui.

Voilà, j'en ai retrouvé une :

Visiblement, c'est à nous-mêmes de faire notre propre bonheur et si les livres supposés être révélés par Dieu étaient à même de rendre tout le monde heureux, cela ferait longtemps que cela aurait dû arriver.

Ce point-ci ne parvient pas à me convaincre vraiment. Possible que ma propre conception du bonheur s'y oppose, d'une part. Mais, je pense que c'est surtout la nécessité que tu sembles avancer si cela était réel. Le "si c'est vraiment comme ça, alors ça devrait être comme ça depuis longtemps" stipule une relation de cause à effet immuable qui me semble bien difficile à admettre et à prouver ici.

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Pourtant, si on suppose qu'un créateur d'un monde ne fait qu'une seule chose, leur donner un livre, c'est qu'il est certain que ce livre sera efficace pour aider les humains à ne pas souffrir, à ne pas se nuire, à être heureux etc. C'est une démonstration par l'absurde. Si on suppose que ce dieu est bon et qu'il sait ce qu'il fait, que sa seule intervention est une pile de bouquins, avec de telles hypothèses je m'attendrais à ce que ce soit de la très bonne psychologie. En constatant le résultat de millénaires d'effet de la religion, le résultat n'est pas là.

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Nous attendons peut-être trop de ces livres?

Et, en marchant pour rentrer, avant, j'ai pensé à un truc pas tout à fait faux : Dieu est notre père, mais nous accordons aussi de l'importance et de l'attachement à notre famille. Quelque part, notre comportement est le même, ou devrait l'être. Je ne sais pas si tu vois.

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