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Loverdose


Kégéruniku 8

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Ce qui me tue c'est la joie. Sa logique, ses idées, sa façon de faire. Si les filles de joie sont des salopes, je ne sais plus quoi penser de la mère.

Insuportable trainée qui se donne, sans faire payer, au premier des abrutis. Mais qui va se refuser, ou du moins se faire prier, pour quiconque à de l'esprit.

Je veux bien comprendre, qu'étant plus simples à divertir, elle choisisse les imbéciles, pour n'avoir que moins d'efforts à fournir, parce que se donner de la peine est une chose que la joie ne peut comprendre. Mais tout de même, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse à ce point préférer la facilité qu'on en finisse par se donner en premier lieu aux imbéciles heureux.

Et voilà qu'en conséquence, je me retrouve contraint à m'abandonner dans les bras d'une autre, parce que la joie n'éprouvant qu'indifférance me laisse et se donne aux bêtement satisfaits et à la boue dans laquelle ils se vautrent.

Alors, ce n'est pas si beau l'amour, quand c'est un souffle sans inspiration qui vous réchauffe l'oreille, quand c'est une caresse désespérée qui vous force à la compassion perverse, quand c'est sans joie qu'il nous faut le faire. Parce que l'amour ce n'est pas la joie et que la joie ne m'aime pas. Pas que je pense bien, mais forcé d'admettre que je suis bien là, j'en conclus que mon esprit me ferme ses bras, à celle là même qui ne m'aime pas.

Et si je baise sans capote, c'est dans l'espoir vénérien d'attraper la bêtise qui m'apportera la joie. Parce que je l'aime cette salope, comme tant d'autres idiots avant moi.

9 Commentaires


Commentaires recommandés

Il suffit de demander à Baudelaire. Et encore, pas seulement : la plupart des écrivains de la fin XIXe et début XXe allaient aux putes ; c'est à cette "hygiène", comme il disait, que le grand styliste Huysmans avait fait ses premiers faits d'armes.

J'avais lu ce texte lorsque tu venais de le poster, mais même avec du recul, j'ai toujours l'impression d'un double-niveau : autant on peut interpréter cela comme le débat entre joie et intelligence — et à mon avis (mais peut-être devrais-je poster sur le topic en question), tout tient au fait que l'intelligence permet à quelqu'un de relativiser les choses non plus à l'échelle de sa petite vie et de son environnement immédiat, mais à une échelle plus haute, d'abord celle de l'environnement de ses proches, puis d'une ville, d'une nation, puis à l'humanité... puis à au-delà, où l'on se rend compte que ladite humanité n'est au final pas grand-chose. Plus l'on relativise ainsi, plus les destinées personnelles et les individus se diluent jusqu'à n'apparaître que comme des vagues, avec parfois quelques noms, quelques dates, donnés pour s'y repérer un peu mieux. Idem lorsque l'on relativise sur l'axe non plus de l'espace, mais du temps : que l'histoire a-t-elle une courte histoire! ... Grosso modo, plus quelqu'un est intelligent, plus il est capable de relativiser - et il est aisé de déprimer lorsque l'on relativise. Du coup il y a corrélation, sans que le lien de cause à effet soit direct ni irrémédiable, entre intelligence et mélancolie. Bref. Retour au texte : j'ai parfois l'impression de le lire comme la forme le déguise, comme une complainte d'une compagne un peu conne.

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Je n'ai pas assez de sensibilité pour aller voir des prostitués, mais je me demande si c'est un bien ou un mal en fait. Si je leur trouverai d'avantage de charme en allant les voir ou si je ne leur trouve pas d'avantage de poésie en ne les connaissant pas intimement.

Pour ce qui est de la deuxième lecture, je comprend parfaitement qu'on puisse la penser, surtout du fait de la présence de certains termes, néanmoins, je suis très amusé de la trouver clairement exprimée. :D

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J'ai failli cliquer sur Alerter parce que démarrer un texte avec une punchline aussi grandiose (si les filles de joie sont des salopes, je ne sais plus quoi penser de la mère) ça ne devrait pas être permis. Puis je me suis rendu compte que j'étais juste jaloux. :sleep:

La suite est excellente. Oui, on fait parfois l'erreur de vouloir remplacer la joie par l'amour, mais quand on découvre que ce dernier est un maître exigeant, on s'en mord les doigts.

M'enfin, pas sûr que la bêtise apporte systématiquement la joie : avant je pensais ainsi, maintenant je crois que c'est un cliché que se refilent certains intelligents pour se consoler d'être malheureux... :D

Modifié par Tequila Moor
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Le 05/06/2017 à 21:04, Tequila Moor a dit :

J'ai failli cliquer sur Alerter parce que démarrer un texte avec une punchline aussi grandiose (si les filles de joie sont des salopes, je ne sais plus quoi penser de la mère) ça ne devrait pas être permis. Puis je me suis rendu compte que j'étais juste jaloux. :sleep:

La suite est excellente. Oui, on fait parfois l'erreur de vouloir remplacer la joie par l'amour, mais quand on découvre que ce dernier est un maître exigeant, on s'en mord les doigts.

M'enfin, pas sûr que la bêtise apporte systématiquement la joie : avant je pensais ainsi, maintenant je crois que c'est un cliché que se refilent certains intelligents pour se consoler d'être malheureux... :D

Looool en tout cas merci, j'avoue que je suis plutôt content de cette phrase, alors ça me fait plaisir qu'on la remarque. ^^

Je suis plutôt d'accord avec toi pour ce qui est du cliché, j'aurai même tendance à ajouter que certains sortent ça pour se dire intelligents alors qu'ils sont justes malheureux. :D

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Invité
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