18 octobre 2017. Depuis quelques mois, un spectre hante la ville de T** – une sourde peur, qui s'accroche et ne repart pas; et cela depuis qu'une série de meurtres a eu lieu dans différents quartiers de la ville. Suspect: inconnu.
Les faits:
Le matin du 25 juin 2017, un homme d'affaires est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel. Quelques grammes de produits stupéfiants se trouvent sur place. La victime étant menottée et vêtue d'une combinaison en latex, suggère qu'il s'agisse d'un jeu sexuel ayant mal tourné. On ignore si l'homme se trouvait en compagnie d'une ou de plusieurs personnes lorsque les faits se sont déroulés. L'enquête est menée de manière discrète, et seules ces informations filtrent dans les journaux. – Toutefois, ce sont d'autres détails gardés secrets qui donnent du fil à retordre aux enquêteurs: (1) Les bandes de surveillance de l'hôtel n'indiquent aucune visite entre le moment où la victime rentre dans sa chambre, vers 22:30, et le moment où le corps est découvert par le personnel d'entretien, un peu avant midi le lendemain. (2) La majorité des cas de décès lors d'un jeu SM se font par asphyxie, le plus souvent provoquée par un étranglement à caractère érotique; cela avec ou sans partenaire. Or nulle trace de strangulation sur le corps, même si l'on retrouve bien des pétéchies sur les cornées. Dans le cas présent, la mort a été provoquée par section de l'artère axillaire – et pourtant, aucune trace de sang dans la chambre. C'est comme si le cadavre avait été transporté jusqu'ici, ce qui est impossible. (3) Sur la table basse sur laquelle a été retrouvée la cocaïne, un petit bout de papier est griffonné étrangement d'une suite de chiffres, suivie du mot "AZJAZ".
24 juillet 2017: Outrage à la mosquée de Al-A**, dans le sud de la ville de T**. Des têtes de cochon ont été déposées à l'entrée de la maison, pourtant discrète. C'est l'imam qui a fait la choquante découverte. Les journaux s'emparent de l'affaire — et comme aucune caméra de surveillance ne se trouve à proximité de l'endroit, l'on soupçonne un groupe de jeunes nationalistes. Des débats éclatent dans la presse; et soudainement l'affaire prend une autre tournure, lorsque le 26 juillet, l'on découvre au sous-sol de la bâtisse, dans un local technique, un cadavre rapidement identifié comme étant celui d'un fidèle porté disparu depuis deux jours. La cause du décès apparaît comme étant une section à l'artère fémorale, mais là encore aucune trace de sang n'a été retrouvée. De simple dégradation à caractère islamophobe, l'on passe désormais à une affaire de meurtre. — Pour un pan de la presse conservatrice, il s'agirait d'un règlement de compte sans doute lié aux nombreuses affaires de stupéfiants agitant les quartiers sud de la ville depuis une dizaine d'années. — De leur côté, certains fidèles, ayant vu le corps, murmurent qu'il s'agit de l'œuvre maléfique d'un jnoun, et s'empressent alors d'accomplir de nombreuses roqya. — Les enquêteurs, eux, sont particulièrement confus. Leur seul indice: à côté du numéro de série de la chaudière du local, sont clairement dessinés au marqueur une suite de quelques chiffres, puis les lettres "AZJAZ". Ce détail n'est pas rendu public.
Lundi 24 août 2017, dans un beau quartier résidentiel de l'est de la ville, des riverains entendent tard dans la nuit des hurlements effrayants. Pensant qu'il s'agissait de quelques fêtards alcoolisés venant du centre-ville proche, excédés, les habitants appellent la police. Chacun regarde par la fenêtre, discrètement derrière les rideaux, ou grande ouverte, pour déterminer d'où viennent ces cris qui reprennent de temps en temps; mais personne ne voit de promeneurs. Une fois sur place, les agents de la force publique sont confus; chaque voisin interrogé leur indique une direction différente, d'autres n'ont rien entendu, et personne ne se trouve dans les rues à cette heure. Malgré l'insistance des riverains pour les faire rester plus longtemps, au cas où le vacarme reprenne, les policiers doivent rapidement se rendre à l'évidence: il n'y a aucun élément. Quelqu'un mentionne un phénomène s'étant produit de temps en temps dans d'autres villes, où des sons étranges se firent entendre en pleine nuit, parfois plusieurs jours d'affilée. – Ils repartent. Et alors que leur véhicule passe par une avenue fêtarde du centre-ville pour retourner au poste, ils aperçoivent quelque chose d'étrange: un attroupement de jeunes gens ayant l'air particulièrement nerveux — quelque chose d'électrique reste dans l'air. Ils s'arrêtent. Impossible d'entendre un témoignage cohérent; certains auraient vu une sorte de brouillard noir, d'autres des OVNIs; chacun est confus, et tout ce qui en ressort c'est que quelque chose est passé et semble les avoir surexcité. – Petit à petit, l'effet se disperse. Une fois au poste, ils découvrent un message étrange laissé sur un répondeur: une voix électronique épelle quelques lettres sans sens, une douzaine; ...et finit par cinq lettres bien connues.
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