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Bonjour, Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie. Or, la colonisation a eu aussi un impact négatif sur la nature. L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement. « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales. Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique. Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière. La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. C'est ainsi qu'ils étaient réduits à un état de servitude. Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. » La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions. Dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien. « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux. La plantation des vignes priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales et entraîna la disparition de terres en jachères qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Ceci plus l’introduction massive de l’eucalyptus pour tenter d’assainir les zones humides qui a dans certains endroits asséché plus qu’il n'était nécessaire, au détriment d’autres espèces. Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages : rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958. Article entier : https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
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L'humanité aura consommé mercredi la totalité des ressources que la planète peut renouveler en un an et vivra donc "à crédit" jusqu'au 31 décembre, a calculé l'ONG Global Footprint Network, relevant que ce moment survient de plus en plus tôt chaque année. Le mercredi 2 août 2017 marque pour la Terre le "jour du dépassement" : "À partir de cette date, l'humanité aura consommé l'ensemble des ressources que la planète peut renouveler en une année". Pour ses calculs, Global Footprint prend notamment en compte l'empreinte carbone, les ressources consommées pour la pêche, l'élevage, les cultures, la construction et l'utilisation d'eau. Le coût de cette surconsommation est déjà visible: pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, déforestation, disparition des espèces... Bienvenue aux générations futures
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Bonjour, Le bateau de l'enfer, la tragédie des esclaves du Zong 29 novembre 1781. Le bateau négrier Zong se dirige vers la Jamaïque, son voyage touche à sa fin. Voilà douze semaines, il a quitté la côte ouest de l'Afrique, et navigue depuis avec à son bord 417 esclaves entassés, ce qui représente une importante surcharge par rapport au nombre d'individus autorisé (plus du double, presque le triple en fait). Les ressources en eau sont en passe de s'épuiser. Pour couronner le tout, survient la maladie : des fièvres, des diarrhées, de la dysenterie et des accès de variole. Dans cette situation, le capitaine du bateau prend une grave décision, en se disant que les esclaves vont mourir de toute manière. En vue de mettre un terme à ses propres pertes, il décide que tous les esclaves malades, si bien ceux sans espoir de guérison que ceux légèrement infectés, seront jetés par-dessus bord. C'est que le voyage est assuré ! Cependant, et le capitaine est le premier à le savoir : l'assurance ne le dédommagera pas pour des esclaves malades ou même morts de maladie. Elle accordera par contre une indemnisation à hauteur de trente livres pour ceux noyés dans le but d'épargner le reste de la cargaison. L'ordre est donné : 54 Africains sont enchaînés ensemble, puis impitoyablement jetés par-dessus bord comme de simples marchandises gâtées. 78 autres sont noyés de la sorte les deux jours qui suivent. Entre temps, le navire a atteint les Caraïbes, et 132 personnes en tout ont été assassinées. De retour en Angleterre, les négriers du Zong vont réclamer leurs indemnités : ils revendiquent une compensation pour la valeur totale de chaque esclave perdu. Une réclamation qui serait honorée si un certain Equiano, un affranchi résident désormais en Angleterre, n'avait eu vent de la tragédie, puis alerté de ses amis abolitionnistes. La cour est instruite de l'affaire. En premier lieu, les jurés plaident en faveur des navigateurs. Considérant que la loi permet de tuer des animaux pour la sécurité d'un bateau, ils concluent qu'il n'y a pas de raison de ne pas faire de même dans cette situation avec des esclaves, qui ne représentent pour eux que des marchandises ordinaires. La compagnie d'assurance fait appel, et l'affaire est rejugée. Cette fois, la cour en décide tout autrement : les Africains à bord sont des êtres humains, ce qui remet tout en cause. ***************************************************************************************************************************************************** Lors d'un autre voyage, sur un autre navire, advint un accident similaire. En 1812, sur La Rodeur, se produisit un accès d'ophtalmie, une infection provoquant un aveuglement provisoire. Esclaves et équipage en furent l'un comme l'autre affligés. Mais le capitaine crut qu'il s'agissait d'une cécité permanente. En se disant que des esclaves aveugles seraient de toute façon invendables, et sans oublier ce que pourrait faire l'assurance pour le dédommager, il envoya sans ciller 39 esclaves à l'eau, les vouant à une mort inévitable. Source (+ Le Point pour quelques détails) Les navires du marché de la honte : Comme il s'agit d'un navire de commerce banal, il n'y a pas de modification particulière à prendre en compte. Pas besoin d'un bateau neuf, on considère même que déjà usagé, il suffira pour l'usage auquel il est destiné. Cela peut même être une fin de carrière pour un navire aux formes offrant une bonne capacité de transport ou offrant une bonne vitesse. Cependant, il faut qu'il puisse entasser dans sa cale les esclaves qu'il entend transporter. Il faut donc avoir un entrepont. Au besoin, il sera nécessaire de le construire, ou de rajouter des gaillards. La cargaison comprend en premier lieu 400 à 450 barriques, nécessaires pour plusieurs centaines de personnes pour une durée de 2 mois de mer au moins. On compte environ 3 litres d'eau par homme et par jour. En admettant un navire de 45 marins et 600 esclaves, c'est un peu plus de 145 000 litres qu'il faut stocker pour 75 jours de mer. On imagine l'importance qu'aura le tonnelier à bord et celle des travaux de manutention journalière. D'autant que l'eau se conserve mal, à bord. Challe le raconte : « ...au bout de 2 mois que cette eau est embarquée… elle devient rousse et tellement puante qu'il faut se boucher le nez. Elle reste 9 à 10 jours dans cet état ; après cela, elle s'éclaircit peu à peu, mais en s'éclaircissant elle conserve un goût très fade qui reste 8 ou 6 jours à se dissiper. Elle reste dans sa nouvelle pureté 3 semaines ou 20 jours. Sa rousseur la reprend, mais moins forte que la première fois. Il s'y engendre pour lors des vers gros comme la plus grosse paille vers la racine du blé. Ces vers sont d'un blanc grisâtre, le nez noir et ont de petites queues longues comme les 2/3 de leur corps, et le tout d'un bon travers de doigt. On passe cette eau et le linge les retient. Cela dure environ 8 jours. Ces vers meurent dans l'eau qui devient blanchâtre, à peu près comme du petit-lait. Cette eau se répure peu à peu, et redevient belle et claire, sans aucune mauvaise odeur ni dégoût que celui d'être remplie de petits vers un peu longs qu'on voit remuer comme des anguilles. Ils sont blancs, extrêmement vifs et si menus et si déliés qu'ils passent à travers tout et ne sont pas retenus par la plus fine mousseline pliés en 8 doubles, c’est-à-dire, 16 lits l'un sur l'autre… Voilà ce que les marins appellent les 3 maladies de l'eau… » Ensuite, c'est 18 mois de biscuits, soit 160 quintaux ; 20 barils de farine. En plus, on chargera 10 barils de bœuf, 10 quarts de lard, huile, beurre, morue, des légumes. Le vin, sur la base de 1,25 litre par marin et par jour, comprendra 2,5 tonneaux pour les officiers et 10 pour les marins. À côté de cela, pour une cargaison de 450 Noirs, on embarquera pour les nourrir 30 tonneaux de fèves, 100 quintaux de riz et 30 quintaux de gruau de Hollande. Selon la taille du navire, on embarquera aussi des animaux vivants, volailles, moutons, voire vaches, principalement destinés, dans l'ordre, aux officiers puis à l'équipage.