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L'altruisme existe-t-il ?

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Membre, 40ans Posté(e)
Short Membre 299 messages
Forumeur forcené ‚ 40ans‚
Posté(e)

Bonjour,

L'être humain me semble être fondamentalement égoïste, et toutes ses décisions relèvent d'un calcul plus ou moins conscient, pesant les pour et les contre, pour optimiser sa satisfaction personnelle. Les relations mère enfant étant ce qui est considéré comme les relations les plus altruistes, certains évoquant même l'amour inconditionnel, il me semble au contraire que la décision de faire des enfants est une décision égoïste. L'effet ne précédant jamais la cause, l'enfant ne peut pas être la propre cause de sa conception, et les éventuels renoncements ou sacrifices opérés par des parents ne sont jamais que la recherche d'un plaisir ou d'une satisfaction différée, et ils sont donc mus par l'égoïsme.

Si la parentalité était altruiste, nous ne comprendrions pas, avec toute la misère dans le monde, que les gens fassent leurs propres enfants plutôt que d'en adopter, faisant bénéficier de la richesse des pays occidentaux les enfants du Tiers-Monde. Les gens veulent que ce soit leur enfant, pas celui d'un autre, donc ils aiment leurs gènes, et ils s'aiment donc eux-mêmes en aimant leur enfant. Quand bien même les parents donneraient tout leur amour en faisant des enfants le sens de leur existence, ils n'en retirent pas moins un sentiment d'accomplissement, d'importance ou de satisfaction parfaitement égoïste sans lequel leur démarche n'existerait pas.

L'intérêt personnel et la satisfaction que l'on retire de nos actes, sous la forme d'investissement et de retours d'investissement, me semble la base de tout. Les motivations humaines semblent donc fondamentalement égoïstes. Mais même dans l'idée de sacrifice, il y a parfois simplement un désir de gloire. Dans tous les cas il y a un désir de privilégier le groupe auquel on s'identifie avec ses intérêts propres. Il y a aussi les suicides de protestation ; certains individus dans les camps où les prisonniers étaient torturés, se sont suicidés à la vue des injustices subies par d'autres, et ce n'est donc pas forcément l'intérêt personnel qui prime.

Ces comportements sont issus du sentiment que quelque chose d'intolérable a été commis ou pourrait arriver. Les motivations humaines sont complexes et il y a toujours une pointe d'intérêt personnel je pense, dans l'idée de permettre de réaliser ce qui nous tient à coeur, quitte à ne pas en profiter !

Toutefois je me rends compte à l'analyse de l'inverse, ce qui a totalement échappé à la plupart des observateurs et des intellectuels de notre époque. A savoir qu'il n'y a pas d'être humain égoïste et que nous sommes tous fondamentalement altruistes. J'en appelle plutôt alors à la notion de sacrifice. Je m'explique :

Nous naissons dans ce monde et nos parents ainsi que la société émet un certain nombre d'attentes ou d'espoirs à notre égard. Nous sommes ainsi peu à peu affublés d'un certain nombre d'étiquettes au cours de notre existence selon nos expériences de vie : fille/garçon, homme/femme, mari/épouse, père/mère, avocat/chercheur/ingénieur/boulanger/etc. et chacune de ces étiquettes vient avec les structures de sens inconscientes qui nous sont transmises par la société de façon consciente comme inconsciente.

Chaque étiquette est associée à certains rôles, certaines valeurs, certains jugements de goût, certains stéréotypes, certaines prescriptions, ce qui fait les choux gras de la sociologie et de nos hommes politiques qui peuvent ainsi catégoriser la population, définir des catégories et savoir quoi dire à quel public pour s'attirer ses faveurs. Et chaque étiquette est l'occasion d'un sacrifice, et d'un certain engagement (comme l'a vu Sartre par exemple), ce qui permet le sens de l'effort, la volonté de faire, et conditionne jusque nos pensées les plus intimes, nos jugements de goût, ainsi que notre personnalité. L'être humain est ainsi complètement en dehors de lui-même, il ne s'appartient pas, et ce qui le poussera à agir dans le monde sera, avant toute chose, la volonté de correspondre aux prescriptions et attentes que la société aura placé en lui ou elle.

Le sacrifice peut être le simple sacrifice de son confort immédiat pour se lancer dans l'action, donc un sacrifice symbolique, ce qui implique des valeurs (car on pense qu'il vaut mieux à ce moment faire plutôt que ne pas faire), ou parfois dans les situations extrêmes, le sacrifice réel de soi, comme on le voit chez les militaires ou les policiers qui prennent les risques nécessaires afin de rétablir la paix, de défendre des valeurs, ou d'établir l'ordre dans la société.

Le sacrifice réel est forcément altruiste, car il implique un renoncement, sans espoir de gain ou de satisfaction ultérieur. Or en analysant les origines psycho-sociologiques du sacrifice réel, on en arrive à la conclusion que le sacrifice symbolique (p.ex. renoncer à son confort immédiat pour changer les couches de bébé) est juste une forme dérivée du sacrifice réel, c'est-à-dire que le sacrifice réel est l'aboutissement ultime et extrême de l'individu qui s'identifie son étiquette d'appartenance qui forme son identité, et qui est poussé dans ses retranchements ultimes. Le sacrifice symbolique a donc la même origine psycho-sociologique que le sacrifice réel. Le sacrifice réel et physique est donc le cas limite qui permet de voir que le sacrifice symbolique est lui aussi altruiste, et il n'est dans le fond que l'aboutissement ultime de la logique personnelle d'un individu dont on enfreint les valeurs, qu'il a internalisé par le truchement des récits collectifs et par l'identification à un certain nombre d'étiquettes, et qui est poussé dans ses ultimes retranchements. C'est le cas également dans toutes les formes d'héroïsme, et même de terrorisme.

Ainsi, l'égoïsme supposé de l'individu serait un biais culturel lié à la norme d'internalité de l'occidental moyen qui est dupe des récits collectifs (c'est-à-dire qu'il n'en est pas conscient) et qui se rend compte qu'il éprouve des désirs et de la satisfaction à faire ce qu'il fait sans se rendre compte qu'il ne s'appartient pas et que son désir lui-même est conditionné par les attentes des autres. Mais comme je viens de vous le démontrer, il n'y a de satisfaction qu'altruiste, la satisfaction étant fondamentalement ce que l'on ressent lorsqu'on a agit de façon altruiste, selon les désirs de notre sociologie, dans le cadre d'un engagement et de valeurs contenues dans les structures du sens du récit collectif, et donc dans le cadre des prescriptions de la société ou des attentes des autres. La satisfaction du devoir accompli est le paradigme de la satisfaction. Toute satisfaction est la satisfaction du devoir accompli, que l'on en soit conscient ou non.

L'être humain est donc constamment en dehors de lui-même et il ne s'appartient pas car il s'identifie constamment à un certain nombre de catégories sociales qui constituent sa personnalité, ses valeurs, ses attentes, ses comportements, ses jugements de goût, ses pensées, etc. et que celles-ci sont définies par la société à travers le récit collectif, à travers l'Histoire, à travers les attentes que les autres ont placé en lui à un niveau ou à un autre depuis qu'il est tout petit. Chacun cherche donc avant toute chose à se conformer aux attentes que les autres, la société, l'environnement social, à commencer par les parents, placent en lui, que ces attentes soient clairement et consciemment formulées, ou juste transmises inconsciemment, par influence tacite et par conformisme. Nous ne nous appartenons donc pas, nous ne faisons que nous conformer aux attentes que les autres ont placé en nous depuis tout petit, et à travers nos diverses expériences de vie, quitte à nous sacrifier réellement si le sacrifice symbolique n'est pas suffisant.

Ainsi, il n'y a pas d'être humain égoïste, mais seulement des individus qui ressentent des désirs et de la satisfaction qui sont liés au fait d'avoir accompli son devoir, c'est-à-dire d'avoir honoré les attentes que les autres ont placé en nous, que cela implique un engagement et un sacrifice symbolique ou réel. Le devoir ici n'est pas le devoir au sens des lois de la république ou de tel ou tel pays, mais plutôt au sens de respecter et aimer son prochain selon la Loi symbolique qui nous impose un certain nombre de rôles, de prescriptions symboliques, etc.

Donc toute satisfaction serait satisfaction de soi, et le soi est une construction sociale faite des attentes que les autres ont placées en nous, ou des catégories sociales identificatoires auxquelles ils nous ont assigné directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment.

Toutefois, le sacrifice de soi ne provient-il pas avant tout d'un manque de lucidité chez l'Homme qui s'identifie à sa persona (cf. Jung, on peut aussi appeler cela le masque social), et qui va jusqu'à en perdre la vie ? Il y a le fantasme imaginaire de fusion avec le groupe qui le transcende, et cette identification à sa persona ou à son groupe est purement imaginaire (tout en étant une erreur objective). Ce sont souvent ceux qui internalisent énormément le récit collectif et chez qui ce dernier est inconscient qui se comportent de la sorte, et qui les pousse à préférer mourir que faillir.

On a parfois cela dans le suicide aujourd'hui (mais on en voit de moins en moins), avec des individus qui, ayant failli à leur devoir, se tirent une balle dans la tête ou se pendent. La plupart des suicides actuels sont anomiques, c'est-à-dire qu'ils proviennent, au contraire, de la solitude et de l'absence de normes ou de sens dans la société contemporaine. L'être humain est donc bien égoïste, mais certains de ses comportements peuvent être altruistes et sacrificiels, mais c'est uniquement par manque de lucidité, pas par vertu ou par courage. Ainsi l'individu lucide est égoïste et ne se sacrifie pas, et ne juge de tout que selon son intérêt.

Conclusion : Nous sommes souvent des égoïstes et seules les illusions propagées par les récits collectifs de la société peuvent nous faire adopter des comportements altruistes et/ou sacrificiels en notre fors intérieur. C'est ainsi que seule la protection du récit collectif, et donc paradoxalement de la norme, permettra de remettre du lien social entre les individus, et de créer une décence commune nécessaire à l'épanouissement de tous, ainsi qu'à la cohabitation pacifique des uns et des autres, avec le prisme de la guerre civile qui guette au moins autant que celui de la guerre avec la Russie.

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Membre, 83ans Posté(e)
mary.shostakov Membre 402 messages
Forumeur accro‚ 83ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, Short a dit :

[les gens] aiment leurs gènes [ceux de leurs enfants]

.... ... ...

C'est une caractéristique dévoilée par la génétique comportementale (science relativement nouvelle), qui va jusqu'à montrer que les cousins du côté de la mère s'entendent en général mieux que ceux du côté du père.

... ... ... 

Il y a 1 heure, Short a dit :

L'être humain me semble être fondamentalement égoïste, et toutes ses décisions relèvent d'un calcul plus ou moins conscient, pesant les pour et les contre, pour optimiser sa satisfaction personnelle.

... ... ...

On observe une telle chose avec les aides offertes aux plus victimes des catastrophes naturelles. Ces aides sont en général plus substantielles de la part de ceux qui ont passé leurs vacances dans les lieux dévastés.

... ... ... 

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Membre, 53ans Posté(e)
Easle Membre 3 799 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Short a dit :

Bonjour,

L'être humain me semble être fondamentalement égoïste, et toutes ses décisions relèvent d'un calcul plus ou moins conscient, pesant les pour et les contre, pour optimiser sa satisfaction personnelle. Les relations mère enfant étant ce qui est considéré comme les relations les plus altruistes, certains évoquant même l'amour inconditionnel, il me semble au contraire que la décision de faire des enfants est une décision égoïste. L'effet ne précédant jamais la cause, l'enfant ne peut pas être la propre cause de sa conception, et les éventuels renoncements ou sacrifices opérés par des parents ne sont jamais que la recherche d'un plaisir ou d'une satisfaction différée, et ils sont donc mus par l'égoïsme.

Si la parentalité était altruiste, nous ne comprendrions pas, avec toute la misère dans le monde, que les gens fassent leurs propres enfants plutôt que d'en adopter, faisant bénéficier de la richesse des pays occidentaux les enfants du Tiers-Monde. Les gens veulent que ce soit leur enfant, pas celui d'un autre, donc ils aiment leurs gènes, et ils s'aiment donc eux-mêmes en aimant leur enfant. Quand bien même les parents donneraient tout leur amour en faisant des enfants le sens de leur existence, ils n'en retirent pas moins un sentiment d'accomplissement, d'importance ou de satisfaction parfaitement égoïste sans lequel leur démarche n'existerait pas.

L'intérêt personnel et la satisfaction que l'on retire de nos actes, sous la forme d'investissement et de retours d'investissement, me semble la base de tout. Les motivations humaines semblent donc fondamentalement égoïstes. Mais même dans l'idée de sacrifice, il y a parfois simplement un désir de gloire. Dans tous les cas il y a un désir de privilégier le groupe auquel on s'identifie avec ses intérêts propres. Il y a aussi les suicides de protestation ; certains individus dans les camps où les prisonniers étaient torturés, se sont suicidés à la vue des injustices subies par d'autres, et ce n'est donc pas forcément l'intérêt personnel qui prime.

Ces comportements sont issus du sentiment que quelque chose d'intolérable a été commis ou pourrait arriver. Les motivations humaines sont complexes et il y a toujours une pointe d'intérêt personnel je pense, dans l'idée de permettre de réaliser ce qui nous tient à coeur, quitte à ne pas en profiter !

Toutefois je me rends compte à l'analyse de l'inverse, ce qui a totalement échappé à la plupart des observateurs et des intellectuels de notre époque. A savoir qu'il n'y a pas d'être humain égoïste et que nous sommes tous fondamentalement altruistes. J'en appelle plutôt alors à la notion de sacrifice. Je m'explique :

Nous naissons dans ce monde et nos parents ainsi que la société émet un certain nombre d'attentes ou d'espoirs à notre égard. Nous sommes ainsi peu à peu affublés d'un certain nombre d'étiquettes au cours de notre existence selon nos expériences de vie : fille/garçon, homme/femme, mari/épouse, père/mère, avocat/chercheur/ingénieur/boulanger/etc. et chacune de ces étiquettes vient avec les structures de sens inconscientes qui nous sont transmises par la société de façon consciente comme inconsciente.

Chaque étiquette est associée à certains rôles, certaines valeurs, certains jugements de goût, certains stéréotypes, certaines prescriptions, ce qui fait les choux gras de la sociologie et de nos hommes politiques qui peuvent ainsi catégoriser la population, définir des catégories et savoir quoi dire à quel public pour s'attirer ses faveurs. Et chaque étiquette est l'occasion d'un sacrifice, et d'un certain engagement (comme l'a vu Sartre par exemple), ce qui permet le sens de l'effort, la volonté de faire, et conditionne jusque nos pensées les plus intimes, nos jugements de goût, ainsi que notre personnalité. L'être humain est ainsi complètement en dehors de lui-même, il ne s'appartient pas, et ce qui le poussera à agir dans le monde sera, avant toute chose, la volonté de correspondre aux prescriptions et attentes que la société aura placé en lui ou elle.

Le sacrifice peut être le simple sacrifice de son confort immédiat pour se lancer dans l'action, donc un sacrifice symbolique, ce qui implique des valeurs (car on pense qu'il vaut mieux à ce moment faire plutôt que ne pas faire), ou parfois dans les situations extrêmes, le sacrifice réel de soi, comme on le voit chez les militaires ou les policiers qui prennent les risques nécessaires afin de rétablir la paix, de défendre des valeurs, ou d'établir l'ordre dans la société.

Le sacrifice réel est forcément altruiste, car il implique un renoncement, sans espoir de gain ou de satisfaction ultérieur. Or en analysant les origines psycho-sociologiques du sacrifice réel, on en arrive à la conclusion que le sacrifice symbolique (p.ex. renoncer à son confort immédiat pour changer les couches de bébé) est juste une forme dérivée du sacrifice réel, c'est-à-dire que le sacrifice réel est l'aboutissement ultime et extrême de l'individu qui s'identifie son étiquette d'appartenance qui forme son identité, et qui est poussé dans ses retranchements ultimes. Le sacrifice symbolique a donc la même origine psycho-sociologique que le sacrifice réel. Le sacrifice réel et physique est donc le cas limite qui permet de voir que le sacrifice symbolique est lui aussi altruiste, et il n'est dans le fond que l'aboutissement ultime de la logique personnelle d'un individu dont on enfreint les valeurs, qu'il a internalisé par le truchement des récits collectifs et par l'identification à un certain nombre d'étiquettes, et qui est poussé dans ses ultimes retranchements. C'est le cas également dans toutes les formes d'héroïsme, et même de terrorisme.

Ainsi, l'égoïsme supposé de l'individu serait un biais culturel lié à la norme d'internalité de l'occidental moyen qui est dupe des récits collectifs (c'est-à-dire qu'il n'en est pas conscient) et qui se rend compte qu'il éprouve des désirs et de la satisfaction à faire ce qu'il fait sans se rendre compte qu'il ne s'appartient pas et que son désir lui-même est conditionné par les attentes des autres. Mais comme je viens de vous le démontrer, il n'y a de satisfaction qu'altruiste, la satisfaction étant fondamentalement ce que l'on ressent lorsqu'on a agit de façon altruiste, selon les désirs de notre sociologie, dans le cadre d'un engagement et de valeurs contenues dans les structures du sens du récit collectif, et donc dans le cadre des prescriptions de la société ou des attentes des autres. La satisfaction du devoir accompli est le paradigme de la satisfaction. Toute satisfaction est la satisfaction du devoir accompli, que l'on en soit conscient ou non.

L'être humain est donc constamment en dehors de lui-même et il ne s'appartient pas car il s'identifie constamment à un certain nombre de catégories sociales qui constituent sa personnalité, ses valeurs, ses attentes, ses comportements, ses jugements de goût, ses pensées, etc. et que celles-ci sont définies par la société à travers le récit collectif, à travers l'Histoire, à travers les attentes que les autres ont placé en lui à un niveau ou à un autre depuis qu'il est tout petit. Chacun cherche donc avant toute chose à se conformer aux attentes que les autres, la société, l'environnement social, à commencer par les parents, placent en lui, que ces attentes soient clairement et consciemment formulées, ou juste transmises inconsciemment, par influence tacite et par conformisme. Nous ne nous appartenons donc pas, nous ne faisons que nous conformer aux attentes que les autres ont placé en nous depuis tout petit, et à travers nos diverses expériences de vie, quitte à nous sacrifier réellement si le sacrifice symbolique n'est pas suffisant.

Ainsi, il n'y a pas d'être humain égoïste, mais seulement des individus qui ressentent des désirs et de la satisfaction qui sont liés au fait d'avoir accompli son devoir, c'est-à-dire d'avoir honoré les attentes que les autres ont placé en nous, que cela implique un engagement et un sacrifice symbolique ou réel. Le devoir ici n'est pas le devoir au sens des lois de la république ou de tel ou tel pays, mais plutôt au sens de respecter et aimer son prochain selon la Loi symbolique qui nous impose un certain nombre de rôles, de prescriptions symboliques, etc.

Donc toute satisfaction serait satisfaction de soi, et le soi est une construction sociale faite des attentes que les autres ont placées en nous, ou des catégories sociales identificatoires auxquelles ils nous ont assigné directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment.

Toutefois, le sacrifice de soi ne provient-il pas avant tout d'un manque de lucidité chez l'Homme qui s'identifie à sa persona (cf. Jung, on peut aussi appeler cela le masque social), et qui va jusqu'à en perdre la vie ? Il y a le fantasme imaginaire de fusion avec le groupe qui le transcende, et cette identification à sa persona ou à son groupe est purement imaginaire (tout en étant une erreur objective). Ce sont souvent ceux qui internalisent énormément le récit collectif et chez qui ce dernier est inconscient qui se comportent de la sorte, et qui les pousse à préférer mourir que faillir.

On a parfois cela dans le suicide aujourd'hui (mais on en voit de moins en moins), avec des individus qui, ayant failli à leur devoir, se tirent une balle dans la tête ou se pendent. La plupart des suicides actuels sont anomiques, c'est-à-dire qu'ils proviennent, au contraire, de la solitude et de l'absence de normes ou de sens dans la société contemporaine. L'être humain est donc bien égoïste, mais certains de ses comportements peuvent être altruistes et sacrificiels, mais c'est uniquement par manque de lucidité, pas par vertu ou par courage. Ainsi l'individu lucide est égoïste et ne se sacrifie pas, et ne juge de tout que selon son intérêt.

Conclusion : Nous sommes souvent des égoïstes et seules les illusions propagées par les récits collectifs de la société peuvent nous faire adopter des comportements altruistes et/ou sacrificiels en notre fors intérieur. C'est ainsi que seule la protection du récit collectif, et donc paradoxalement de la norme, permettra de remettre du lien social entre les individus, et de créer une décence commune nécessaire à l'épanouissement de tous, ainsi qu'à la cohabitation pacifique des uns et des autres, avec le prisme de la guerre civile qui guette au moins autant que celui de la guerre avec la Russie.

 

Bourdieu : intérêt au désintéressement.

Seul un acte volé est gratuit.

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Membre, 58ans Posté(e)
Apator Membre 361 messages
Forumeur accro‚ 58ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, Short a dit :

L'être humain est donc constamment en dehors de lui-même et il ne s'appartient pas car il s'identifie constamment à un certain nombre de catégories sociales qui constituent sa personnalité, ses valeurs, ses attentes, ses comportements, ses jugements de goût, ses pensées, etc. et que celles-ci sont définies par la société à travers le récit collectif, à travers l'Histoire, à travers les attentes que les autres ont placé en lui à un niveau ou à un autre depuis qu'il est tout petit. Chacun cherche donc avant toute chose à se conformer aux attentes que les autres, la société, l'environnement social, à commencer par les parents, placent en lui, que ces attentes soient clairement et consciemment formulées, ou juste transmises inconsciemment, par influence tacite et par conformisme. Nous ne nous appartenons donc pas, nous ne faisons que nous conformer aux attentes que les autres ont placé en nous depuis tout petit, et à travers nos diverses expériences de vie, quitte à nous sacrifier réellement si le sacrifice symbolique n'est pas suffisant.

Ainsi, il n'y a pas d'être humain égoïste, mais seulement des individus qui ressentent des désirs et de la satisfaction qui sont liés au fait d'avoir accompli son devoir, c'est-à-dire d'avoir honoré les attentes que les autres ont placé en nous, que cela implique un engagement et un sacrifice symbolique ou réel. Le devoir ici n'est pas le devoir au sens des lois de la république ou de tel ou tel pays, mais plutôt au sens de respecter et aimer son prochain selon la Loi symbolique qui nous impose un certain nombre de rôles, de prescriptions symboliques, etc.

Tout ceci pourrait présenter du sens si seul l’égoïsme ou au contraire l’altruisme, selon la définition, étaient ce qui qualifiaient un être humain, et ce de manière générale.

Or l'être humain peut être l'un ou l'autre, égoïste pour ceci altruiste pour cela, égoïste aujourd'hui, altruiste demain, rien n'est vraiment défini.

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