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Roger Salengro, premier homme politique français à être tué par les fausses informations

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sovenka

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 266 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)

17 novembre 1936. Roger Salengro, alors ministre de l’Intérieur, va commettre l’irréparable. Dans son appartement de Lille, il décide de se calfeutrer à l’intérieur de sa cuisine et d’ouvrir sa gazinière. Âgé de 46 ans, il se suicide alors que son parti politique, la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), vient d’accéder au pouvoir grâce à une coalition des forces de gauche, le Front populaire, qui sera notamment à l’origine d’améliorations sociales comme la semaine de 40 heures(nouvelle fenêtre) sous la IIIᵉ République. 

Derrière lui, Roger Salengro laisse une lettre(nouvelle fenêtre) : “J’ai lutté de mon côté, vaillamment. Mais je suis à bout. S’ils n’ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort, car je ne suis ni un déserteur ni un traître”. Un message envoyé aux responsables de sa mort, car Roger Salengro est en réalité l'un des premiers politiciens français de l’ère moderne à être victime de fausses informations.

Pendant la 1ère guerre mondiale, Roger Salengro, 25 ans, est un soldat estafette du régiment d’infanterie qui a la particularité d’évoluer à vélo, notamment pour transporter des messages ou du matériel. Un jour, alors qu’il tente d’évacuer le corps d’un de ses camarades mort au combat, il est fait prisonnier par les Allemands. Sa hiérarchie pense d’abord à une désertion, mais plusieurs témoignages vont à l’encontre de cette version, et Roger Salengro sera innocenté par un conseil de guerre. Il s’est d’ailleurs illustré par son refus de collaborer avec l’ennemi et incité les autres captifs à en faire de même. 

À la fin de la guerre, Roger Salengro, déjà très actif politiquement, s’engage pleinement pour la SFIO. Il en gravit les échelons, et devient même ministre de l’Intérieur du gouvernement de Léon Blum le 4 juin 1936. Mais très vite, cette histoire de supposée désertion refait surface. Le député d’extrême droite Henri Blériot écrit directement au ministre de la Guerre, Edouard Daladier, pour demander des comptes : pourquoi une personne accusée de désertion a-t-elle été nommée à un poste aussi important ? La lettre n’est pas censée être publique. Elle va pourtant le devenir par l’entremise de journaux d’extrême droite : l’Action française s’empare du sujet(nouvelle fenêtre), et affirme que Salengro a été condamné à mort par contumace.  

Commence une descente aux enfers médiatiques...

Malgré des démentis et un vote de l’Assemblée qui innocente Salengro, la presse se déchaîne contre l’homme politique avec des stratégies sordides : son passé de franc-maçon ressurgit, et il est présenté comme homosexuel et alcoolique. Comble du mauvais goût : un pneu usagé de vélo est déposé sur la tombe de sa femme, morte en 1935 d’un cancer, et dont l’homme politique a du mal à se remettre. 

Lassé des calomnies, déprimé par la mort de son épouse et par la maladie de sa mère, Roger Salengro finit par mettre fin à ses jours.

Et comme si ça ne suffisait pas, la presse d'extrême droite continue à remuer le couteau dans la plaie:

“N’a-t-on pas le droit de penser qu’en dépit de ses blanchiments, Roger Salengro n’avait pas la conscience tranquille ? Et qu’il a déserté une deuxième fois ?" écrit notamment le journal d’extrême droite Action française. 

Le 22 novembre, près d’un million de personnes assistent aux obsèques de Roger Salengro à Lille, sa ville natale. D’autres manifestent à travers la France pour dénoncer les abus de la presse d’extrême droite. Le président du Conseil Léon Blum, équivalent du Premier ministre aujourd’hui, a des mots forts(nouvelle fenêtre) : “Il n'y a pas d'antidote contre le poison de la calomnie. Une fois versé, il continue d'agir quoiqu'on fasse dans le cerveau des indifférents, des hommes de la rue comme dans le cœur de la victime. On juge superflu de vérifier, de contrôler, en dépit de l'absurdité parfois criante”.

Vue générale des obsèques de Roger Salengro, 20 novembre 1936 à Lille. Le texte de sa lettre est affichée sur la droite.

Vue générale des obsèques de Roger Salengro, 20 novembre 1936 à Lille. Le texte de sa lettre est affichée sur la droite

SOURCE: https://www.tf1info.fr/politique/verif-roger-salengro-premier-homme-politique-francais-a-etre-tue-par-les-fausses-informations-2362679.html

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Membre, 🇪🇺, 🏳️‍🌈, 💻, 🐺, 🦂, Posté(e)
Jim69 Membre 21 648 messages
Maitre des forums‚ 🇪🇺, 🏳️‍🌈, 💻, 🐺, 🦂,
Posté(e)
Il y a 2 heures, K-sos a dit :

Pauvre Salengro. A Brest, il y a une rue à son nom.

Y’en a partout, moi même j’en connais 3, une à Lyon, une à Vénissieux, une à Villeurbanne.

Modifié par Jim69
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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 47 496 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

En France, nous avons deux  expressions assez particulières quasiment intraduisibles et c'est: 

"Laisser pisser le mérinos." Car...

Au bout d'un moment, "les mouches finissent toujours par changer d'âne"! Mais il faut avoir beaucoup de force de caractère pour mettre la leçon à profit.

A bon entendeur, salut!

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  • January a mis en évidence ce sujet

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