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Idéalisme - Matérialisme

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mary.shostakov

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mary.shostakov Membre 736 messages
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D'abord l'idéalisme.

... C'est long, très long ... Il faudra me pardonner, beaucoup me pardonner ... 

 

PLATON

Appartenant à l'une des familles nobles les plus influentes d'Athènes, Platon reçoit l'éducation soignée consentie aux jeunes gens des familles aristocratiques. Lorsqu'il rencontre Socrate, il n'a que vingt ans alors que le maître en a soixante-trois. Il suivra les leçons et l'enseignement de Socrate pendant huit ans, huit années d'apprentissage qui le convaincront de la supériorité de la parole vivante et de la discussion sur le discours et l'exposé doctrinal. 
La mort de Socrate, accusé d'impiété et de corruption de la jeunesse, et condamné à boire la ciguë, c'est pour lui un drame et un cataclysme dont toute son œuvre porte la marque. Sa vision caricaturale des sophistes  (ces ennemis de la sagesse), sa haine de la démocratie  (laquelle donne le pouvoir aux faibles et aux ignorants), ses tentatives répétées auprès des tyrans de Syracuse  (Denys l'Ancien, puis Denys le Jeune qui lui succéda)  témoignent de sa déception et de son hostilité envers le gouvernement de la cité qu'il accuse d'être responsable de la mort de Socrate.
La philosophie de Platon est un long plaidoyer en hommage à Socrate, cet homme a la personnalité attachante qui fut à la fois un maître et la victime d'une scandaleuse injustice. Dans la plupart des dialogues de Platon, Socrate tient le rôle principal et en est le héros. La tradition vivante, Platon l'a fixée sans retour en traçant la figure légendaire du philosophe, « le premier, disait Cicéron, qui fit descendre la philosophie du ciel ».
La fabrication de la légende et du personnage, sur lequel nous savons en fait peu de chose, édifiée et construire par son illustre disciple, génie littéraire et philosophique devenu son témoin et son évangéliste, nous rappelle une autre légende qu'on peut mettre en parallèle. Le saint laïque et le dieu chrétien : deux hommes dont l'évocation de la vie et de la mort est celle de deux héros.

L'Académie
Qu'enseignait-on à l'Académie, l'école que fonda Platon en son temps près d'Athènes ? Un savoir exotérique, que nous connaissons grâce aux nombreux écrits de Platon faits du bricolage des idées de Socrate et des idées philosophiques et politiques de Platon. 
Le premier groupe de dialogues de Platon (les « dialogues socratiques » ou « dialogues de jeunesse ») renferment l'enseignement de Socrate dirigé essentiellement contre les sophistes et la puissante influence qu'ils exerçaient sur la jeunesse athénienne. 
Les dialogues de Platon se présentent à la fois comme des drames et des comédies et offrent à peu près toujours le même aspect : Socrate prétendant « ne rien savoir » questionne son interlocuteur, passe sa réponse au crible de l'analyse et l'examine avec soin pour démêler le vrai du faux. Socrate cherche le sens profond des choses, ce qu'elles ont d'universel et de commun et qui nous permet d'en parler : qu'est ce que la beauté ([/i]Hippias majeur[/i]), la piété (Euthyphron), le courage (Lachès), l'amitié(Lysis), la justice (La République) ? Il essaie de cerner le concept qui se cache derrière les apparences, l'unité que masquent la diversité et la multiplicité des signes du langage. 
L'ironie socratique bat son plein. L'interrogation sème le doute. La plupart du temps l'interlocuteur se voit pris en flagrant délit de contradiction. Et le dialogue, mené de main de maître par Socrate, c'est-à-dire par Platon, sans aboutir, en arrive pourtant à cette importante conclusion : nous ne savons peut-être pas ce qu'est la beauté, la piété, le courage, l'amitié, la justice, mais nous savons désormais ce qu'elles ne sont pas ! Le dialogue nous a permis d'éliminer leurs dangereuses caricatures, savoir apparent qui se prenait pour le savoir véritable, et délivrer les esprits des eaux troubles du mobilisme et du relativisme dans lequel pêchent les sophistes ! …
Le second groupe de dialogues (les « dialogues de vieillesse » ou « dialogues de la maturité ») n'a plus grand choses avec les premiers entretiens, dont le bénéfice est moins de faire avancer la discussion en vue d'une conclusion que de passer en examen un certain nombre de thèses ou d'opinion en s'efforçant de mener à bien un travail d'épuration. 
À partir du  Cratyle  apparaît pour la première fois et avec une parfaite clarté la séparation des idées qui, suivant le  Phédon, introduit une nouvelle conception de la science et de la dialectique. L'entretien se déplace de la discussion elle-même vers les réalités qui la sous-tendent. Platon expose sa théorie des idées dans les grands dialogues constitutifs de cette période. 
D'un abord beaucoup plus difficile (voir le  Parménide, le  Thééthète  et le  Sophiste), il est légitime de croire que ces dialogues donnent accès à la véritable pensée de Platon, ce qui, au delà des préoccupations plus immédiates de Socrate, fut le rêve de Platon qui deviendra pour des siècles l'archétype total et parfait du rêve le plus élevé de tous les rêves philosophiques :
Embrasser  le Tout  pour son temps et une fois pour toutes  dans un ensemble de pures spéculations métaphysiques, éthiques, politiques et cosmologiques !
Rien que ça ! …

Le Socrate historique
Sur Socrate, les témoignages dignes de foi sont peu nombreux et contradictoires. Si on confronte les témoignages anciens qui nous sont parvenus, ceux qui se recommandent de lui ou ceux qui l'ont combattu, il est impossible de démêler la légende de la réalité. Platon et Xénophon dressent de Socrate un portrait différent. Aristote ne l'a pas connu, et quand il s'y rapporte, c'est pour l'opposer à Platon. Aristophane de dépeint comme un sophiste, un faiseur de mots et un affabulateur. Socrate se plaisait à dire qu'il était l'élève de Prodicos, un sophiste de qui il aurait appris le sens des mots. Il aurait été l'auditeur de Damon, un sophiste lui aussi, et le disciple d'Archélaos de Milet, qui succéda à Anaxagore à Athènes.
Des écoles divergentes se réclament de Socrate. L'école mégarique (qui pratiquait la dispute et la controverse), l'école cynique, l'école cyrénaïque, qui se sont le plus souvent opposées ou combattues. De ces écoles, il ne nous est parvenu que très peu de chose et elles ont vite été relayées par les grandes écoles dogmatiques apparues après la mort d'Alexandre. 
On considère habituellement la tradition platonicienne comme authentiquement socratique. 
Comment prêter foi à cette affirmation ?
La rareté des documents, l'absence d'exactitude, les échos et les témoignages discordants et contradictoires, les conflits doctrinaux entre écoles diverses qui s'en réclament, tout nous porte à en douter et même à croire le contraire !
La personnalité de Socrate nous est mal connue. Nous disposons de très peu de renseignements sur la période de sa vie qui précède sa rencontre avec Platon. La légende de cet ex-tailleur de pierre, fils de sage-femme, qui le place dans la position d'un véritable initiateur et géniteur spirituel est d'origine essentiellement platonicienne. 
Se pourrait-il que celui sous le patronage duquel s'est édifiée toute la philosophie officielle et dominante, le meilleur des hommes et le plus sage, Socrate, cet homme extraordinaire, n'ait été qu'un habile dialecticien ? Un habile dialecticien méprisant la multitude, ses opinions et ses croyances ?
Polycrate voit en lui un ennemi de la démocratie, un dangereux fanatique qui fut un conservateur en politique comme en matière de mœurs où il fait preuve de misogynie.
Aristophane en parle comme d'un sophiste qui se plaisait à prendre le contre-pied des idées reçues sur lesquels il débitait les plus subtils radotages.
Certains le disait arrogant, prétentieux, fier d'un savoir dont il n'usait que pour contredire et ridiculiser autrui. 
Nous savons tous que son ignorance est feinte et que la modestie qu'il affiche est pure hypocrisie !
Pourquoi le mythe, la fabrication et la construction du personnage conceptuel qu'est devenu Socrate ne relèveraient-ils pas de la littérature et de la fiction platonicienne ?
Comme ce sont toujours les gagnants qui écrivent l'histoire, la philosophie dominante a tout intérêt à faire l'impasse sur l'enseignement de l'historiographie. 
L'histoire de la philosophie telle qu'elle apparaît dans les manuels et les encyclopédies, telle qu'on l'enseigne et la pratique à l'université, elle continue de raconter la même légende que délivre l'historiographie officielle qui ne connaît qu'une seule et unique narration. Impossible d'aller voir de l'autre côté du miroir platonicien qu'il existe des points de vue alternatifs. La coutume des vainqueurs, qui est de tout raser, oblige au massacre intégral. 
Bénédiction est accordée aux héritiers de Socrate, qui peuvent continuer en toute liberté à s'adonner benoîtement à la légende en s'adonnant aux diverses formes de l'onirisme ! …

Le Socrate de Platon
Avec Platon, son disciple et hagiographe, la légende de Socrate se personnifie et se singularise.
Pour pouvoir distiller son enseignement, Socrate a hérité de sa mère, qui était sage-femme, l'art d'accoucher, la maïeutique (voir leThééthète). L'une accouche les corps, l'autre accouche les esprits !
Cet art qui n'arrive pas à des réponses toutes faites est un art du questionnement et de l'interrogation qui requiert la pratique de l'ironie. Il s'agit donc pour Socrate d'interroger en feignant l'ignorance. Socrate « avoue » que son savoir n'est rien et qu'il ne sait en réalité qu'une chose, à savoir qu'il ne sait rien (Apologie). 
Le dialogue est menée de main de maître par Socrate. L'interlocuteur, criblé de questions et pris au piège de la discussion, est aussitôt mis dans l'embarras. Ce qu'il croyait connaître, il se voit obligé d'admettre qu'il l'ignore. Le voilà pris en flagrant délit d'ignorance. Pire : il est victime d'une ignorance crasse car c'est une ignorance qui s'ignore. Une double ignorance. 
Qu'importe ! Car pour Socrate le but est atteint : l'objectif de la discussion étant moins d'en tirer un savoir particulier que d'apprendre à chacun à bien se connaître, selon le célèbre  Connais-toi toi-même  inscrit sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes.
On devine à quel point un tel personnage pouvait déranger. La plupart des interlocuteurs de Socrate étaient des sophistes, des poètes, des gens de lettre, des hommes de loi qui passaient aux yeux de la multitude et à leurs propres yeux pour des sages.
Le procès qu'on fit à Socrate, raconté dans l'Apologie, portait sur deux chefs d'accusation : « Socrate est coupable de ne pas croire aux Dieux reconnus par la cité »; « Socrate est coupable de corrompre la jeunesse ». Peine demandée : la mort.
La poursuite est engagée. Derrière les motifs d'accusation, il y a peut-être des raisons politiques : une sorte de revanche contre Socrate pour les liens qu'il aurait entretenus avec des membres de l'oligarchie des Tyrans, dont la chute venait de laisser place à la restauration de la démocratie athénienne. Verdict : 281 voix contre 221. Sentence : Socrate coupable et condamné à boire la ciguë.
Socrate était-il devenu un personnage gênant ? 
S'agissait-il de se débarrasser de quelqu'un qui mettait en péril les institutions ? 
De quoi Socrate était-il coupable ?
Platon va s'attacher à montrer qu'il s'agit d'une affaire montée de toute pièce par des ennemis de Socrate ayant profité de l'instabilité politique, l'état où Athènes était parvenue à la suite des désordres de la démocratie, pour s'en prendre à lui et le traduire en justice. Poètes, politiciens, sophistes et rhéteurs vont devenir les cibles de prédilections et les sujet de moquerie de Platon. Ils sont devenus responsables de la mort de Socrate et des ravages que peut provoquer, toujours selon Platon, la parole quand elle est détournée de sa fin véritable : la Justice ou la Fin Morale à laquelle elle doit être assignée.

L'ennemi des sophistes 
Sous la plume de Platon, qui sait habilement jouer de la métaphore, les sophistes ont droit à toutes les épithètes : « artisans de l'illusion », « marchands de philosophie », « professeurs de vraisemblance », « fabricateurs de thèses et d'antithèses », « chasseurs intéressés de jeunes gens riches », « négociants de connaissances à l'usage de l'âme », « athlètes dans les combats de paroles », « purificateurs des opinions qui font obstacle à la science » (Sophiste).
Lui qui aime le pastiche se plaît à les caricaturer et à caricaturer leurs discours : il nous montre Hippias, fier de lui et arrogant, qui se vante d'enseigner et de pratiquer tous les arts (Hippias majeur), Gorgias, qui est un excellent rhéteur, mais qui est incapable de donner une fin morale à son art (Gorgias), Protagoras, qui discute sur la justice, sur la possibilité de l'enseigner et de la transmettre, et qui conclut son exposé par un mythe (Protagoras), Calliclès, le violent, l'impétueux, qui fait l'apologie de la force brute et de l'instinct en politique (Gorgias).
Les sophistes, qui sont l'objet des sarcasmes de Socrate et auxquels Platon attribue une doctrine bien définie, le  relativisme, n'ont peut-être de commun que le nom. Ils sont accusés de vendre leur savoir et de mettre la vérité au service de leurs intérêts personnels en rabaissant la connaissance au rang de simples techniques. Ils sont accusés de prodiguer leurs leçons aux jeunes gens avides de pouvoir et de richesse mus par l'appât du succès et du gain, par un enseignement substituant au débat rationnel la recherche de conviction et de persuasion. Ils sont accusés de réduire la connaissance à la sensation, « faisant de l'humain la connaissance de toutes choses », selon la formule attribuée à Protagoras « de toutes choses, c'est-à-dire de celles qui sont et de leur existence et de celle qui ne sont pas et de leur non existence ».
L'époque se prêtait merveilleusement bien à l'arrivée de ces singuliers personnages, professeurs d'éloquence, maîtres du discours, spécialistes et virtuoses du langage capables de convaincre et de persuader par le seul pouvoir de la parole. Le commerce, les guerres, l'instabilité politique, l'ébranlement moral qui s'empare des esprits à la suite de la défaite contre Sparte et qui se traduit par l'écrasement d'Athènes, le jeu de bascule entre la démocratie et une tyrannie oligarchique, tout ça finit par instaurer un gouvernement démocratique. (Celui-là même qui devait condamner Socrate.)
La démocratie donne le pouvoir au peuple, lequel pouvoir peut maintenant être acquis par la parole accordant désormais la prééminence aux  qualités du citoyen  et non plus au privilège de l'ascendance noble.
Volontairement gauchie et déformée par Platon, parodiée plus ou moins cruellement dans ses dialogues, la doctrine des sophistes est tournée en ridicule. Leur scepticisme à l'égard de la connaissance se mue en subjectivisme philosophique : si l'homme est la mesure de toutes choses, s'il n'y a pas de vérité supérieure à l'opinion, alors toutes les opinions se valent. 
Si toutes les opinions se valent, autant dire qu'aucune n'a de valeur, qu'il nous est impossible de distinguer le vrai du faux, et si tout est vrai, rien n'est vrai, toutes choses étant d'égales force et se réduisant à l'équivalence ou à la simple vraisemblance. 
Sur cette pente, on aboutit forcément à une conclusion désastreuse : le nihilisme, qui est l'envers et le revers du relativisme, sa conséquence logique et inévitable. 
C'est la négation de l'être, qui conduirait Gorgias, le père de la rhétorique, à affirmer : 
1 .   « Rien n'existe. »
2.   « Si quelque chose existe, il est inconnaissable à l'humain. »
3.   « S'il est inconnaissable, il est incommunicable aux autres. »
De fait, en est-il bien ainsi ?
Au-delà des clichés et des formules éculées qui sont le pain et le beurre des historiens, par-delà la caricature et le mépris qui leur sont restés attachés jusqu'à nos jours et depuis Platon, qu'étaient véritablement les sophistes qu'en fait nous connaissons si peu et si mal ? 
Les plus connus ont vécu aux cinquième et quatrième siècles avant J.C. : ce sont Protagoras, Gorgias, Hippias, Prodicos, Thasimaque et Antiphon. La plupart figurent dans les  Dialogues  de Platon. Venus des contrées grecques, ils s'installèrent à Athènes ou y séjournèrent, selon le cas. La ville, capitale du monde grec alors en pleine mutation, attirait par son prestige grandissant ces nouveaux fabricants de savoir rompus à l'art oratoire. Ils vendaient effectivement leur leçons et répondaient à un besoin que requéraient le contexte et les institutions de l'époque : former des jeunes gens à une carrière politique à occuper un poste dans l'administration de la cité comme magistrats, juristes ou stratèges. 
Leurs connaissances étaient étendues, dit-on, quasi encyclopédiques : grammaire, poésie, musique, mathématiques, astronomie, art militaire, tout ce dont la parole rend capable, et ce dont avait besoin celui qui aspirait à une haute fonction ou à un poste de commandement dans la société. 
Des sophistes, il ne nous reste que des fragments ou de courts extraits, des phrases, des paroles qui nous ont été transmises par des commentateurs souvent hostiles à leur pensée, au premier chef Platon, peu soucieux d'objectivité, on le sait, et ennemi des sophistes.
On dit des sophistes qu'ils ramènent tout à la sensation. Contrairement à Socrate et à Platon, ils ne croient pas en une vérité une et universelle, toujours la même, supérieure aux êtres qui tireraient d'elle leur intelligibilité. Ils ne croient pas aux idées générales, mais soutiennent que les concepts n'ont aucune réalité, que ce sont des mots ou des étiquettes que nous accolons aux choses par pure commodité. Selon eux ce qui est seul réel, c'est ce que nous percevons, qui n'existent pas en soi, mais relativement à l'acte par lequel les choses nous apparaissent : 
« Ce que l'homme appelle  vérité, c'est toujours sa vérité, c'est-à-dire l'aspect sous lequel les choses lui apparaissent. » (Protagoras).
Les sophistes se refusent à tout discours de l'ontologique, qui, pour eux, est un discours vide. Ils ne cherchent pas comme Parménide à départager l'opinion et la vérité : toute césure ou toute tentative de cassure est encore discours sur l'être. Ils s'en tiennent à ce que nous pouvons voir et affirmer et sur quoi nous pouvons nous entendre : non pas  la Vérité (le vrai absolu), mais « la vérité » (un vrai non absolu) telle qu'elle se montre aux humains dans son pouvoir d'apparaître, qui est pure phénoménalité.
Les sophistes (en tout cas Gorgias et Protagoras) sont nominalistes et perspectivistes. 
Nominalistes, puisque selon eux les idées générales sont une illusion de l'esprit. 
Perspectivistes, puisque la connaissance que nous avons des choses dépend toujours du contexte, de la situation, du point de vue, selon lesquels les choses nous apparaissent. 
C'est la signification de la formule de Protagoras disant « l'humain est la mesure de toutes choses » et non la caricature que Platon en a faite !
Les sophistes sont capables de penser un monde pluriel et polycentrique où le temps et le lieux n'ont plus le caractère homogène de la petite cité grecque. Voyageant de ville en ville, ils ont pu observer la relativité des jugements que les humains portent sur les mêmes choses, les humains n'utilisant pour ainsi dire jamais les mêmes critères pour les mesurer. 
Fidèle à sa doctrine, Protagoras ne reconnaît de lois que celles de la cité : non que les lois de la cité sont les « meilleures », mais parce qu'il n'existe pas de lois universelles ou de lois antérieures aux lois écrites. Une loi n'est « meilleure » que dans la mesure où elle  obtient l'adhésion du plus grand nombre  et par là favorise l'harmonie et la cohésion sociale. 
« Meilleure » est la loi, mais pas plus vraie : « Moi, je conviens que les lois sont meilleurs que les autres, mais plus vraies, non pas. » (Thééthère). Il y a un certain pragmatisme se rattachant à cette idéologie mis au service de l'utilité. Ce pragmatisme se retrouve dans ce qui devient pour Protagoras le « discours fort », c'est-à-dire un discours librement partagé capable de rassembler et unir les humain dans une entreprise collective.
Le « conventionalisme » de Protagoras, à tout prendre, est beaucoup plus stimulant que l'universalisme de Platon (et de Socrate), qui aboutit au refus du changement !
Les sophistes sont de vrais démocrates. Ils travaillent à l'extension et à l'égalisation de la condition de citoyen à tous. Face à Platon, qui condamne les humains à une inégalité naturelle d'aptitude et de talent créant une véritable ségrégation au sein de la société, les sophistes prônent l'égalité des chances pour tous. Tous les humains sont égaux en droit  : la place qui revient à chacun n'est pas fixée d'avance, mais c'est à chacun d'y accéder en fonction de sa compétence en politique. De sa compétence acquise comment ? Grâce au nouveau rôle attribué au langage qui vise à élever le citoyen vers un état meilleur.
D'inégaux chez Platon, pour qui la « bonne délibération » est l'apanage de quelques citoyens, à savoir les philosophes qui forment l'élite des hommes sages et compétents (La République), d'inégaux, donc, et grâce au  logos  (la parole), les humains deviennent politiquement égaux avec Protagoras. Ce qui donne au discours sa force, c'est le  consensus  qu'il provoque. La vérité de la personne privée est alors le citoyen. 
Dans l'égalité démocratique, on ne pèse pas les voix ...
On les compte ! ...
L'ancien système hiérarchique et inégalitaire, l'idéal aristocratique à consonance héroïque éclate en mille morceaux sous les critiques et coups répétés des sophistes. C'est là le véritable enjeu au fondement même de la démocratie  : l'acquisition de cette compétence délibérative que doit recevoir tout citoyen et qui lui permet de jouer un rôle actif dans la société. 
D'où l'importance du rôle et de la place de l'éducation en démocratie, et c'est bien ce que Protagoras professe. L'action du sophiste est primordiale. Dans le dessein qui est le sien en tant qu'éducateur, il a pour tâche de permettre à chacun « de passer d'un état moins bon à un état meilleur ». Et Protagoras de conclure  : « Le médecin produit ce changement par des drogues, le sophiste par des discours ».
La hargne de Platon et son acharnement contre les sophistes et leur enseignement montrent qu'il a bien saisi le véritable enjeu de la démocratie !
Comment en dire plus, sinon s'insurger contre les propos malveillants de Platon et contre la malhonnêteté et le manque d'objectivité dont il a fait preuve dans sa façon de traiter les sophistes, qu'il s'est évertué à démoniser, à diaboliser, sans vergogne, et du mieux qu'il a pu ? 
Platon développe toute une machine de guerre contre les sophistes.
En commençant par la démence et le délire de sa théorie des idées …

La théorie des idées
Si tout est en perpétuel changement, si tout ce qui existe est soumis à un flux incessant et évanescent, apparences sensibles qui ne sont que de vaines images de la réalité et qui ne peuvent être objet de connaissance, comment expliquer les choses et comment expliquer ce qui, dans les choses, persiste à travers le devenir et le changement et demeure permanent ? 
Réponse (il fallait y penser)  : en conciliant les deux, l'immobilité et le changement, l'être et l'apparence, l'universel et le singulier, l'ontologie statique de Parménide et le mobilisme d'Héraclite !
1 )   Le  monde sensible  est fait d'instabilité et de changement. Il n'est pas fait de concepts, mais  des choses que nous voyons, touchons, etc.  Le monde sensible est le monde que nous habitons, fait d'opinions et de fausses croyances sur la réalité, d'ombres au sujet desquelles nous nous disputons sans cesse en nous disputant sur les apparences du vrai, du beau, du bien, etc.
2 )   Le vrai monde, ou le monde vrai, le  monde intelligible  échappe au devenir et au changement. Il contient les modèles exemplaires des choses ici-bas, qui ne sont que des imitations ou de pâles copies des choses intelligibles. Le monde vrai, le monde intelligible est formé des Essences véritables, Formes immuables et éternelles que Platon appelle Idées (avec une belle majuscule pour marquer leur transcendance).
Il y a donc selon Platon une idée de toutes choses, une idée du lit, une idée de la feuille, une idée de l'humain, une idée de ce qui est beau, bon, juste, etc. Chaque chose en soi qui lui préexiste et qui est son double éternel, qui lui confère son être, son essence, et qui nous permet de la désigner par son nom. Parménide (dans le dialogue du même nom) demande à Socrate « s'il y a une idée du poil, de la boue, de la saleté ou de toute autre chose insignifiante et sans valeur ». Socrate hésite, mais il est bien obligé d'accorder à Parménide que s'il y a une idée du beau, du bon et du vrai, il doit bien y avoir une idée du poux, de la boue et de la crasse !
Ne comportant rien de sensible, le monde intelligible est seul objet de connaissance, de science, et nous ne pouvons nous y élever qu'à l'aide des mathématiques et d'une dialectique ascendante. Chez Platon, les mathématiques servent d'auxiliaire à la dialectique en tant que propédeutique et science de la mesure. Elles donnent son premier mouvement à l'âme dans son élévation vers la région supérieure des Idées. Sur la porte d'entrée de l'Académie de Platon figurait la formule devenue légendaire  : « Que nul n'entre ici s'il n'est pas géomètre   ». 
Le  Timée  nous renseigne aussi sur la dialectique ascendante comme effort du Logos dans sa participation aux Idées, c'est-à-dire la participation des Idées entre elles et avec l'Idée du bien, la plus grande de toutes, celle par laquelle toutes les autres Idées nous sont connues. 
La participation des idées aux choses sensibles, et qui explique le mélange des deux mondes, est présentée dans  La République  et le  Philèbe.
Dans le  Timée, et cette fois à partir d'une  dialectique  descendante, Platon montre que la génération des choses trouve sa cause et son explication dans la génération des essences, des Idées, qui s'achemine vers un terme ultime sur lequel le démiurge a les yeux fixés en modelant le monde sur l'Idée du Bien.
Le passage du monde sensible au monde intelligible est illustré dans l'allégorie de la caverne, qui explique comment se fait la conversion de l'âme vers les réalités supérieures.
Empruntant au pythagorisme et aux anciennes traditions orphiques, Platon bricole sa théorie  : 
Pour lui, connaître, c'est reconnaître, c'est se souvenir. Plus précisément se ressouvenir de ce que l'âme a contemplé dans sa pré-vie, alors qu'elle séjournait dans le monde des Idées  :
« S'il est vrai, comme tu le dis souvent, que, pour nous, apprendre n'est pas autre chose que se ressouvenir, c'est une nouvelle preuve que, forcément, nous devons avoir appris dans un temps antérieur ce que nous nous rappelons à présent. » (Phédon)
Mais si « connaître, c'est reconnaître », cela présuppose que l'âme, qui habite le corps, préexiste au corps. Si l'âme préexiste au corps c'est convenir que l'âme est immortelle, c'est en conclure que, pour elle, habiter un corps, c'est participer au cycle des générations où tout ce qui vit meurt, puis renaît en quelque sorte de ce qui est mort, mais sous une autre forme.
La théorie de la réminiscence est exposée pour la première fois dans le  Ménon, où un jeune esclave est amené par lui-même (c'est-à-dire par Socrate, qui le met sur la voie par le questionnement, son art, qui est la maïeutique) à redécouvrir des vérités mathématiques dont il peut se rappeler parce qu'il porte en lui des opinions droites qui, réveillées pas le questionnement, deviennent des connaissances. 
Cette théorie de la réminiscence est reprise dans le  Phédon  à titre d'hypothèse servant à résoudre le problème de l'immortalité de l'âme. La théorie de la réincarnation est illustrée dans le  Phèdre, qui assimile l'âme à un attelage ailé emporté dans un mouvement circulaire autour du ciel, où les âmes sont amenées à contempler les vraies réalités. Les âmes nourries d'intelligence qui se sont habituées à l'éclat éblouissant de ces réalités deviendront des âmes de philosophe !
Une existence antérieure, une âme immortelle, une incarnation de l'âme dans un corps …
Nous voilà déjà conduits très loin! …

Les âmes vagabondes
En toute bonne logique, celui qui « rêve éveillé », comme le disait Voltaire, poursuit  :
Notre âme comprend trois parties, ou trois principes d'actions, comme l'État lui-même, qui est divisé en trois classes. 
Ces trois principes actifs sont  :
1 ) La partie raisonnante (« la tête »).
2 )   La partie ardente (« le cœur »), reliée aux passions irascibles.
3 )   La partie désirante (« le bas-ventre »), celle des passions concupiscibles.
Seule la partie raisonnante de l'âme (l'intellect) est immortelle. Les deux autres, enchaînées et prisonnières du corps, disparaissent avec la mort du corps. 
Dans le  Phèdre, Platon compare l'âme à un « attelage ailé » attaché à deux coursiers, l'un docile, l'autre rétif aux ordres du cocher. Le cheval rétif est entraîné par les passions concupiscibles (les désirs et les appétits inférieurs). Il est mal bâti et indiscipliné. Le cheval docile, bon et généreux, est l'allié de la raison. Le cocher doit maintenir l'équilibre en dirigeant et guidant le bon cheval pour amener les deux chevaux sur le droit chemin. Par la raison, il doit détourner les désirs irascibles et concupiscibles pour les tourner vers la contemplation des idées. Les âmes pures peuvent s'élever à la connaissance des vraies réalités. Escortées par les dieux qui les accompagnent dans leur course, elles peuvent contempler la Beauté en soi, la Justice en soi, le Bien en soi. Les âmes impures, lourdes des désirs et des exigences de leur vie ici-bas, peinent à faire obéir leurs chevaux. N'ayant pu être initiées à la connaissance des vraies réalités, elles perdent leurs ailes et retombent sur terre, où elles viennent s'incarner dans un corps. 
Le méchant, chez Platon, c'est donc celui qui a misé sur le mauvais cheval. Quelle rigolade ! ...
Morale du mythe, chez Platon (pour qui tous les mythes ont leur morale)  : La rétribution des âmes est fonction de leur vie ici-bas  : « Ceux qui ont vécu en pratiquant la justice obtiennent en échange une bonne destinée; ceux qui l'ont violée, une destinée mauvaise »  Phèdre.

La carotte et le bâton !  … :
Seront récompensées les âmes des sages, des hommes vertueux, des philosophes.
Seront punies les âmes des déraisonnables, des concupiscents. Punies, c'est-à-dire à migrer et à subir des réincarnations successives ! Parfois en devant séjourner dans un corps d'animal  : 
« Ceux qui sont abandonnés à la gloutonnerie et à l'ivrognerie sans retenue entrent naturellement dans des corps d'ânes et de bêtes analogues. Ceux qui ont choisi l'injustice, la tyrannie, la rapine entrent dans des corps de loup, de faucon, de milan. En quelle autre place, à notre avis, pourraient aller des âmes de telle nature ? » (Phédon)
Platon croit à l'immortalité de l'âme et à sa réincarnation (métempsychose). 
Il croit à la chute et au rachat des âmes selon le mode de vie auquel elles se sont abandonnées ici-bas dans leur combat contre l'élément charnel qui les rive et les enchaîne au corps.
Cette conception qui préfigure déjà le christianisme et dans laquelle se trouve tous les éléments à mettre en œuvre dans une doctrine chrétienne, les premiers chrétiens parviendront à l'acclimater à leur mystique de l'âme et à leur eschatologie.
« Platon pour disposer au christianisme », disait Pascal ...
Grâce à Platon et à son disciple Aristote, celui qui a fourni à la religion chrétienne sa puissante armature, la filiation spirituelle qui assure à l'humanité le règne pérenne de l'esprit sur le corps ne peut être plus clairement et plus nettement affirmée.
L'opération est lancée qui conduira à la floraison des doctrines idéalistes aux formes les plus vertigineuses qui vont s'épandre jusqu'à nous.

La Cité idéale
Il existe dans la Cité idéale de Platon la même hiérarchie que dans les âmes des individus. Trois classes dans la société qui correspondent aux trois parties de l'âme  :
1 )   Les magistrats pour la partie raisonnante.
2 )   Les soldats pour la partie impulsive.
3 )   Les paysans et les artisans pour la partie désirante.
Prudence (Sagesse), Courage, Tempérance sont les vertus essentielles qui doivent assurer l'harmonie de la société, la justice étant réalisée dans la société comme dans l'âme quand chaque classe joue son rôle et s'acquitte convenablement de sa fonction  :
« Une cité est juste quand chacune de ses trois classes s'occupe de ses propres tâches » (République).
Comme la société est hiérarchisée selon un ordre de subordination des parties et des facultés les unes aux autres, et comme c'est la tête qui doit commander, le plus apte à gouverner, celui qui doit devenir son premier magistrat, ce serait le plus excellent de ses hommes, le modèle du sage et du juste, l'adversaire impitoyable des sophistes et le seul possesseur du savoir philosophique, celui qui pourrait éduquer les autres hommes et faire régner l'ordre dans leur âme comme dans la cité.
Quand Platon nous parle d'un « gouvernement des philosophes », ou d'un « philosophe-roi », c'est toujours à son maître bien-aimé, Socrate, qu'il songe. 
N'est-il pas celui qui, au péril de sa vie, s'oppose au tyran Critias et contrevient à ses ordres pour éviter que ne se commette une injustice ? 
Celui qui tient son rang au siège de Potidée et qui se distingue par son courage en sauvant la vie d'Alcibiade ? 
Celui qui dans le  Banquet, préfère l'amour des belles âmes à l'amour des beaux corps ? 
Celui qui, refusant de s'évader de sa prison malgré l'insistance de Criton, préfère mourir que d'enfreindre et de désobéir aux lois de la cité ?
Socrate, le meilleur, le plus sage, le plus excellent des hommes, que la démocratie, le pire des régimes selon Platon, a mis injustement à mort, elle dont le mot d'ordre est la liberté qui conduit à la dissolution des mœurs et finalement à l'anarchie qui cause la perte de la cité.
« Tant que les philosophes ne seront pas rois dans la cité, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour » (République)
La comparaison est intéressante avec le passage suivant de la  Lettre VII  :
« Les races humaines ne verront pas leurs maux cesser avant que, soit ait accédé aux charges de l'État la race de ceux qui pratiquent la philosophie de façon droite et authentique, soit que, en vertu de quelque dispensation divine la philosophie soit réellement pratiquée par ceux qui ont le pouvoir dans les États   »
Pour préserver l'ordre dans la cité et éviter sa décadence, ce qu'il craint le plus au monde, Platon imposera à la classe des soldats un communisme intégral  : 
Les biens et les femmes devront être mis en commun,
leurs enfants seront nourris et élevés par l'État.
Des règles d'eugénisme seront appliquées  : 
« Il faut selon nos principes rendre les rapports très fréquents entre les hommes et les femmes d'élite et au contraire très rares entre les sujets inférieurs de l'un et de l'autre sexe » (République)
Les enfants handicapés et nés avec une déficience, la Cité devra s'en débarrasser  : 
« Pour les enfants des sujets inférieurs, et même ceux des autres qui auraient quelque difformité, ils les cacheront dans un lieu interdit et secret, comme il convient » (République)
Dans la cité idéale, écrivains et poètes seront surveillés de près  :
Il faudra se méfier tout particulièrement des « poètes imitateurs », qui seront chassés.

« Si donc un homme en apparence capable par son habileté de prendre toutes les formes et de tout imiter venait dans notre ville pour s'y produire lui et ses poèmes, nous lui dirions qu'il n'y a point d'homme comme lui dans notre cité et qu'il ne peut y en avoir, puis nous l'enverrions dans une autre ville » 
Nul doute ici que Platon a toujours présent à l'esprit le poète comique Aristophane, qui, dans  Les nuées, raillant Socrate, colportait une image plutôt négative du philosophe. 
Platon parle aussi dans les  Lois  de l'expulsion des poètes et des musiciens hors de la Cité idéale.
Cela dit, mentir ou tromper est interdit, certes, mais pas entre les mains des gouvernants, pour qui le mensonge et la tromperie peuvent être aussi utile qu'un médicament  :
« Il y a chance pour que nos gouvernants soient obligés d'user largement de mensonges et de tromperies pour le bien des gouvernés et nous avons déjà dit que de pareilles pratiques étaient utiles sous formes de remèdes » (République)

Chaque classe enfermée dans son rôle naturel, qui correspond à son profil psychologique (la race « d'or », la race d'« argent » et la race de « bronze ») !
Un communisme intégral pour la race des gardiens !
Des règles d'eugénisme visant à maintenir la pureté des caractères !
La psychosociologie de Platon est franchement et proprement démentielle …
Même si dans les  Lois  Platon abandonne son communisme intégral, il est tout à fait légitime de voir dans la Cité idéale de Platon le creuset du totalitarisme.
La politique, la morale et la philosophie sont inséparables chez Platon. La plupart de ses œuvres insistent sur la mission sociale du philosophe. 
Platon le réformateur, l'ennemi de la démocratie, celui qui caressait le rêve de devenir conseiller du prince, d'abord auprès de Denys l'ancien, puis auprès de son successeur, Denys le jeune, Platon n'a su imposer à sa cité  ni sa morale, ni sa philosophie, ni sa politique.
Les derniers mots de Platon nous font part de son pessimisme face à l'action des humains  :
« Nous sommes les marionnettes des dieux. Comme je l'ai dit à un moment antérieur de notre entretien, l'humain a été fabriqué comme un objet d'amusement pour la Divinité. Les choses humaines ne méritent pas d'être prises au sérieux » (Lois)


C'est Philippe de Macédoine, qui, en s'emparant de la Grèce, mettra fin à l'aventure politique athénienne  : la démocratie.

Il faudra attendre plus de vingt siècles, pas moins, avant qu'un pays d'Occident ne se décide à tenter de nouveau l'aventure.

.

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mary.shostakov Membre 736 messages
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.

Ensuite le matérialisme.

.

 

MARIO BUNGE

Mario Bunge est un théoricien du matérialisme, il a écrit plus de 80 ouvrages et plus de 400 articles de physique théorique, de mathématiques appliquées, de théorie des système sur les bases de la physique, de la sociologie, de la psychologie, de la technologie, de la sémantique, de l’épistémologie, de la théorie de la valeur, de l’éthique, etc.

Son œuvre philosophique, en reposant sur un matérialisme scientifique, présente un monisme-ontologique :


réaliste : (la substance matérielle existe indépendamment de la représentation que l'on en fait)

anti idéaliste,

anti spiritualiste,

anti dualiste.


Le matérialisme évolutionniste est une philosophie dont les racines historiques indiquent :

 

  1. que c'est un monisme : 

    « Les matérialistes ne reconnaissent qu'une seule espèce d'éléments qui remplit la totalité de l'univers » : la matière. 

    Pour Joseph Dietzgen, « le monisme est la conception de l'unité de la matière et de l'esprit, ou de l'enchevêtrement de tous les phénomènes entre eux ».

    Pour Georqui Plekhanov «le monisme représente l'affirmation de l'unité ontologique du monde, qu'elle ait pour fondement la nature ou l'esprit ».

  2. que c'est un immanentisme : « la matière est conçue à partir d'un principe immanent ».

  3. que c'est une pensée qui demande à la philosophie la préséance de la Science : « La méthode scientifique est considérée comme la seule voie d'accès à la connaissance véritable et le discours philosophique s'appuie sur les dernières découvertes de l'époque ».

Ce terme de matérialisme évolutionniste a été choisi pour qu'il puisse se démarquer des divers courants philosophiques. 

Plus tard dans son œuvre, il a remplacé ce terme par matérialisme émergentiste, puis matérialisme systémique.

Pour lui, tout est matière, tout en admettant que l'immatériel (la conscience et la pensée par exemple) existe et découle de la matière (le cerveau). Chaque entité existante résulte d'un processus de développement. Une entité existante peut posséder une propriété dite émergente car, inexistante dans ses parties constitutives prises séparément, elle est apparue au moment de la formation du tout. Le simple construit le complexe.

Il n'est pas partisan d'un réductionnisme radical en philosophie de l'esprit.

Pour Bunge le matérialisme scientifique « se situe à mi distance entre le physicalisme et le matérialisme dialectique : c'est une doctrine rigoureuse comme le premier, mais ouverte à la nouveauté comme le second ». Il offre un chantier de la convergence, y compris avec le matérialisme historique, dès que chaque entité aura fait un travail critique sur la scientificité de ses propres composantes historiques.

Les qualités du matérialisme scientifique telles que Mario Bunge les présente dès 1981 sont : 

  1. L'exactitude : notamment des définitions et des formulations sans polysémie, aussi proche que possible du langage mathématique et de la philosophie analytique.

  2. Le matérialisme : toute entité est matière concrète, y compris un concept ou une idée conçus par le cerveau d'un être pensant.

  3. Le dynamicisme : la matière peut se changer spontanément. Être c'est devenir.

  4. Le non dogmatisme.

  5. Le systématisme : chaque concept ou définition appartient au système hypothético-déductif constamment ouvert à la révision raisonnée confrontée au réel.

  6. La scientificité : Toutes les hypothèses philosophiques sont compatibles avec la science «en train de se faire». D'où le réalisme.

  7. L'émergentisme : les systèmes ont des propriétés émergentes que n'ont pas les parties constituantes.

  8. Le systémisme : chaque entité est tout ou partie d'un système.

  9. L'évolutionnisme : les systèmes complexes sont le produit d'une histoire au cours de laquelle s'associent des éléments de niveau d'organisation inférieur.

Marc Silberstein détaille l'unité plurielle du matérialisme « ancré dans les sciences » en reprenant les apports de Mario Bunge :

  1. Le matérialisme est à considérer comme évolutionniste, et donc, comme un bateau de Neurath et donc anti cartésien.

  2. Une doctrine ontologique.

  3. Une méthodologie, appelée matériologie, contenant un scepticisme situé entre le doute raisonnable et le scepticisme radical.

  4. Il existe une coévolution de la science et du matérialisme.

Dans le sillage de Mario Bunge et pour lutter contre les créationnismes et les pseudo-sciencesGuillaume Lecointre, s'appuyant sur les travaux de Pierre Bourdieu, juge nécessaire de rappeler les liens qui existent entre la science et le matérialisme scientifique. Il propose les termes du contrat tacite qui conditionne la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques des chercheurs en sciences 

  1. Scepticisme initial sur les faits,

  2. Réalisme de principe,

  3. Matérialisme méthodologique,

  4. Rationalité et logique.

D'autre part, plusieurs chantiers et démarches ont vu le jour :

  • un chantier d'unification des différents courants du matérialisme évolutionniste dans le matérialisme contemporain, systémique et émergentiste, prévoit, sans visée réductionniste, et sans volonté de s'étendre à tout matérialisme scientifique, de concerner toutes les sciences intégratives telles que l'écologie, la sociologie, la psychologie, etc.

  • un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise, en pratiquant la co-écriture multi et trans disciplinaire, le concept en soi d'évolution ainsi que l'évolution de nombreux concepts transversaux (catégorie, temps, individu, information, etc.), en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion scientifique sur le concept d'émergence.

  • Pascal Charbonnat évoque une nouvelle démarche pour effectuer un travail de recherche historique. Il la dénomme méthode phylogénique et la situe à l'opposé de la démarche traditionnelle qualifiée de micro-monographique. Par cet apport, il se rapproche de la volonté de mieux appréhender la complexité de la généalogie, du mouvement, du changement et de l'évolution des concepts et des idées. Le fait d'«envisager les idées dans un cadre évolutif » s'inspire des recherches en sciences cognitives notamment. Il propose « un cheminement vers une science des idées » et en détecte l'intérêt épistémique.

  • Edgar Morin, dans plusieurs ouvrages dont le tome de son œuvre La Méthode notamment, avait évoqué cette évolution nécessaire.

.

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Membre, 57ans Posté(e)
SpookyTheFirst Membre 3 758 messages
Maitre des forums‚ 57ans‚
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Impressionnant travail même si je doute d’etre capable d’en apprécier toutes les vertus…. Tu es prof d’histoire ou de philo? Combien de temps cela t’as pris de rédiger cela?

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Membre, 84ans Posté(e)
mary.shostakov Membre 736 messages
Forumeur expérimenté‚ 84ans‚
Posté(e)
il y a 43 minutes, SpookyTheFirst a dit :

Impressionnant travail même si je doute d’etre capable d’en apprécier toutes les vertus…. Tu es prof d’histoire ou de philo? Combien de temps cela t’as pris de rédiger cela?

... ... ...

Le Platon, c'est une note post universitaire (qui m'a d'ailleurs permis de comprendre que la philosophie traditionnelle n'était certainement pas pour moi)

Le Bunge, c'est plus récent, et ça correspond à mon orientation artistique, philosophique (matérialiste) et scientifique.

... ... ...

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Membre, 44ans Posté(e)
Herver Membre 1 284 messages
Mentor‚ 44ans‚
Posté(e)

Mes yeux sont trop vieux pour lire tout cela sur smartphone...je lirai sur l ordi quand ma miss me harcelera plus pour que je reste chez elle loin de mon ordinateur 😢

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Membre, 44ans Posté(e)
Arkadis Membre 309 messages
Forumeur accro‚ 44ans‚
Posté(e)

Il est possible que la philosophie occidentale sombre carrément dans la maladie mentale. Avec Platon il y a encore une humanité avec Mario Bunge il n'y a plus rien d'humain. 

Les hommes, sexe mâle, s'acharnent à détruire le sentiment, peut être faut il y voir une lutte totale contre le féminin puisque c'est au féminin que nous prêtons encore le sentiment. Avant qu'il n' y ait plus de sentiment du tout.

 

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Membre, 44ans Posté(e)
Arkadis Membre 309 messages
Forumeur accro‚ 44ans‚
Posté(e)

Il y a vraiment des trucs que je ne devrait pas lire, mais tant pis, c'est lu, du coup c'est la colère, autant l'écrire cette colère, pour m'en débarrasser.

Parce que ce matérialisme évolutionniste c'est le manifeste de l'IA, costaud celle là, incarnée maintenant dans des humains (t'es forte toi IA).

La pensée donc grâce à la science, nous savons que c'est un produit de la matière, super, ya plus qu'à fabriquer des neurones artificiels et zou nous aurons une pensée encore plus super que celle des neurones ratés organiques actuels. Bon les algorithmes sont certes encore pensés par des humains aux neurones poussifs et ratés mais ca va s'arranger, les machines font fabriquer elles-mêmes des super algorithmes. Ouf, la perfection enfin. 

Bon pour parvenir à la perfection il va falloir quand même maitriser les mots, hein, yen a marre de ces gens qui donnent aux mots des sens qui varient, sont ils bêtes ces gens là, ils foutent le bordel en plus dans les relations sociales. Non un mot c'est un sens, un seul, va falloir se discipliner hein, d'ailleurs ya une batterie de linguistes qui bossent déjà pour assigner à un mot un seul sens, comme les signes mathématiques qui renvoient à un seul sens aussi dès lors que l'on affine sans cesse ces signes mathématiques jusqu'à des axiomes élémentaires (ya un problème quand même souligné par Gödel, faut sans cesse inventer des axiomes pour qu'un système soit parfait, c'est à dire pour que tout soit démontrable, que tout soit décidable, il est emmerdant ce Gödel). 

 

Donc le matérialisme évolutionniste c'est la science, la science c'est la mathématique, lla mathématique c'est l'IA, enfin arrive la perfection. La science incarnée dans l'IA, elle-même toujours en évolution, va ainsi déboucher sur la société parfaite, absolument harmonieuse. Super.

Le sentiment ? Pas de problème, lorsque les mots seront enfin mathématisés, lorsque le cerveau des gens encore imparfaits sera cartographié on inventera des IA qui diront aux sentimentaux ce qu'ils veulent entendre. Car que veulent les sentimentaux, hein ? C'est entendre ce qu'ils attendent d'entendre. D'ailleurs ya qu' à voir : les gens, ils adorent discuter avec l'IA, vu que l'IA on peut pas faire plus mièvre et en plus ça dit ce que nous voulons entendre. Cela dit que les gens adorent discuter avec l'IA sans s'apercevoir qu'on ne peut pas faire plus creux, cela en dit long sur le renoncement à vivre ambiant. Bon parfois le renoncement ça repose, comme boire un coup de trop, ou fumer un joint de trop, mais faut aussi savoir sortir du renoncement comme des addictions. Par moments s'enfuir c'est bon, mais pas trop longtemps quand même.

Et les émotions au fait ? Pas de problème, quand on aura remplacé les neurones imparfaits des humains par des neurones parfais il n' y aura plus d'émotions, en attendant, on va créer des cages à émotions dans lesquelles elles seront enfermées, ces cages ce seront les Arts, super. Le matérialisme évolutionniste a tout prévu. 

 

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Membre, 58ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 717 messages
Forumeur vétéran‚ 58ans‚
Posté(e)
il y a 47 minutes, Arkadis a dit :

Il y a vraiment des trucs que je ne devrait pas lire, mais tant pis, c'est lu, du coup c'est la colère, autant l'écrire cette colère, pour m'en débarrasser.

Parce que ce matérialisme évolutionniste c'est le manifeste de l'IA, costaud celle là, incarnée maintenant dans des humains (t'es forte toi IA).

La pensée donc grâce à la science, nous savons que c'est un produit de la matière, super, ya plus qu'à fabriquer des neurones artificiels et zou nous aurons une pensée encore plus super que celle des neurones ratés organiques actuels. Bon les algorithmes sont certes encore pensés par des humains aux neurones poussifs et ratés mais ca va s'arranger, les machines font fabriquer elles-mêmes des super algorithmes. Ouf, la perfection enfin. 

Bon pour parvenir à la perfection il va falloir quand même maitriser les mots, hein, yen a marre de ces gens qui donnent aux mots des sens qui varient, sont ils bêtes ces gens là, ils foutent le bordel en plus dans les relations sociales. Non un mot c'est un sens, un seul, va falloir se discipliner hein, d'ailleurs ya une batterie de linguistes qui bossent déjà pour assigner à un mot un seul sens, comme les signes mathématiques qui renvoient à un seul sens aussi dès lors que l'on affine sans cesse ces signes mathématiques jusqu'à des axiomes élémentaires (ya un problème quand même souligné par Gödel, faut sans cesse inventer des axiomes pour qu'un système soit parfait, c'est à dire pour que tout soit démontrable, que tout soit décidable, il est emmerdant ce Gödel). 

 

Donc le matérialisme évolutionniste c'est la science, la science c'est la mathématique, lla mathématique c'est l'IA, enfin arrive la perfection. La science incarnée dans l'IA, elle-même toujours en évolution, va ainsi déboucher sur la société parfaite, absolument harmonieuse. Super.

Le sentiment ? Pas de problème, lorsque les mots seront enfin mathématisés, lorsque le cerveau des gens encore imparfaits sera cartographié on inventera des IA qui diront aux sentimentaux ce qu'ils veulent entendre. Car que veulent les sentimentaux, hein ? C'est entendre ce qu'ils attendent d'entendre. D'ailleurs ya qu' à voir : les gens, ils adorent discuter avec l'IA, vu que l'IA on peut pas faire plus mièvre et en plus ça dit ce que nous voulons entendre. Cela dit que les gens adorent discuter avec l'IA sans s'apercevoir qu'on ne peut pas faire plus creux, cela en dit long sur le renoncement à vivre ambiant. Bon parfois le renoncement ça repose, comme boire un coup de trop, ou fumer un joint de trop, mais faut aussi savoir sortir du renoncement comme des addictions. Par moments s'enfuir c'est bon, mais pas trop longtemps quand même.

Et les émotions au fait ? Pas de problème, quand on aura remplacé les neurones imparfaits des humains par des neurones parfais il n' y aura plus d'émotions, en attendant, on va créer des cages à émotions dans lesquelles elles seront enfermées, ces cages ce seront les Arts, super. Le matérialisme évolutionniste a tout prévu. 

 

Excellent message. L’on ne peut qu’approuver.

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Membre, 44ans Posté(e)
Arkadis Membre 309 messages
Forumeur accro‚ 44ans‚
Posté(e)

Le seul truc un peu lucide écrit dans tous ces exposés c'est finalement ce truc prêté à Platon :

"Nous sommes les jouets des dieux"

Ce sont bien nos errements mentaux qui fabriquent nos philosophies variées. Variées autant que le sont nos errements singuliers.

Celui là ça va être Dieu, cet autre ca va être la Matière, cet autre encore le Nombre, ou cet autre encore va écouter la Pythie, la porteuse du délire, donc la porteuse de la Vérité.

Mais si nous pouvions plus délirer nous ne pourrions plus vivre. 

Modifié par Arkadis
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  • 3 semaines après...
Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 482 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Dans une irrésistible ascension vers la complexité, l'homme est apparu même si ce n'était que furtivement doué d'intelligence et de conscience.

Les poètes ont loué les merveilles de la nature, les artistes ont peint son harmonie mais la rationalité a donné aux philosophes et aux scientifiques la raison comme outil d'investigation pour la comprendre.

Et de nous en dévoiler un aspect métaphysique quasi miraculeux, vivre dans un univers rationnel dans lequel des lois peuvent être comprises.

Nous aurions probablement pu vivre dans un univers si complexe que rien n'aurait été compris...ou si mouvant que rien de permanent n'aurait pu y révéler des lois...ou même si irrationnel que des phénomènes changeants s'y seraient manifesté au gré des desiderata de forces capricieuses ou d'humeur changeante.

"Ce qui est le plus incompréhensible, c'est que l'univers soit compréhensible" disait Einstein et il y a lieu de nous en étonner.

A été énoncé Platon sans que ne soit évoqué le principe sous jacent de sa conception 

Quand l'esprit humain se porte à vouloir comprendre le monde, la notion de temporel et d'intemporel, de l'existence du devenir ou de l'être en soi, de permanence ou d'impermanence Bouddhique se pose immédiatement.

Le fait que des caractéristiques intrinsèques soient dotées de permanence est la condition de pouvoir définir les choses et les phénomènes et ces éléments de permanence s'inscrivent dans des cycles réguliers des saisons aux cycles de vie des individus 

Ces régularités confèrent une stabilité à notre vie quand bien même aucun des atomes de notre naissance ne nous ait accompagné jusqu'à la mort...

Et l'autre manière d'envisager Platon est de le relier à ce mantra oriental de la danse entre permanence et impermanence 

C'est je pense du fait de cette dichotomie qu'il a pensé deux niveaux de réalité 

La réalité du monde sensible et perceptible changeant et éphémère 

Qui ne serait que le reflet d'un monde pur, le vrai monde doté des idées éternelles et immuables où règnent l'idée pure de tout concept et les mathématiques 

Pour Platon, les oiseaux d'une même espèce se ressemblent parce qu'ils sont tous une même représentation matérielle de l'idée parfaite d'oiseau.

Ce que je trouve étonnant, c'est que d'une certaine manière Platon s'inscrit totalement dans une philosophie orientale sans doute encore plus subtile séparé de plusieurs milliers d'années et de kilomètres 

Les plus anciennes origines du bouddhisme remontent à l'hindouisme, dont la philosophie repose sur de vieilles écritures anonymes rédigées en ancien sanskrit, les Védas, les textes sacrés des aryens.

La dernière partie des Védas s'appellent les Upanishads

Et l'idée fondamentale de ces textes est que la diversité des choses et des événements que nous experimentons de nos vies n'est que différentes manifestations d'une même réalité 

La réalité se nomme Brahman et elle est à l'hindouisme ce que le Dharmakaya est au bouddhisme 

Brahman signifie croissance et c'est la réalité fondamentale en soi, l'essence intérieure de toute chose, on peut le rapprocher au monde des idées pures de Platon 

Mais si on ne le perçoit pas, c'est à cause de maya, qui crée l'illusion de diversité mais cette diversité n'est qu'une variété d'illusions de Brahman comme pour Platon les oiseaux vivants ne sont qu'une pale copie de l'idée pure du concept d'oiseau

Dernière similitude...la mythologie hindoue repose sur la création du monde par la danse de Shiva

La légende raconte que la matière était inerte jusqu'à ce que, dans la nuit du Brahman, Shiva entame sa danse au milieu d'un anneau de feu

Je l'ai toujours vu comme cette force qui met en dynamique l'interaction entre le Yin et le Yang comme première manifestation de la diversité 

C'est à cet instant que la matière se mit à pulser au rythme de Shiva dont la ronde transforme la vie dans un cycle de création puis de destruction 

L'univers existerait pour l'hindouisme par la danse de Shiva et par l'autosacrifice de l'être suprême qui n'est pas sans rappeler sans toutefois être absolu le sacrifice du Christ pour les catholiques

Mais si j'en reviens au Démiurge de Platon, des similitudes apparaissent 

Décrit dans La Timée, il n'est pas un Dieu créateur comme Brahman mais un artisan comme Shiva qui organise la matière informe, la Khora en lui imposant un ordre rationnel guidé par les formes idéales en recherchant à bâtir ce qui s'en rapproche le mieux

Et je retrouve l'importance de la rationalité chez les grecs ici

Le Démiurge opère par la raison, le logos et la persuasion, le peithos en harmonisant les éléments selon l'idée de proportions et de géométrie (je rappelle que les nombres dits rationnels conditionnaient pour les grecs leur vision du monde et que pi ou racine de 2 ont été caché au monde...)

Bref le Démiurge contribue à former la psyché du monde, son âme.

La khora...de la matière informe à notre interrogation sur l'ordre du monde

Je vois dans ce topic cette interrogation multi culturelle quelque part

 

Modifié par zenalpha
  • Waouh 1
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