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Manger, boire… et vomir dans la Rome antique

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Doïna

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Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 334 messages
Maitre des forums‚
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Bonjour,

Dans un essai très original, L’Empire romain par le menu (2018), Dimitri Tilloi d’Ambrosi, chercheur en histoire romaine, nous convie à la table des Romains.

Il mène un examen critique de toutes les sources antiques disponibles sur le sujet : textes littéraires à manier avec précaution ; fresques montrant des banquets et des victuailles ; précieuses données fournies par l’archéologie sur le régime alimentaire des populations de l’Empire.

Cette riche étude permet de faire la part entre la réalité historique et les fantasmes souvent associés à l’orgie romaine.

l ne fait aucun doute que de somptueux festins aient été organisés à Rome par certains empereurs, comme Caligula, Claude, Néron et Vitellius ; ou encore, plus tard, Elagabal. Mais les textes antiques les évoquent toujours dans un but moral : il s’agit, notamment pour des auteurs comme Suétone et Tacite, de condamner des excès de gloutonnerie et de luxe vus comme indécents.

Selon l’idéal romain, un bon chef doit savoir contrôler son corps, qu’il s’agisse de désirs alimentaires ou sexuels.

Mais si ces « débauches » sont évoquées avec tant d’insistance, c’est justement par ce qu’elles ne constituaient pas la norme dans le monde romain. Les orgies impériales, toujours dénoncées, et sous certains empereurs seulement, ne concernaient qu’une part infime de la population. Il ne s’agissait donc nullement d’une « tradition » propre à la société romaine dans son ensemble.

Il en est de même du vomissement qu’on associe souvent à ces festins. Les médecins avaient coutume d’enfoncer une plume dans le gosier des convives qui souffraient d’indigestion. Une pratique limitée aux individus de haut rang et cantonnée à quelques exemples.

C’est au contraire la simplicité alimentaire, voire la frugalité, qui caractérisait l’Empire romain. L’immense majorité de la population se nourrissait surtout de légumes et de céréales, sous la forme de bouillies et de galettes ; ou encore de fruits : figues, pêches, raisins… C’était donc un régime très végétal qui prédominait. Les soldats, privilégiés par rapport à la moyenne, y ajoutaient de la viande séchée.

Le vin était très répandu. C’était une boisson épaisse que l’on mélangeait avec de l’eau, parfois chaude. On y mettait aussi volontiers du poivre ou du miel. La posca, très populaire, avait un goût de vinaigre.

Seule une minorité de riches consommaient avec ostentation, non par goût des aliments, mais d’abord pour affirmer leur appartenance à l’élite.

Un dîner aristocratique s’insère d'ailleurs dans un esprit de compétition entre membres de l’élite. C’est à qui dépensera le plus d’argent et offrira les mets les plus inattendus ou exotiques. Les textes antiques évoquent des plats étonnants : crêtes de coqs, langues de paons, têtes de perroquets, vulves de truie, langues ou cervelles de flamants roses… Mais l’aliment le prestigieux au Ier siècle apr. J.-C. était sans conteste le surmulet (ou rouget-barbet), un poisson dont le prix pouvait atteindre plusieurs milliers de sesterces.

Pour lire en entier cet article intéressant et nourri :

https://theconversation.com/manger-boire-et-vomir-dans-la-rome-antique-153913

 

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Membre, 62ans Posté(e)
MadeleinedeProut Membre 5 483 messages
Maitre des forums‚ 62ans‚
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il y a 13 minutes, Doïna a dit :

Bonjour,

Dans un essai très original, L’Empire romain par le menu (2018), Dimitri Tilloi d’Ambrosi, chercheur en histoire romaine, nous convie à la table des Romains.

Il mène un examen critique de toutes les sources antiques disponibles sur le sujet : textes littéraires à manier avec précaution ; fresques montrant des banquets et des victuailles ; précieuses données fournies par l’archéologie sur le régime alimentaire des populations de l’Empire.

Cette riche étude permet de faire la part entre la réalité historique et les fantasmes souvent associés à l’orgie romaine.

l ne fait aucun doute que de somptueux festins aient été organisés à Rome par certains empereurs, comme Caligula, Claude, Néron et Vitellius ; ou encore, plus tard, Elagabal. Mais les textes antiques les évoquent toujours dans un but moral : il s’agit, notamment pour des auteurs comme Suétone et Tacite, de condamner des excès de gloutonnerie et de luxe vus comme indécents.

Selon l’idéal romain, un bon chef doit savoir contrôler son corps, qu’il s’agisse de désirs alimentaires ou sexuels.

Mais si ces « débauches » sont évoquées avec tant d’insistance, c’est justement par ce qu’elles ne constituaient pas la norme dans le monde romain. Les orgies impériales, toujours dénoncées, et sous certains empereurs seulement, ne concernaient qu’une part infime de la population. Il ne s’agissait donc nullement d’une « tradition » propre à la société romaine dans son ensemble.

Il en est de même du vomissement qu’on associe souvent à ces festins. Les médecins avaient coutume d’enfoncer une plume dans le gosier des convives qui souffraient d’indigestion. Une pratique limitée aux individus de haut rang et cantonnée à quelques exemples.

C’est au contraire la simplicité alimentaire, voire la frugalité, qui caractérisait l’Empire romain. L’immense majorité de la population se nourrissait surtout de légumes et de céréales, sous la forme de bouillies et de galettes ; ou encore de fruits : figues, pêches, raisins… C’était donc un régime très végétal qui prédominait. Les soldats, privilégiés par rapport à la moyenne, y ajoutaient de la viande séchée.

Le vin était très répandu. C’était une boisson épaisse que l’on mélangeait avec de l’eau, parfois chaude. On y mettait aussi volontiers du poivre ou du miel. La posca, très populaire, avait un goût de vinaigre.

Seule une minorité de riches consommaient avec ostentation, non par goût des aliments, mais d’abord pour affirmer leur appartenance à l’élite.

Un dîner aristocratique s’insère d'ailleurs dans un esprit de compétition entre membres de l’élite. C’est à qui dépensera le plus d’argent et offrira les mets les plus inattendus ou exotiques. Les textes antiques évoquent des plats étonnants : crêtes de coqs, langues de paons, têtes de perroquets, vulves de truie, langues ou cervelles de flamants roses… Mais l’aliment le prestigieux au Ier siècle apr. J.-C. était sans conteste le surmulet (ou rouget-barbet), un poisson dont le prix pouvait atteindre plusieurs milliers de sesterces.

Pour lire en entier cet article intéressant et nourri :

https://theconversation.com/manger-boire-et-vomir-dans-la-rome-antique-153913

 

Juste pour le titre.... "Aimer, boire et chanter" de Johann Strauss c'est quand même plus romantique:tender:

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 298 messages
forumeuse acharnée,
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Le gibier et le poisson foisonnaient à l'époque où la population mondiale n'excédait pas les 200 millions d'habitants! (contre 8,2 MILLIARDS en ce moment!) Il ne devait y avoir qu'à se baisser pour ramasser des la nourriture, à la bonne saison ou qu'à aller chasser ou pêcher et  se constituer un stock pour l'hiver... Il y avait aussi le revenu  de l'exploitation des animaux de ferme car la domestication des espèces  est connue depuis le néolithique.  D'abord, il faut s'imaginer un mode de vie plus rural et pastoral qu'urbain. Les textes antiques foisonnent d'histoires de bergers (Pâris a été recueilli par un berger par exemple...) donc on peut supposer que la viande et le lait de ces animaux était largement consommés.

J'ai visité le site antique d'Ansérune près de Béziers, il y a deux étés...Un endroit spécial dans cet habitat  ancien était consacré au stockage des céréales et consistait en d'énormes jarres enterrées dans le sol qui servaient de silos. L'art de la charcuterie était connu des gaulois depuis l'antiquité. (En revanche la conserverie n'a été mise au point que par Nicolas Appert au XIXeme siècle!) Donc on ne connaissait que la conservation par le sel ou le fumage ou la dessication (fruits secs). On consommait également une sorte d'hydromel (vin mélangé à du miel...°

Une expo avait été créée en 2021, sur le dernier repas à Pompéi où l'on a retrouvé des noix, des pains, des figues, des olives fossilisées par la cendre. On voit nettement sur les fresques du vin, des raisins, des fruits. On peut donc supposer que le fameux régime méditerranéen a des racines antiques   très profondes!

Modifié par querida13
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Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 19 334 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, MadeleinedeProut a dit :

Juste pour le titre.... "Aimer, boire et chanter" de Johann Strauss c'est quand même plus romantique:tender:

Avé César, ceux qui vont vomir te saluent ! 

Pedro Pascal Bow GIF by Gladiator Movie

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Membre, 45ans Posté(e)
Kaliste Membre 1 771 messages
Maitre des forums‚ 45ans‚
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Dans le même registre, c'est toujours impressionnant de visiter un château, et de lire les panneaux souvent présents dans les cuisines ou les salles de réception. On a l'impression que c'est impossible d'ingurgiter tout ça : plusieurs entrées, X viandes et leurs accompagnements, un "trou" puis tiens, du poisson. Pour faire glisser le poisson, vous reprendrez bien une p'tite volaille ? Et zou les "desserts"...

C'était un autre délire encore, la différence entre le peuple se nourrissant de ce qui pousse dans la terre, et les seigneurs ce qui se trouve dans l'air (fruits, gibier oiseaux ect) et aussi l'équilibre des "humeurs" recherché en cuisine (nourriture des éléments, feu/eau/air/terre, et ce qu'il convient de privilégier selon son état ect... ). Bref j'aime bien l'Histoire de l'alimentation en général. Merci pour l'article !

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 298 messages
forumeuse acharnée,
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il y a 34 minutes, Kaliste a dit :

Dans le même registre, c'est toujours impressionnant de visiter un château, et de lire les panneaux souvent présents dans les cuisines ou les salles de réception. On a l'impression que c'est impossible d'ingurgiter tout ça : plusieurs entrées, X viandes et leurs accompagnements, un "trou" puis tiens, du poisson. Pour faire glisser le poisson, vous reprendrez bien une p'tite volaille ? Et zou les "desserts"...

C'était un autre délire encore, la différence entre le peuple se nourrissant de ce qui pousse dans la terre, et les seigneurs ce qui se trouve dans l'air (fruits, gibier oiseaux etc) et aussi l'équilibre des "humeurs" recherché en cuisine (nourriture des éléments, feu/eau/air/terre, et ce qu'il convient de privilégier selon son état etc... ). Bref j'aime bien l'Histoire de l'alimentation en général. Merci pour l'article !

Au moyen âge, il faut se dire que la majeure partie des gens sont des paysans plus ou moins libres, plus ou moins riches (du manouvrier au laboureur). Les clercs, les lettrés,  les nobles,  la population urbaine sont plutôt rares, dans ces sociétés médiévales.

Le seigneur établit un contrat social avec le peuple: protection des terres et du bétail contre défense armée  des terres et des gens contre les ambitions des seigneurs voisins et  possibilité de se réfugier dans la forteresse entretenue grâce à l'effort de tous. Les seigneurs établissent des alliances de suzeraineté avec le roi dont ils sont les vassaux.

Modifié par querida13
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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 298 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

De plus, il faut considérer que nos ancêtres occidentaux habitaient dans des lieux moins bien chauffés que nos appartements modernes, leurs vêtements étaient donc bien plus isolants et leur alimentation beaucoup plus nourrissante  et reconstituante.

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Membre, 45ans Posté(e)
Kaliste Membre 1 771 messages
Maitre des forums‚ 45ans‚
Posté(e)
il y a 1 minute, querida13 a dit :

De plus, il faut considérer que nos ancêtres occidentaux habitaient dans des lieux moins bien chauffés que nos appartements modernes, leurs vêtements étaient donc bien plus isolants et leur alimentation beaucoup plus nourrissante  et reconstituante.

Certes, et leur activité physique supérieure. Je faisais allusion au dessus à la nourriture du peuple plus "terrienne", effectivement la "justification" était sociale (ce qui pousse dans la terre étant jugé peu digne de figurer à la table noble) mais finalement cela faisait bien les choses si on considère que ça correspond souvent aux aliments les plus nourrissants.

Mais on va peut-être revenir aux Romains !

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