Je vous parle d'un peintre ? Pieter Brueghel l'Ancien

Bonjour tous toutes  

J'avais envie de vous parler de ce peintre du 16ème, qui, Avec Jan van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Paul Rubens, est considéré comme l'une des grandes figures de l'École flamande, et l'une des principales de l'École d'Anvers. 

Pour ceux qui voudraient un aperçu de sa biographie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pieter_Brueghel_l'Ancien

Les oeuvres de Brueghel présentent trois périodes.  Les premières compositions qui fourmillent de personnages pris sur le vif 

Je suis absolument folle de ces tableaux qui m'absorbent littéralement. Je peux rester des heures devant à étudier chaque personnage, chaque détail.

le cycle des Mois qui raconte la marche du monde selon les lois de la Nature 

les derniers tableaux où quelques grands personnages se détachent d'un paysage qui n'est plus qu'un fond

Je vous laisse faire un petit tour ici pour découvrir : https://www.wikiart.org/fr/pieter-brueghel-lancien

On s'approche de tableaux en particulier ? 

Allez, celui-ci :  Les chasseurs dans la neige. 

Ce tableau hivernal est l'un des plus célèbres paysages de neige de l'histoire de la peinture. Les flocons ne tombent pas, comme dans d'autres tableaux, mais de nombreuses nuances de blanc, où dominent les teintes vertes, suggèrent avec vraisemblance l'atmosphère d'une campagne enneigée depuis fort longtemps. Toits, branches d'arbres et murs permettent au peintre de conférer à la neige des qualités plastiques.

Au premier rang, il dispose des ronces qui percent le manteau neigeux et en laissent deviner le poids. S'en revenant de la chasse avec leurs chiens, des hommes laissent dans la neige de profondes traces de pas. Leur descente vers la vallée accompagne le regard du spectateur qui y découvre une multitude de scènes hivernales : de divers jeux sur un étang gelé, à un feu de cheminée.

À l'horizon, sur la droite, des rochers escarpés font contrepoint à la diagonale de la colline au premier plan et marquent de leurs formes minérales le caractère rebutant de l'hiver. 

(wiki art)

C'est bien intéressant. J'ai bien aimé ces peintures.

J'adore ce peintre , c'est tellement vivant !  je possède des reproductions depuis longtemps  !!    attention il y a 3   BRUEGHEL    dans le famille  

La tour de Babel 

En montrant la tour à divers niveaux d'avancement, selon les étages, Brueghel permet de pénétrer au cœur de l'édifice et de cerner les différentes étapes de la construction. Si le dessin architectural est très précis, il n'en reste pas moins absurde. La tour semble composée d'un étrange réseau de galeries voûtées en berceau qui ne mènent à rien. Il est évident que Brueghel n'a pas cherché à reproduire un espace habitable. En effet, l'intention des constructeurs de la tour n'est pas de faire un bâtiment fonctionnel mais de pénétrer les cieux.

La peinture est censée représenter les dangers de l'orgueil humain, mais aussi l'échec de la rationalité face au divin. C'est aussi une allégorie du fier empire international des Habsbourg basé sur une foi unifiée et constitué de banquiers, de ministres, de clercs, de soldats et de penseurs humanistes sycophantes soumis à un tel projet.

(Wiki Art)

Je ne le connaissais pas. Et je ne le connaissais tellement pas que j'aurais, si on m'avait demandé, attribué ses tableaux à Bosch.

C'est bien la même période et la même école et :  

Le chariot de Foin - Jérôme Bosch

c'est quand même très similaire.

Le Triomphe de la mort

Ce tableau est une allégorie mettant en scène diverses formes relatives à la mort : crime, exécution, maladie, combat, suicide.

Allégorie de la mort à qui personne n'échappe, on y voit toutes les classes sociales, rois, cardinaux, joueurs de cartes, amants, égaux devant la mort. Un squelette à cheval porte une faux et commande à une horde de squelettes. Une claire inspiration de l'Apocalypse biblique aussi est l'image de deux squelettes munis de filets, tels des pêcheurs d'âmes. Dans le haut de la peinture on voit la mer et une terre déserte, annonciatrice du sort inévitable de cette bataille entre vivants et morts.

Et là @kost., le style est indéniablement inspiré par Jérôme Bosch. 

(Wiki Art)

C'est frustrant : on a l'impression de ne pas tout observer.

Est-ce qu'on parle un peu technique ? 

Brueghel peint principalement sur des panneaux de chêne, les planches sont débitées très finement, chevillées et collées entre elles. Ce support est enduit de pâte de craie, poncé, lissé et lissé encore et encore puis bien sûr, isolé pour ne pas qu'il absorbe les couleurs. Pour ça, on utilise du blanc de plomb et de l'huile. Ca donne aussi la teinte de fond qui va réfléchir la lumière (ça c'est valable pour Brueghel et ses préparations de supports hein), c'est comme ça que les peintures de Brueghel conservent leur formidable éclat. 

Ensuite il dessine à la craie noire (on est au 16ème hein) et ensuite il peint. 

Franchement le travail de Brueghel est assez extraordinaire pour l'époque, il maîtrise la luminosité, les transparences, et fait preuve d'une liberté incroyable (il peint même avec les doigts !).  Ses glacis sont vraiment dingues..  (le glacis, c'est l'application de couches fines et très lisses les unes sur les autres pour parvenir à un effet d'optique. c'est bien plus efficace qu'un mélange sur la palette).

Celui-là est extrêmement célèbre et souvent à tort appelé Les Patineurs 

En réalité le tableau s'appelle Le Trébuchet ou La trappe aux oiseaux.

 Le village a été identifié comme étant Pède-Ste-Anne dans le Brabant. La silhouette de la ville en arrière-plan serait celle d'Anvers.

Le côté droit de l'image montre des oiseaux autour d'un trébuchet à oiseaux sur la berge. Vous le voyez ? 

La scène est l'une des premières représentations pures du paysage hollandais et l'une des figures emblématiques de l'histoire de l'art. En effet, c'est peut-être la scène la plus expressive de toutes les compositions de ce genre, en raison de l'introduction du thème des pièges à oiseaux en présence des villageois qui jouent sur la glace. Peut être un symbole, l'innocence des oiseaux face à la menace du piège, reflété par le jeu insouciant des patineurs sur la glace fragile. 

(wiki art)

Alors, on va bien regarder, des détails. 

Là : 

Le trébuchet 

Et là : 

L'oiseleur caché qui n'a plus qu'à tirer sur la corde pour déclencher le piège. 

Je peux raconter un peu un peintre au XVIème siècle. Ils sont regroupés en corporation. Dans ces groupes ils tiennent des livres où sont consignés les noms des peintres et tout ce qui se rapporte à eux. Par exemple on sait grâce à ces livres que Brueghel n'a jamais eu d'apprenti. 

A l'époque, une fois qu'on avait eu sa maîtrise, il fallait voyager en Italie. Quand il revient d'Italie, il travaille comme dessinateur, il fait des estampes. Alors, qu'est ce que c'est, une estampe ? Sur du bois, du métal ou même de la pierre, on grave, on encre, on applique le papier et on presse. 

Estampe de Brueghel, Les grands poissons mangent les petits

Brueghel va peindre pour une clientèle privée. Et il était renommé, on le sait parce-qu'il signait ses oeuvres. Ca veut dire que son talent était reconnu.

J'ai déjà expliqué plus tôt pour les panneaux de bois. A l'époque on n'avait pas encore de peinture prête à l'emploi, non, il fallait négocier des pigments (ça pouvait parfois être cher, si très rare). Une fois ces pigments broyés, on liait avec de l'huile de lin. La plupart des pigments étaient d'origine naturelle,  minérale, végétale ou animale. 

Brueghel n'a pas peint que sur bois. Il a aussi utilisé la technique de la détrempe. La peinture à la détrempe sur toile de lin. On va ici mélanger les pigments avec de l'eau, de l'oeuf, de la colle de poisson ou même du sucre ou de l'amidon. On ne vernit pas, la peinture gardera un aspect mat. C'est difficile comme technique, il faut être rapide, les couleurs sont immédiatement absorbées par la toile. 

Il y a L'Adoration des Mages qui nous reste de Brueghel (contesté), élaborée avec cette technique. C'est rare, très rare, cette technique rend l'oeuvre extrêmement fragile, difficile à conserver dans le temps.
 
 

Brueghel était critique envers la religion catholique. Il n'hésitait sur aucune provocation. Il y a plusieurs tableaux qui en témoignent, et même si sa biographie n'est pas très documentée, il me semble, et à d'autres aussi, que son message était clair pour l'époque. 

Que se passe-t-il à l'époque aux Pays- Bas ?   Le pays est dirigé par des Espagnols ultra-catholiques, qui veulent étouffer les protestants. Luther leur recommande de ne plus se soucier du Pape, cet « aveugle chef des aveugles ». Ahlala ! Blasphème, horreur. Le gouverneur des Pays-Bas déroule alors les gammes du tyran : suppression des libertés, élévation de forteresses, ouverture d’un Tribunal du sang.

Brueghel nous propose alors La parabole des Aveugles 

Face à la toile, la censure espagnole va se détendre un instant : cette déroute champêtre ne peut être qu’un clin d’œil hilarant aux « pharisiens-protestants » qui se détournent de l’Église. 

Mais est-ce que c'est bien ça ? Qui sont les aveugles sur la toile de Brueghel ? 

 La tradition folklorique de l’époque est friande des physiques « baroques » : aveugles, boiteux, nains ou édentés… En bon sadique, Bruegel décompose la chute : entre l’éclaireur aux fers en l’air et le dernier qui ne comprend toujours rien, une belle déroute.  Au loin, l’hiver découvre un horizon serti d’édifices : à gauche, une façade avec un pignon en gradins ; au centre, l’église Sainte-Anne, au loin, un château ou une place forte.

D’autres interprétations que celle de la censure espagnole pourraient s’inviter car, s’il est catholique, Brueghel teinte sa foi d’une forte pensée critique. L'’arbre desséché devant l’église ne serait-il pas la représentation d’un dogme moribond, celui de ces prêcheurs ultra-catholiques ? Ces prédicateurs extrémistes, éloignés de la morale chrétienne, pourraient tout aussi bien être les aveugles de Brueghel...

Beaucoup d'indications géométriques (lignes, placements etc.) pourraient aboutir à cette conclusion. 

(Beaux Arts)

Ah, au fait, j'ai pas montré sa bobine :

Théodore Galle, Portrait de Pieter Bruegel l’Ancien, 1572

Les proverbes flamands 

Ce tableau est parfois appelé "Le Monde renversé ou La Huque bleue". Aujourd'hui, on l'appelle plus souvent "Les proverbes flamands".

Ca ressemble à un village et ses habitants vaquant à leurs occupations quotidiennes. Mais chaque personne ou petit groupe a une fonction et une signification différentes des autres.

Tout l'intérêt du tableau réside dans les proverbes. Chaque personne ou chose apparaît dans 80 proverbes (cent dix-huit selon certains auteurs). Bruegel transforme en images des dictons connus, des dictons qui mettent en garde ou donnent des leçons, et des phrases qui en disent beaucoup avec peu de mots. Il jette un regard sur le monde des hommes et de leurs erreurs avec une composition vue d'en haut. Même s'il y a de l'humour, le propos reste pessimiste et marqué par la tromperie : la coque bleue, qui représente le mari qui a été trompé, et le monde à l'envers montré par le globe bleu.

Brueghel semble vouloir nous dire que les idées fixes qu'il a placées sur le même tableau ne se parlent pas entre elles : chaque personnage est prisonnier du sien, et nous sommes tous prisonniers de nous-mêmes.

(Art Majeur) 

On y va pour les proverbes ?

1.  Lier le diable sur l'oreiller (Les femmes sont plus malignes que le diable)
2.  Un mordeur de pilier (hypocrite)
3. Elle porte du feu dans une main et de l'eau dans l'autre (personne à la langue bien pendue).
4. Se cogner la tête contre le mur (s'entêter et tenter l'impossible sans réfléchir).
5. Il faut tondre les moutons selon la laine qu'ils ont (ne pas chercher son avantage à tout prix)
6. L'un tond les moutons, l'autre la truie (l'un vit dans l'abondance, l'autre dans la misère)
7. Patient comme un agneau (Être très docile)
8. Mettre un manteau bleu à l'homme (le tromper)

Vous les trouverez tous avec des vues détaillées ici : https://www.artmajeur.com/fr/magazine/5-histoire-de-l-art/les-proverbes-flamands/332902