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Mort de Paul Auster, géant des lettres américaines

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metal guru

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Membre+, 27ans Posté(e)
metal guru Membre+ 32 775 messages
Maitre des forums‚ 27ans‚
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L’immense écrivain est mort à l'âge de 77 ans. Emblème des lettres new-yorkaises, il laisse derrière lui une vie traversée par le talent, comme par la tragédie.

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homme n'a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs, mises bout à bout, et c'est sa misère. » À l'heure où disparaît Paul Auster, cette phrase de Chateaubriand, placée en épigraphe du Livre des illusions (2002), prend un sens particulier. Auteur d'une œuvre ample – dix-sept romans, huit recueils de poèmes, cinq essais autobiographiques, un livre de correspondance avec le Prix Nobel J. M. Coetzee et quatre films –, l'auteur américain avait-il le sentiment d'avoir eu une seule vie ou plusieurs mises bout à bout ?

Dans son dernier livre majeur, l'ambitieux 4 3 2 1, il explorait en tout cas les quatre existences alternatives d'un personnage dénommé Archie Ferguson qui lui ressemblait fort. Et toute son œuvre en témoigne : Auster, grand romancier du hasard, était hanté par l'idée de la multiplicité des destins, et par le caractère fondamentalement tragique de l'existence.

Paul Auster à Columbia, sa deuxième vie

La première des vies de Paul Auster commence à Newark (New Jersey), le 3 février 1947, dans une famille de la classe moyenne juive. Le bureau d'immigration d'Ellis Island apparaît dans nombre de ses romans, notamment Moon Palace et 4 3 2 1… Et pour cause : on a immigré de Russie du côté de Sam, le père, et d'Autriche du côté de Queenie, la mère.

 

À ce lourd passif (spectre des pogroms tsaristes et de la Shoah) s'ajoute une tragédie qu'Auster découvrira à l'âge adulte : quand Sam Auster avait 8 ans, sa mère – la grand-mère de Paul Auster – a tué son père. Acquittée pour folie passagère, elle a refait sa vie, avec ses cinq enfants, en leur interdisant de dévoiler à quiconque ce terrible secret de famille. Voilà qui explique, au moins en partie, le mutisme de Sam, un homme difficile à cerner auquel son fils consacre, dans L'Invention de la solitude, des pages intitulées « Portrait d'un homme invisible ».

Dans l'enfance, le jeune Paul trouve du réconfort dans les livres et le cinéma. En vrai enfant des années 1950, il aime La Guerre des mondes et L'homme qui rétrécit. Adolescent rebelle et déjà sujet à des crises dépressives, il rêve de quitter Newark et travaille sur des nouvelles en se rêvant grand écrivain. Il est marqué, à l'âge de 14 ans, par la mort sous ses yeux d'un camarade foudroyé lors d'une randonnée, un épisode que l'on retrouve sous différentes formes dans plusieurs de ses romans.

L'entrée à Columbia University, en 1965, marque le début de la deuxième vie de Paul Auster. Il se passionne pour Borges (influence majeure de son œuvre) et Sartre, mais aussi pour Nathaniel Hawthorne et Edgar Allan Poe, deux auteurs dont il se dira plus tard « extraordinairement proche » en tant que pionniers du grand roman américain. Il participe aussi à l'effervescence politique de l'époque, et aux sit-in de protestation contre la guerre du Vietnam.

Après son diplôme, en 1970, il s'installe à Paris (où il est déjà venu en 1967, échouant au concours de l'Idhec, ancêtre de la Femis). Paul Auster a 23 ans, et mène une vie de bohème dans sa chambre de bonne, entre rencontres furtives avec des prostituées, écriture de poèmes et traductions. Ses deux auteurs de prédilection sont alors Stéphane Mallarmé et Joseph Joubert, un essayiste et moraliste dont un Recueil de pensées fut édité par Chateaubriand. Malgré le romantisme de ces années, le désespoir n'est jamais loin.

 

La « trilogie new-yorkaise » de Paul Auster

Avec sa compagne, l'écrivaine et traductrice du français Lydia Davis qu'il épouse en 1974, Paul Auster rentre aux États-Unis. Dans Le Diable par la queue, un texte qui évoque sa vie sous l'angle de l'argent, Auster raconte leurs années de pauvreté extrême, notamment au moment de la naissance de leur fils, Daniel. Il enchaîne les petits boulots absurdes, pense à l'argent du matin au soir, publie un roman policier sous pseudonyme et plusieurs recueils de poèmes sans pour autant améliorer sa situation matérielle.

Ce n'est qu'après son divorce d'avec Lydia Davis, en 1977, que Paul Auster rencontre le succès. L'Invention de la solitude, un livre autobiographique mais écrit avec un goût de la distanciation venu de France, le transforme du jour au lendemain en écrivain à suivre. Une nouvelle vie commence alors, auprès de Siri Hustvedt (née en 1955), philosophe, spécialiste d'épistémologie, et romancière. Le couple, qui se marie en 1981, s'installe à Park Slope (un quartier de Brooklyn devenu au fil du temps de plus en plus chic). Il est grand et ténébreux, elle est blonde et longiligne : leur duo est si glamour qu'on leur propose, au fil des ans, plusieurs contrats de publicité. Auster et Hustvedt – dont la fille Sophie naît en 1987 – sont bientôt de vraies icônes de la scène littéraire new-yorkaise.

New York est justement l'un des grands motifs de l'œuvre. Dans sa trilogie dite « new-yorkaise » et qui se compose de Cité de verre, Revenants et La Chambre dérobée, Auster réinvente le roman de détective en puzzle à la Borges. Manhattan – en particulier le quartier de Columbia University – y devient un paysage mental labyrinthique, où l'on marche des heures sans faire le moindre progrès et où les appartements difficiles à trouver cachent d'innommables secrets.

la suite ici

 

https://www.lepoint.fr/livres/paul-auster-est-mort-a-l-age-de-77-ans-01-05-2024-2559137_37.php

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 37 849 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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Pas grand-chose à ajouter. Effectivement, c'est un très grand écrivain qui disparaît. Son nom est indissociable de la ville dont il a si bien parlé : New York. RIP. 

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Membre, 41ans Posté(e)
Crève Membre 3 500 messages
Mentor‚ 41ans‚
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J'ai lu la trilogie New-Yorkaise, c'est assez original, et déroutant. J'ai lu aussi Tombouctou, l'histoire d'un chien errant. Roman émouvant.

RIP.

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Membre, Neo Derthal, Posté(e)
Lowy Membre 2 262 messages
Maitre des forums‚ Neo Derthal,
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''J'avais sauté de la falaise, et puis au tout dernier moment, quelque chose s'est interposé et m'a rattrapé en plein vol. Quelque chose que je définis comme l'amour. C'est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravité.''

Moon Palace

''Le papillon débute dans la vie sous la forme d'un vilain vermisseau insignifiant et terre à terre, puis un jour la chenille fabrique un cocon, au bout d'un certain temps le cocon s'ouvre et il en sort un papillon, la plus belle créature du monde. Il en va de même pour l'âme, elle se débat dans les profondeurs de l'obscurité et de l'ignorance, elle traverse dans la douleur des épreuves et des malheurs, et petit à petit elle est purifiée par ses souffrances, aguerrie par les difficultés qu'elle rencontre et un beau jour, si cette âme est digne de ce nom, elle sort de son cocon et prend essor dans les airs comme un magnifique papillon.''

4 3 2 1

 

Dans Chroniques d'hiver cette phrase gênante qui met tellement mal à l'aise:

"Nous sommes tous étrangers à nous-mêmes, et si nous avons le moindre sens de qui nous sommes, c'est seulement parce que nous vivons à l'intérieur du regard d'autrui".

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Membre, Neo Derthal, Posté(e)
Lowy Membre 2 262 messages
Maitre des forums‚ Neo Derthal,
Posté(e)

''Marcher dans une foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner la jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l'allure du flot humain''. Moon Palace

''On dit qu’un homme deviendrait fou s’il ne pouvait rêver la nuit. De même, si on ne permet pas à un enfant de pénétrer dans l’imaginaire, il ne pourra jamais affronter le réel. Les contes répondent dans l’enfance à un besoin aussi fondamental que la nourriture, et qui se manifeste de la même façon que la faim. Raconte-moi une histoire, demande l’enfant. Raconte-moi une histoire. L'invention de la solitude

 

Je ne saurais parler de cet écrivain, parceque ça ne sera jamais assez , il faut le lire ou peut être l'écouter écrire...

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Membre, 57ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 320 messages
Mentor‚ 57ans‚
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Le 01/05/2024 à 09:24, metal guru a dit :

L’immense écrivain

Et vas-y donc, c’est pas ta sœur ! disait-on jadis devant les dithyrambes plus qu’excessif.

La mort de Paul Auster a déclenché ici des hyperboles parfois délirantes.

-        -  Un géant des lettres américaines,

-          un immense écrivain,

-          dans la lignée de John Irving et James Ellroy.

Dommage d’avoir omis de le comparer à Hemingway, Faulkner ou Steinbeck.

Mes camarades, changez de fournisseur d’herbes. La vôtre actuelle vous fait déparler.

Paul Auster était un bon écrivain, voir un grand écrivain à la rigueur, nul n’en disconvient. Mais pas au point, très loin de là, d’être placé sur la même ligne que ceux auxquels vous le comparez.  

Auster n’a d’ailleurs eu un relativement grand succès qu’en France, et pas en Amérique. Et grâce à un concours de circonstances qui n’était en rien de nature littéraire.

Françoise Nyssen à laquelle son père son père venait de donner un poste important dans le groupe de sa maison d’édition avait besoin de trouver des auteurs à éditer.   Et Paul Auster à été l’un de ceux qui ont fait l’affaire.  

Mais sans la camarilla germanopratino-belgo-jetseto-privilégiée dans laquelle nageait la fille d’Hubert  Nyssen, Paul Auster qui n’était jusqu’alors pas parvenu à se faire éditer en Amérique, n’y serait probablement pas parvenu davantage en France.

C’est auréolé d’un succès littéraire en France, qu’il a pu se faire éditer ensuite en Amérique. Où il est beaucoup moins connu et apprécié qu’en France.

C’est un bon écrivain, c’est certain. Mais « un géant des lettres américaines », (je ne sais plus qui à écrit cela), mon cher ami, au lieu de tremper tes croissants du petit déjeuner dans un bol de Muscadet, essaye le café au lait.

Et si c’est un grouillot de la revue Le Point qui a écrit cette baliverne, cela ne change rien à mon propos.

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Membre+, 27ans Posté(e)
metal guru Membre+ 32 775 messages
Maitre des forums‚ 27ans‚
Posté(e)
il y a 6 minutes, Témoudjine a dit :

un immense écrivain,

 

-          dans la lignée de John Irving et James Ellroy.

 

Dommage d’avoir omis de le comparer à Hemingway, Faulkner ou Steinbeck.

Chacun son truc, pour certains John Irving c'est de la littérature de gare, James Ellroy un tordu qui se complait dans le gore, et Faulkner  un bourgeois en quête de reconnaissance par la rédemption !  Heureusement qu'il y a des vrais sachants comme toi qui sont là pour nous rappeler qu'en terme de goût littéraire il ont la science infuse !

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Membre, 57ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 320 messages
Mentor‚ 57ans‚
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Il y a 4 heures, metal guru a dit :

Chacun son truc, pour certains John Irving c'est de la littérature de gare, James Ellroy un tordu qui se complait dans le gore, et Faulkner  un bourgeois en quête de reconnaissance par la rédemption !  Heureusement qu'il y a des vrais sachants comme toi qui sont là pour nous rappeler qu'en terme de goût littéraire il ont la science infuse !

Soit je me suis mal expliqué, soit tu n’as pas compris ce que je voulais dire.

Il est moins question dans mon propos de qualité de la littérature produite que des conditions et des circonstances qui ont fait de cette personne une célébrité.

Paul Auster est incontestablement un bon écrivain.

Mais s’il était resté en Amérique, où il ne parvenait pas à se faire éditer, et s’il n’était pas tombé sur le cénacle mondain dans lequel papillonnait  la fille de Nyssen, laquelle  avait à ce moment là besoin de tenter de s’imposer dans le groupe éditorial de son père, nous n’en parlerions pas ce soir.  

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Membre+, 27ans Posté(e)
metal guru Membre+ 32 775 messages
Maitre des forums‚ 27ans‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, Témoudjine a dit :

Mais s’il était resté en Amérique, où il ne parvenait pas à se faire éditer, et s’il n’était pas tombé sur le cénacle mondain dans lequel papillonnait  la fille de Nyssen, laquelle  avait à ce moment là besoin de tenter de s’imposer dans le groupe éditorial de son père, nous n’en parlerions pas ce soir.

Je ne suis pas certain que la notoriété soit garante du talent, pas plus que l'inverse ! Les circonstances sur la façon dont il a été édité la première fois ne font pas de lui un génie ni un tocard, juste un écrivain qui a eu la chance de voir son manuscrit présenté à un public qui a fait le reste ! Ensuite chacun se fait son petit classement dans sa tête en décidant qui est immense, bon, mauvais ou inutile, et c'est valable pour la peinture, le sport et d'autres choses !

Personnellement je n'ai jamais compris, par exemple, l'engouement que suscite Paulo Coelho, je trouve qu'il est à la limite de l’escroquerie intellectuelle avec sa morale que je trouve infantilisante, d'autres le considèrent comme un grand écrivain parce qu'il leur a sans doute apporté quelque chose que je n'ai pas ressenti, et c'est plutôt bien qu'il y ait cette diversité dans l'écriture et dans les gouts du public !

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Membre, 57ans Posté(e)
Témoudjine Membre 1 320 messages
Mentor‚ 57ans‚
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Il y a 11 heures, metal guru a dit :

uscite Paulo Coelho, je trouve qu'il est à la limite de l’escroquerie intellectuelle avec sa morale que je trouve infantilisante, d'autres le considèrent comme un grand écrivain parce qu'il leur a sans doute apporté quelque chose que je n'ai pas ressenti, et c'est plutôt bien qu'il y ait cette diversité dans l'écriture et dans les gouts du public !

Excellente remarque de ta part au sujet de Paulo Coelho. Mais tu es trop tolérant. Il n’est pas à la limite de l’escroquerie intellectuelle, il est très au-delà, à l’intérieur.

Malheureusement il n’est pas le seul.  

Mais bast ! Il faut bien que les employés des imprimeries aient du travail.

Mais la littérature n’en sort pas grandie.

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Membre, Neo Derthal, Posté(e)
Lowy Membre 2 262 messages
Maitre des forums‚ Neo Derthal,
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L'ingratitude du lecteur qui se replonge dans les livres qui ont su lui parler:

 

''Vous m'avez fait rire. C'est tout, il n'y a jamais rien eu d'autres. Vous avez forcé quelque chose en moi à s'ouvrir et, après ça, vous être devenu mon prétexte pour continuer à vivre''

''La distance – qui permet au monde d’apparaître – est aussi ce qui nous en sépare et, bien que le corps se déplace interminablement à travers cet espace, comme avec l’espoir de l’abolir, le processus recommence à chaque pas que l’on fait. Nous nous déplaçons vers un point qui recule à l’infini, une destination à jamais inaccessible et, à la fin, ce mouvement en lui-même deviendra but, de sorte que le simple fait d’aller de l’avant constituera une façon d’être dans le monde, alors même que le monde demeure hors de notre portée.''

''Je ne savais toujours pas qui j’étais, je ne savais pas ce que je voulais et, jusqu’à ce que je trouve un moyen de vivre à nouveau en compagnie d’autrui, je continuerai à n’être qu’une chose à moitié humaine.''

 

 

 

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Membre, Neo Derthal, Posté(e)
Lowy Membre 2 262 messages
Maitre des forums‚ Neo Derthal,
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''La magie n'est pas seulement un rêve. Elle est réelle et porteuse de toutes les émotions de la réalité''

 

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