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Ethikomène (un dialogue inédit de Platon...)

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Blaquière

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Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Quand mon fils aîné était en classe préparatoire, je me suis amusé à faire avec lui un... "dialogue de Platon" ! :)

C'était un vrai plaisir !

 

 

ETHIKOMENE

 

Sur la morale (en politique ?) et la philosophie

 

Sophias, Ethikomène

 

 

1 PROLOGUE :

Définition de "l'homme moral" supérieur à l'homme sage selon Ethikomène.

 

SOPHIAS : – Ton pas est décidé, Ethikomène et ton air bien réjoui ! Aurais-tu conclu quelque bonne affaire pour ton négoce ou dois-tu l'illumination de ta mine à quelque heureuse rencontre ?

ETHIKOMENE : – Rien de tout cela, Sophias ! C'est mon esprit qui est charmé ; et l'admirable discours de Stésiphos que je quitte à l'instant en est la cause.

SO. : – La renommée de Stésiphos est grande en effet ; mais de quoi parlait-il donc ?

ETH. : – De l'homme moral, Sophias.

SO. : – Et il en faisait l'éloge, j'espère !

ETH. : – Plus encore ! De tous les biens que l'homme doit s'efforcer d'acquérir, c'est la morale, ou vertu, qu'il place en premier.

SO. : – Excellente parole, Ethikomène. Mais de la sagesse et du philosophe, qu'en dit-il ? Ne les place-t-il pas à égalité avec la vertu et "l'homme moral" ?

ETH. : – Du tout, Sophias ! Bien plus que celle du philosophe, la conduite de l'homme moral qui se conforme aux lois de la cité est digne d'éloge. Voilà ce qu'il affirme.

SO. : – Mais toi, Ethikomène, que t'en semble-t-il ?

ETH. : – La même chose, vraiment. L'homme vertueux, celui qui se conduit selon notre morale, pourra prétendre aux honneurs et à une situation enviée dans la cité, plus encore que le philosophe qui se tient en dehors du monde et de ses réalités.

SO. : – Et quel est-il, cet "homme moral" ?

ETH. : – Tout simplement celui qui recherche le bien, Sophias !

SO. : -- Qui recherche le bien pour tous, ou son bien propre ?

ETH. : – Eh ! Je vois où tu veux en venir ! Pas le bien de ses ennemis, par Zeus ! S'il cherchait le bien de ses ennemis, c'est son mal qu'il trouverait ! Dans son intérêt, l'homme moral recherche forcément son bien propre, se gardant de tout mal et de toute souffrance !

SO. : – Cet homme-là m'a tout l'air de savoir ce qu'il veut, Ethikomène ; et s'il parvient à ses fins, son existence sera tout à fait digne d'envie.

Souhaitons lui cependant de ne manquer ni de jugement ni de volonté.

ETH. : – Et pourquoi donc, Sophias ?

SO. : – Pour discerner le bien du mal et vouloir le premier tout en refusant le second.

ETH. : – Tu n'es pas sérieux, Sophias ! Cela même un enfant pourrait le faire !

SO. : – Est-ce donc si simple à ton avis ?

ETH. : – Pour sûr ! Reconnaître la douleur quand elle se présente ne pose certainement pas de grandes difficultés !

SO. : – Ainsi donc, "l'homme moral" est celui qui saura aisément choisir dans son intérêt tout le bien possible et éviter non moins aisément, mal et souffrance.

ETH. : – C'est tout à fait cela.

 

 

 

2 : L'homme moral doit posséder une certaine science du bien.

 

SO. : – Mais après un effort prolongé au soleil, le coureur à pied ne trouverait-il pas agréable de se plonger dans une source glacée ?

ETH. : – Sans doute.

SO. : – Et s'il fait cela, ne risque-t-il pas d'en retirer quelque mal, par suite d'un trop violent refroidissement, alors même que c'est son bien qu'il croit obtenir?

ETH. : – En effet Sophias.

SO. : – Le bien n'est donc pas si évident à reconnaître.

ETH. : – Dans ce cas, certes ; mais ton coureur à pied est bien loin de l'homme moral dont nous parlons. Et les questions de morale demandent une

bien plus grande élévation de l'esprit !

SO. : – Tu es bien heureux, Ethikomène, d'avoir été initié aux Grands Mystères avant de l'avoir été aux petits ! Je voulais simplement dire que pour vraiment atteindre le bien, l'homme moral doit savoir le distinguer du mal et donc posséder une certaine science de ce bien.

ETH. : – Sans contredit.

SO. : – Car sinon, il se croit moral sans l'être véritablement.

ETH. : – C'est aussi mon avis.

 

 

3 : Le vrai homme moral ne cherche pas son bien personnel mais LE bien.

 

SO. : – Représente-toi à présent non plus un coureur unique mais toute une multitude de coureurs à pied dont un seul serait avisé du danger de l'eau froide. Que doit-il faire ? Avertir les autres du danger ?

ETH. : – Pas s'il veut gagner, Sophias !

SO. : – Mais alors, sa victoire étant due plus à la ruse qu'à ses capacités véritable de coureur à pied, aura-t-elle grande valeur ?

ETH. : – Certainement pas !

SO. : – Mais si, en revanche, après avoir informé les autres concurrents il n'est pas le vainqueur, ne retirera-t-il pas de son généreux comportement, malgré sa défaite une plus grande renommée encore que le vainqueur lui-même ?

ETH. : – Je pense en effet que tu as raison.

SO. : – Ne crois-tu pas que l'homme moral, s'il fait passer le bien de tous avant son bien propre ou quelque bien particulier, suscitera lui aussi chez ses

concitoyens une bien plus grande estime ?

ETH. : – Cela semble juste.

 

 

4 : La difficulté d'être un homme moral.

 

SO. : – Ne dis-tu pas que c'est pour ses actions conformes au bien que l'homme moral est admiré dans la cité ?

ETH. : – Tout-a-fait.

SO. : – Mais admire-t-on ce qui est laid ?

ETH. : – Tu fais l'enfant, Sophias !

SO. : – Une action conforme au bien est donc aussi une belle action?

ETH. : – Bien sûr, le contraire serait étrange !

SO. : – De deux choses que l'on dit belles, laquelle sera supérieure à l'autre, et par tant la plus belle ; celle qui sera occasionnellement belle, ou belle en tout temps ?

ETH. : – Que veux-tu dire ?

SO. : – De deux statues identiques dont l'une a été sculptée dans le marbre le plus dur et l'autre modelée dans l'argile plastique, laquelle sera la plus belle?

ETH. : – Tu as bien dit que les deux statues étaient identiques ?

SO. : – En tout point !

ETH. : – Je les dirai donc aussi belles l'une que l'autre !

SO. : – Les trouveras-tu toujours pareillement belles lorsqu'après quelque intempérie, pluie ou vent, la statue d'argile commencera à s'éroder et que celle de marbre restera identique à elle-même ?

ETH. : – Non, bien sûr !

SO. : – En sorte qu'il faut à une statue être belle maintenant et toujours pour être vraiment belle.

ETH. : – Je te l'accorde.

SO. : – Pour réaliser laquelle de ces deux statues le sculpteur a-t-il le plus peiné ? Celle de marbre, tu en conviendras ?

ETH. : – Certainement. Mais nous sommes à nouveau bien loin de l'homme moral !

SO. : – En es-tu sûr ? Tu as dit toi-même que le bien était beau et le beau, bien ; es-tu toujours d'accord ?

ETH. : – Oui.

SO. : – Alors, s'il est difficile de faire le beau, il est aussi difficile de faire le bien ; et plus la contrainte sera grande, plus l’œuvre ou l'action seront belles et bonnes, comme par réaction. L'athlète le plus fort et le plus admiré est celui qui, soulevant le plus gros poids, est capable du plus grand effort. Et l'homme moral est d'autant plus digne d'éloge qu'il surmonte un grand nombre d'obstacles dans la recherche du bien.

ETH. : – C'est la vérité ; mais tu empruntes bien des détours.

SO. : – C'est précisément que la connaissance de la vérité n'est pas si simple ! L'homme moral sera donc celui qui, outre la connaissance du bien, saura s'armer de courage pour l'appliquer, ne reculant devant aucune difficulté.

ETH. : – C'est juste.

 

 

5 : Le sage philosophe doit connaître le bien.

 

SO. : – Et du philosophe que Stésiphos ne semble pas particulièrement porter dans son coeur ; qu'en penses-tu toi-même ?

ETH. : – La même chose que lui : c'est l'homme qui communique le trouble de son esprit à tous ceux qui l'écoutent. Et il fait bien, si tu veux m'en croire, de rester à l'écart des affaires de la cité !

SO. : – Tu es bien sévère à son égard, Ethikomène. Le philosophe n'est-il pas celui qui, comme son nom l'indique, aime la sagesse ?

ETH. : – Sans doute.

SO. : – Et pour l'aimer, ne faut-il pas savoir ce qu'elle est ou tout au moins en avoir quelque idée ?

ETH. : – Ma fois oui ; mais où veux-tu en venir ?

SO. : – Je veux simplement essayer de savoir avec ton aide qui est l'homme sage ; de même que nous avons tenté de connaître de plus près l'homme moral.

ETH. : – Soit !

SO. : La sagesse est-elle la science qui a pour objet la souffrance, la douleur, la faiblesse et la lâcheté ?

ETH. : – Tu te moques de moi, Sophias !

SO. : – Réponds-moi plutôt : a-t-elle pour objet la connaissance de ces choses que l'on regroupe habituellement sous le terme plus général de mal ?

ETH. : Non bien sûr ! Ce serait plutôt le contraire.

SO. : – c'est donc la science du courage, de la force, en un mot, du bien.

ETH. : – C'est évident.

 

 

6 Il n'y a qu'un seul bien.

 

SO. : – Hé ! Ne vois-tu pas ce que je vois ?

ETH. : – Quoi donc ?

SO. : – Peut-il y avoir deux biens à connaître ?

ETH. : – Je ne comprends pas ta question, Sophias.

SO. : – Le bien est-il semblable à lui-même ou différent ?

ETH. : – Mais pas Zeus ! je ne sais pas ce que tu veux dire !

SO. : – Le non-bien peut-il être le bien ?

ETH. : – Tu t'amuses à faire l'ignorant, Sophias !

SO. : – Il n'y a donc qu'un seul bien ?

ETH. : – Hé ! absolument.

 

 

 

7 CONCLUSION :

L'homme moral doit être sage et l'homme sage est forcément moral.

 

SO. : – N'avons nous pas dit tout à l'heure que l'homme moral possédait la connaissance du bien ?

ETH. : – Oui.

SO. : – Ne disons-nous pas à présent la même chose du sage ?

ETH. : -- Je le crois bien.

SO. : – Et nous venons de dire à l'instant qu'il n'y a qu'un seul bien.

ETH. : – En effet.

SO. : – C'est donc le même bien que doivent connaître l'homme moral et le sage.

ETH. : – C'est tout a fait la vérité, Sophias ; et c'est bien pour cela que l'homme moral est supérieur : il a non seulement la connaissance, comme l'homme sage, mais en plus, par sa vertu d'homme moral, il a la puissance d'agir !

SO. : – Ne claironne pas ta victoire, Ethikomène ; garde un peu de pitié pour le vieil homme que je suis ! Et prenons surtout garde de ne pas brûler les étapes de notre recherche. Il nous faut encore éclaircir un point.

ETH. : – Parle, Sophias !

SO. : – N'y a-t-il pas dans le bien, lorsqu'on le connaît, un impératif qui nous force à lui obéir ?

ETH. : – Qu'entends-tu par là ?

SO. : – Connaître le bien c'est savoir que le bien est meilleur que le mal.

ETH. : – Sans contredit.

SO. : – Et qu'il est de loin préférable.

ETH. : – Oui.

SO. : – Celui qui préfère le bien agira-t-il en vue du mal ?

ETH. : – Pas du tout !

SO. : – L'homme sage agira donc en vue du bien.

ETH. : – C'est évident !

SO. : – Et celui qui agit en vue du bien n'est-ce pas celui-là même que nous appelions tout à l'heure l'homme moral ?

ETH. : – Je ne sais comment cela se fait, Sophias ; mais il me semble que tu as raison.

SO. : – Il te semble seulement ou tu en es-tu tout à fait sûr ?

ETH. : – J'en suis sûr.

SO. : – Ne vois-tu donc toujours pas ce que je vois ?

ETH. : – Quoi donc ?

SO. : – Que si l'on en croit ce que nous venons de dire, l'homme moral et le sage ne sont qu'un seul et même homme.

ETH. : – Tu as raison.

 

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Membre, Posté(e)
Neopilina Membre 3 577 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

à Blaquière,

Pas Mal ! Et je rebondis. Il est tout à fait exact qu'on peut être homme ou femme (la langue française étant ce qu'elle est) de bien sans avoir jamais lu une ligne d'un philosophe et même sans savoir ni lire ni écrire. Et a contrario, être un redoutable philosophe et une parfaite ordure (Heidegger, etc.). La philosophie est une forme de discours, un véhicule, une façon de dire, " c'est tout ". Et donc, tout type d'individus peut décider de s'exprimer philosophiquement. Ensuite. Si un discours philosophique s'aventure sur le terrain des Valeurs, du Bien et du Mal, etc., etc., ce n'est plus seulement de la philosophie, c'est de la métaphysique dite philosophiquement. Tout un chacun a sa métaphysique (ses Valeurs, son Bien et son Mal, etc., etc.) et l'immense majorité d'entre nous ne le dit pas philosophiquement. D'autant plus que cela a été rendu impossible par le cogito. Mais c'est un autre sujet. Et je verrais bien si quelqu'un est capable de rebondir là dessus !

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 030 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)
il y a 44 minutes, Neopilina a dit :

à Blaquière,

Pas Mal ! Et je rebondis. Il est tout à fait exact qu'on peut être homme ou femme (la langue française étant ce qu'elle est) de bien sans avoir jamais lu une ligne d'un philosophe et même sans savoir ni lire ni écrire. Et a contrario, être un redoutable philosophe et une parfaite ordure (Heidegger, etc.). La philosophie est une forme de discours, un véhicule, une façon de dire, " c'est tout ". Et donc, tout type d'individus peut décider de s'exprimer philosophiquement. Ensuite. Si un discours philosophique s'aventure sur le terrain des Valeurs, du Bien et du Mal, etc., etc., ce n'est plus seulement de la philosophie, c'est de la métaphysique dite philosophiquement. Tout un chacun a sa métaphysique (ses Valeurs, son Bien et son Mal, etc., etc.) et l'immense majorité d'entre nous ne le dit pas philosophiquement. D'autant plus que cela a été rendu impossible par le cogito. Mais c'est un autre sujet. Et je verrais bien si quelqu'un est capable de rebondir là dessus !

Ca c'est de la sophistique.

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Membre, Posté(e)
Neopilina Membre 3 577 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a 27 minutes, Talon 1 a dit :

Ca c'est de la sophistique.

Ça, c'est ton droit le plus élémentaire, le mien étant de ne pas aller plus loin avec toi sur ce genre de sujets. Tu ne me verras jamais intervenir sur un sujet où je ne sens pas que je peux apporter quelque chose.

Personne ne s'improvise plombier ou électricien, mais tout le monde se sent autorisé de s'improviser philosophe. Et c'est ainsi que depuis que les forums existent, on voit des sujets " Dieu existe t-il ? " de 20 Kms de long, faire des ronds dans l'eau. Alors que d'entrée, dire d'une chose qu'elle existe c'est déjà philosophiquement un pléonasme, une tautologie. Constater qu'une chose existe, c'est donc la moindre des choses, sine qua non, pour qu'on puisse ensuite, si nécessaire, se livrer à un examen poussé, répondre à la question " Qu'est-ce que c'est ? ". Je te recommande le Sophiste de Platon, très éclairant ici.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Ce qui est laissé à la clairvoyance du lecteur :wink: c'est que "l'homme moral" tel il semble être conçu par Stésiphos n'est pas vraiment moral ! c'est un... politique ! :laugh:  Il se contente d'obéir, de suivre la morale officielle, la loi. Ce qui compte c'est qu'on ne puisse rien lui reprocher... légalement !

Sophias, lui comme l'aurait fait Socrate veut faire découvrir à Ethikomène non pas cette morale "tactique" mais LA morale absolue. Objectivement et universellement bonne.

Je pense à Kant : "Agis pour que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature". (De mémoire pardon si je m'as un peu gourré ! :) )

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)

Selon moi il y a la morale acquise ( éducation, religion...) et la morale innée.

Toujours selon moi, bien peu de personnes ont cette morale innée, on pourrait dire que c'est une classe a part.

La morale acquise est très fragile et fond comme neige au soleil dans les périodes difficiles ( on le voit bien dans les périodes totalitaires, dans l'expérience de Milgram également ).

Je pense au système des castes en Inde : notamment aux Brahmanes et aux Kshatriyas,

Les seconds sont principalement les hommes d'action et n'ont pas vraiment accès a la pensée ( au sens noble du terme), seuls les Brahmanes qui sont les hommes spirituels, ou si on veut "moraux", sont aptes a diriger la société en harmonie avec l'ordre cosmique.

Les "Brahmanes constituant une petite minorité.

On voit bien qu'a notre époque tout est inversé, après tout nous sommes dans l'age de fer, le "Kali-Yuga".

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
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Si j'appelle les hommes qui ont cette moralité innée, "hommes moraux" ou "hommes spirituels" ou "hommes qui pensent par eux-mêmes", je les distingue des "hommes grégaires".

Il y a 1 ou 2 ans sur un plateau telé il y a un gus ( anthropologue je crois) qui disait que les "complotistes" sont des personnes qui veulent "faire des recherches par elles-mêmes", "penser par elles-mêmes" et il affirmait que l'on ne pouvait pas penser par soi-même ( et que cela avait été démontré par Kant ( ce qui est faux ), l'extrait ici:

 

Et en fait il semblerait qu'il avait raison pour les "hommes grégaires", en oubliant la petite minorité qui l'est pas.

Pour résumer: tous les "complotistes" ne sont pas des hommes "moraux", "spirituels", " qui pensent par eux-mêmes", "qui gardent leur esprit critique", mais tous les hommes de cette catégorie sont appelés "complotistes" aujourd'hui.

Concernant la moralité plus spécifiquement :

Hannah Arendt en faisant référence a Nietzsche écrit ceci:

 

Le fait d’être puissant, le simple potentiel de l’acte de vouloir lui-même, Nietzsche l’explique comme un phénomène d’abondance, comme l’indication d’une force qui va au-delà de la force nécessaire pour satisfaire les besoins de la vie quotidienne. « Par le mot “liberté de la volonté”, nous signifions ce sentiment d’un surplus de force. » Il y a là encore une légère analogie avec le principe de plaisir : de même qu’on ne peut apprécier un bon verre de vin que quand on n’est pas assoiffé, cas dans lequel n’importe quel liquide pourrait faire l’affaire, de même la faculté de vouloir ne peut apparaître qu’après qu’on a obtenu tout ce qui est indispensable pour simplement survivre. Ce surcroît de force est alors identifié par Nietzsche à l’élan créateur ; c’est la racine de toute productivité. Si c’était vrai (et je pense que toutes les données de l’expérience plaident en faveur de cette interprétation), on pourrait expliquer pourquoi la volonté est considérée comme la source de la spontanéité qui pousse à l’action — alors que la conception de la volonté selon laquelle elle révèle l’impuissance dernière de l’homme en vertu de sa nature dialectique ne peut que conduire à une complète paralysie de toutes les forces sauf si on s’appuie sur l’aide divine, comme dans toute l’éthique strictement chrétienne. Et c’est bien sûr aussi cette abondance de force, cette générosité extravagante ou cette « volonté surabondante » qui pousse les hommes à vouloir et à aimer faire le bien (La Volonté de puissance, 749). Ce qui est des plus évidents chez les quelques hommes que nous connaissons qui ont consacré toute leur vie à « faire le bien », comme Jésus de Nazareth ou saint François d’Assise, ce n’est certainement pas l’humilité, mais plutôt une force surabondante, peut-être pas de caractère mais liée à leur nature même.

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Il y a 13 heures, Crom- a dit :

 

On voit bien qu'a notre époque tout est inversé, après tout nous sommes dans l'age de fer, le "Kali-Yuga".

Je me demande souvent s'il n'en a pas toujours été ainsi. La différence c'est qu'aux autres époques, le plus souvent on ne s'en doutait pas...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 50 minutes, Crom- a dit :

Si j'appelle les hommes qui ont cette moralité innée, "hommes moraux" ou "hommes spirituels" ou "hommes qui pensent par eux-mêmes", je les distingue des "hommes grégaires".

Il y a 1 ou 2 ans sur un plateau telé il y a un gus ( anthropologue je crois) qui disait que les "complotistes" sont des personnes qui veulent "faire des recherches par elles-mêmes", "penser par elles-mêmes" et il affirmait que l'on ne pouvait pas penser par soi-même ( et que cela avait été démontré par Kant ( ce qui est faux ), l'extrait ici:

 

Et en fait il semblerait qu'il avait raison pour les "hommes grégaires", en oubliant la petite minorité qui l'est pas.

Pour résumer: tous les "complotistes" ne sont pas des hommes "moraux", "spirituels", " qui pensent par eux-mêmes", "qui gardent leur esprit critique", mais tous les hommes de cette catégorie sont appelés "complotistes" aujourd'hui.

Concernant la moralité plus spécifiquement :

Hannah Arendt en faisant référence a Nietzsche écrit ceci:

 

Le fait d’être puissant, le simple potentiel de l’acte de vouloir lui-même, Nietzsche l’explique comme un phénomène d’abondance, comme l’indication d’une force qui va au-delà de la force nécessaire pour satisfaire les besoins de la vie quotidienne. « Par le mot “liberté de la volonté”, nous signifions ce sentiment d’un surplus de force. » Il y a là encore une légère analogie avec le principe de plaisir : de même qu’on ne peut apprécier un bon verre de vin que quand on n’est pas assoiffé, cas dans lequel n’importe quel liquide pourrait faire l’affaire, de même la faculté de vouloir ne peut apparaître qu’après qu’on a obtenu tout ce qui est indispensable pour simplement survivre. Ce surcroît de force est alors identifié par Nietzsche à l’élan créateur ; c’est la racine de toute productivité. Si c’était vrai (et je pense que toutes les données de l’expérience plaident en faveur de cette interprétation), on pourrait expliquer pourquoi la volonté est considérée comme la source de la spontanéité qui pousse à l’action — alors que la conception de la volonté selon laquelle elle révèle l’impuissance dernière de l’homme en vertu de sa nature dialectique ne peut que conduire à une complète paralysie de toutes les forces sauf si on s’appuie sur l’aide divine, comme dans toute l’éthique strictement chrétienne. Et c’est bien sûr aussi cette abondance de force, cette générosité extravagante ou cette « volonté surabondante » qui pousse les hommes à vouloir et à aimer faire le bien (La Volonté de puissance, 749). Ce qui est des plus évidents chez les quelques hommes que nous connaissons qui ont consacré toute leur vie à « faire le bien », comme Jésus de Nazareth ou saint François d’Assise, ce n’est certainement pas l’humilité, mais plutôt une force surabondante, peut-être pas de caractère mais liée à leur nature même.

 

Bizarre ! Je ne suis pas d'accord mais alors pas d'accord du tout !

La volonté de puissance, je l'ai toujours constaté chez des êtres totalement corrompus par le mal... Totalement névrosés; Psychologiquement malades.  Des êtres qui ce serait presque comique choisissent toujours le mauvais côté des choses, la mauvaise solution... le côté obscur de la force ! :laugh:

Même pour des choses insignifiantes. C'est pour ça qu'on pense aussi aux complotistes ! Leur esprit est systématiquement attiré par "ce qui ne vaut pas coup" ! 

Un exemple : "La fête bat son plein".

Pluriel ? 

"Les fêtes battent... [son ou leur] plein !"

Si vous vous trompez c'est que vous êtes du côté obscur de la Force ! :wink:

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)
il y a 16 minutes, Blaquière a dit :

Je me demande souvent s'il n'en a pas toujours été ainsi. La différence c'est qu'aux autres époques, le plus souvent on ne s'en doutait pas...

C'est une éère qui dure 400 000 ans d'aprés wikipedia, et elle aurait commencé il y a 5000 ans :

 

On est mal barré.

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)
il y a 1 minute, Blaquière a dit :

Bizarre ! Je ne suis pas d'accord mais alors pas d'accord du tout !

La volonté de puissance, je l'ai toujours constaté chez des êtres totalement corrompus par le mal... Totalement névrosés; Psychologiquement malades.  Des êtres qui ce serait presque comique choisissent toujours le mauvais côté des choses, la mauvaise solution... le côté obscur de la force ! :laugh:

Même pour des choses insignifiantes. C'est pour ça qu'on pense aussi aux complotistes ! Leur esprit est systématiquement attiré par "ce qui ne vaut pas coup" ! 

Un exemple : "La fête bat son plein".

Pluriel ? 

"Les fêtes battent... [son ou leur] plein !"

Si vous vous trompez c'est que vous êtes du côté obscur de la Force ! :wink:

Et moi je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec toi, ou alors il y a méprise sur le sens des mots.

"volonté de puissance" peut prêter a confusion, "abondance de force" non.

Ce que dit H A c'est que les personnes qui ont une abondance de force sont généreuses et portées a faire le bien.

Les "arrivistes" et les "ambitieux" n'ont pas cette force et cette générosité.

 

Les personnes que les gens stupides, corrompues, ou tout simplement grégaires ont appelés "complotistes" sont tout simplement des personnes qui ont su garder leur esprit critique en ne se  laissant pas subjuguer par la propagande.

Ce sont des personnes qui "pensent par elles-mêmes", les personnes qui se comportent dignement dans l'expérience de Milgram, plus précisément encore:

Des personnes qui ont l'habitude de dialoguer avec elles-mêmes, qui ne sentent pas seules dans la solitude, qui en ont besoin pour penser, des personnes qui ne commettent pas le mal pour pouvoir encore se regarder dans une glace et ne pas vivre eternellement avec un "assassin" qui serait leur double.

Enfin peut être pas tous les" complotistes".

 

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 21 minutes, Crom- a dit :

Et moi je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec toi, ou alors il y a méprise sur le sens des mots.

"volonté de puissance" peut prêter a confusion, "abondance de force" non.

Ce que dit H A c'est que les personnes qui ont une abondance de force sont généreuses et portées a faire le bien.

Les "arrivistes" et les "ambitieux" n'ont pas cette force et cette générosité.

 

Les personnes que les gens stupides, corrompues, ou tout simplement grégaires ont appelés "complotistes" sont tout simplement des personnes qui ont su garder leur esprit critique en ne se  laissant pas subjuguer par la propagande.

Ce sont des personnes qui "pensent par elles-mêmes", les personnes qui se comportent dignement dans l'expérience de Milgram, plus précisément encore:

Des personnes qui ont l'habitude de dialoguer avec elles-mêmes, qui ne sentent pas seules dans la solitude, qui en ont besoin pour penser, des personnes qui ne commettent pas le mal pour pouvoir encore se regarder dans une glace et ne pas vivre eternellement avec un "assassin" qui serait leur double.

Enfin peut être pas tous les" complotistes".

 

 

Il arrive qu'un idée naisse un jour dans notre esprit et  qu'elle prenne la forme d'une vérité définitive.

Je pense aux complotistes...  J'ai pensé un jour que le complotisme était constitué par une sorte de transfert... Et que les complotistes bloque sur un certain complot (la terre plate ou les anti-vax) bien défini ou déterminer et bien sûr faux pour ne pas avoir à mettre le nez dans ce qu'on pourrait considérer comme de "vrais complots" ou au moins une manipulation bien réelle dont ils font l'objet.

Depuis dès qu'on parle de complotiste j'ai cette idée devant les yeux et peut-être que dans certains cas c'est comme une fascination et que ça m'empêche de comprendre certaines réalités.

En réalité, la psychologie est sûrement plus multiple. Mais s'obnubiler sur une chose, c'est bien souvent pour ne pas voir la chose à côté.

Pour le reste, j'aurais un peu tendance à considérer l'abondance de force comme un peu ... louche ! Mais c'est un part pris...

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
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il y a 10 minutes, Blaquière a dit :

En réalité, la psychologie est sûrement plus multiple. Mais s'obnubiler sur une chose, c'est bien souvent pour ne pas voir la chose à côté.

Effectivement ce cas de figure est possible, mais généralement c'est s'attacher aux choses secondaires pour ne pas voir ce qui est nettement plus important.

Nous sommes dans une période ou le totalitarisme tente de prendre le contrôle, via le gouvernement mondial,  de toute l'humanité, le danger n'a jamais été aussi grand car la technologie permet enfin ce contrôle a l'échelle mondial, bien aidée par le ramollissement intellectuel, moral et spirituel.

 

Je vois bien que tu n'as pas conscience de cela.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 2 minutes, Crom- a dit :

Effectivement ce cas de figure est possible, mais généralement c'est s'attacher aux choses secondaires pour ne pas voir ce qui est nettement plus important.

Absolument  c'est exactement ce que je voulais dire.

Nous sommes dans une période ou le totalitarisme tente de prendre le contrôle, via le gouvernement mondial,  de toute l'humanité, le danger n'a jamais été aussi grand car la technologie permet enfin ce contrôle a l'échelle mondial, bien aidée par le ramollissement intellectuel, moral et spirituel.

ABSOLUMENT ! à part que je n'emploierais pas ce mot de "spirituel" ! :)

 

Je vois bien que tu n'as pas conscience de cela.

"Je vois bien que tu n'as pas conscience de cela."  Oh qu'il est méchant ! :laugh:

 

Avant de tomber sur cette dernière phrase j'étais sur le point de te répondre pour ce qui précède : "Entièrement d'accord ! " :shok:

Eh bien je le dis quand même !  :laugh:

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Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)
il y a 1 minute, Blaquière a dit :

"Je vois bien que tu n'as pas conscience de cela."  Oh qu'il est méchant ! :laugh:

 

Avant de tomber sur cette dernière phrase j'étais sur le point de te répondre pour ce qui précède : "Entièrement d'accord ! " :shok:

Eh bien je le dis quand même !  :laugh:

Ce qu'il y a de bien avec toi c'est que tu restes ouvert, je pense que l'on peut dire de toi que tu es un homme honnête.

  • Waouh 1
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