L'Atlas Catalan

Je ne connaissais pas !

Je suis tombé dessus, hier, par hasard...

 

Wiki :

L'Atlas catalan est un portulan du xiv^e siècle, réalisé vers 1375 et traditionnellement attribuée à Abraham Cresques, un cartographe juif majorquin de Palma, et à son fils Jehuda Cresques.

Il est offert, vers 1370, par Jean I^er, alors infant du roi d’Aragon Pierre IV, au roi de France, Charles VI, tout juste couronné roi et lui-même cousin de l’épouse de l’infant, Yolande de Bar¹. L'atlas est attesté dans l'inventaire de la bibliothèque du roi de France en 1380 puis fait partie des collections royales. Son attribution à Abraham Cresques (v. 1325 - v. 1387) est attestée par une lettre de l'infant Jean d'Aragon par l'intermédiaire de Joan de Janer, son chambellan² 

 

Si vous voulez le voir en détail, demandez en enlevant grandatlas du début : 

grandatlashttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/1375_Atlas_Catalan_Abraham_Cresques.jpg

Les deux premières pages on peut les voir en détail  en agrandissant ;

Je trouve un truc amusant sur la deuxième page :

 

J'ai un peu souffert pour déchiffrer ! Le catalan ressemble beaucoup au provençal (au XI-XII èmes siècles, la Catalogne et la Provence étaient un seul pays !) mais ça occasionne pas mal de faux amis ! ("dig" je pensais à "dit" de "dire" alors que c'était "doigt" puisque en provençal, doigt se dit "det" ! Quand à "pilota" je suis tombé dans le panneau et je lisais "pilote" --de bateau-- et non "ballon" qui vient de la "pelote" !!! )

La forma enpero de la terri es redona per que es di-

ta "orbis" que vol dir redonea / car si .1. home era

posat / en l'aier / guardava hom la terra d'alt tota la

enormitat e desreglament dels munts e la cont-

avintat dels valls emenys aparrien en la terra

que lo dig de algu si tenia en la ma .1. pilota Empero

la redonea de la terra es mesurada per / C . L. xxx .

millers de stadis* los quals son . xx . millia . iij .

milles. E la terra es quaix centre en lo mig

del mon / axi con lo punt en lo mig del cercle

e no es sostengud(a) per neguns ciments mas

solament per la divinal potencia / es sustentada

per qu'es lig en la santa screptura no temets mi diu

lo senyor que he peniada la terra en no res.

 

TRADUCTION :

 

La forme cependant de la terre est ronde parce qu'elle est

dite "orbis" ce qui veut dire arrondie. Car si un homme se

tenait en l'air et regardait la terre d'en haut toute

l'énormité et le désordre des montagnes et l'ensemble

des vallées lui apparaîtraient simplement

comme le doigt de quelqu'un qui tiendrait dans sa main un ballon.

Cependant la rondeur de la terre a été mesurée et fait 180

mille stades (1) ce qui fait 23 mille miles (2). Et la terre est quasiment au centre au milieu

du monde ainsi que le point au milieu du cercle.

Et elle n'est soutenue par aucun ciment mais

seulement par la puissance divine. Elle est maintenue

selon ce qui est lu dans la Sainte Ecriture et ne craignez pas nous dit

le Seigneur que j'ai condamné (menacé, peinée) la terre en aucune façon.

 

(1)35 000 km (ordre de grandeur acceptable)

(2)37 000 km ce qui n'est pas loin de la réalité.

 

 

Je trouve amusant que la "puissance divine" qui fait que la terre tienne "par la volonté du Seigneur" dans "l'air" vienne à point nommé remplacer la gravitation (du soleil) que l'on ne connaît pas et permette de faire l'économie d'élucubrations ridicules genre Atlas qui tient le ciel sur ses épaules...

Les montagnes et les vallées qui sont comme les doigts d'une main qui tiendrait le ballon qu'est la terre est originale et particulièrement saisissante !

En tout cas, on est là en 1370 (AU MOYEN-ÂGE !) et  l'on sait --depuis l'antiquité-- que la terre est ronde et on a une idée correcte de sa grandeur ! (Bonjour les "platistes" du XXI ème siècle !)

(J'espère ne pas trop m'être gouré et dans le décryptage et dans la traduction : c'est toujours possible. Mais l'ensemble semble se tenir...)

 

 

 

 

 

 

Modifié le 21 octobre 2023 par Blaquière

Passionnant! Les platistes ne sont pas méchants, juste un peu bêtes mais parmi eux, il y a les indécrottables qui pensent que la lune est une crêpe.

il y a 17 minutes, Frank_N a dit :

Passionnant! Les platistes ne sont pas méchants, juste un peu bêtes mais parmi eux, il y a les indécrottables qui pensent que la lune est une crêpe.

Un peu bêtes? Totalement abrutis, oui. En plus ce sont souvent des complotistes, des fanatiques religieux et/ou des électeurs de Trump. Je ne sais pas s'il y est encore, mais il y avait sur Netflix un documentaire qui présentait les platistes et leurs théories idiotes... avec un peu de complaisance, à mon avis.

Modifié le 21 octobre 2023 par Gouderien

Jan pétit qué danse,

Jan pétit qué danse, Dab lou dit, dit, dit, Dab lou dit, dit dit,

Ataou danse Jan Pétit.

Il y a 2 heures, Blaquière a dit :

 

Et elle n'est soutenue par aucun ciment mais

seulement par la puissance divine. Elle est maintenueselon ce qui est lu dans la Sainte Ecriture et 

ne craignez pas nous dit le Seigneur que j'ai condamné (menacé, peinée) la terre en aucune façon

(J'espère ne pas trop m'être gouré et dans le décryptage et dans la traduction : c'est toujours possible. Mais l'ensemble semble se tenir...)

 

 

Je te propose une rectification pour ta traduction.

Ce qui a attiré mon attention, c'est ce verbe catalan PENIADA qui est différent de PENADA < PENAR "peiner, souffrir". En fait il s'agit du catalan PENJAR qui signifie "pendre" (ici "suspendre"). D'où la traduction:

... car j'ai SUSPENDU la terre sur le néant.

 

Cette expression figure mot pour mot dans la Bible:

« Il étend l'Aquilon sur le vide, et il suspend la terre sur le néant » (Job 26:7).

 

Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

 

Je te propose une rectification pour ta traduction.

Ce qui a attiré mon attention, c'est ce verbe catalan PENIADA qui est différent de PENADA < PENAR "peiner, souffrir". En fait il s'agit du catalan PENJAR qui signifie "pendre" (ici "suspendre"). D'où la traduction:

... car j'ai SUSPENDU la terre sur le néant.

 

Cette expression figure mot pour mot dans la Bible:

« Il étend l'Aquilon sur le vide, et il suspend la terre sur le néant » (Job 26:7).

 

Bien vu ! Merci ! Tout cadre parfaitement : "en no res" : "Sur le néant" !

C'est d'une clarté époustouflante :

es sustentada  per qu'es lig en la santa screptura no temets mi diu

lo senyor que he peniada la terra en no res.

Elle est soutenue parce qu'on lit dans la Sainte Ecriture : "Ne crains rien me dit

le Seigneur car j'ai suspendu la terre sur le néant". 

 

Modifié le 21 octobre 2023 par Blaquière

J'ai essayé d'agrandir la carte de France pour voir les noms !

Il y a quelques  bizarreries :

Le Rhin qui coule depuis le Lac Léman...

Lyon nommé : Leonsusleroy Sans doute pour Lyon dur le Rhône ? 'A tout hasard il a été mis un drapeau du roi de France au dessus ! Pour le Rhône : Lo Royne.

Paris est écrit deux fois et avec un beau drapeau !

Avignon est noté juste Vinyo Et Bruges : Vruges... A moins que le "b" soit mal formé...

 

J'étais juste en train de porter mon regard vers des régions situées... aux antipodes de la France, afin de savoir où se trouvait le bout du monde à cette époque et je lisais les commentaires accompagnant les dessins.

A l'est de la chine : "Ces hommes-ci sont des sauvages qui vivent de poisson cru, et boivent l’eau de mer, et vont tout nus" (Aquesta gent son salvatges que viuen de peyx cruu, e beuen de la mar, e van tots nuus).

 

Au sud-est de l'Inde, sur l'île Taprobana (qui est en réalité Ceylan): "L’ile Taprobane (Sumatra). Cette île est appellée par les Tartares Magno-Caulij; c’est la dernière en Orient. Elle est habitée par des hommes bien différents des autres. Sur quelques montagnes de cette île, il y a des hommes d’une grande taille, c'est-à-dire de douze coudées, comme des géants, très noirs et dépourvus de raison. Ils mangent les hommes blancs étrangers, quand ils les peuvent attraper. Chaque année, dans cette île, il y a deux étés et deux hivers. Les arbres et les herbes y fleurissent deux fois l'an. C'est la dernière île des Indes. Elle abonde en or, argent et pierres précieuses. (La illa Taprobana! Aquesta es appellade per los Tartares Magno-Caulij, derrera de Orient. Enaquesta gno-Caulij; En aquesta illa ha gens de gran diferencia de les altres. En alguns munts de aquesta illa, ha homens de gran forma, ço es de XII coldes, axi com a gigants, e molt negres, e no usants de raho; abans menjen los homens blanchs estranys sils poden aver. Inaquesta Ils illa ha cascun any II estius e II iverns; e dues vegades lany hi florexen les arbres e les herbes. E es la derrera illa de les Indies; e habunda molt en or e en argent e en pedres precioses).

il y a 12 minutes, tison2feu a dit :

J'étais juste en train de porter mon regard vers des régions situées... aux antipodes de la France, afin de savoir où se trouvait le bout du monde à cette époque et je lisais les commentaires accompagnant les dessins.

A l'est de la chine : "Ces hommes-ci sont des sauvages qui vivent de poisson cru, et boivent l’eau de mer, et vont tout nus" (Aquesta gent son salvatges que viuen de peyx cruu, e beuen de la mar, e van tots nuus).

 

Au sud-est de l'Inde, sur l'île Taprobana (qui est en réalité Ceylan): "L’ile Taprobane (Sumatra). Cette île est appellée par les Tartares Magno-Caulij; c’est la dernière en Orient. Elle est habitée par des hommes bien différents des autres. Sur quelques montagnes de cette île, il y a des hommes d’une grande taille, c'est-à-dire de douze coudées, comme des géants, très noirs et dépourvus de raison. Ils mangent les hommes blancs étrangers, quand ils les peuvent attraper. Chaque année, dans cette île, il y a deux étés et deux hivers. Les arbres et les herbes y fleurissent deux fois l'an. C'est la dernière île des Indes. Elle abonde en or, argent et pierres précieuses. (La illa Taprobana! Aquesta es appellade per los Tartares Magno-Caulij, derrera de Orient. Enaquesta gno-Caulij; En aquesta illa ha gens de gran diferencia de les altres. En alguns munts de aquesta illa, ha homens de gran forma, ço es de XII coldes, axi com a gigants, e molt negres, e no usants de raho; abans menjen los homens blanchs estranys sils poden aver. Inaquesta Ils illa ha cascun any II estius e II iverns; e dues vegades lany hi florexen les arbres e les herbes. E es la derrera illa de les Indies; e habunda molt en or e en argent e en pedres precioses).

Génial ! C'est un trésor cet atlas !

Modifié le 21 octobre 2023 par Blaquière

il y a 40 minutes, Blaquière a dit :

Génial ! C'est un trésor cet atlas !

Oui ! On peut trouver la traduction française de tous les petits textes encadrés figurant sur cet Atlas catalan en compulsant un autre ouvrage, français cette fois, publié en 1839 intitulé Notice d'un Atlas en langue catalane, manuscrit de l'An 1375, conservé parmi les manuscrits de la Bibliothèque royale, par J. A. C. Buchon & J. Tastu (digitalisé par Google): https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/33/Notices_et_extraits_des_manuscrits_de_la_Bibliothèque_du_Roi_-_Vol._XIV%2C_no_1_(1839).pdf

 

Il y a 16 heures, Blaquière a dit :

Génial ! C'est un trésor cet atlas !

 

Finalement, si nous devions nous interroger sur la vision du monde exprimée par le cartographie au XIVe siècle, que dirions-nous en quelques mots ?

 

Pour ma part, je dirai que cet Atlas catalan exprime une double vision du monde à la fois chrétienne (question abordée plus haut) mais aussi grandement commerciale, avec les promesses de nouveaux mondes à conquérir.

 

Ci-dessous une vidéo de 6mn très bien faite met l'accent sur ces nouvelles perspectives commerciales. Quelques phrases-clefs:

"Deux mondes se font face. D’un côté, une Méditerranée bien connue est précisément dessinée, de l’autre un Orient à peine découvert, chargé d’images précieuses comme les promesses de mondes à conquérir! Le cartographe ne se contente pas d’exalter ces richesses lointaines, il indique surtout les chemins pour y accéder [voie du Danube, la Mer rouge et l’océan indien, la route de la soie, etc].

Cette carte fourmille de détails pratiques, c’est un petit manuel de commerce illustré à l’usage de futurs négociants. Il s’inspire de l’expérience des premiers voyageurs européens à commencer par le plus célèbre d’entre eux: Marco Polo. Un siècle avant la réalisation de l’Atlas, ce marchand vénitien avait cherché de nouvelles voies de passage entre l’Europe et l’Orient, jusqu’à la Chine. Cette carte s’inspire directement de ses aventures.

Sous la forme d’une carte, l’Atlas catalan est en fait un véritable manifeste. Il chante la gloire des marchands européens qui, à la suite de Marrco Polo, explorent le monde pour ouvrir à l’Occident de nouvelles perspectives commerciales."

 

 

 

 

Il y a 1 heure, tison2feu a dit :

 

Finalement, si nous devions nous interroger sur la vision du monde exprimée par le cartographie au XIVe siècle, que dirions-nous en quelques mots ?

 

Pour ma part, je dirai que cet Atlas catalan exprime une double vision du monde à la fois chrétienne (question abordée plus haut) mais aussi grandement commerciale, avec les promesses de nouveaux mondes à conquérir.

 

Ci-dessous une vidéo de 6mn très bien faite met l'accent sur ces nouvelles perspectives commerciales. Quelques phrases-clefs:

"Deux mondes se font face. D’un côté, une Méditerranée bien connue est précisément dessinée, de l’autre un Orient à peine découvert, chargé d’images précieuses comme les promesses de mondes à conquérir! Le cartographe ne se contente pas d’exalter ces richesses lointaines, il indique surtout les chemins pour y accéder [voie du Danube, la Mer rouge et l’océan indien, la route de la soie, etc].

Cette carte fourmille de détails pratiques, c’est un petit manuel de commerce illustré à l’usage de futurs négociants. Il s’inspire de l’expérience des premiers voyageurs européens à commencer par le plus célèbre d’entre eux: Marco Polo. Un siècle avant la réalisation de l’Atlas, ce marchand vénitien avait cherché de nouvelles voies de passage entre l’Europe et l’Orient, jusqu’à la Chine. Cette carte s’inspire directement de ses aventures.

Sous la forme d’une carte, l’Atlas catalan est en fait un véritable manifeste. Il chante la gloire des marchands européens qui, à la suite de Marrco Polo, explorent le monde pour ouvrir à l’Occident de nouvelles perspectives commerciales."

 

 

 

 

Oui !

De la même façon que l'écriture a été inventée au départ par le besoin commercial de compter ses moutons et ses sous, la connaissance géographique de la terre vient de ce même désir... de commerce, d'argent, de puissance...

Il faudrait alors considérer le développement de l'esprit de l'intelligence et de la connaissance  comme un... "dommage" collatéral à la satisfaction de nos pulsions égoïstes primaires !  

Je ne mange pas de ce pain là ! 

ERRATUM !

Grâce au lien de @tison2feu je peu corriger une erreur.. IMPARDONNABLE !

Il s'agit de la mesure de la terre. Bien sûr l'erreur n'était pas vraiment de ma faute !!!

Mais de la qualité i.e. des défauts du manuscrit...  

Les 180 mille stades (C.L.XXX milles) je les avais bien ! Encore que le "c" et les deux premiers "x" fussent mal lisibles. (Merci !)

En revanche pour les  (.XX. mille .L i j.  --milles 20 052--) si la tache sur le dessus du "L" me l'a fait prendre pour un "i" ce qui était bien excusable, j'eusse dû lire non pas 23 mille milles mais 20 milles 3 --20 003--!

Ô ERREUR FATALE ! Grâce au document de @tison2feu la rectification est faite : il faut lire "LII" et donc au total 20 052 miles. Et si je prends le mile "officiel" actuel à 1,60934 km cela fait pour la circonférence de la terre :

1,60934 x 20 052 = 32 270,48568 km... Et 32 000 km pour la circonférence de la terre, c'est bien petit !  

Maintenant, si l'on prend la mesure antique en stades, en prenant le stade de 192 mètres, on obtient :

180000 x 192 = 34 560 km.

Si les deux grandeurs sont du même ordre, il n'en est pas moins vrai que les longueurs et du stade (antique) et du mile utilisées par notre cher Abraham Cresques devaient être légèrement différentes de celles que je viens d'employer...

Ceci étant dit, il manque entre 6000 et 8000 kms pour arriver à la circonférence de la terre telle que nous la connaissons aujourd'hui...

Ce qui justifie un peu mais pas complètement les 16 000 km d'erreur quand Christophe Colomb pensait arriver en Chine alors qu'il arrivait en Amérique... 

 

 

 

 

 

 

Modifié le 22 octobre 2023 par Blaquière