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Microcosmos


satinvelours

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Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)
il y a une heure, Elbaid1 a dit :

NON franchement la vie d'une fourmis formaté dés sa naissance d'une seule et unique fonction sans aucune pensée du "JE " , nan c'est pas drôle quoi

Qu'est-ce que tu en sais ? D'abord, tu te trompes ! Ce qui est, comme tu dis "formaté pour une seule et unique fonction" peut se laisser aller à songer qu'il est "La Fonction, elle-même". Ce qui, conviens-en, est assez glorifiant. Comment s'en sortiraient les autres cellules de ton corps, si soudain, toutes celles de tes reins se mettaient en tête de ne plus se contenter de jouer les éboueurs en filtrant le sang des toxines qu'il possède mais au contraire de se la jouer façon poumons et se mettre à lui apporter de l'oxygène ? Elles mourraient toutes d'abord, et TOI ensuite. Et si rien ne permet d'affirmer que tes reins ont la moindre idée de ton existence et qu'il "filtre" pour ton bien être on peut toutefois imaginer qu'il éprouve du plaisir à remplir à la fois sa mission et ... tes vessies. N'est-ce pas un Camus qui finalement en arrive à la conclusion que finalement passer éternellement sa vie à pousser un rocher, peut être une source de satisfaction ?

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Le livre de Margulis se termine sur une vision dérivée de sa vision de la vie. La vie est conquérante, elle sortira de la Terre, ce tombeau futur si elle ne parvient pas à s’échapper. 
Mais s’échapper de la Terre est encore un préalable à une sortie plus lointaine dans le temps vers des horizons stellaires encore plus lointains. Cette échappée s’accompagnera par une transformation de l’homme, une mutation, des mutations que l’homme lui même devra imaginer et qu’il pourra imaginer grâce à la progression de la science. 
L’homme, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’est pas le top de Dieu ( position du croyant)  ou de l’évolution ( position de l’athée). 
Dur, dur, voire impossible à concevoir, cette vision de Margulis, pour des hommes, surtout de sexe mâle, qui pensent que la Conscience ou encore la Volonté sont les fers de lance phalliques indépassables de l’Univers. 
Non, non il ne peut pas exister de facultés plus élevées que mes facultés enivrantes que sont la Conscience et ma Volonté, s’écrie l’ithyphallus !

Quand l’ityphallus vieillissant sent que sa conscience et sa volonté vont s’éteindre il ne pense pas qu’elles vont s’éteindre il pense que c’est la conscience et la volonté du monde, c’est à dire l’existence même du monde, qui vont s’éteindre. Il jouit de la mort du monde tout en pleurnichant sur lui même. 

 

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Membre, 60ans Posté(e)
Elbaid1 Membre 9 215 messages
Maitre des forums‚ 60ans‚
Posté(e)
Il y a 21 heures, azad2B a dit :

Qu'est-ce que tu en sais ? D'abord, tu te trompes ! Ce qui est, comme tu dis "formaté pour une seule et unique fonction" peut se laisser aller à songer qu'il est "La Fonction, elle-même". Ce qui, conviens-en, est assez glorifiant. Comment s'en sortiraient les autres cellules de ton corps, si soudain, toutes celles de tes reins se mettaient en tête de ne plus se contenter de jouer les éboueurs en filtrant le sang des toxines qu'il possède mais au contraire de se la jouer façon poumons et se mettre à lui apporter de l'oxygène ? Elles mourraient toutes d'abord, et TOI ensuite. Et si rien ne permet d'affirmer que tes reins ont la moindre idée de ton existence et qu'il "filtre" pour ton bien être on peut toutefois imaginer qu'il éprouve du plaisir à remplir à la fois sa mission et ... tes vessies. N'est-ce pas un Camus qui finalement en arrive à la conclusion que finalement passer éternellement sa vie à pousser un rocher, peut être une source de satisfaction ?

Oui mais les cellules meurt , le rein se fatigue à la tache , les poumons peuvent déclarer des maladies .... le corps est loin d'être parfait même si en détail les éléments du corps sont formatés pour fonctionner sans se plaindre il n'en reste pas moins qu'ils se déclarent au final fragile ou un peu inapte à continuer la besogne ...alors ptet que nos cellules se révoltent aussi de leur conditions de vie  et c'est pourquoi au cours du temps elles ont elles aussi évolués ...enfin si les cellules évoluent je ne sais pas trop .

le corps est en tout point révolutionnaire et certainement pas conservateur , il change , il grandit , il se modifie , il s'éveille il s'épanouie pour ensuite s'endormir viellir et ne plus être que l'ombre de lui même , dans nos corps c'est sans arrêt la révolution , il n'est jamais le même dans une vie .

Il y a 21 heures, azad2B a dit :

Et si rien ne permet d'affirmer que tes reins ont la moindre idée de ton existence et qu'il "filtre" pour ton bien être on peut toutefois imaginer qu'il éprouve du plaisir à remplir à la fois sa mission et ... tes vessies.

:) on dirait du Ge Hong (taoiste) 3emS aprés JC , jai retrouvé ce cours extrait de ce qu'il pense du corps :

 

" ainsi le corps de l'homme est l'image de l'Etat . Le thorax et l'abdomen correspondent aux palais et offices . Les quatres membres correspondent aux frontières et bornes . L'esprit correspond au prince . Le sang correspond aux ministres , et l'énergie au peuple . Ainsi nous voyons que celui qui gouverne son corps peut gouverner un royaume . Aimant son peuple , il apportera la paix à son pays; nourrissant son énergie (peuple) , il préservera son corps (Etat) "

magnifique non ?  c'est une homologie microcosme / macrocosme 

c'est particulier . ON peux pousser plus loin le concept , par ex le corps est un petit monde qui a besoin d'énergie et bin le corps politique de l'Etat a lui aussi besoin d'énergie pour fonctionner , bref on invente rien , on ne fait que reproduire un enchainement de programme que l'on retrouve dans un état naturel , en sommes nos corps physique fonctionne parillement que le corps de l'Etat , il a besoin de membre et divers organes pour fonctionner ainsi que dénergie etc etc etc ..... on peux ainsi crréer multitude de correspondance homme/monde .

 

alors je ne sais pas si une cellule prend du plaisir à fonctionner comme un automate mais je constate que ma circulation sanguine correspond fortement à une circulation routière quand je regarde une carte de la france par ex .... on y trouve des grand axes routiers un peu comme les grosses aortes qui véhicules l'énergie necessaire pour UN corps ... n'est ce pas troublant ?  ET ENSUITEdivers axe routiers plus ou moins petit ayant la même fonction afin de vehiculer l'oxigène du corps .... 

en clair et pour donner une image , quand il y a un bouchon sur une axe routier c'est un peu comme un caillot qui se forme .... :DD

MAIS suppose qu'il n'y est plus aucune circulation dans un Etat , et que tout soit bouché , et bin ça ferait comme avec la circulation sanguine le corps se meurt ... amusant non ?

 

 

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

En définitive, si je prends du champ par rapport à l’œuvre de Margulis je m’aperçois qu’elle prête à la vie : un vouloir. 
Ce vouloir associé  à la vie ( vouloir survivre dans la reproduction et l’expansion) est un vouloir propre qui ne réfère ni à un vouloir divin, ni à un vouloir humain. 
Sa philosophie ( induite par son œuvre) rejoint la mienne : il existe un vouloir autre que les vouloirs  usuellement retenus dans nos façons occidentales de voir. S’il existe un vouloir humain alors il est inclus dans ce vouloir de la vie. Lequel vouloir excéde très largement le vouloir humain. 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Il y a probablement chez Margulis une volonté et une inclination. Une volonté : sauver la vie, une inclination : agir en symbiose avec autrui plutôt que de performer. 


Sauver la vie. Pour elle la vie c’est d’abord la cellule, les micro-organismes. Pour les monothéistes   la vie c’est en fait l’homme.
 

L’animal pour eux est un être fait d’instincts, c’est à dire un être qui est régi par des automatismes. Il n’accède donc pas à la dignité du vivant. L’animal est un complexe chimique. Une machine. 


Pour les monothéistes donc il y a une frontière infranchissable entre l’animal et l’homme. 


Du coup pour eux le miracle ce n’est pas l’apparition du vivant, le vivant dans son apparition n’est que chimie. En cela il y a une communauté entre les monothéistes et les scientifiques athées.
 

Le miracle pour les monothéistes c’est l’apparition de l’homme, lequel est miraculeux en raison de l’apparition, chez lui de : la conscience. 

La symbiose. L’évolution passe par la symbiose pour Margulis. Tandis que pour les évolutionnistes purs et durs l’évolution passe par celui qui terrasse les autres. La symbiose contre l’élimination. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Après Margulis, d’autres biologistes viennent amender la théorie de Darwin en lui adjoignant leurs considérations sur la symbiose.

Ainsi, Marc-André Selosse, dans son livre « jamais seul » ( Actes Sud), note l’importance de la symbiose dans l’évolution et note deux « percussions » entre la symbiose et la théorie darwinienne. 

La reconnaissance de l’importance de la symbiose viole deux lois du darwinisme dogmatique.
 

L’hérédité des caractères acquis est possible dans le cas d’une symbiose véritable, la symbiose d’un organisme avec un autre modifiant son « expression ». 

Enfin adopter un symbionte ( une symbiose) est un saut  évolutif majeur là où Darwin ne voyait qu’une évolution graduelle, à petits sauts. 
 

Darwin pensait l’évolution avec le concept d’organisme vivant distinct et séparé de tout autre organisme. 
 

Or il n’existe pas d’organisme séparé dans le réel.
 

Il n’existe que des organismes liés à d’autres dans la symbiose. 
 

Conclusion de l’auteur : la  communauté scientifique a maintenant une vision néodarwinienne de l’évolution où aux côtés des mécanismes envisagés par Darwin d’autres processus ont été découverts puis admis. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Marc André Selosse, note, toujours dans son livre Jamais Seul, en continuité toujours avec la pensée de Margulis, Lagrange, etc. que, si la notion d’organisme a été utile ( et reste utile), il est aujourd’hui nécessaire de créer de nouvelles visions. 
Dont les deux suivantes :

La vision du microbiologiste : un océan de microbes. Dans lequel flotte des structures plus grandes, complexes, investies par ces micro-organismes qui les manipulent à leur avantage. Ces grandes structures, plantes et animaux, sont aujourd’hui vues comme existant à part entière. Mais elles ne sont en fait que l’écume du monde microbien. Cette vision d’un monde essentiellement microbien renvoie la notion d’organisme animal ou végétal à notre impuissance à nous affranchir du monde macroscopique où nous vivons.

La seconde vision est celle de l’écologue : un océan d’interactions. Chaque vivant ( dont chaque micro-organisme) est un noeud dans un immense réseau d’interactions. L’écologue voit le vivant comme ce réseau où les « organismes » sont en fait des points entre lesquels ces interactions s’articulent. La réalité majeure est l’ensemble des interactions. Mettre l’accent sur les organismes obscurcit l’importance des interactions et limite notre capacité à renouveler notre vision du monde.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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L’importance des interactions est telle qu’il est parfois difficile de savoir où s’arrête par exemple  le phénotype d’une plante ( prendre ici le sens de phénotype au sens : individualisation de la plante) dans le cas où celle-ci échange avec d’autres plantes des nutriments et des signaux par un réseau mycorhizien ( retenir ici que la plante vit avec une autre par l’intermédiaire d’un réseau organique de « fibres »). On retrouve cette logique de réseau dans la pollinisation par exemple. Où s’arrête du coup le phénotype étendue d’une plante ? Ou s’arrête en fait l’individualisation de chacun ? Cette individualisation n’est elle pas un mirage ? ( tant nous ne pouvons vivre aujourd’hui que par des échanges nécessaires avec d’autres). 
Notre vision organismique  du monde selon l’auteur a un pouvoir heuristique trop limité ( heuristique : qui sert à la recherche). Cette vision proviendrait de Descartes qui focalise le point de départ de toute réflexion et représentation sur soi, sur le moi, sur l’individu.

Ce centrage sur l’organisme a engendré le postulat de Koch qui conduit à individualiser par exemple l’organisme humain et l’organisme microbien pour étudier les effets séparés de l’un sur l’autre. En fait ce postulat est bien sûr nécessaire dans certaines études mais il devient néfaste quand il devient unique méthode de recherche. Ce postulat a longtemps empêché les chercheurs de comprendre l’origine des mitochondries et des plastes puisque, dans ce cas, il n’y a plus individualisation des anciennes bactéries mais totale symbiose dans un seul organisme. 
 

L’auteur note que le bouddhisme a une vision beaucoup plus centrée sur les interactions et relations plutôt que sur l’organisme ( l’individu) lui même. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Toujours selon le même auteur la science occidentale a transposé une philosophie basée sur l’individu en une biologie fondée sur l’organisme. Cette projection a donné des résultats significatifs mais il faudrait aujourd’hui donner à l’interaction ( entre les organismes) une place centrale. Le monde contient une nuée de microorganismes dont les interactions nous emportent nous mêmes dans ce réseau agissant. Le visible est l’écume des interactions de tout cet univers invisible. Aujourd’hui nous savons par exemple que l’écologie du monde microbien détermine les fonctions de la peau, de la bouche, du tube digestif, de la feuille, de la fleur, de la racine, etc. Écologie et physiologie sont interdépendantes. Cette constatation souligne l’importance de la sauvegarde de la biodiversité tant tout le vivant est interdépendant dans toutes les espèces. Il s’agit aujourd’hui de comprendre qu’après avoir « fait connaissance » avec les microorganismes à travers les maladies, ces mêmes microorganismes sont nécessaires aussi à notre vie. 
Ainsi le monde n’est pas seulement ce que nous voyons, l’invisible ( les microorganismes) agit partout, même en nous. 
Conclusion de l’auteur : je suis un écosystème microbien riche de la diversité qui l’habite. Mais nous pourrions aussi ajouter : riche des relations vitales que j’entretiens avec tous les autres constructions microbiennes. 
Ces réflexions de l’auteur nous incitent à ne plus nous voir comme des organismes clos, des humains surgis d’au delà du vivant, surrection accompagnée par cette philosophie de l’élection ( élection inaugurée dans la pensée par les mythes religieux  abrahamiques, poursuivi dans le mythe athée de l’évolution, comme processus électif de l’homme), mais de nous voir agissants et agis dans la totalité du monde vivant, dans la totalité de la biodiversité. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Dans son livre « Quand la forêt  brûle ( penser la nouvelle catastrophe écologique) », chez PP ( premier parallèle), Joëlle Zask s’appuie sur l’apparition de ce phénomène nouveau, les mégafeux , pour poser la question des rapports de l’homme et de la nature. Les megafeux étant ces feux, qui, apparus depuis quelques dizaines d’années, laissent derrière eux des territoires devenus définitivement désertiques, au contraire des feux usuels considérés comme bénéfiques. 

Ces rapports entre nature et humanité, elle les voit comme des rapports de réciprocité, et elle renvoie dos à dos, et ceux qui voient dans la nature un objet d’exploitation et ceux qui idéalisent la nature. 

Sa façon de voir est en ligne avec Bruno Latour ( lui-même en ligne avec Margulis) : il s’agit de dépasser l’opposition classique entre nature et culture. Entre nature et civilisation humaine. Ce dépassement doit se concrétiser dans des rapports différents qu’il s’agit  d’instaurer entre les humains et la nature. 

Bruno Latour voit même dans ce changement relationnel un changement de civilisation pour les hommes. 

Le problème néanmoins  c’est que, pour l’instant, je ne vois pas en quoi, pratiquement, peut consister ce changement, ni en quoi ces nouvelles relations entre nature et humanité, entre nature et culture humaine, peuvent consister. 

Les seules tentatives de ce nouveau relationnel se cantonnent au domaine de l’agriculture. Ce cantonnement, qui finalement ne prône qu’une nouvelle façon de cultiver la terre, n’est pas de taille à fonder une nouvelle civilisation qui développerait , en son sein, non plus un rapport d’intérêt mais un rapport de réciprocité entre nature et humanité.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Cette séparation entre nature et culture, suivie aujourd’hui par un dépassement de cette séparation, laisse perplexe. C’est quoi cette séparation ?

Certes au moment des Lumières il a été question de sortir de l’état de nature. L’homme sort de son état de nature pour accéder à une nouvelle morale, donc une nouvelle culture. Kant mais pas seulement bâtit ainsi l’image d’un homme nouveau.

A l’époque, les Lumières, tous les penseurs ( sauf Diderot) déterminent leurs pensées par rapport à un état  premier de l’homme vivant à l’état naturel. C’est quoi pour eux un état naturel ( de l’homme ) ? C’est surtout un homme qui ne vit pas encore dans de larges sociétés, c’est un homme qui vit dans des tribus ou des hordes, même Freud reprendra ce mythe. Cet état premier est décrit de manière pas très valorisante pour les hommes d’avant la socialisation. Même ici, sur ce forum, des  qu’un penseur parle de l’état premier des hommes, il parle d’un homme - bête, trouillard, faible, sauvage, cannibale, etc. Bref une vraie merde. Il n’y a que Rousseau pour parler d’un homme « primitif » compassionnel. 
C’est d’ailleurs étonnant. Car il y a eu des études fouillées sur la vie des premiers hommes, des études qui contredisent cette vision dégradée des premiers hommes, des études lues et travaillées par bien des penseurs actuels cultivés, et bien non, ces études n’entrent pas dans leur cerveau, dès que nous les lâchons, ces penseurs, hop ! Les premiers hommes, pour eux, étaient des lâches, des imbéciles, des sauvages etc. 

Donc l’état de nature est fantasmée par les humains cultivés. Donc parler de dépasser l’antagonisme entre nature et culture c’est toujours rester à l’intérieur de la culture ( la civilisation) puisque l’état de nature tel que le voit les penseurs n’est encore rien d’autre qu’un fantasme.

C’est pourquoi appeler à dépasser l’antagonisme entre nature et culture me paraît un peu vain : nous restons toujours à l’intérieur de nos fantasmes. 

Le fantasme à propos de la nature étant invariablement celui là : la nature, surtout l’ animal, c’est con, c’est instinctuel ( ce qui veut dire : c’est automatique comme une machine), c’est violent, c’est barbare, c’est aveugle ( les catastrophes naturelles sont des catastrophes, elles ne peuvent être conçues autrement que comme étant  des catastrophes) etc. 

Si le but de Latour est de poser les premières pierres d’une nouvelle civilisation il est inutile de commencer ce travail en phosphorant sur la nature contre  la culture, comment dépasser cet antagonisme ? : on va s’enliser. 

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  • 2 semaines après...
Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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L’autrice de Microcosmos suggère de dépasser l’opposition nature-culture. Mais cette opposition n’est pas si simple à exposer. 
Dans son livre, La Caverne originelle, Art, mythes et premières humanités, Jean-Loic Le Quellec,  ( La découverte) donne quelques pistes en étudiant l’art pariétal. Selon lui on passe d’un monde où l’homme avait, avec les animaux, un rapport participatif ( l’homme était présent au monde avec eux, sans avoir à se représenter) à un monde en lequel il affirme sa présence en les soumettant et en en prenant possession ( l’homme commence à se représenter). Il ajoute que le tournant le plus important pour l’humanité n’est pas celui qui va de la Préhistoire à l’Histoire, mais celui qui conduit l’homme à passer de ce mode participatif ( par extension : mode participatif avec la nature) à un mode présentiel ( l’homme commence à se représenter dans des rapports de domination avec les animaux). Il date ce tournant au Néolithique. Le mode participatif ayant prévalu au Paléolithique. 
S’il y a à un moment rupture entre nature et culture alors cette rupture remonte à loin. 
Le mode participatif s’est probablement appuyé sur une vision animiste du monde. Il est probable, au moins en Occident, que le mode présentiel s’est appuyé sur le monothéisme. La Thorah à cet égard n’est pas ambigüe. Dieu crée l’homme en lui donnant comme feuille de route, entre autres, de dominer la nature. S’agissant des sémites en général cette domination devait être signifiée par l’élevage.

Réduire l’opposition entre nature et culture paraît du coup ardu, tant l’homme s’est habitué à dominer l’animal et la nature. Il suffit de lire les attendus de l’occidental  pour constater la culture ambiante occidentale : l’animal est un être dégradé, d’une certaine manière c’est un aspirant à l’humanité qui a raté. C’est ainsi que sans cesse, en Occident, à travers les religions sémites relayées par le Christianisme, et les philosophies athées, l’homme se valorise en dégradant l’animal. 
Et dans la foulée en considérant la nature comme un tas d’atomes. 
Je me demande comment après des siècles de domination de la nature l’homme pourrait il bien soudain la considérer. En tout cas ni les monothéismes, ni l’athéisme appuyé sur la science, ne tracent une route où la nature serait considérée autrement que comme une réalité chosifiée, dont on peut faire ce que l’on veut. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Le Quellec conclut ainsi, à la suite d’études fouillées, que l’art des cavernes, au Paléolithique, révèle cette mythologie : l’Emergence primordiale. 

Jadis les humains et les animaux vivaient sous terre, avant qu’ils finissent par en sortir pour vivre à l’air libre et se disperser sur terre. Les peintures rupestres figurent cette sortie, qui commence dans les profondeurs, passe par la grotte, puis reprend son long chemin jusqu’à la surface. 

Les animaux figurés sont surtout de grands mammifères assez proches des hommes, surtout des bovins ou des chevaux qui ne sont pas encore asservis par l’homme. 

Il y a aussi de grands arbres dont les racines puissantes percent les profondeurs de la terre et permettent aux humains et aux animaux de sortir ensemble.

Il n’y a pas de figures de dieux ou autres, pas même de symboles désignant une création. 
 

Ce mythe me fait penser à l’étonnante grotte de la reine Hortense, dans l’île de Pins ( Nouvelle Calédonie). Cette grotte complètement paumée est énorme, avec les racines de banians qui descendent du plafond de la grotte jusqu’au sol, sur au moins 15 ou 20 mètres. La reine Hortense ( kanak) vécut là quelque temps, et l’impression que l’on a est que cette grotte plonge dans quelques sous-sols obscurs que l’on peut imaginer habités d’êtres fantastiques. Un ruisseau barre l’entrée.  
 

 

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