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Fragment


Kairos

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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L'objectif de ce présent sujet est le développement dynamique d'un des fragments de Parménide évoqué ici il y a quelques mois.
 
Mais avant cela, il serait intéressant d'apporter quelques précisions concernant la pseudo opposition entre Parménide et Héraclite, les choses sont en réalité un peu plus complexes que cela...
 
La littérature à ce sujet est une nouvelle fois la formalisation (toujours à son insu !) de son incomplétude chronique par une vision catégorielle systématique, simpliste et aliénée.
 
Parménide serait donc l'homme de l'Être en sa permanence et Héraclite celui du devenir... L'étude des fragments sur la Phusis de nos deux protagonistes sont eux nettement moins statiques et beaucoup plus riches en devenir.
 
Très succinctement : certes de façon relative, Parménide s'est davantage arrêté à la forme de l'Être tandis qu'Héraclite à la forme du devenir mais la forme du devenir héraclitéen désigne en substance l'Être et la forme ontologique de l'Être parménidéen désigne le substrat du devenir.
 
Par conséquent la terminologie reste donc dialectique et la perspective historique ouverte.
L'Être appelle au devenir et le devenir appelle à l'Être dans un dialogue constant entre Parménide et Héraclite, complémentairement et dans une même unité matricielle.          
 
Passons maintenant au fragment de Parménide :
 
Le voici : τὸ γὰρ αὐτὸ νοεῖν ἐστίν τε καὶ εἶναι
... to gar auto noein estin te kai einai ...
 
La traduction basique et statique est la suivante : "car le penser et l'Être sont une même chose."
 
Nous avons ici deux armatures essentielles "noein" et "einai" le "einai" renvoie à Phusis.
La Phusis qui est le devenir infini du croître est ce qui caractérise l'Être.
 
En raccourci pour les besoins explicatifs : l'Être est le devenir infini du croître parce que précisément la richesse de l'Être c'est d'être un auto-développement, l'Être n'est pas immobile, il est la mobilité de sa richesse identitaire telle qu'elle positionne le devenir des Hommes en la nature cosmique de ce qui fait l'histoire de leur parcours existentiel et qui permet de comprendre la réalité ontologique absolue de leur caractérisation fondamentale.
 
Le "einai" qui est la forme "être" en grec renvoie donc à Phusis parce que pour les Grecs "einai" n'a de sens qu'au regard de la Phusis, c'est la Phusis qui positionne "einai" tout comme Héraclite et Parménide : l'un considérait que c'est le devenir qui pose l'Être et l'autre que c'est l'Être qui fixe la cohérence du développement donc la justesse du devenir.
 
Le "noein" renvoie lui à Logos, le Logos c'est la rationalité du Monde en tant que rationalité du Monde non pas sortie de la tête de ceux qui regardent le Monde mais la rationalité du Monde comme automouvement du Monde qui se déploie lui-même dans son devenir, dans sa Phusis.
 
Ce qui fait la logique de ce devenir comme devenir du Monde en la Phusis (parce qu'il n'y a pas de logique hors la Phusis) c'est le Logos.
 
Les chasseurs/cueilleurs ne sont pas dans un rapport d'aliénation appropriative du Monde mais toujours dans un rapport d'humilité en accueillement de ce Monde, en accueillement du Logos du Monde dans sa radicalité universelle qui dit le sens.
 
Le Logos fait sens, ce n'est pas l'Homme en regardant le Monde qui trouve au Monde qu'il y a du sens, le sens nous est donné par le Logos en accueillement de celui-ci.
 
Ce sens est signification et c'est pour cela qu'il est "sapio" et "sapiens", le Logos dans sa forme accomplie exprime donc le "noein" qui est le sens de la signification en même temps que la signification du sens, c'est la destination du Logos, c'est le mouvement par lequel le Logos s'incarne dans le Monde.
 
Dans la trajectoire dialectique de la Phusis, il y a le poser du "noein" sur le Monde comme expression radicale et rationnelle du fait que le Monde a une destination.
 
Le sens du Monde c'est d'appréhender sa destination comme signification ontologique.
 
La logique du Monde ce n'est pas l'Homme qui la découvre avec des appareillages extérieurs au Monde, la logique du Monde comme "noein" de fertilité c'est l'automouvement de la Phusis qui se déploie en le Logos et le Logos comme richesse rationnelle du Monde se matérialise dans la signification.
 
Le "noein" c'est cette matérialisation de signification qui dit l'acte du penser, l'acte du comprendre mais non pas comme subjectivité narcissique mais comme objectivité universelle de l'Être qui communie avec le Monde.
 
Donc le penser juste l'est parce qu'il n'est pas le penser narcissique articulé sur une perception d'opinions ou autres, le penser radical comme "noein", comme signification du Logos, ce n'est rien d'autre que l'Être qui parle en l'Homme et qui fait donc signification.
 
Pas de pensées personnelles, pas de subjectivité narcissique... L'acte du penser radical est l'Être du Monde comme universalité du Logos de la Phusis en le même mouvement d'interaction, dans ce cas il devient l'expression dialectique et historique du mouvement réel.
         
Le penser juste du "noein" n'est donc pas une création du penser personnel, c'est l'automouvement impersonnel du "noein" qui vient éclairer le "sapio", qui vient éclairer la conscience (le corps du désir de mon coeur) comme corps en mouvement de conscience en sa totalité générique, comme unité générique de désir vivre véritable sans séparation corps, âme, esprit, conscience, et c'est cette unité générique de désir vivre qui communie avec le "noein", le Logos, la Phusis comme dialectique d'extériorisation du Monde réel en tant que "noein" en tant que Logos et en tant que Phusis.
 
Donc "to gar auto noein estin te kai einai" :
 
Le penser qui fait signification et l'Être de la signification en tant qu'universalité du vrai, exprime le même mouvement.            
 
Le creusement radical critique ne vient jamais seul et sans "sueurs"... 
Il serait vain d'imaginer que ce fragment de Parménide (et du Logos de la Phusis) n'aurait qu'une très lointaine utilité pratique et actuelle, tout au contraire.
Le déterminisme a eu raison des fidèles traductions des présocratiques comme de l'Histoire mais il n'est pas impossible d'inverser la tendance.
 
Le cas échéant vous pouvez vous en passer pour vivre certes...mais pas sur le chemin de la compréhension de l'unité dialectique du monde complexe aliéné.     
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Membre, 35ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 589 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Bonjour @Kairos

Votre texte très inspiré et inspirant (merci) soulève des interrogations.

Vous décrivez une situation d'accueil du Monde comme Être en devenir où la jonction s'opère par le truchement du logos. Non pas une rationalité interne à la parole ou propre à la personne mais une concordance organique de l'être en son dire. L'être se dit en devenant et devient en se disant. (Corrigez si je résume mal.)

Pourtant ne reste-t-il pas dans la parole une artificialité irréductible, un élément qui n'est pas présent dans le monde ? j'ai du mal à saisir, si la situation est bien celle qui est décrite, pour quelle raison il faudrait en passer par la parole. De dire l'Être, le devenir, le Monde et leur unité fondamentale. Si véritablement cela est tout un : cela ne se passe-t-il pas de mots ? En outre, cela ne se passe-t-il pas de sujet pour être dit ? Pourquoi y a-t-il encore un sujet qui dit quelque-chose (et à qui ?) et qui dit, précisément, l'être devenant par ce dire ? 

Je vous soumets une autre approche. Le chasseur-cueilleur est dans une situation d'incertitudes et de dangers. Il se trouve en particulier devant trois grands défis : le temps, l'espace et l'autre. La symbolisation va lui permettre d'introduire un ordre dans ce temps, cet espace et ces relations qui lui échappent et le dominent. Une temporalité (éventuellement cyclique), un territoire (éventuellement mouvant) et un droit, formel ou informel. Plus exactement, des temporalités (celle des dieux, celle des hommes, etc.), des territoires (le village ou le camp, la foret, etc.) et des droits différents recouvrant ces temporalités, ces territoires et les êtres qui les composent. Le droit s'appliquant n'est plus le même si l'on se trouve face à un groupe étranger, dès lors qu'on sort du village, etc.

En médiatisant son rapport aux choses et aux autres par la symbolisation, l'être humain crée un ordre qu'il peut connaître, il y introduit une maîtrise et une liberté.

Bien sûr, l'A6 (l'autoroute) n'a plus grand-chose à voir avec le chemin de terre qui menait au village, qui représentait un élément de certitude arraché au chaos d'une nature foisonnante et toujours mouvante.

Suivant cette perspective, la réconciliation de l'être et du devenir par la parole intervient comme le parachèvement, la cerise sur le gâteau et non plus comme une situation originelle par rapport à quoi l'homme moderne ou cultivateur se serait aliéné.

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
Posté(e)
Le 11/08/2022 à 12:40, Loufiat a dit :

Bonjour @Kairos

Votre texte très inspiré et inspirant (merci) soulève des interrogations.

Vous décrivez une situation d'accueil du Monde comme Être en devenir où la jonction s'opère par le truchement du logos. Non pas une rationalité interne à la parole ou propre à la personne mais une concordance organique de l'être en son dire. L'être se dit en devenant et devient en se disant. (Corrigez si je résume mal.)

Pourtant ne reste-t-il pas dans la parole une artificialité irréductible, un élément qui n'est pas présent dans le monde ? j'ai du mal à saisir, si la situation est bien celle qui est décrite, pour quelle raison il faudrait en passer par la parole. De dire l'Être, le devenir, le Monde et leur unité fondamentale. Si véritablement cela est tout un : cela ne se passe-t-il pas de mots ? En outre, cela ne se passe-t-il pas de sujet pour être dit ? Pourquoi y a-t-il encore un sujet qui dit quelque-chose (et à qui ?) et qui dit, précisément, l'être devenant par ce dire ? 

Je vous soumets une autre approche. Le chasseur-cueilleur est dans une situation d'incertitudes et de dangers. Il se trouve en particulier devant trois grands défis : le temps, l'espace et l'autre. La symbolisation va lui permettre d'introduire un ordre dans ce temps, cet espace et ces relations qui lui échappent et le dominent. Une temporalité (éventuellement cyclique), un territoire (éventuellement mouvant) et un droit, formel ou informel. Plus exactement, des temporalités (celle des dieux, celle des hommes, etc.), des territoires (le village ou le camp, la foret, etc.) et des droits différents recouvrant ces temporalités, ces territoires et les êtres qui les composent. Le droit s'appliquant n'est plus le même si l'on se trouve face à un groupe étranger, dès lors qu'on sort du village, etc.

En médiatisant son rapport aux choses et aux autres par la symbolisation, l'être humain crée un ordre qu'il peut connaître, il y introduit une maîtrise et une liberté.

Bien sûr, l'A6 (l'autoroute) n'a plus grand-chose à voir avec le chemin de terre qui menait au village, qui représentait un élément de certitude arraché au chaos d'une nature foisonnante et toujours mouvante.

Suivant cette perspective, la réconciliation de l'être et du devenir par la parole intervient comme le parachèvement, la cerise sur le gâteau et non plus comme une situation originelle par rapport à quoi l'homme moderne ou cultivateur se serait aliéné.

Bonjour,

Dans le cadre de mon intervention et pour éviter autant que faire se peut (et si le temps me le permet !) des frustrations de part et d'autre, il est important de rappeler que pour saisir véritablement la teneur ainsi que les tenants et aboutissants de ce qui est rapporté ici, il faut préalablement et impérativement un creuser méthodologique.
 
Le court extrait de ce creuser restitué ici (tout comme "De la nature de l'Être") n'est là que pour vous mettre sur la voie et c'est à vous ensuite, si vous le souhaitez, de cheminer.
Ce cheminement il m'est impossible de le faire à votre place, il m'est tout au plus possible de vous faire gagner du temps, en vous évitant certains écueils et en synthétisant (précisément dans cette intervention !) le penser radical de la philosophie critique (de Parménide à Héraclite et d'Hegel à Heidegger principalement, d'autres en resteront à la périphérie, c'est Hegel qui en tirera vraiment toute la substance) de l'Être en son essentialité primordiale.
 
Mais revenons à votre commentaire proprement dit et remettons en perspective cette interpénétration Logos/Phusis.
 
Dans une approche didactique, ne nous attardons pas sur le "noein" de la forme accomplie du Logos.
L'on peut définir sommairement le Logos de la Phusis de la manière suivante (tout en sachant que cette définition est forcément réductrice et appauvrie par rapport à la richesse et à l'ouverture infinies de ces deux notions essentielles dans la Grèce antique) :
 
Le Logos c'est la parole ET surtout (le plus difficilement intelligible) la rationalité du Monde en tant que rationalité du Monde non pas subjective (c'est à dire celle perçue par l'Homme coupé de son Être) mais la rationalité du Monde comme automouvement du Monde réel qui se déploie lui-même dans son devenir, dans sa Phusis.
 
Le parler en le Logos (qui renvoie à la racine première "lg" (colligo latin) de l'Être à travers l'Homme est le parler juste parce qu'il cueille, il recueille, il accueille (tout comme les chasseurs/cueilleurs) le Logos du mouvement réel du cosmos tel qu'il est.
 
Le parler (en le Logos) qui fait sens ne le fait que pour autant qu'il reçoive et épouse pertinemment en son propre mouvement le mouvement de l'Être lui-même (en sa Phusis) en ne séparant donc point l'unité de l'Être de l'unité de l'Homme. 
 
Saisir le Logos de la Phusis, c'est donc rencontrer la Phusis du Logos en ce que leur dialogue et interdépendance comme connexion dialectique entre la Phusis qui dit la nature logique de l'Être et le Logos qui dit la logique d'être de la nature, sont la permanente présence de l'épanouir humain en la communauté de l'Être dans le constant recueillement de l'éveil à la vie.
 
Ainsi, la parole est bien le penser originel des origines dans lequel la communauté primordiale dit l'Être tel qu'en vérité il se dit lui-même en elle.    
  
Quant à votre approche purement spéculative dans la suite de votre commentaire au sujet des chasseurs/cueilleurs, il me sera difficile de m'étendre davantage.
 
Les différentes études anthropologiques de terrain sur les dernières tribus de chasseurs/cueilleurs préhistoriques encore existantes au 20ème siècle ont déjà fait toute la lumière avec force détails sur leurs us et coutumes, mode d'organisation sociale, caractéristiques fondamentales, etc... Il suffit d'en prendre connaissance.
         
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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
Le 08/08/2022 à 17:51, Kairos a dit :
L'objectif de ce présent sujet est le développement dynamique d'un des fragments de Parménide évoqué ici il y a quelques mois.
 
Mais avant cela, il serait intéressant d'apporter quelques précisions concernant la pseudo opposition entre Parménide et Héraclite, les choses sont en réalité un peu plus complexes que cela...
 
La littérature à ce sujet est une nouvelle fois la formalisation (toujours à son insu !) de son incomplétude chronique par une vision catégorielle systématique, simpliste et aliénée.
 
Parménide serait donc l'homme de l'Être en sa permanence et Héraclite celui du devenir... L'étude des fragments sur la Phusis de nos deux protagonistes sont eux nettement moins statiques et beaucoup plus riches en devenir.
 
Très succinctement : certes de façon relative, Parménide s'est davantage arrêté à la forme de l'Être tandis qu'Héraclite à la forme du devenir mais la forme du devenir héraclitéen désigne en substance l'Être et la forme ontologique de l'Être parménidéen désigne le substrat du devenir.
 
Par conséquent la terminologie reste donc dialectique et la perspective historique ouverte.
L'Être appelle au devenir et le devenir appelle à l'Être dans un dialogue constant entre Parménide et Héraclite, complémentairement et dans une même unité matricielle.          
 
Passons maintenant au fragment de Parménide :
 
Le voici : τὸ γὰρ αὐτὸ νοεῖν ἐστίν τε καὶ εἶναι
... to gar auto noein estin te kai einai ...
 
La traduction basique et statique est la suivante : "car le penser et l'Être sont une même chose."
 
Nous avons ici deux armatures essentielles "noein" et "einai" le "einai" renvoie à Phusis.
La Phusis qui est le devenir infini du croître est ce qui caractérise l'Être.
 
En raccourci pour les besoins explicatifs : l'Être est le devenir infini du croître parce que précisément la richesse de l'Être c'est d'être un auto-développement, l'Être n'est pas immobile, il est la mobilité de sa richesse identitaire telle qu'elle positionne le devenir des Hommes en la nature cosmique de ce qui fait l'histoire de leur parcours existentiel et qui permet de comprendre la réalité ontologique absolue de leur caractérisation fondamentale.
 
Le "einai" qui est la forme "être" en grec renvoie donc à Phusis parce que pour les Grecs "einai" n'a de sens qu'au regard de la Phusis, c'est la Phusis qui positionne "einai" tout comme Héraclite et Parménide : l'un considérait que c'est le devenir qui pose l'Être et l'autre que c'est l'Être qui fixe la cohérence du développement donc la justesse du devenir.
 
Le "noein" renvoie lui à Logos, le Logos c'est la rationalité du Monde en tant que rationalité du Monde non pas sortie de la tête de ceux qui regardent le Monde mais la rationalité du Monde comme automouvement du Monde qui se déploie lui-même dans son devenir, dans sa Phusis.
 
Ce qui fait la logique de ce devenir comme devenir du Monde en la Phusis (parce qu'il n'y a pas de logique hors la Phusis) c'est le Logos.
 
Les chasseurs/cueilleurs ne sont pas dans un rapport d'aliénation appropriative du Monde mais toujours dans un rapport d'humilité en accueillement de ce Monde, en accueillement du Logos du Monde dans sa radicalité universelle qui dit le sens.
 
Le Logos fait sens, ce n'est pas l'Homme en regardant le Monde qui trouve au Monde qu'il y a du sens, le sens nous est donné par le Logos en accueillement de celui-ci.
 
Ce sens est signification et c'est pour cela qu'il est "sapio" et "sapiens", le Logos dans sa forme accomplie exprime donc le "noein" qui est le sens de la signification en même temps que la signification du sens, c'est la destination du Logos, c'est le mouvement par lequel le Logos s'incarne dans le Monde.
 
Dans la trajectoire dialectique de la Phusis, il y a le poser du "noein" sur le Monde comme expression radicale et rationnelle du fait que le Monde a une destination.
 
Le sens du Monde c'est d'appréhender sa destination comme signification ontologique.
 
La logique du Monde ce n'est pas l'Homme qui la découvre avec des appareillages extérieurs au Monde, la logique du Monde comme "noein" de fertilité c'est l'automouvement de la Phusis qui se déploie en le Logos et le Logos comme richesse rationnelle du Monde se matérialise dans la signification.
 
Le "noein" c'est cette matérialisation de signification qui dit l'acte du penser, l'acte du comprendre mais non pas comme subjectivité narcissique mais comme objectivité universelle de l'Être qui communie avec le Monde.
 
Donc le penser juste l'est parce qu'il n'est pas le penser narcissique articulé sur une perception d'opinions ou autres, le penser radical comme "noein", comme signification du Logos, ce n'est rien d'autre que l'Être qui parle en l'Homme et qui fait donc signification.
 
Pas de pensées personnelles, pas de subjectivité narcissique... L'acte du penser radical est l'Être du Monde comme universalité du Logos de la Phusis en le même mouvement d'interaction, dans ce cas il devient l'expression dialectique et historique du mouvement réel.
         
Le penser juste du "noein" n'est donc pas une création du penser personnel, c'est l'automouvement impersonnel du "noein" qui vient éclairer le "sapio", qui vient éclairer la conscience (le corps du désir de mon coeur) comme corps en mouvement de conscience en sa totalité générique, comme unité générique de désir vivre véritable sans séparation corps, âme, esprit, conscience, et c'est cette unité générique de désir vivre qui communie avec le "noein", le Logos, la Phusis comme dialectique d'extériorisation du Monde réel en tant que "noein" en tant que Logos et en tant que Phusis.
 
Donc "to gar auto noein estin te kai einai" :
 
Le penser qui fait signification et l'Être de la signification en tant qu'universalité du vrai, exprime le même mouvement.            
 
Le creusement radical critique ne vient jamais seul et sans "sueurs"... 
Il serait vain d'imaginer que ce fragment de Parménide (et du Logos de la Phusis) n'aurait qu'une très lointaine utilité pratique et actuelle, tout au contraire.
Le déterminisme a eu raison des fidèles traductions des présocratiques comme de l'Histoire mais il n'est pas impossible d'inverser la tendance.
 
Le cas échéant vous pouvez vous en passer pour vivre certes...mais pas sur le chemin de la compréhension de l'unité dialectique du monde complexe aliéné.     

En lisant ce texte, qui est d’une parfaite esthétique, je me souviens de @Maroudijiqui aussitôt, des qu’on parlait de philosophie,  s’en prenait à la philosophie grecque pour dire en résumé, votre philosophie est d’abord une philosophie grecque : ce n’est pas un universel.
 

Il m’agaçait et pourtant je me disais : c’est vrai que nous citons Parmenide,  Heraclite, Platon avec la même componction qu’un islamiste qui cite le Coran. On ironise le musulman qui cite Mahomet, mais qu’elle diffèrence avec l’occidental qui cite Parmenide ? La même soumission. La même incapacité à se dire : et si Parmenide disait in fine des conneries ? Alors que nous n’hésitons pas à dire : Mahomet dit des conneries.  @Maroudijiforçait à réfléchir sur nos prétentions. 
 

Il est nécessaire d’être assez critique pour s’autoriser à se dire : et si Parmenide disait n’importe quoi ? 

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Membre, 65ans Posté(e)
Forumeur accro‚ 65ans‚
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Nietzsche avait pourtant prévenu, même s'il ne fût apte à entendre son triste constat, si tu combats les monstres, gardes-toi à ne pas en devenir un toi-même, si tu regardes l'abîme, l'abîme te regardes ... Ce qu'il dit, c'est que le fait de plonger son regard dans les yeux d'un mort, ne fait qu'ajouter à la misère du monde . Le fait de tenter de s'abreuver du regard d'un vivant, ne fait qu'ajouter à la misère du monde . Tout comme le fait de ne rien faire . L'humanité, ne naissent jamais égaux, il y a des associations contre-nature, faute de moyens, les hommes de l'ombre, ont opté pour éteindre la lumière du soleil, bien qu'ils n'en aient jamais perçu le moindre éclat, les hommes de lumière, ont opté de partager la lumière du soleil, bien qu'ils n'en perçoivent exclusivement que l'éclat . Leur condition, simple, et de petite fortune, a suffit, par contraste, et à défauts, à produire leur corps de rêve, semblable à un cauchemar éveillé, des ombres, planes, mortes, à l'image de leur vécu . Leur condition, complexe, et fortunée, a suffit, par contraste, en leur qualité d'hommes, à étaler à la face du monde, leur corps de rêve, étincelant de mille feux, à l'image de leur vécu . Les autres perçoivent, mais ne captent jamais rien, pires que des macaques enfermés dans une cage, tripatouillant leur sexe, devant un public médusé . L'étendue de l'ignorance de l'humanité, c'est l'ignorance bâtarde, voire crasse, de l'humanité . Nietzsche, évoquait le surhumain . Un marionnettiste, jouant à la poupée, et tentant laborieusement, de réunir la terre, le ciel, par le moyen du futur chimiste, en qui l'on a investi tous les espoirs . Seulement, il manque le plus important . L'énergie . Puisque c'est, je le rappelle, à pied d'égalité, que le combat fait rage . Comment, sinon par le pouvoir du saint esprit, ou de laisse-prie-sein . Seulement, faire un pacte avec le Diable, cela à toujours un prix . Comme tout le monde, à la fin, faudra régler la note . Cependant, faute de moyens, et oui, c'est la misère, la déchéance, la démence, la famine, la banqueroute . Frustration . La rage fait fureur . L'émancipation . À maturité, et c'est apparemment le cas, les mains qui nourrissent, finissent par être dévorées, les lieux d'habitation, finissent par être intégralement détruits, jusqu'à extinction Totale de l'humanité . La soif du pouvoir, comme la soif de vaincre, de même que la lâcheté . 
Le langage, c'est réel ( élémentaire ). Nécessite d'être précis, tu ne peux parler ainsi avec n'importe qui, et encore moins avec des creux, ça gonfle leur orgueil, mais c'est précaire . J'ai choisi Nietzsche à Parménide, davantage de circonstances, s'il s'agit de fragments, par fragments, j'entends connaissances, au pluriel .

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Membre, 35ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 589 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
Le 13/08/2022 à 20:37, Kairos a dit :
Ainsi, la parole est bien le penser originel des origines dans lequel la communauté primordiale dit l'Être tel qu'en vérité il se dit lui-même en elle.    
  
Quant à votre approche purement spéculative dans la suite de votre commentaire au sujet des chasseurs/cueilleurs, il me sera difficile de m'étendre davantage.
 
Les différentes études anthropologiques de terrain sur les dernières tribus de chasseurs/cueilleurs préhistoriques encore existantes au 20ème siècle ont déjà fait toute la lumière avec force détails sur leurs us et coutumes, mode d'organisation sociale, caractéristiques fondamentales, etc... Il suffit d'en prendre connaissance.

Cette approche n'est pas que spéculative.

Considérez un instant les précautions dont les hommes entourent la mort depuis au moins plusieurs centaines de milliers d'années.

La mort est toujours doublée d'un processus symbolique. Très généralement, tant que le corps du défunt est en décomposition, il est frappé d'un tabou et placé dans un lieu à l'écart de la communauté, soit inhumé une première fois, ou caché, en hauteur, sur une plateforme dans un arbre par exemple, en tout cas hors de portée et de vue du plus grand nombre comme des bêtes, le temps que dure la décomposition. Puis une fois que les os sont blancs, c'est-à-dire que son état est stable, on procède à une seconde inhumation, auprès des ancêtres généralement : le mort rejoint la communauté. C'est aussi le moment où les parents du mort sont pleinement réintégrés : fin du deuil, fin de l'isolement, du tabou qui les frappait.

La mise en question que la mort représente pour les êtres humains, ils y ont répondu par des processus qui introduisent un ordre, qui réintroduisent l'évènement dans une trame réglée, prévisible et sensée.

Considérez, encore, le foisonnement des mythes, mettant très généralement en scène la dialectique entre un chaos originel et primordial et une activité ordonnatrice. Considérez l'omniprésence du droit, entendu dans un sens élargi, à commencer par les structures de la parenté.

Le caractère commun à tous ces phénomènes, c'est la médiation symbolique. Les hommes créent un ensemble de significations, de règles, de points de repère qui trouvent leur point de synthèse dans des processus (rituels, juridiques, etc.). C'est encore le sens de l'activité magique qui cherche la maîtrise des forces extérieures. Ou bien, considérez l'énorme travail de divination chez tous nos ancêtres : connaître l'avenir, deviner le sens que vont prendre les évènements, interpréter les signes... Tout ceci n'a de sens que dans une situation de grande incertitude, au regard d'une volonté de maîtrise, dans l'affirmation d'une liberté. Car aussi bien, pourquoi l'homme n'est-il pas resté dans une réceptivité, un accueil parfait, pourquoi n'a-t-il pas vécu dans l'instant pur et sans forme ? Partout nous voyons les traces de ce refus. Si même conflit il y doit y avoir, ce conflit doit suivre une certaine trame, être réglé. Et lorsque l'homme fait face à une absence de règle, lorsqu'il est devant l'inédit, quelque-chose dont il ne peut pas véritablement pas interpréter le sens, son premier souci est de déchiffrer, de créer un terrain de rencontre, un ensemble de médiations possibles.

Mais je n'encombre pas davantage votre sujet et attends avec impatience votre prochain développement sur ce fragment.

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
Posté(e)
Il y a 23 heures, satinvelours a dit :

En lisant ce texte, qui est d’une parfaite esthétique, je me souviens de @Maroudijiqui aussitôt, des qu’on parlait de philosophie,  s’en prenait à la philosophie grecque pour dire en résumé, votre philosophie est d’abord une philosophie grecque : ce n’est pas un universel.
 

Il m’agaçait et pourtant je me disais : c’est vrai que nous citons Parmenide,  Heraclite, Platon avec la même componction qu’un islamiste qui cite le Coran. On ironise le musulman qui cite Mahomet, mais qu’elle diffèrence avec l’occidental qui cite Parmenide ? La même soumission. La même incapacité à se dire : et si Parmenide disait in fine des conneries ? Alors que nous n’hésitons pas à dire : Mahomet dit des conneries.  @Maroudijiforçait à réfléchir sur nos prétentions. 
 

Il est nécessaire d’être assez critique pour s’autoriser à se dire : et si Parmenide disait n’importe quoi ? 

La teneur de votre commentaire, autant dans sa forme que sur le fond, n'a pas précisément de lien direct avec le sujet (une traduction dynamique d'un fragment de Parménide) mais se révèle être une considération approximative et très éloignée de mon thème central.

Pour autant que cette assertion (gratuite au demeurant) puisse faire l'objet d'une réponse de ma part, elle n'a pas sa place ici.
 
Toutefois, sans entrer dans une explication trop digressive et chronophage, il me semble utile de vous donner quelques éléments de réponse qui ne sont que des rappels...
 
Il faut d'abord préciser que mes textes ont toujours mentionné, le peu de fois où il en est question, "le penser radical d'une philosophie critique" qui est donc radicalement et par essence, aux antipodes de la notion même de philo (de salon, de comptoir, de connivence ou la philo des "intellos de l'intellectualisme" ou la "philo philosophienne", etc...) "occidentale", "orientale", communément admise, etc...
 
Il en est de même concernant Parménide, qui n'a jamais été cité en tant que "philosophe" (ni Héraclite, ni Empédocle) mais présocratique, antésocratique voire antisocratique (Socrate et post-socratisme), il faut ajouter qu'Hegel (puisqu'il reviendra à Héraclite et du Tout de l'Histoire en son unité dialectique) non plus.
 
Par ailleurs, il est opportun de rappeler ici que le père fondateur de la "philosophie occidentale" n'est autre que Socrate.
 
Les présocratiques recensés ici étaient avant tout des hommes d'éveil et d'alerte. De leur vivant, jamais ils ne se sont autoproclamés "philosophes occidentaux phares de l'humanité" ! Décidément, les œillères déterministes ont fait dire et écrire beaucoup de "conneries" pour reprendre votre expression.
 
En outre, il a été maintes et maintes fois rappelé dans "De la nature de l'Être" et ailleurs, que la nature Humaine de l'Être qui constitue chaque Être humain ne peut être élucidée et saisie pour ce qu'elle est réellement que par la dialectique historique des longues durées.
À aucun moment il a été fait mention de "philosophie" et encore moins occidentale... (Certes, il est à concéder qu'il aurait été plus judicieux de placer ce fragment dans la sous-rubrique "Inclassables" plutôt qu'ici.)
 
Les présocratiques en tant qu'hommes d'éveil et d'alerte, dans une époque où la mémoire de la communauté primordiale multiséculaire en voie d'extinction est encore suffisamment vive et dans une fracture historique majeur, disent la perte de l'Être de l'Homme en son unité non pas dans un "penser philosophique" (qui tient davantage de "l'impenser post-socratique") solipsiste narcissique mais dans un éclairer conscient du Logos de la Phusis en lien réel avec son advenir historique.
 
Par le très réducteur prisme de la détermination historique, l'on fait dire tout et n'importe quoi aux choses, l'acquis historico-méthodologique permet justement d'éviter l'écueil du "Je pense tout et n'importe quoi donc Je suis" ... (Après ce qui vient d'être relaté, il n'est pas difficile d'en comprendre, et la profondeur, et son inversion spectaculaire en son essence.)
 
Si l'on ne saisit pas l'unité dialectique du Tout historique, l'on ne saisit pas non plus l'unité dialectique du Monde déterminé en son fétiche.
       
Pour des raisons évidentes de cohérence et pour faciliter autant l'accessibilité que la compréhension de ce contenu qui se suffit amplement à lui-même, il ne sera pas nécessaire de prolonger cet échange en dehors du thème central exposé ici, peut-être dans une autre occasion.  
 
Concernant les autres intervenants, il me faut revenir vers vous si tant est que le temps me l'accorde.   
 
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Kairos Membre 58 messages
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Le 14/08/2022 à 23:33, Groseille Trucmauche a dit :

Nietzsche avait pourtant prévenu, même s'il ne fût apte à entendre son triste constat, si tu combats les monstres, gardes-toi à ne pas en devenir un toi-même, si tu regardes l'abîme, l'abîme te regardes ... Ce qu'il dit, c'est que le fait de plonger son regard dans les yeux d'un mort, ne fait qu'ajouter à la misère du monde . Le fait de tenter de s'abreuver du regard d'un vivant, ne fait qu'ajouter à la misère du monde . Tout comme le fait de ne rien faire . L'humanité, ne naissent jamais égaux, il y a des associations contre-nature, faute de moyens, les hommes de l'ombre, ont opté pour éteindre la lumière du soleil, bien qu'ils n'en aient jamais perçu le moindre éclat, les hommes de lumière, ont opté de partager la lumière du soleil, bien qu'ils n'en perçoivent exclusivement que l'éclat . Leur condition, simple, et de petite fortune, a suffit, par contraste, et à défauts, à produire leur corps de rêve, semblable à un cauchemar éveillé, des ombres, planes, mortes, à l'image de leur vécu . Leur condition, complexe, et fortunée, a suffit, par contraste, en leur qualité d'hommes, à étaler à la face du monde, leur corps de rêve, étincelant de mille feux, à l'image de leur vécu . Les autres perçoivent, mais ne captent jamais rien, pires que des macaques enfermés dans une cage, tripatouillant leur sexe, devant un public médusé . L'étendue de l'ignorance de l'humanité, c'est l'ignorance bâtarde, voire crasse, de l'humanité . Nietzsche, évoquait le surhumain . Un marionnettiste, jouant à la poupée, et tentant laborieusement, de réunir la terre, le ciel, par le moyen du futur chimiste, en qui l'on a investi tous les espoirs . Seulement, il manque le plus important . L'énergie . Puisque c'est, je le rappelle, à pied d'égalité, que le combat fait rage . Comment, sinon par le pouvoir du saint esprit, ou de laisse-prie-sein . Seulement, faire un pacte avec le Diable, cela à toujours un prix . Comme tout le monde, à la fin, faudra régler la note . Cependant, faute de moyens, et oui, c'est la misère, la déchéance, la démence, la famine, la banqueroute . Frustration . La rage fait fureur . L'émancipation . À maturité, et c'est apparemment le cas, les mains qui nourrissent, finissent par être dévorées, les lieux d'habitation, finissent par être intégralement détruits, jusqu'à extinction Totale de l'humanité . La soif du pouvoir, comme la soif de vaincre, de même que la lâcheté . 
Le langage, c'est réel ( élémentaire ). Nécessite d'être précis, tu ne peux parler ainsi avec n'importe qui, et encore moins avec des creux, ça gonfle leur orgueil, mais c'est précaire . J'ai choisi Nietzsche à Parménide, davantage de circonstances, s'il s'agit de fragments, par fragments, j'entends connaissances, au pluriel .

 

Bonjour,

Ma première réaction ne sera pas différente de celle signifiée à mon précédent interlocuteur, à savoir : votre commentaire n'est non seulement pas en lien direct avec le sujet évoqué ici mais en plus il s'en écarte allègrement.
 
Dans un deuxième temps, il convient de repréciser mon parcours qui s'inscrit dans la trajectoire de la connaissance dialectique de la rationalité historique pour appréhender le mouvement réel de l'histoire afin de saisir l'histoire réelle de ce mouvement...
 
Au-delà des mystifications historiques, la lutte ontologique universelle de l'Être générique de l'Homme (de l'Être en l'Homme) contre la civilisation domesticatoire de l'Avoir (de l'Avoir en l'Homme) n'a jamais cessé et ne cessera jamais tant que l'Homme n'aura pas recouvré sa naturalité Humaine en son devenir universel conscient (ce qui implique aussi cela va de soi de prendre connaissance des détails et modalités du procès de caducité du mode de production actuel, c'est essentiel !).
 
Dans cette optique le littérateur philosophique de talent très largement diffusé (en général, cela met déjà la puce à l'oreille...) qu'est Nietzsche, dont la volonté de puissance finalement n'est que l'incarnation d'une impuissance de volonté vraie, ne m'est d'aucun secours.
 
Il se trouve que la méconnaissance des présocratiques, elle, est encore plus largement diffusée, et qu'il est encore plus pertinent aujourd'hui qu'hier de les mettre en avant pour ce qu'ils sont réellement, comme eux-mêmes l'ont fait en leur temps dans un cri de funérailles aphoristique sur la perte de l'Être de l'Homme en son mouvement unitaire.
 
En creusement radical de désir vrai des quelques fragments présocratiques sur l'essentialité de l'Être primordial, vous ferez l'économie de lecture d'une bibliothèque entière de pavés indigestes récents et moins récents.
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Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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Le 15/08/2022 à 13:08, Loufiat a dit :

Cette approche n'est pas que spéculative.

Considérez un instant les précautions dont les hommes entourent la mort depuis au moins plusieurs centaines de milliers d'années.

La mort est toujours doublée d'un processus symbolique. Très généralement, tant que le corps du défunt est en décomposition, il est frappé d'un tabou et placé dans un lieu à l'écart de la communauté, soit inhumé une première fois, ou caché, en hauteur, sur une plateforme dans un arbre par exemple, en tout cas hors de portée et de vue du plus grand nombre comme des bêtes, le temps que dure la décomposition. Puis une fois que les os sont blancs, c'est-à-dire que son état est stable, on procède à une seconde inhumation, auprès des ancêtres généralement : le mort rejoint la communauté. C'est aussi le moment où les parents du mort sont pleinement réintégrés : fin du deuil, fin de l'isolement, du tabou qui les frappait.

La mise en question que la mort représente pour les êtres humains, ils y ont répondu par des processus qui introduisent un ordre, qui réintroduisent l'évènement dans une trame réglée, prévisible et sensée.

Considérez, encore, le foisonnement des mythes, mettant très généralement en scène la dialectique entre un chaos originel et primordial et une activité ordonnatrice. Considérez l'omniprésence du droit, entendu dans un sens élargi, à commencer par les structures de la parenté.

Le caractère commun à tous ces phénomènes, c'est la médiation symbolique. Les hommes créent un ensemble de significations, de règles, de points de repère qui trouvent leur point de synthèse dans des processus (rituels, juridiques, etc.). C'est encore le sens de l'activité magique qui cherche la maîtrise des forces extérieures. Ou bien, considérez l'énorme travail de divination chez tous nos ancêtres : connaître l'avenir, deviner le sens que vont prendre les évènements, interpréter les signes... Tout ceci n'a de sens que dans une situation de grande incertitude, au regard d'une volonté de maîtrise, dans l'affirmation d'une liberté. Car aussi bien, pourquoi l'homme n'est-il pas resté dans une réceptivité, un accueil parfait, pourquoi n'a-t-il pas vécu dans l'instant pur et sans forme ? Partout nous voyons les traces de ce refus. Si même conflit il y doit y avoir, ce conflit doit suivre une certaine trame, être réglé. Et lorsque l'homme fait face à une absence de règle, lorsqu'il est devant l'inédit, quelque-chose dont il ne peut pas véritablement pas interpréter le sens, son premier souci est de déchiffrer, de créer un terrain de rencontre, un ensemble de médiations possibles.

Mais je n'encombre pas davantage votre sujet et attends avec impatience votre prochain développement sur ce fragment.

Bonjour,

Vous faites bien de creuser de manière volontariste en questionnement des causes originelles.
Votre commentaire a au moins le mérite de sa cohérence et du lien, même ténu, avec le sujet central.
S'il a été fait mention des chasseurs/cueilleurs ici, c'était pour illustrer vous l'avez compris, l'Être générique de l'Homme en son mouvement d'unité dans un rapport non appropriatif en accueillement du Logos qui dit le Monde réel tel qu'il est.
 
Ce qu'il faut retenir ici d'essentiel, et cela est rappelé maintes fois dans "De la nature de l'Être" c'est que la vie précivilisationnelle ou anti-civilisationnelle a prévalu durant des millénaires et que cette préHistoire est progressivement oubliée adéquatement à la non-vie chosifiée en l'Avoir.
Le détail de tout cela est synthétisé dans mes différentes interventions.
 
Avant toutes les considérations existentielles (et quelles que soient leurs natures) que vous relatez, aussi légitimes soient-elles, l'Homme doit d'abord se nourrir, se loger, se vêtir, bref il doit avant tout subvenir à ses besoins vitaux.
 
Donc bien en amont de tout autre aspect existentiel, cela suppose la production de ces moyens matériels élémentaires d'existence.
 
La production des dynamiques de conscience est donc directement et intimement corrélée à l'activité matérielle de subsistance, de fait conscience et inconscience n'ont pas d'histoire autonome.
 
Ce sont les Hommes dans le développement historique de leur production matérielle et leurs rapports de matérialité sociale qui transforment (via leur conscience) avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée.
 
Par conséquent, c'est la réalité matérielle de l'existence (et elle en tout premier lieu faute de quoi...pas d'existence du tout !) qui détermine la conscience et la conscience qui réagit ensuite sur la vie réelle. La conscience ne se détermine donc qu'en tant que conscience de la production de la pratique sociale humaine uniquement.
 
Mais ici nous parlons bien de l'Homme déterminé par la conscience de sa pratique sociale en tant que matrice originelle des premiers âges de l'humain biologiquement moderne.
 
C'est cela qu'il faut avant tout saisir, l'origine de l'origine de la conscience déterminée par le rapport de production de la réalité matérielle de son existence se développant au fil des millénaires.
 
Il n'y a donc que la piste historique pour retracer le parcours de la production de son rapport social pratique en tant que production matérielle de subsistance comme détermination de sa conscience, et voir à quel moment de cet historique le séisme ontologique dans son rapport de production matérielle et sociale a eu lieu.
 
Et ce parcours nous mène précisément au seuil du Néolithique où les communautés primitives, victimes de leur caractère localiste donc non universel, ne pourront résister au choc concurrentiel de la considérable déflagration des stocks et surplus agricoles du commerce originel.
 
À partir de ce seuil, l'Homme va peu à peu s'aliéner dans son rapport de production matérielle et conséquemment son rapport de matérialité sociale donc sa conscience en l'échange (qui deviendra la valeur d'échange) et le commerce du produire pour l'argent et non plus pour le produire des besoins réels humains. (À ce stade, il faut déjà avoir la définition correcte, c'est à dire non aliénée, de ce qui se cache véritablement derrière l'argent...)   
 
Ma digression déjà conséquente s'arrête ici, ne doutez pas que le déterminisme historique de notre conscience est à l'œuvre depuis déjà si longtemps, qu'il faut un temps d'assimilation important pour ne serait-ce que tenter de le cerner.
 
Comme forme d'ébauche explicative sans dénaturer le fond, l'on ne peut faire guère plus simple et concis, il vous appartient d'aller plus loin en creusement critique et conscience lucide.
 
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