Promenades, promenades

LE FAUTEUIL SUR LE PONTON...

Un autre hier, je faisais de la trottinette autour du grand lac. Temps sec, givre ensoleillé : du vivifiant qui débarbouille mon petit matin de ses dernières velléités de sommeil.

Le lac est immense, y en a même plein de petits autour. Il y a une base nautique et une plage dans un coin et,  aujourd’hui, frondant l’espace liquide, quelques voiles et embarcations sont de sortie au loin.

Et même si la fréquentation piétonnière est quasi-nulle, je m’éloigne cependant le plus possible des zones réservées au grand public, préférant goûter aux profondeurs désertiques des petits pontons secrets, emmitouflés d’une verdure très dissuasive et quelquefois totalement ignorés des chalands !

Les accès en sont même souvent devenus quasiment impossibles. Mais je m’en fiche, j’suis vêtue et chaussée rustique, ça ne m’arrête pas !
J’ai mon sac à dos, mes deux mandarines, ma bouteille d’eau, l’APN magique et ma trottinette est pliable.

Là, j’arrive à un des mes coins le plus reculé et le plus définitivement oublié ! Il faut le savoir que se cache là, un ponton derrière la végétation envahissante.
Que je pensais !   Visiblement la rampe a été dégagée sommairement et même s’il reste invisible aux regards distraits, mon petit ponton patapon a connu une invasion récente !

Bah, ça me contrarie bien deux secondes mais, partant du principe que mon appropriation n’est pas non plus très orthodoxe, j’oublie le désagrément pour m’enfoncer aux buissons restants et m’asseoir au plancher vermoulu et moussu pour tenter deux trois photos.
Ben là, quand j’y arrive, j’en reste comme deux ronds de flan !

Posé près d'un des gros piquets planté dans la berge et planqué au feuillage, ……….. y a un fauteuil roulant !

Vide !…

Ben vous avez quoi ? Je ne me pose pas vingt mille questions quant à sa présence ! Ça me semble simplement évident : quelqu’un de bien décidé est venu là, tranquille et volontaire et dans l’intention absolue de ne déranger personne, a quitté son fauteuil de contrainte pour gagner l’éternité lacustre !

Ça fait un choc quand-même la découverte du fauteuil vide qui étincelle ses chromes sous la verdure !

Y a une écharpe qui le retient au piquet. Pour préserver un matériel qui peut encore servir, j'en suis sure. Un altruiste, mon copain suicidé.
Je jette un œil alentour, appréhendant malgré tout de voir soudain émerger une main qui voudrait me faire partager la noirceur des abysses ! Je rigole bêtement mais bon, la vie a beau être dure, je me sens bien d’en profiter encore un peu à l’air libre et vivant, moi !

Cependant, je ne veux en aucun cas contrarier les dernières volontés de solitude, de calme et d’aspiration à la paix qui me semblent émaner de l’endroit… Ce n’est pas moi qui sonnerais le tocsin du retour aux bruits, à l’affolement, à la brisure de sérénité si simplement imposée!
Je me recule, pudique, respectueuse. Détentrice, complice, lectrice d’un message sacré !

Ben oui, tout moi, ça ! Pas loin de la sainteté médiumnique en toute modestie autoproclamée !

Sauf que !...
Une fois dépliée ma trottinette pour un recueillement d’usage et regagnant une perspective en hauteur plus propice au regard général sur le lac… je vois s’approcher de mon ponton… un canoë !
Un de ces grands canoës à trois places, débordant des voix, des rires et des gestes des trois humains l'occupant.
Sacrilège !
Le forfait suicidaire va être découvert et les gyrophares ne vont pas tarder à investir la place.

Désolée, l’ami…

Sauf que…
Le canoë s’éloigne du ponton… avec plus qu'une seule personne à son bord ! Organisation immédiate des recherches ? Répartition des tâches ? L'un cherchant alentours, l'autre plongeant (ben voyons, je n'suis pas à ça près) et l'autre pagayant vers le poste de secours...
J’en suis là de ma réflexion intense sur la question de ma réaction adaptée, là, tout de suite,  avec la découverte du "pot au Feu", quand je vois tout à coup, émergeant des buissons, à grands coup de « allez, allez, allez ! »,… un fauteuil roulant !
Plein !
Je veux dire « occupé ». Y a une dame hilare, dedans ! Et derrière un monsieur essoufflé, mais hilare aussi, qui pousse !

Trop fort ! Ma suicidée est pleine de pétillance qui vibre. Et le sourire/bonjour qu’ils me lâchent au passage, les deux, m’affirme bien que la pétillance est partagée.

Je remise sans amertume mon lyrisme intuitif si tellement certain et évident qui m’apparait soudain dans toute l’absurdité de son romantisme ridicule de désespérance échevelée ... et je reprends ma trottinerie interrompue !…

Et je me félicite de ma solidarité silencieuse, pour le coup. Parce que si le ridicule ne tue pas, je préfère en garder la leçon bénéfique rien que pour moi.

Puis aujourd'hui, y a prescription...

il y a 46 minutes, Elfière a dit :

Puis aujourd'hui, y a prescription...

Super, j'ai beaucoup aimé la balade...

Merci, Enchantant.

C'est une histoire vraie. Et ce fut réellement une bonne leçon  pour l'évolution de ma vision étriquée du handicap. En voyant le fauteuil vide, je n'avais pas été étonnée de la voie que je supposais avoir été choisie par mon pseudo-suicidé. Sans doute parce que je ne m'imaginais pas choisir autre solution à la place de l'immobilisé forcé. Une évasion évidente d'une prison de "malheur"!

Ben, je me trompais. Certes, coincée dans son fauteuil, ma "résurrectionnée" respirait le bonheur de simplement vivre son présent dans les possibilités offertes, en l'occurence, ce jour là, une épopée-canoë avec deux complices moins bêtes que moi . J'avais réduit son univers à la douleur de la prison. Elle me prouvait, par un pied de nez éblouissant à mes certitudes, qu'elle se foutait bien de ma pitié mal placée.

Merci, belle dame.

Une autre histoire vraie...
J'aime bien le matin de très bonne heure...(je sais, je l'ai déjà dit...)

Une impression de calme puissant, un moment où tout parait envisageable, tout neuf. Un moment où tu es parfaitement "certain(e)" que tes certitudes de la veille ne valent rien et que tu es "juste à l'heure" où tu peux trouver LA VERITE!!!
Pendant que vous dormez tous, bananes!
J'suis un peu feignasse ce matin, là...
Je vais garder mon énergie pour sillonner les sentiers sauvages rincés de la pluie de la nuit...

La veille, j'ai écouté des gens débattre de leur Foi...
Dieu, Dieux, la foi, les doutes et les certitudes... ben, moi, je ne suis sûre de rien!!! Vais continuer à observer le monde et à l'écouter vivre et à l'écouter s'écouter vivre. Des fois, ça me passionne, des fois ça m'ennuie à un point...
Je n'ai aucune disposition pour la croyance ou la crédulité ne m'attachant qu'à la crédibilité...
Vous avouerez quand même que toutes ces entités proposées sur le marché de la foi sont "limite limite" pour ce qui concerne le domaine de la crédibilité...
Bon d'accord, faut y mettre de la bonne volonté... nous faudrait un p'tit miracle de temps en temps... mais on a pas grand chose à se mettre sous les crocs...
Et puis, je me connais... Tu me colles un supposé-miracle sous le nez et je vais commencer à chercher comment ils ont fait pour réussir les "effets spéciaux" et soulever la jupe des apparitions pour trouver les fils des branchements...
Et pour ceux qui pensent que je suis une fausse sceptique, qu'ils prient pour moi, ça peut pas faire de mal. On est Dimanche , non?

Donc...  Pied de nez matinal aux accrocs de la couette, puis comme d'hab, je chausse mes galoches, prends mon chien et l'appareil photo et je m'en vas battre ma campagne........... Me restais quelques bribounettes de cet énième débat pour rien et souriais sous ma pélerine en songeant à Lourdes et autres Fatima...

QUAND SOUDAIN...........!!!!



V'là qu'i me poussait des croix sur MES troncs païens......!!!!
Circonspecte, j'inspectais l'aspect suspect, le plexus crispé...



La croix s'accrochait, C'était trop! J'y croyais!
Je me dis, Marie (en plus avec un prénom comme ça, je devrais avoir des prédispositions...), t'as qu'à faire comme si de rien n'était.... continue ton chemin... Mécréante tu es, mécréante tu restes... Amen!............. Zut : AH MAIS!

Je fais quelques pas.......... Puis j'entends : "Psssit.......... Marie, coucou........ Marie"... (Bon, pour le coup des "voix", c'est pas vrai, hein.?.. c'est pour ajouter à la crédibilité et pouvoir vendre mes statuettes baromètres bénies après...)
Je me retourne dérechef (j'aime bien "dérechef"...)
ET!!!! DAMNED!!! (mince, "damned", c'est pas très heureux, là!!!)




Devais-je en croire mes mirettes éblouies, que j'écarquillais sans ciller????

Photos prises, ce matin là, à 200 mètres de chez moi...
Vous avouerez.......???

Bon! Pour les pélerinages, me contacter en M.P., siouplaît!!!...
 

Promenade pré-printanière (reprise)

Bluette à l'eau

Un sourire parapluie
Arc-en-ciel hésitant
Des flaques qui pépient
Quand tu cliques dedans.

T'as du bleu dans ton gris
Et du vert sous ton blanc
Et des oiseaux qui fuient
L'averse en s'amusant.

Des nuages brebis
Gambadent en tricotant
Des mailles en friselis
Dans ton ciel frissonnant

Une pâquerette hardie
Accepte en minaudant
D'un jaune pissenlit
Un baiser en coup d'vent

Du fossé tout fleuri
S'échappe en chuchotant
Le clair d'une eau qui bruit
Ses grelots impatients

Chanson de jour joli
Qui s'écrit sur les champs
En dissipant l'ennui
D'un hiver qui fout l'camp.

BEHUARD AU FIL DE L'EAU (février 2013)

Le village est sur une presqu'île, léchée en tous temps par la Loire paresseuse et il lui arrive souvent, à cette curieuse de s'inviter carrément jusque dans le salon des villageois!

Je mets quelques photos pas très jolies parce que la lumière n'était pas au rendez-vous...
































Et je trouvais, à croiser les villageois, que leur mine restait très sereine. Ils étaient souriants, joviaux, avec leurs cuissardes et leurs perches pour faire avancer leurs "plates" dans les ruelles liquides et puis... je suis tombée sur ça :

Alors, bah, j'ai compris!




















































Sur la dernière, l'eau est sous les plantes dans le salon!

Alors, cette année, ben, Les Béhuardistes... ils rigolent!!!

LOIRE BUISSONNIERE

Marre des chateaux
Qu'elle regarde d'en bas
Epinglés à ses côteaux
Pendant que le pèquenot
Lumix à bout de bras
Perché sur un créneau
La regarde de haut !!!

La Loire, très remontée,
A décidé
De se promener
... à pieds!


Non mais ho!
Hop-là!


 

REFLETS

J'adore les flaques, les gouttes, les ornières, les creux des feuilles... Tous ces petits ou grands réceptacles qui nous plongent dans une vision différente et infinie du monde réel...
 

 

 

 

 

C'est superbe, j'adore ces photographies de reflets...

Certaines ont juste assez d'ondulations pour donner l'impression que l'on hésite, et l'on se demande alors : est-ce bien une photo ou est-ce une peinture ? - comme par exemple la deuxième et la quatrième. J'aime bien le fait que ça signifie que tu y as comme capturé le flouté de l'imagination.

Et puis le dernier reflet a des airs d'un mage en pleine conjuration...

Le 12/04/2021 à 17:46, Criterium a dit :

C'est superbe, j'adore ces photographies de reflets...

Certaines ont juste assez d'ondulations pour donner l'impression que l'on hésite, et l'on se demande alors : est-ce bien une photo ou est-ce une peinture ? - comme par exemple la deuxième et la quatrième. J'aime bien le fait que ça signifie que tu y as comme capturé le flouté de l'imagination.

Et puis le dernier reflet a des airs d'un mage en pleine conjuration...

La nature est définitivement plus grande dans ses reflets. Plus mystérieuse aussi. Un autre monde vaste, vierge, préservé. Les couleurs y sont aussi plus vives, plus marquées et je suis sûre que certaines sont inédites de notre côté...

Hier :

Citation

Et puis le dernier reflet a des airs d'un mage en pleine conjuration...

CHUUUUUUUUUUUUUT   !!!  ..............

À nouveau superbe, et à nouveau la première photo donne l'impression d'une peinture, avec des flous très calculés ! — Sur ces deux photos, on a l'impression que les couleurs sont encore plus franches ; est-ce que tu en as augmenté un peu la saturation ?

(Chut !) 

Je me suis amusé à faire ça :

Il y a 1 heure, Criterium a dit :

À nouveau superbe, et à nouveau la première photo donne l'impression d'une peinture, avec des flous très calculés ! — Sur ces deux photos, on a l'impression que les couleurs sont encore plus franches ; est-ce que tu en as augmenté un peu la saturation ?

(Chut !) 

Oh oui! Au retour de ma promenade, j'ai été bien déçue en regardant mes photos. Quasiment toutes surexposées. Il faut dire que mes yeux clairs supportent difficilement les grosses lumières et que le soleil était très généreux et.... que j'avais oublié mes lunettes de soleil!!! Donc, pratiquement impossible pour moi d'ouvrir les yeux complètement et même en les plissant, je n'ai pu rectifier mes règlages sur place. Mon petit logiciel de retouche m'a aidée à sauver les meubles. Le "flou très calculé", j'avoue, c'est lui aussi.

Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

Je me suis amusé à faire ça :

 

J'aime mieux sans les "gribrouillons" du bas. Là , on a une impression de neige. Mais même comme ça... j'suis pas fan.

Il y a 2 heures, Elfière a dit :

 

J'aime mieux sans les "gribrouillons" du bas. Là , on a une impression de neige. Mais même comme ça... j'suis pas fan.

Justement : le haut n'était pas assez gribouillis !

L'idée c'était que le reflet est plus réel que le réel. plus "vrai" ça m'a donné des idées...

N'empêche, je préfère quand tu utilises tes vrais pinceaux.

BESTIOLES

Je me suis dit qu'elles valent bien un post  à elles toutes seules, ces micro-macro créatures qui se posent au hasard de mes photos...

En général, je ne les cherche pas, elles apparaissent à mon regard qui se "pointufie" sur la fleur, l'herbe, les gouttes qui m'ont attirées...

A chaque fois, elles finissent par voler la vedette...

LA PUE-NIAISE

Elle m'a fait penser aux scaphandriers de "vingt mille lieues sous les mers" (sans le charme ineffable de Kirk Douglas...)...

Conte gouttes...

 

C'est la station spatiale de la pue-niaise ! Il doit y avoir un sas quelque part dans cette entité maquillée en fleur mais dont on voit bien l'aspect étrange et inhumain... 

.