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La Gaule romaine au temps de la Pax Romana.


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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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La Gaule romaine au temps de la Pax Romana.

 

lugdunum-gravure.jpg

Après la conquête par César, l’ensemble de la Gaule passe durablement sous la domination de Rome. Malgré quelques dernières révoltes, la Pax romana s’installe dès le principat d'Auguste et la Gaule romaine devient rapidement l’une des plus prospères provinces de l’Empire romain. En deux siècles, le paysage de la Gaule se transforme. La campagne s’organise, le pays se pare de cités nouvelles, les architectes implantent routes et monuments. La romanisation semble acquise. Ces deux siècles donnent une impression de prospérité : agriculture et artisanat se développent, les échanges sont fructueux. Pourtant de réelles difficultés apparaissent peu à peu, signes avant-coureurs des grandes crises ultérieures.

La Pax Romana en Gaule

La Gaule se relève lentement de l’épreuve de la guerre ; César oriente sa politique dans deux directions : d’une part, il prévoit, en Gaule du Sud surtout, l’installation d’anciens soldats, des vétérans, dans des colonies militaires qui doivent assurer le contrôle du pays et constituer des foyers de romanisation : c’est le cas de Narbonne, de Fréjus, de Béziers, d’Arles et d’Orange ; d’autre part, il s’assure l’appui des notables gaulois. Certains l’avaient aidé pendant la conquête, d’autres l’ont soutenu au cours de la guerre civile qui l’a opposé à Pompée ; il en fait des citoyens romains à qui il donne son nom, Caius Julius. Ainsi se constitue ce qu’on a pu appeler “une noblesse des Julii “, sur laquelle prend appui son successeur, Auguste.

 

auguste-statue.jpg

Lorsque Auguste, après avoir éliminé Antoine à Actium en 31 av. J.-C., met en place le principat, il prend soin de diffuser un certain nombre de thèmes idéologiques porteurs d’espoir et de confiance. Les guerres civiles antérieures à la prise du pouvoir par Octave, le futur Auguste, ont été si longues et si meurtrières qu’il est indispensable de rassurer les populations de l’empire. Auguste promet la paix et fait de cet objectif un véritable programme politique. C’est la Paix romaine, en d’autres termes, la soumission à la loi romaine. À Rome est construit l’Autel de la Paix, qui commémore la pacification définitive de la péninsule Ibérique. Dans toutes les provinces, on érige aussi des autels rappelant aux provinciaux que le temps de la guerre est achevé et qu’une ère nouvelle commence, celle de la Paix d’Auguste.

L’action du nouvel empereur se manifeste en de nombreux domaines. Il importe tout d’abord de pacifier, ce qui veut dire, en réalité, éteindre par la force les ultimes foyers de résistance qui, sporadiquement, se rallument. L’empereur fait intervenir son gendre Agrippa, qui, en quelques batailles, élimine les opposants, en Aquitaine notamment. A plusieurs reprises, Auguste vient lui-même en Gaule apaiser les troubles, fréquents encore, dans les zones limitrophes.

L’empreinte d’Auguste

Le territoire est divisé en provinces réparties en deux ensembles. D’un côté, l’ancienne province de la Gaule Transalpine, délimitée par les Pyrénées, les Cévennes, les Alpes, la Méditerranée, et dont la vallée du Rhône constitue l’axe médian ; désormais appelée Narbonnaise, elle est placée, comme à l’époque républicaine, sous le contrôle du sénat. De l’autre, l’ensemble des Trois Gaules, formé de trois provinces gouvernées par des légats nommés directement par l’empereur : l’Aquitaine, dont la frontière septentrionale est portée jusqu’à la Loire ; la Lyonnaise, entre Seine, Loire et Marne ; la Belgique, qui occupe tout le nord du pays. Chacune de ces provinces est divisée en cités.

 

carte-gaule-romaine.jpg

Cet ensemble des Trois Gaules a une capitale fédérale qui fait l’objet de tous les soins d’Auguste et qui est localisée à Lyon. Sur ce site de carrefour, occupé très tôt par les Celtes, avait été fondée sur la colline de Fourvière en 43 av. J.-C. une colonie militaire romaine : Lugdunum. La progression rapide de cette colonie est due en partie au centre de commerce qui se développe au confluent de la Saône et du Rhône. Mais c’est à l’empereur Auguste que Lyon doit l’importance de son rôle politique. La cité est promue capitale des Trois Gaules. Elle devient le lieu de rassemblement annuel des délégués de toutes les cités gauloises, qui y traitent de l’ensemble des problèmes provinciaux. Ces assemblées, sous une autre forme, préexistaient d’ailleurs à la romanisation.

Ainsi, avec un sens politique remarquable, Auguste investi au profit de sa politique et de celle de Rome, les anciens organes de pouvoir de la Gaule indépendante. Il fait en outre de la ville un pôle centralisateur dont témoigne, de manière magistrale, le réseau routier conçu par Agrippa : de Lyon partent en étoile les grandes voies vers le Nord, le Nord-Est et la frontière rhénane, vers l’Est et les cols alpins, vers le Sud et la Méditerranée, vers l’Ouest et le Massif central. Enfin, Lyon est la capitale du culte officiel rendu à Rome et à Auguste. Très tôt, le culte impérial s’est mis en place dans le cadre municipal, comme le montre la Maison Carrée de Nîmes ou le temple d’Auguste et de Livie à Vienne. Ce culte renforce le pouvoir de l’empereur en même temps qu’il favorise l’intégration des provinciaux.

L’action d’Auguste se porte aussi sur la Gaule méridionale. L’urbanisation, déjà bien avancée au Ier siècle av. J.-C., s’accélère grâce à des mesures nombreuses : fondations et renforcement des colonies, octroi d’un statut juridique plus favorable (le droit latin), financement de travaux édilitaires : il offre un rempart aux cités de Vienne et de Nîmes et subventionne la construction des théâtres d’Arles, d’Orange et de Vienne.

Résistance et intégration

Pourtant, la Gaule, au cours du Ier siècle apr. J.-C., est secouée par des révoltes dont il n’est pas aisé, faute de sources, de comprendre les finalités. Les premières éclatent sous Tibère, en 21. Elles sont relatées par Tacite, qui met en évidence une question particulièrement grave, celle des dettes. C’est parce qu’elles sont écrasées par des impôts trop lourds et parce qu’elles sont obligées de s’endetter que les populations de la vallée de la Loire, les Trévires et les Éduens prennent les armes. Leur mécontentement est d’autant plus grand qu’ils bénéficiaient auparavant d’immunités fiscales que l’empereur Tibère, confronté à une grave crise financière, a dû lever. Ces révoltes, dirigées par des nobles gaulois romanisés, éclatent surtout dans le Nord et le Nord-Est ; elles sont fortement réprimées par les légions romaines, venues de la frontière rhénane.

Une autre révolte est fomentée, près de cinquante ans plus tard, en 69-70, dans des conditions très différentes puisqu’elle est due, à l’origine du moins, à la crise qui affecte le régime impérial lui-même, affaibli sous le règne de Néron. Il est possible, toutefois, de repérer au sein de ce mouvement complexe l’expression de sentiments anti-romains nettement affirmés. On sait que des paysans éduens (huit mille, disent les sources) suivent un Celte Boïen, Mariccus, qui, évoquant l’oppression des Romains, se présente comme le « libérateur des Gaules ». L’entreprise est sans suite, puisque, arrêté par les magistrats d’Autun, Mariccus est exécuté. Elle n’en est pas moins significative par l’écho qu’elle a rencontré dans les milieux ruraux. Malgré ces résistances sporadiques, le sentiment dominant est celui d’un attachement à Rome, plus particulièrement dans les classes dirigeantes.

Source et suite.

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Membre, 75ans Posté(e)
boeingue Membre 23 346 messages
Maitre des forums‚ 75ans‚
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Boeinguix informe la population  qu'un village gaulois situé en Bretagne ,résiste toujours , à l'envahisseur romain !

 

il semble que les  courageux  guerriers aient trouvé  quelque boisson fortifiante !

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 42ans Posté(e)
sovenka Membre 8 407 messages
42ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
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Après les Romains les Germains ont pris le pouvoir. 

Je me demande à quoi aurait ressemblé la Gaule aujourd'hui si les Romains n'avaient pas vaincu les Gaulois (et par la suite les Germains donc). On aurait parlé une sorte de gaélique ? Les hommes auraient porté des kilts comme en Ecosse ?

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Membre, 43ans Posté(e)
Dedictio Membre 2 014 messages
Forumeur vétéran‚ 43ans‚
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Bonsoir, et merci pour le sujet.

Présentation de vulgarisation, synthétique et efficace.

Pour nourrir le sujet, on pourrait tout de même opposer que la romanisation n'a pas commencé avec l'achèvement de la Guerre des Gaules, mais dès lors que Massilia fut fondée et catalyseur des échanges entre "la Gaule" et le bassin méditerranéen. Nuançons d'abord : c'est une diffusion de la culture gréco-romaine. Les gaulois, de tradition orale, usaient par exemple du grec pour les comptabilités commerciales. La création de la via Domitia (-118) fut un moment clef dans la romanisation de ces territoires. Nuançons encore : les romains se sont largement appuyés sur des réseaux routiers déjà existants, les rendant plus carrossables autant pour le commerce qu'au cas où pour les troupes.

Petite confusion dans l'article entre ville, cité et civitas. Auguste réorganise ses provinces en regroupant les multiples tribus sur le modèle gréco-romain de la civitas : une entité administrative avec un centre (souvent une tribu) et des périphéries. Ainsi par exemple, les Pictions absorbent Ambilatres et Anagnutes au Ier siècle : il s'agit de simplifier l'administration du territoire et de romaniser par la promotion civique, c'est-à-dire donner des droits et avantages en échange de gages de romanité ou en récompense de services rendus. Cette carotte intégratrice devient caduque en 212 avec l'édit de Caracalla qui accorde la citoyenneté à tout homme libre dans l'Empire. Ce qui n'arrange certainement pas les problèmes soulevés par les autres troubles évoqués.

Pour le reste, l'article met très bien en lumière l'originalité de la civilisation gallo-romaine qui prit son propre chemin culturel, entre héritages et acculturation, et perdurera après la chute de l'Empire romain d'Occident.

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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Il y a 2 heures, sovenka a dit :

Après les Romains les Germains ont pris le pouvoir. 

Je me demande à quoi aurait ressemblé la Gaule aujourd'hui si les Romains n'avaient pas vaincu les Gaulois (et par la suite les Germains donc). On aurait parlé une sorte de gaélique ? Les hommes auraient porté des kilts comme en Ecosse ?

Il y'a bien eu un village ( Uxellodunum) qui a résisté aux Romains(Seulement quelques mois)et c'est Jules César en personne qui s'était déplacé et commandait les opérations de la prise du village.

Se situant dans une zone aride, le stratège a eu l'idée de couper l'unique source par laquelle les villageois et leurs bétails s'en abreuvèrent .

Résultat des courses, beaucoup de bêtes et des hommes mourraient de soif.

Les Romains pour qui la victoire était inéluctable constata l'affaiblissement des Gaulois.

N'ayant pas réussi à repousser leur ennemi malgré leurs grandes résistances,les Gaulois finirent par se rendre.

Ce fut un terrible châtiment pour servir de leçon aux Gaulois.

Sur la pierre de Martialis figurait une inscription écrite en caractères latins mais en langue celtique .

 

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Membre, Posté(e)
castet-barou Membre 2 247 messages
Mentor‚
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Il y a 13 heures, Dedictio a dit :

Bonsoir, et merci pour le sujet.

Présentation de vulgarisation, synthétique et efficace.

Pour nourrir le sujet, on pourrait tout de même opposer que la romanisation n'a pas commencé avec l'achèvement de la Guerre des Gaules, mais dès lors que Massilia fut fondée et catalyseur des échanges entre "la Gaule" et le bassin méditerranéen. Nuançons d'abord : c'est une diffusion de la culture gréco-romaine. Les gaulois, de tradition orale, usaient par exemple du grec pour les comptabilités commerciales. La création de la via Domitia (-118) fut un moment clef dans la romanisation de ces territoires. Nuançons encore : les romains se sont largement appuyés sur des réseaux routiers déjà existants, les rendant plus carrossables autant pour le commerce qu'au cas où pour les troupes.

Petite confusion dans l'article entre ville, cité et civitas. Auguste réorganise ses provinces en regroupant les multiples tribus sur le modèle gréco-romain de la civitas : une entité administrative avec un centre (souvent une tribu) et des périphéries. Ainsi par exemple, les Pictions absorbent Ambilatres et Anagnutes au Ier siècle : il s'agit de simplifier l'administration du territoire et de romaniser par la promotion civique, c'est-à-dire donner des droits et avantages en échange de gages de romanité ou en récompense de services rendus. Cette carotte intégratrice devient caduque en 212 avec l'édit de Caracalla qui accorde la citoyenneté à tout homme libre dans l'Empire. Ce qui n'arrange certainement pas les problèmes soulevés par les autres troubles évoqués.

Pour le reste, l'article met très bien en lumière l'originalité de la civilisation gallo-romaine qui prit son propre chemin culturel, entre héritages et acculturation, et perdurera après la chute de l'Empire romain d'Occident.

Massilia ne fut pas fondée puisqu'elle existait déjà en tant que cité grecque sous le nom de Massalia et avait déjà depuis plusieurs siècles des échanges commerciaux avec le bassin méditerranéen et la Gaule, Marseille à eu le nom de Massilia quand elle a perdue son indépendance avec Jules césar.

Les Pictions peuple gaulois ? , vous voulez parler des Pictons ?. Bonne journée. 

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Membre, 43ans Posté(e)
Dedictio Membre 2 014 messages
Forumeur vétéran‚ 43ans‚
Posté(e)

ok ok il y avait deux coquilles. Bonne journée.

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