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Juan Carlos quitte l'Espagne, par la toute petite porte ...


Peyo

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)

 

Installé par Franco mais acteur de la transition démocratique, celui qui fut roi d’Espagne entre 1975 et 2014 choisit l’exil pour sauver la monarchie de la vindicte populaire, après la révélation de ses frasques affairistes. La gauche tente de prendre l’avantage.

 

Son nom est aussi long que son image est ternie. Juan Carlos Alfonso Victor Maria de Bourbon et Bourbon, dit Juan Carlos Ier, roi d’Espagne de 1975, après la restauration de la monarchie préparée par le dictateur Franco, à son abdication en 2014, vient de quitter le pays en jet privé, sans doute, mais par la toute petite porte.

En plein cœur de l’été, alors que l’Espagne n’est pas sortie de la pandémie de Covid-19 qui a semé la mort et la désolation, le palais royal, occupé par son fils Felipe VI, a publié, lundi soir, un communiqué de la main de Juan Carlos annonçant son exfiltration vers une destination inconnue, mais, selon la presse hispanique, pas trop désagréable : un palace en République dominicaine ou à Estoril, au Portugal. Revendiquant une décision prise « avec une profonde peine, mais une grande sérénité », l’ex-monarque dit agir de la sorte « avec la même ardeur que pour servir l’Espagne lors de (son) règne, et devant les conséquences publiques de certains événements passés de (sa) vie privée ». En somme, à l’entendre, c’est bien pour l’Espagne – réduite, toutefois, à sa monarchie – que Juan Carlos est prêt à s’effacer et disparaître…  qiotasession.gif?ts=1596566261

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Invité PINOCCHIO
Invités, Posté(e)
Invité PINOCCHIO
Invité PINOCCHIO Invités 0 message
Posté(e)

Bizarre qu'ils est mis tant de temps pour s'apercevoir qu'il trompait son monde celui là, corrompu jusqu'à la moelle et laissé en place , tout ces monarques s'en mettent dans les poches, ça fait aucun doute là dessus, lui le fidèle de Franco, celui qui bastonnait son peuple et qui l'a mis à sa place, personne s'en plaignait de Juan Carlos, avec la liberté retrouvée.

 C'est encore une page d'histoire qui se tourne chez les Espagnols :cool:

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Membre, 71ans Posté(e)
new caravage Membre 35 080 messages
Maitre des forums‚ 71ans‚
Posté(e)

Quand des militaires ont essayé de ressusciter le fascisme c'est le message du roi qui a sauvé la démocratie ne l'oubliez pas .

 

                            

 

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 004 messages
78ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Pas de guillotine ?

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, PINOCCHIO a dit :

Bizarre qu'ils est mis tant de temps pour s'apercevoir qu'il trompait son monde celui là, corrompu jusqu'à la moelle et laissé en place , tout ces monarques s'en mettent dans les poches, ça fait aucun doute là dessus, lui le fidèle de Franco, celui qui bastonnait son peuple et qui l'a mis à sa place, personne s'en plaignait de Juan Carlos, avec la liberté retrouvée.

 C'est encore une page d'histoire qui se tourne chez les Espagnols :cool:

 

 

Oui, une page d'histoire sombre

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, new caravage a dit :

Quand des militaires ont essayé de ressusciter le fascisme c'est le message du roi qui a sauvé la démocratie ne l'oubliez pas 

 

ça ne l'obligeait pas à devenir un roi ripoux, et puis un roi en a-t-on encore besoin  ?

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Invité PINOCCHIO
Invités, Posté(e)
Invité PINOCCHIO
Invité PINOCCHIO Invités 0 message
Posté(e)
il y a une heure, Talon 1 a dit :

Pas de guillotine ?

Le garrot , Achille , le garrot :rolle:

Application de la peine de mort en Espagne. Exécution d'anarchistes par garrot, 1892, Jerez de la Frontera.

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kinobunika joy Membre 3 950 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 7 heures, PINOCCHIO a dit :

personne s'en plaignait de Juan Carlos, avec la liberté retrouvée.

Pinocchio bonjour,

comme vous avez raison, certes il est a classé maintenant dans  la colonne "grandeur et décadence" mais comme il est dit pendant près de 39 ans soit de 1975  à 2014 année lors de laquelle son fils a pris sa suite, il a eu un rôle décisif dans la transition démocratique espagnole, il a été le tombeur du fascisme, le défenseur de la démocratie et a été aux commandes du développement de l'Espagne.

En 81 lors de la prise des Cortès par Tejero il a été couvert de louanges en rendant service à son pays.

Bon d'accord, il aimait trop les femmes, l'argent( il y a du Français là dedans quoi d'étonnant pour un descendant de Louis XIV) il aimait  la chasse aux éléphants,(d'accord, Louis XIV chassait le cerf car il n'y avait pas d'éléphant dans les forêts autour de Versailles..mais il aurait pu si il y en avait eu:hehe:) maintenant qu' il est à moitié impotent, et gateux, à quoi ça sert de tirer sur l' ambulance fusse t elle royale ?

C'est fou ça comme partout le "petit peuple est ingrat".....:p

Belle après midi à vous.

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Invité PINOCCHIO
Invités, Posté(e)
Invité PINOCCHIO
Invité PINOCCHIO Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 2 heures, kinobunika joy a dit :

Pinocchio bonjour,

comme vous avez raison, certes il est a classé maintenant dans  la colonne "grandeur et décadence" mais comme il est dit pendant près de 39 ans soit de 1975  à 2014 année lors de laquelle son fils a pris sa suite, il a eu un rôle décisif dans la transition démocratique espagnole, il a été le tombeur du fascisme, le défenseur de la démocratie et a été aux commandes du développement de l'Espagne.

En 81 lors de la prise des Cortès par Tejero il a été couvert de louanges en rendant service à son pays.

Bon d'accord, il aimait trop les femmes, l'argent( il y a du Français là dedans quoi d'étonnant pour un descendant de Louis XIV) il aimait  la chasse aux éléphants,(d'accord, Louis XIV chassait le cerf car il n'y avait pas d'éléphant dans les forêts autour de Versailles..mais il aurait pu si il y en avait eu:hehe:) maintenant qu' il est à moitié impotent, et gateux, à quoi ça sert de tirer sur l' ambulance fusse t elle royale ?

C'est fou ça comme partout le "petit peuple est ingrat".....:p

Belle après midi à vous.

Bonjour Kino, 

J'avais pensé que son exil avait un air de vacances et je me suis trompé, comme quoi ce genre de personnage ne s'avoue pas vaincu,"je reviendrais par la grande porte" c'est une parenthèse" on tire sur l'ambulance mais elle va revenir au galop, ces gens là sont indécrottables, la grandeur de leur fonction ne faiblit pas, se croyant toujours indispensable envers leurs concitoyens :)

L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos, qui a quitté le pays, évoque une "parenthèse"

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/lex-roi-despagne-juan-carlos-qui-a-quitté-le-pays-évoque-une-parenthèse/ar-BB17APDe?li=AAaCKnE&ocid=UP21DHP

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Membre, Posté(e)
kinobunika joy Membre 3 950 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a 59 minutes, PINOCCHIO a dit :

Bonjour Kino, 

J'avais pensé que son exil avait un air de vacances et je me suis trompé, comme quoi ce genre de personnage ne s'avoue pas vaincu,"je reviendrais par la grande porte" c'est une parenthèse" on tire sur l'ambulance mais elle va revenir au galop, ces gens là sont indécrottables, la grandeur de leur fonction ne faiblit pas, se croyant toujours indispensable envers leurs concitoyens :)

L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos, qui a quitté le pays, évoque une "parenthèse"

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/lex-roi-despagne-juan-carlos-qui-a-quitté-le-pays-évoque-une-parenthèse/ar-BB17APDe?li=AAaCKnE&ocid=UP21DHP

Pinocchio,

vous conviendrez avec moi qu'il ne peut pas dire, alors qu'il file à l'anglaise, je reviendrai à la saint Glinglin, mais  même sachant qu'il n'est pas indispensable puisqu'il l'a prouvé en passant  la main à son fils il y a quelques années, il tente encore de faire quelques "étincelles" car il doit malgré tout y voir encore des Espagnol"e"s ....qui le regrettent....:hehe:

au fait dans un pays où les  ambulances " reviennent au galop" les rois peuvent revenir par la grande porte..non !!!

Belle soirée à vous.

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Membre, Posté(e)
asphodele Membre 407 messages
Forumeur survitaminé‚
Posté(e)

Juan Carlos, Gorbatchev, et De Klerk ont hérité d'un système dictatorial et honni à l' international.Ils ont eu le mérite d' accompagner la transition.Maintenant l' Espagne me semble dans une meilleure situation que l'Afrique du Sud et la Russie

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)

On le disait enfui au Portugal ou en République dominicaine. Cette fois, le journal espagnol ABC croit savoir où se trouve l’ex-roi d’Espagne Juan Carlos Ier, parti en exil devant les soupçons de corruption qui pesaient sur lui. Il se trouverait à Abu Dhabi, où il est arrivé au terme d’un voyage bien préparé, affirme le quotidien.

Le Palais royal a refusé de révéler son nouveau lieu de résidence

Juan Carlos se serait en fait exilé à Abu Dhabi.

Abou Dabi, parfois orthographié Abu Dhabi, Abou Dhabi ou Aboû Dabî, en arabe أبو ظبيʼAbū Ẓaby, littéralement « Père de la gazelle », est la capitale de l'émirat d'Abou Dabi et des Émirats arabes unis.

Bien que l'on trouve des traces de civilisation plusieurs millénaires avant notre ère, la zone n'a été habitée en permanence qu'à partir du xviiie siècle. Mais c'est au xxe siècle que la ville a connu une croissance importante, en grande partie grâce aux revenus du pétrole.

Aujourd'hui, Abou Dabi qui compte près de 1,483 million habitants, est la troisième ville des Émirats arabes unis après Charjah et Dubaï. Elle est le centre politique et industriel de la fédération, et un centre culturel et commercial important dans le golfe Persique, du fait de sa position de capitale.

 

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Invité Barbara lebol
Invités, Posté(e)
Invité Barbara lebol
Invité Barbara lebol Invités 0 message
Posté(e)

Je lis qu'il occuperait une suite à 10 000 € à Abou Dhabi.

Ca donnerait ça :

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ou ça :

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Ou encore

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Le 05/08/2020 à 10:20, PINOCCHIO a dit :

Le garrot , Achille , le garrot :rolle:

Application de la peine de mort en Espagne. Exécution d'anarchistes par garrot, 1892, Jerez de la Frontera.

Méthode d'execution par strangulation très utilisé en Espagne pendant des siècles jusqu'à Franco.
Je crois aussi que le condamné avait les cervicales brisées ( à confimer ).

http://en.wikipedia.org/wiki/Garrote

" The garrote was the principal device used for capital punishment in Spain for hundreds of years. "

Les dernières personnes, civiles ou militaires, exécutées en Espagne de cette manière furent l'anarchiste espagnol Salvador Puig i Antich et l'Allemand Heinz Chez, en 1974.

http://en.wikipedia.org/wiki/Garrote

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Le 05/08/2020 à 10:20, PINOCCHIO a dit :

Le garrot , Achille , le garrot :rolle:

Application de la peine de mort en Espagne. Exécution d'anarchistes par garrot, 1892, Jerez de la Frontera.

 

Il n'y a pas que ça.

 Décembre 1970 : le procès de Burgos

"Franco, assassin !" "Liberté... Liberté !" Pour la première Ibis depuis la fin de la guerre civile, le cri a retenti un peu partout ces jours derniers dans les villes d'Espagne, sur les fourgons de police en flammes, sur une barricade de Saragosse, sur les pavés jonchés d'éclats de verre à Barcelone. Le procès des seize nationalistes basques devant une cour martiale de Burgos a d'un seul coup, dressé dans les rues contre la Garde civile une opposition éparse qui n'avait jusqu'alors imaginé, pour protester, que de se murer silencieusement dans les églises. 

Burgos, froide ville aux casernes grises, avait été, en 1936, la première capitale du régime franquiste. C'est d'elle qu'est partie, la semaine dernière, l'onde de choc qui risque de l'ébranler. TÉ : Profitez de l'offre spéciale 2 mois pour 1€

Mercredi, avant que le procès, bâclé sans plaidoiries ni témoins, s'achève dans le tumulte, un accusé, menottes aux mains, avait bondi sur le prétoire, vers les assesseurs qui dégainaient leur sabre. Face au cruciifx d'ivoire, au portrait du général Franco, à tout l'apparat de la justice militaire, il criait : "Vive !a patrie basque !" C'était, pour l'ordre établi, un défi qui dépassait la revendication autonomiste. C'était, pour l'Espagne, à travers le cri d'un homme peut-être innocent mais menacé de mort, un autre procès qui s'ouvrait : celui du régime.  

 

Larmes. Car, pour la première fois, des hommes enchaînés, accusés du meurtre d'un policier, ont pu, publiquement, plaider leur cause, dénoncer la police, les tortures subies, la dictature. Pour la première fois, sous la pression de l'Eglise, dont deux prêtres figuraient parmi les inculpés, la cour martiale ne se cachait pas derrière le huis clos. Les journalistes, espagnols et étrangers, qui se pressaient dans la salle austère et minuscule de la capitainerie générale, de Burgos, ont entendu les seize autonomistes dire : "Bien sûr, nous avions tout avoué. Mais nous nions tout. Nous aurions avoué n'importe quoi..." Un des deux prêtres, le père Etxabe Garatazelai, 37 ans, a raconté : "Ils m'avaient assis, à moitié nu, sur une table, les mains liées derrière la nuque, et me rouaient de coups quand je tentais de m'allonger." "Mon mari était, lui aussi, aux mains de la police, dit une jeune femme, Mme Itzier Aizpurua, professeur de piano, 27 ans. Ils m'ont dit qu'il ne leur serait pas difficile de le pendre, ou de le jeter dans la cage de l'escalier..." Cela a duré le temps de deux audiences. Puis le juge colonel les a fait taire. Mais déjà, en dépit du silence de ses journaux, du mutisme de sa télévision, toute l'Espagne le savait.  

D'un coup s'effaçait, comme un masque que l'on arrache, le visage que tentait de se donner un gouvernement prodigue de prospérité nouvelle et de promesses de liberté. On ne voyait plus, soudain, que les rides d'un régime vieillissant, hérité de la guerre civile, avec son appareil sinistre de conseils de guerre, de police vêtue de gris, de poteaux d'exécution, dressés à l'aube. "Que la sangre de Julien sea la ùltima - puisse le sang de Julien Grimau être le dernier versé", s'était écriée, en larmes, la veuve du chef communiste fusillé en 1963, l'année même qui vit les trois dernières exécutions capitales en Espagne. Sept ans plus tard, le procès de Burgos montre que le sang ne cessera peut-être jamais de couler. A son avocat qui veut imaginer une évolution sereine de l'Espagne, un des seize Basques répond. : "Non. L'Espagne n'évolue pas."  

 
 

Pavés. Pour que les structures de la nation changent, encore faudrait-il qu'un pouvoir le veuille. Or le général Franco, qui a célébré, le 4 décembre, son 78è anniversaire, redoute que l'Espagne, s'il relâche les rênes, ne retourne à ses démons familiers. Il les avait nommés lui-même voilà quatre ans en présentant aux Cortes le cadre des lois qui devaient régir sa succession : "L'anarchie. La critique négative. L'extrémisme. La discorde." Obscurci par ces phantasmes, le franquisme n'est plus qu'une effigie crépusculaire. Entre un Caudillo vieilli, au regard flou, et le jeune prince Juan Carlos de Bourbon encore tapi dans sa prudence, le destin espagnol cherche une faille par où retrouver la lumière. Où est le pouvoir, aujourd'hui, dans cette Espagne où les fusils des gendarmes sont aussi prompts à tirer que les juges à sévir ? Et à qui imputer cette volonté de violence ?  

Dans le jeu politique de l'Espagne, une fois qu'on écarte le peuple, les solutions sont limitées. En 1930, aux derniers jours de ia monarchie, le souverain, Alphonse XIII, avait pour protégé un dictateur, Primo de Rivera. Sentant le froid le gagner, Franco, dictateur longtemps indécis, a choisi pour protégé Juan Carlos, qui, demain, sera roi.  

A Barcelone, l'autre semaine, alors que volaient les pavés, une nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : "Franco est au plus mal. Franco va mourir." Ce jour-là, le lundi 30 novembre, le chef de l'Etat était allé chasser la perdrix, avec Juan Carlos. En remontant dans sa voiture, il avait posé la main sur son coeur. Son médecin l'avait fait transporter d'urgence à son palais du Pardo. Ce n'était qu'un malaise. Mais toute l'Espagne s'est mise à l'écoute de ses pulsations. Certains murmuraient, le soir, dans les discothèques, que le Caudillo était mort depuis quatre jours.  

 
 

Doute. II est déjà une sorte d'absent. Le 2 octobre, lors du banquet officiel qu'il offrait à M. Richard Nixon à l'occasion de sa visite à Madrid, le président américain eut un doute. Regardant, en face de lui, ce visage dont les traits retombaient, il dit à mi-voix : "Sait-il, seulement que je suis là ?"  

Ses rares interventions à la télévision, dans un passé récent, avaient demandé un travail délicat. Les techniciens devaient interrompre le tournage à plusieurs reprises, parce que Franco pleurait. Des larmes dédiées sans doute à l'inutilité de la puissance devant la mort. Retiré au Pardo, qu'édifia Charles Quint, il parle peu et paraît indifférent à tout. Mais, par un paradoxe qui tient à la solennité de cet ordre espagnol, sa parole garde encore, sur les questions importantes, valeur de couperet. Lorsque son vieux compagnon d'armes, le général Camilo Alonso Vega, ancien ministre de l'Intérieur, qu'il a invité à résider auprès de lui, s'engage dans des reproches bourrus sur la place excessive qu'il fait, dans le gouvernement, aux technocrates catholiques de l'Opus Dei, il le laisse protester à son aise, puis tranche d'un mot. C'est aussi sa manière au Conseil des ministres qui se réunit au Pardo, un vendredi sur deux, où il semble se plaire dans le rôle de l'arbitre assoupi qui s'éveille seulement pour dicter la loi.  

 

Il reste autoritaire jusque dans ses loisirs. Ayant, rapporté d'une partie de pêche en Galice 24 saumons, il s'irrita d'apprendre que le général Alonso Vega en avait gardé 3 pour lui-même. Il le fit rejoindre par un motard pour lui reprendre sa part du butin. 

L'ultime souci de Franco est de parachever la formation politique de son successeur, qu'il a lui-même désigné, à la façon des empereurs de Rome. Deux ou trois fois dans la semaine, il appelle à lui Juan Carlos, pour lui donner des conseils qui sont des maximes de gouvernement. Déjà instruit de la vie par d'âpres conflitts de famille, le prince, à 32 ans, ne montre pas encore son caractère, mais il en laisse deviner les contours. "Nous ignorons ce que veut Juan Carlos, nous a déclaré un représentant de l'opposition libérale. C'est un Bourbon. Mais le fait est que, dans ses conversations privées, il est étonnant. Il se plaint de tous et de tout. Il s'affirme."  

Intrigues. On peut, en tout cas, comprendre ce qu'il ne veut pas. II ne veut pas, assure-t-il, régner par la répression, tout comme il refuse, dès maintenant, les pressions qui se multiplient. Des ministres ont tenté de le convaincre qu'il devait inscrire ses trois enfants dans un collège de l'Opus. Il a alors posé le problème à Franco. "Mon général, lui a-t-il dit, dois-je obéir à mes ministres, ou dois-je m'en faire obéir ?" Le Caudillo, cette fois encore, n'a donné que la moitié de la réponse : "Vous n'avez pas à leur obéir." Quelques jours plus tard, l'épouse de Juan Carlos, la princesse Sophie de Grèce, se rendait au collège de Los Rosales, à Madrid, pour confier à son directeur l'éducation de ses enfants, après avoir obtenu la certitude que l'établissement n'appartenait pas à l'Opus Dei.  

L'Opus Dei, l'Eglise, l'Armée : à ces trois forces d'ordre, le général Franco a voulu léguer l'Espagne. Mais trente ans de dictature, d'intrigues politiques et de progrès matériels n'ont laissé intacte aucune des trois.  

L'Opus Dei, congrégation séculière et secrète qui compte en Espagne 37000 membres, dont 12000 femmes, a, de la perfection évangélique qu'elle prône, une conception qui la distingue nettement de l'Eglise de Rome. Ses affiliés, les technocrates, les ministres qui, depuis octobre 1969, forment le premier gouvernement homogène de l'Espagne franquiste, ont une ambition déterminante : faire de leur pays une société de consommation intégrée à l'Europe. Non sans quelque succès : le revenu national a plus que doublé en dix ans, le Marché commun entrouvre ses portes, 23 millions de touristes ont apporté cette année près de 6 milliards de Francs.  

Escroquerie. Exemplaire de cette action, M. Laurcano Lopez Rodo, 50 ans, ministre du Plan, homme froid et tenace sous les apparences d'un aimable dévot, tisse patiemment sa trame. Avec le soutien discret de l'amiral Luis Carrero Blanco, vice-président du gouvernement et confident du général Franco. En un an, après s'être débarrassé de la vieille garde de la Phalange, il a réussi à écarter du gouvernement le ministre des Transports, M. Federico Silva Munoz, chef de file de la démocratie-chrétienne de droite. Il place maintenant ses pions dans les moindres bourgades du pays, sans craindre de s'adresser au besoin aux vestiges bureaucratiques de la Phalange, les maires, les gouverneurs des provinces.  

Car il n'est pas si loin, lui non plus, de l'autoritarisme qui, depuis trente ans, règne sur l'Espagne, même s'il veut lui donner les apparences du modernisme. "La démocratie, dit-il, nous y songerons quand le produit national aura atteint mille dollars par tête." Il n'en était, cette année, qu'à 720. L'écrivain Pablo Marti Zaro commente : "Le despotisme éclairé qui nous gouverne semble vouloir tout subordonner, libertés politiques comprises, à la croissance économique et à l'industrialisation."  

Non sans risques. Ce sont justement l'amélioration du niveau de vie, l'urbanisation qui a réduit de moitié, en dix ans, le nombre des ruraux en Espagne, qui donnent aux ouvriers une nouvelle ardeur de contestation. D'autant plus que l'enrichissement s'entache d'affairisme. Dernièrement, un ministre a fait racheter le journal "Nuevo Diario" pour 35 millions de pesetas. "Un scandale en perspective, me dit un avocat, quand, après Burgos, l'opinion apprendra que les fonds proviennent directement des caisses du gouvernement." Autrement dit, une nouvelle "affaire Matesa" : gigantesque escroquerie, révélée l'été dernier, par laquelle des fonds publics avaient été détournés au profit d'une entreprise privée dont le directeur, M. Juan Vila Reyes, est proche de l'Opus. Elle a conduit la justice espagnole à accuser trois anciens ministres et la rumeur à en impliquer d'autres, toujours en fonctions. Et l'encens de l'Eglise ne dissipe pas cette odeur de scandale. 

Bombes. Car S'Egiise, travaillée par de nouveaux courants, n'est plus entièrement solidaire du pouvoir établi. Le clergé espagnol, durant des siècles, avait été plus proche de César que de Dieu. Aujourd'hui, les prêtres du Pays Basque cherchent Dieu dans les, usines. "C'est chez les ouvriers que l'on rencontre le Christ, dit, le père Pedro Solabarria, curé d'un faubourg sombre de Bilbao. Parler avec eux de leurs problèmes, c'est célébrer la messe." Accusé à Burgos, le père Garatazelai est passé, en quelques mois, a dit le procureur, de l'exercice du droit d'asile à la fabrication de bombes. L'arrestation au printemps de neuf prêtres basques a poussé un prélat proche du Vatican, Mgr José Maria Cirarda, évêque de Biibao, jusqu'alors timide, à prendre ouvertement position contre le régime franquiste. Le dimanche 22 novembre, fête du Christ roi, une lettre pastorale des évêques de San Sebastian et de Santander a demandé au chef de l'Etat de suspendre le conseil de guerre de Burgos. "L'ordre public en soi n'est pas la paix, écrivaient-ils, il fait seulement partie de celle-ci." C'était le premier affrontement public entre l'Eglise et le pouvoir.  

L'Armée elle-même n'a plus, de l'ordre franquiste, une conception aveugle. "Crois-en mon expérience : on aurait dû laisser le procès des Basques à la justice civile et ne pas le confier à un conseil de guerre." C'est ce qu'a écrit au gouverneur militaire de Burgos le général Rafaël Garcia Valino, l'un des plus anciens compagnons d'armes de Franco, membre jusqu'à cette année du Conseil de régence. Sa lettre, qui circule clandestinement à Madrid, ajoutait : "Le peuple fera finalement retomber la responsabilité de toute cette affaire sur l'Armée. Et c'est mauvais." Le général sait de quoi il parle : c'est lui qui avait contresigné la sentence de mort de Grimau. 

Débâcle. C'est que l'Armée est à moitié sortie, déjà, de la mythologie de la guerre civile. Les inconditionnels de l'ordre, les anciens phalangistes, vieillissants, sont, de façon significative, installés aux points chauds des provinces, tels le général Tomas Garcia Rebull, gouverneur militaire de Burgos, et le général Alfonso Ferez Vineta, gouverneur militaire de Catalogue. Mais le chef du haut état-major interarmés, le général Manuel Diez Alegria, 64 ans, l'un des trois membres du Conseil de régence, représente l'esprit "européen" des cadres qui montent. Visage de cire, gestes courtois et réservés, il n'a pas craint de souhaiter publiquement la "légalisation des courants minoritaires". Il jouit à Washington d'une estime d'autant plus grande qu'il sera, par fonction, l'arbitre de la situation à la mort du Caudillo.  

Du haut en bas des hiérarchies espagnoles, l'affaire de Burgos a élargi les failles. Le vendredi 4 décembre, le Conseil des ministres lui-même s'est divisé durant sept heures. M. Gregorio Lapez Bravo, ministre des Affaires étrangères, zélateur de l'Opus et artisan de l'ouverture vers l'Europe, a plaidé pour une moindre rigueur : il voit ses ambassades sur tout le continent cernées par la colère. Il pressent les milliers de manifestants qui scanderont, quelques jours plus tard : "Franco assassin", à Rome et à Paris. C'est le général Franco qui, pour finir, a imposé la fermeté. Par-delà les révoltes autonomistes, il a craint la débâcle de l'Etat.  

"Il ne nous reste plus qu'un seul moyen : la protestation dans la rue, l'agitation." Pardessus remonté jusqu'aux oreilles, l'homme qui me parle préfère rester anonyme. C'est l'un des derniers dirigeants des commissions ouvrières, organisations semi-clandestines de travailleurs qui regroupent communistes, socialistes et catholiques. Pour une fois, démocrates-chrétiens, libéraux et même maoïstes surmontent leurs méfiances. L'opposition réorganise sa stratégie, elle se prépare, sous les premiers flocons de neige, à des lendemains peut-être sanglants.  

Glas. Mais, dans l'Espagne redurcie de cette fin de franquisme, rien n'est facile. Un étudiant me l'explique, 23 ans, des lunettes à verres fumés, une grosse barbe noire. "On est obligé de prévenir les copains au dernier moment, et quand on arrive à avoir une centaine de types dans la rue, c'est déjà une action de masse." II l'admet volontiers : les gens ont peur. Peur du policier en civil qui empoigne son revolver et menace de tirer si les manifestants ne lèvent pas les bras en l'air, peur de la prison, peur des amendes.  

A Madrid, la semaine dernière, ils étaient tous sous les verrous : les 30 dirigeants des commissions ouvrières, les 60 de l'opposition universitaire, une vingtaine d' "agitateurs" communistes, 12 socialistes, une dizaine d'agents de liaison. "La situation est dramatique. La police nous poursuit sur ordinateur", me dit un ouvrier du bâtiment.  

Mardi, au siège de la Compagnie des transports urbains de Madrid, ils étaient quatre membres du syndicat officiel à avoir obtenu l'autorisation de rassembler les employés pour discuter des conventions collectives. La réunion était à peine commencée que la police faisait irruption, pistolet au poing, et chassait tout le monde. "Rien ne sert de jouer aux bons garçons avec les flics, me dit un ouvrier de Galice, il faudra bien qu'on en finisse un jour." 

Quand un peuple retrouve des martyrs, son silence devient terrible. Mercredi, sous la pluie fine, au son du glas, les maisons d'Eibar, petite ville industrielle du Pays Basque, se sont vidées, toutes, d'un seul coup. Et une foule énorme, mâchoires serrées, visages tendus, a regardé passer à toute allure, escorté de Gardes civils, le fourgon mortuaire d'un jeune manifestant abattu par la police. Sans dire un mot. 

  https://www.lexpress.fr/informations/decembre-1970-le-proces-de-burgos_777722.html

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Le 05/08/2020 à 17:42, kinobunika joy a dit :

Pinocchio,

vous conviendrez avec moi qu'il ne peut pas dire, alors qu'il file à l'anglaise, je reviendrai à la saint Glinglin, mais  même sachant qu'il n'est pas indispensable puisqu'il l'a prouvé en passant  la main à son fils il y a quelques années, il tente encore de faire quelques "étincelles" car il doit malgré tout y voir encore des Espagnol"e"s ....qui le regrettent....:hehe:

au fait dans un pays où les  ambulances " reviennent au galop" les rois peuvent revenir par la grande porte..non !!!

Belle soirée à vous.

 

 

Sa Majesté catholique, roi d'Espagne, de Castille, de Léon, d’Aragon, des Deux-Siciles, de Jérusalem, de Navarre, de Grenade, de Tolède, de Valence, de Galice, de Majorque, de Minorque, de Séville, de Sardaigne, de Cordoue, de Corse, de Murcie, de Jaén, des Algarves, d’Algésiras, de Gibraltar (es), des îles Canaries, des Indes orientales et occidentales, de l'Inde et du continent océanien, de la terre ferme et des îles des mers océanes, archiduc d’Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Milan, d’Athènes, de Néopatrie, comte de Habsbourg, de Flandre, de Tyrol et de Barcelone, seigneur de Biscaye et de Molina (es), marquis d’Oristan et de Gozianos, etc. ..................... s'est réfugiée chez les ARABES
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Membre, Posté(e)
kinobunika joy Membre 3 950 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, Peyo a dit :

 

 

Sa Majesté catholique, roi d'Espagne, de Castille, de Léon, d’Aragon, des Deux-Siciles, de Jérusalem, de Navarre, de Grenade, de Tolède, de Valence, de Galice, de Majorque, de Minorque, de Séville, de Sardaigne, de Cordoue, de Corse, de Murcie, de Jaén, des Algarves, d’Algésiras, de Gibraltar (es), des îles Canaries, des Indes orientales et occidentales, de l'Inde et du continent océanien, de la terre ferme et des îles des mers océanes, archiduc d’Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant, de Milan, d’Athènes, de Néopatrie, comte de Habsbourg, de Flandre, de Tyrol et de Barcelone, seigneur de Biscaye et de Molina (es), marquis d’Oristan et de Gozianos, etc. ..................... s'est réfugiée chez les ARABES

Bonjour Peyo,

eh! oui, c'est ainsi....

Chapitre I

à 83 ans on vient lui chercher des noises en oubliant  qu'en 81 c'est tout de même lui qui a ramené la démocratie en Espagne, en plus il parait qu'il est adepte de la polygamie, alors il s'en va...voilà un Bourbon qui n'a pas loupé sa fuite à Varennes, et cool Raoul à l'Emirates Palace de Dubaï, avec super service, super clim et patin coufin.........

Chapitre II

Mais... si c'était un leurre... si il nous jouait la "Reconquista" à l'envers...et si ....car tout de même c'est louche cet immigré chrétien en pays islamique. et si on l'avait envoyé la bas en éclaireur...à mon avis l'Emir Mohammed Ben Rachid El Maktoum devrait se méfier........:hehe:

Belle après midi à vous.

P.S. Pour le chapitre II , toute ressemblance avec des propos qui pourraint s'avérer  prémonitoires serait une erreur d'appréciation....;)

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Membre, 73ans Posté(e)
Peyo Membre 1 693 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Il y a 10 heures, kinobunika joy a dit :

car tout de même c'est louche cet immigré chrétien en pays islamique

 

Bonsoir kinobunika joy, c'est comme si le fn allait se réfugier en terre islamique, mais faut plus s'étonner, tout est possible

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