le règne de l'argent

Je rencontre une ivresse telle, telle que je voudrais tout faire et tout voir, tout vivre, tout sentir, tout connaître. Je voudrais, j’aimerais connaître mon corps sous mille aspects, dans mille postures encore, dans la lumière et la pénombre, je le voudrais voir mille pour la première fois.

Je voudrais héberger en moi, un millier de forces, des capacités travaillées avec ardeur, tous les jours, ne me consacrer à rien de plus, que le bien être de me développer.

Je voudrais devenir et ressentir mille personnages théâtrales qui me traverseraient. Je voudrais, chaque semaine, chaque jour, jouer de mes émotions, jouer quelque chose qui ne soit plus moi, connaître, d’autres vies. Je voudrais, onduler sur un sol glissant, zigzaguer entre les pas, les notes, m’élever dans la dureté d’un mouvement, et la douleur d’une souplesse. Je voudrais, faire sauter mes doigts, sur tous les instruments de notre terre, qu’ils chatouillent la guitare et massent le piano ; je donnerais mon souffle à la flûte et apaiserais mes oreilles d’une mélodie mienne.

Je voudrais régaler tout être gourmand de délicieuses bouchées. Alors avec rigueur, appliquer tous mes soins à une recette puis à une autre, pour nourrir qui aurait faim et m’éblouir d’une belle assiette. Je voudrais encore, coudre tous les mois des jupes nouvelles, qu’elles soient courtes, longues, ondulantes, droites, rêveuses, audacieuses. Je voudrais faire pousser des fleurs de tous côtés, me passionner pour leur santé et voir en elle une vie, qui doucement grandit, en attendant de toucher le ciel ; qu’à leur demande, dans une danse vertueuse, je vienne à leurs besoins.

Je voudrais apprendre, mille choses épanouissantes.

Oh, mais oui, j’ai appris. J’ai appris à compter, avant d’apprendre à vivre. J’ai appris à disserter, avant d’apprendre à vivre. J’ai appris à écrire vite, à tout prix, pour avoir à apprendre, j’écris vite, et j’apprends, je gobe des lettres et des leçons toutes faites, je ne fais rien de mes mains, je ne fais rien de ma tête, je prends et j’avale, la loi du capital.

Oh, je pourrais, je pourrais me lancer et faire tout ce que je souhaite ! Sans plus perdre de temps… mais je n’ai pas l’argent, je n’ai pas de temps à perdre, étrange. Je pourrais regarder des fleurs, et lire sur elles, apprendre leurs besoins, les développer, mais dans quel jardin ? Il me faut déjà relire mille fois cette leçon toute droit sortie de classe, sinon quel emploi pour moi ? Quel gagne-pain ? Et pourquoi ne ferions pas tous notre pains, pour l’un et pour soi ? Que je peux être naïve, aller, apprenons ces pages d’encre et mourrons avec, quelle joie !

J’en pleure de rire, c’est si doux que l’on m’éduque ! Vieille, incapable de rien, assisse dans mon fauteuil, c’est avec joie que j’aurai de l’argent, avec un corps malade de n’avoir rien pu faire d’autre, que de s’asseoir et de manger des feuilles d’encre, en croyant s’offrir au futur plaisir d’un travail.

A tous, il vous faut lire la Rage contre le Règne de l’Argent  de John HOLLOWAY. Avec urgence, je vous en prie. 

Si j'ai bien compris, tu veux de l'argent ?

Le 11/02/2020 à 22:11, Fuck Them All a dit :

Si j'ai bien compris, tu veux de l'argent ?

C'est ça d'être surdiplômé, on en comprend plus les choses pourtant simples !