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Mots d'enfants


Ambre Agorn

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Ambre Agorn Membre 2 164 messages
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Puis, vient l'heure des souvenirs.

Les souvenirs!

Ces tranches de passé qui font irruption sans crier gare. Ces petites étincelles qu'on chasse quand il faut travailler dur, quand on est en sage compagnie, ou quand on croit que c'est une marque de faiblesse.

Il m'arrive trop souvent de devoir les chasser moi aussi. Le rappel à l'ordre des enfants qui s'amusent, crient et insistent pour conserver mon entière attention; la dure nécessité de l'organisation domestique qui exige pour un effacement des désirs enfouis de liberté; une organisation sociale qui interfère, attire et enchaîne la présence physique et mentale, un travail pour un salaire, un salaire qui va libérer quelques minutes illusoires pour mieux s'oublier en distractions divers, distractions pour délocaliser la pression accumulée dans la soupape de sécurité.

Mais souvent ils font surface telles des bulles dans une coupe de champagne, ils reviennent lancinants ou vifs, clairs ou ténus, leurs couleurs se fanent souvent, parfois il n'en reste qu'une coquille fragile et fine qui s'est incrustée d'impressions plus que de mots, d'images ou d'histoires.

Ils sont capricieux aussi. Courrez-leurs après et voilà qu'ils s'égaillent comme un troupeau de biches légères et souples. Ils vous trahissent comme des amants qui vous quittent et se dérobent, ils se délitent quand vous tentez de les remettre en ordre, vous font mentir quand ils se sont parés, avec le temps, d'atours princiers ou de robes de mendiantes, enroulés fièrement dans un drapé de dignité emprunté aux meilleurs acteurs.

Ainsi ils forment un armée disparate, bigarrée et bruyante. Ils s'écrasent dans notre quotidien comme des vagues sur une grève, faisant disparaître momentanément ou pour un temps plus long, la présence trop brutale d'un présent qui a du mal à s'imposer ou qui se fait trop lourd, qu'on fuit faute d'avoir les armes pour l'affronter. Alors ils offrent un replis stratégique pour une attention oppressée, un léger soupir de soulagement pour la mère qui pose enfin, endormi, son enfant malade, une goulée d'air pour le pratiquant subissant un étranglement, un terrain de chasse pour celui qui peut chausser ses souliers de rêveur...

Mes souvenirs sont un tas de pierre dans lequel j'insufflerai vie, et avec qui je bâtirai un palais. Un palais de souvenirs que j'aurai façonnés, cajolés, portés et réparés pour certains d'entre eux. Un palais que je n'aurai jamais fini de construire, un palais que nous serons tellement à édifier.

L'un d'eux s'est imposé. Au lieu de le chasser comme je le fais d'ordinaire, je l'ai accueilli. J'ai fait pour lui une lumière douce, brûlante et fragile comme la flamme d'une bougie dans la nuit noire d'un logis pour qu'il se sente en sécurité et se déplie comme une carte au trésor sous la main experte de l'explorateur la sortant de sa gangue de poussière millénaire. Avec la fascination d'un papillon qui va se brûler les ailes, il est venu se réchauffer et ses joues se sont rosies, d'un coup il a éclaté telle une cosse d'escholtzia mûre, avec un petit claquement de brindille sèche et une explosion de minuscules graines comme autant de mots simples, touchants et beaux. J'ai tenté comme j'ai pu de les attraper au vol. Voilà ce qu'il en reste.

Il n'y a pas de contexte, juste lui et moi. Il y a aussi deux vieux fauteuils fanés et s'enfonçant profondément, une lumière qu'on a déplacé en se retirant dans le coin sombre et tranquille. Dehors, il fait sans doute nuit car l'ambiance a l'intimité qu'offrent ces moments où la vie est au ralenti et encourage le rapprochement, la sincérité et la clarté de l'expression et de l'écoute. Il est assis dans le fauteuil que j'utilise quand je ravaude comme toutes celles qui m'ont précédées, et pourtant c'est un inconnu. Je le regarde, je suis curieuse, il a la même lueur interrogatrice. Y a-t-il en mouvement une magie que je ne contrôle pas? Comment est-il apparu dans mon monde? L'ai-je appelé, m'a-t-il appelé? Qui nous a réuni pour des raisons inconnues? Qui d'autre que nous peut faire ceci? Mais alors, comment est né cette volonté commune qui nous réunit? Qu'importe, il est là, et nous entamons une initiation, le sait-il?

Je serai restée des heures à l'observer, alors j'ai placé des yeux de serpent tapis dans un coin de mes yeux tandis que le tigre blanc et le dragon, assis paupières mi-closes, profitaient d'un moment de calme. La licorne que je suis se fondit dans le phénix pour donner à mes mots une chaleur gaie d'adolescente insouciante, allante et pleine d'une attention quasi maternelle.

Je ne sais plus la teneur de ce que nous avons dit, mais c'était dense. J'ai tellement ri, tellement pleuré, tellement parlé, tellement écouté, tellement senti par tout les pores de ma peau que je suis incapable d'en parler rationnellement. Des indices, des bribes, et dans le corps une danse de mille pas et tourbillons.

Mille questions pour cet inconnu, et tellement plus que je n'ai pas eu le temps de prononcer.

Des rétentions et des aveux. Pouvoir cacher sans peur, sans honte. Pouvoir dire sans peur, sans honte. Pouvoir dire en étant écoutée. Pouvoir écouter sans parler.

Pouvoir prononcer des choses qui n'ont jamais passé la barrière des dents. Voir l'incompréhension se peindre dans les yeux de l'autre, l'encouragement à continuer malgré l'illusion de séparation. Voir grandir avec effroi le gouffre que je ressens depuis les tout premiers souvenirs, oser s'en approcher et tenter un sondage et une traversée. Oser sauter dans le vide sans l'assurance de survie, sauter un fossé dont je ne vois pas l'autre rive juste parce qu'un lien se tisse, une ancre assure une certaine intégrité. Oser laisser couler des larmes sans les essuyer devant un inconnu parce qu'il a offert sa présence. Oser déborder parce que c'est possible et pour autant ne jamais déborder. Oser paraître n'importe qui et n'être que la plus belle parce que l'autre ne peut voir que le meilleur. Oser rire de l'autre et de soi sans gêne ni politesse. Oser s'émerveiller, oser des mots d'amour sans qu'ils soient salis d'interprétations de séduction. Oser jouer des rôles pour l'expression et les lâcher sans jugement pour les coquilles utiles qu'ils représentent. Lâcher tout les rôles et ne plus savoir qui je suis, continuer à parler pour ne pas se perdre, ne pas se lâcher dans l'épreuve. Sentir des choses incompréhensibles, trembler comme une feuille dans le vent, perdre pied et perdre le sens même de la réalité.

As-t-il pu faire autant qu'il m'a permis? Peut-être n'était-il pas là pour ça? Peut-être que lui et moi ne savions pas ce que nous faisions, mais nous avons fait avec une implication totale

Ses yeux. Ses yeux m'ont parfois fuit. Mon regard est trop lourd, il aurait fallu que je l'allège. Je ne crois pas avoir réussi à le faire. Peut-être a-t-il tenté de l'affronter, a reculé, a retenté.

Ce souvenir s'efface dans ses traits définis, s'allonge et se répercute de proche en proche. Peut-être s'effacera-t-il, mais il restera ce lien brûlant qui nous unit.

 

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  • 4 semaines après...
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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Pourquoi vouloir partager un instant où la joie explose en soi en même temps qu'une immense peine? Pouvoir vivre chacune d'elle sans se sentir divisée, tiraillée, mais bien vivante et entière dans chacune d'elle et vouloir témoigner coûte que coûte, pourquoi? Ne plus sentir de différence entre joie et peine et tenir en soi la totalité de ce qui est dedans et dehors, ressentir une unité qui dilate tous les points de vue possibles, ferme les yeux et obstrue les sens mais découvre une réalité tellement plus belle et immense.

Quel est ce besoin de déposer dans le cœur de l'autre ce qui est tellement beau, tel un baiser brûlant sur un flocon de neige? Est-ce plus beau et plus grand quand on est deux à vivre là où on croyait être seul? Vanité ou amour?

A quoi se condamne-t-on si je ne trouve pas une telle personne? N'est-elle pas déjà en moi? As-tu entendu?

Est-ce seulement possible?

Oui

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  • 1 an après...
Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)

Chère Amie

Une phrase apparemment anodine qui, une fois lue, ne m'a laissé aucun répit. Je tourne et retourne son sens, ses mots, ses lettres.

"Déconstruire n'est pas détruire"

Toute une philosophie; des implications en cascades, un gouffre dans lequel j'ai failli perdre pied mais qui m'offrait une marche sur laquelle prendre appui.

Je me suis perdue dans l'étymologie du mot construire. Struere: élever, avec le préfixe cum: avec. Mais ce "avec", c'est avec qui, avec quoi, ou avec dans le sens ensemble?

Il y a le livre, concentrateur des savoirs ancestraux, et il y a mon intuition, concentratrice des connaissances ancestrales. Depuis mes premiers pas en étymologie, il y a cette racine ancestrale, archaïque, qui me saute aux yeux: "st". Cette racine, mon intuition la place dans la très vieille histoire, bien antérieure au latin ou au grec.

"St" me donne l'idée d'une force qui se tient debout, une force qui met en échec l'apesanteur ou autres forces naturelles; une force nouvelle qui matérialise l'affrontement d'avec une autre, ancienne. Plus qu'un affrontement, elle est continuelle et se dresse pour annuler l'autre, reste dressée. Il n'y a pas possibilité d'éradiquer la force naturelle contre laquelle elle s'érige, c'est pourquoi les mots contenant cette racine sont des mots de guerre. Je ne trouve cette racine ancestrale intuitive dans aucun savoir livresque: mon champs d'investigation des livres est trop restreint par rapport à celui de mon intuition.

Struere, élever. L'image qui se forme dans mon esprit est la direction que prend l'étalé vers un ouvrage se dressant, pierre par pierre, vers le ciel.

Comment alors déconstruire si je perds de vue les sens ciel? J'ai cru entrevoir un sens différent mais je lui cours après uniquement pour qu'il m'échappe: il est différé.

Les sens diffèrent, ou je diffère d'eux. Nous nous côtoyons au lieu de nous encontrer. Nos temps se dérobent comme les portés d'une partition: en parallèle. Que ne puis-je me fondre en eux et les faire exploser?

Il est dit que la mère enfante et que l'enfanté ne peut revenir qu'à l'origine. Les mots m'ont enfantés, je ne peux leur revenir. Je dois marcher jusqu'aux origines pour enfanter les mots de demain. Tel est le devoir de chaque génération: enfanter les mots de nos enfants.

Les étendues sont tellement immenses que j'ai peur de m'y noyer immergée. Mais je transformerai ces immensités en troupeau mouvant de chevaux fougueux. Je serai la cavalière des temps nouveaux et dompterai un à un chacun d'entre eux pour que nous allions explorer les terres qui s'étendent sous nos pied curieux.

Si je ne recours à aucun livre, mon intuition me dit ceci: construire est l'activation d'une force insufflée dans une matière empilée pour lui donner une nouvelle forme, une nouvelle direction. C'est un acte qui allie la force à la matière, un acte qui a pour ambition de maintenir dans le temps une force contraire aux force naturelles.

Si je continue dans la lancée, construire et déconstruire manipulent cette force, tandis que détruire sépare la force de la matière la faisant ainsi retourner à l'état d'énergie naturelle (entendez le mot naturel comme globalité existant avant l'idée de l'humain).

Pourrais-tu, chère amie, me donner en retour l'écho de ta propre intuition?

Je sais que le temps te manque, qu'il semble manquer. Pourtant c'est toi qui le distribue: s'il te manque pour ceci, c'est qu'il est investi ailleurs, rien de plus normal.

Je t'embrasse tendrement

Ambre

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Il faudrait peut-être ajouter un "r" à la racine.= "str". J'avais lu qq part que l'origine des mots (c'est plus sensible dans des langues comme l'arabe où seulement les consonnes sont notées), leur racine est presque toujours constituée de trois consonnes...

On pourrait peut-être y retrouver les mots anglais straight, street, allemand, stasse ? Notre "structure" ainsi que ton "struere" (=élever)... notre "droit" en serait peut être une évolution (?), comme "strict" ? Faudrait demander l'avis de @tison2feu...

Mais il y a aussi "stratigraphie", "strate" (=couche) on se perd ! Existe-t-il une étymologie du latin puis de l'indoeuropéen ? :)

Il faudrait... "déconstruire" (!) les langues pour remonter à la première si elle a jamais existé...

@Ambre Agorn

Et... "Stromaé" ! Maestro, de "magister", maître; celui qui commande, qui enseigne...

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 132 messages
Forumeur expérimenté‚
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Il y a 9 heures, Blaquière a dit :

Il faudrait peut-être ajouter un "r" à la racine.= "str". J'avais lu qq part que l'origine des mots (c'est plus sensible dans des langues comme l'arabe où seulement les consonnes sont notées), leur racine est presque toujours constituée de trois consonnes...

On pourrait peut-être y retrouver les mots anglais straight, street, allemand, stasse ? Notre "structure" ainsi que ton "struere" (=élever)... notre "droit" en serait peut être une évolution (?), comme "strict" ? Faudrait demander l'avis de @tison2feu...

Mais il y a aussi "stratigraphie", "strate" (=couche) on se perd ! Existe-t-il une étymologie du latin puis de l'indoeuropéen ? :)

Il faudrait... "déconstruire" (!) les langues pour remonter à la première si elle a jamais existé...

@Ambre Agorn

Et... "Stromaé" ! Maestro, de "magister", maître; celui qui commande, qui enseigne...

Salut Blaquière (et Ambre),

Oui, pour l'indo-européen, un "r" figure dans l'étymon reconstruit *ster-, sterə- ~ strē-, steru- ~ streu- "étendre, répandre". Pour une liste des très nombreux mots apparentés à cet étymon, cf. https://lrc.la.utexas.edu/lex/master/1898

Si j'ai bien compris, Ambre procède de façon intuitive en essayant de retrouver une origine sémantique à partir de la forme des lettres de l'alphabet. Mais l'écriture est un phénomène très récent dans l'histoire de l'humanité, et bon nombre de peuples continuent d'avoir une langue non écrite transmise par tradition orale. Par surcroît un tel regard sémantique ne résulte que d'une seule personne (un penseur, un poète,...), et non d'un groupe de locuteurs parlant la même langue. Et ce regard est contemporain. Comment pallier tant de subjectivité?

Pour gagner en objectivité (plus scientifique) dans l'étude des associations d'idées, il me semble préférable de commencer par recenser tout ce que racontent les langues. Par exemple, dans certaines langues océaniennes, il n'y a qu'un seul mot pour dire "oreille" et "feuille (d'arbre)". Je ne fais pas intervenir ma propre intuition dans ce type de travail analogique. Je prends note simplement du regard porté par les anciens sur le monde dans telle ou telle langue. C'est comme cela, me semble-t-il, que la reconstruction sémantique et phonétique a de beaux jours devant elle. Mais ce travail est titanesque!

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 132 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
Il y a 21 heures, Ambre Agorn a dit :

Chère Amie

Une phrase apparemment anodine qui, une fois lue, ne m'a laissé aucun répit. Je tourne et retourne son sens, ses mots, ses lettres.

"Déconstruire n'est pas détruire"

Toute une philosophie; des implications en cascades, un gouffre dans lequel j'ai failli perdre pied mais qui m'offrait une marche sur laquelle prendre appui.

Je me suis perdue dans l'étymologie du mot construire. Struere: élever, avec le préfixe cum: avec. Mais ce "avec", c'est avec qui, avec quoi, ou avec dans le sens ensemble?

Il y a le livre, concentrateur des savoirs ancestraux, et il y a mon intuition, concentratrice des connaissances ancestrales. Depuis mes premiers pas en étymologie, il y a cette racine ancestrale, archaïque, qui me saute aux yeux: "st". Cette racine, mon intuition la place dans la très vieille histoire, bien antérieure au latin ou au grec.

"St" me donne l'idée d'une force qui se tient debout, une force qui met en échec l'apesanteur ou autres forces naturelles; une force nouvelle qui matérialise l'affrontement d'avec une autre, ancienne. Plus qu'un affrontement, elle est continuelle et se dresse pour annuler l'autre, reste dressée. Il n'y a pas possibilité d'éradiquer la force naturelle contre laquelle elle s'érige, c'est pourquoi les mots contenant cette racine sont des mots de guerre. Je ne trouve cette racine ancestrale intuitive dans aucun savoir livresque: mon champs d'investigation des livres est trop restreint par rapport à celui de mon intuition.

Struere, élever. L'image qui se forme dans mon esprit est la direction que prend l'étalé vers un ouvrage se dressant, pierre par pierre, vers le ciel.

Comment alors déconstruire si je perds de vue les sens ciel? J'ai cru entrevoir un sens différent mais je lui cours après uniquement pour qu'il m'échappe: il est différé.

Les sens diffèrent, ou je diffère d'eux. Nous nous côtoyons au lieu de nous encontrer. Nos temps se dérobent comme les portés d'une partition: en parallèle. Que ne puis-je me fondre en eux et les faire exploser?

Il est dit que la mère enfante et que l'enfanté ne peut revenir qu'à l'origine. Les mots m'ont enfantés, je ne peux leur revenir. Je dois marcher jusqu'aux origines pour enfanter les mots de demain. Tel est le devoir de chaque génération: enfanter les mots de nos enfants.

Les étendues sont tellement immenses que j'ai peur de m'y noyer immergée. Mais je transformerai ces immensités en troupeau mouvant de chevaux fougueux. Je serai la cavalière des temps nouveaux et dompterai un à un chacun d'entre eux pour que nous allions explorer les terres qui s'étendent sous nos pied curieux.

Si je ne recours à aucun livre, mon intuition me dit ceci: construire est l'activation d'une force insufflée dans une matière empilée pour lui donner une nouvelle forme, une nouvelle direction. C'est un acte qui allie la force à la matière, un acte qui a pour ambition de maintenir dans le temps une force contraire aux force naturelles.

Si je continue dans la lancée, construire et déconstruire manipulent cette force, tandis que détruire sépare la force de la matière la faisant ainsi retourner à l'état d'énergie naturelle (entendez le mot naturel comme globalité existant avant l'idée de l'humain).

Pourrais-tu, chère amie, me donner en retour l'écho de ta propre intuition?

Je sais que le temps te manque, qu'il semble manquer. Pourtant c'est toi qui le distribue: s'il te manque pour ceci, c'est qu'il est investi ailleurs, rien de plus normal.

Je t'embrasse tendrement

Ambre

Bonjour Ambre,

Ayant répondu à notre ami Blaquière, je me rends compte que j'aurais dû auparavant m'assurer d'avoir bien saisi la génèse - notamment le point de départ - de votre intuition relative à la racine "st", afin de ne pas vous faire dire ce que vous n'avez pas dit!

A propos de cette racine "st" et de sa perception, vous écrivez qu'une image se forme en votre esprit. Mais s'agit-il au départ d'une image visuelle des lettres "ST" ou bien d'une perception auditive des sons "st" ? Votre intuition naît-elle à la vue des formes de ces deux lettres de l'alphabet ou bien à l'audition/énonciation de ces deux sons ? Ou dernière solution: surgit-elle en vous lors d'une double perception à la fois visuelle et sonore ?

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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@tison2feu

Après avoir lu ta réponse, je ne sais plus vraiment le sens de ma question...

Non, je blague ! ;)

Peut-on ressouder une intuition vagabonde avec une objectivité ?

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
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Le 30/03/2023 à 09:52, Blaquière a dit :

Il faudrait peut-être ajouter un "r" à la racine.= "str". J'avais lu qq part que l'origine des mots (c'est plus sensible dans des langues comme l'arabe où seulement les consonnes sont notées), leur racine est presque toujours constituée de trois consonnes...

On pourrait peut-être y retrouver les mots anglais straight, street, allemand, stasse ? Notre "structure" ainsi que ton "struere" (=élever)... notre "droit" en serait peut être une évolution (?), comme "strict" ? Faudrait demander l'avis de @tison2feu...

Mais il y a aussi "stratigraphie", "strate" (=couche) on se perd ! Existe-t-il une étymologie du latin puis de l'indoeuropéen ? :)

Il faudrait... "déconstruire" (!) les langues pour remonter à la première si elle a jamais existé...

@Ambre Agorn

Et... "Stromaé" ! Maestro, de "magister", maître; celui qui commande, qui enseigne...

Après l'exploration intuitive, je vais voir dans les livres... ou plutôt le livre (le seul que j'ai et que je puisse consulter à volonté)

J'ai en effet vu que construire est composé du radical stru-, potentiellement formée à partir de la racine indo-européenne °ster: étendre (formant aussi ton strate). Ce qui rejoindrai mon idée d'élever quelque chose "pierre par pierre", soit, en adéquation avec cette racine indo-européenne, par couches successives.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 132 messages
Forumeur expérimenté‚
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Il y a 5 heures, Blaquière a dit :

@tison2feu

Après avoir lu ta réponse, je ne sais plus vraiment le sens de ma question...

Non, je blague ! ;)

Peut-on ressouder une intuition vagabonde avec une objectivité ?

Peut-être en l'intégrant dans un raisonnement logique ?

Je viens de relire le texte d'Ambre et curieusement tout me semble davantage accessible! 

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Il y a 15 heures, tison2feu a dit :

Bonjour Ambre,

Ayant répondu à notre ami Blaquière, je me rends compte que j'aurais dû auparavant m'assurer d'avoir bien saisi la génèse - notamment le point de départ - de votre intuition relative à la racine "st", afin de ne pas vous faire dire ce que vous n'avez pas dit!

A propos de cette racine "st" et de sa perception, vous écrivez qu'une image se forme en votre esprit. Mais s'agit-il au départ d'une image visuelle des lettres "ST" ou bien d'une perception auditive des sons "st" ? Votre intuition naît-elle à la vue des formes de ces deux lettres de l'alphabet ou bien à l'audition/énonciation de ces deux sons ? Ou dernière solution: surgit-elle en vous lors d'une double perception à la fois visuelle et sonore ?

Bonjour!

En effet, je me suis aperçue que vous n'aviez pas tout à fait cerné la chose: merci d'y être revenu!

Il y certaine sonorités (telles le son du m, le son du gr ou celui du st, etc) qui me paraissent venir d'avant le moment où l'humain a articulé des mots. Ce n'est en effet qu'une intuition, mais je crois que certaines sonorités sont comme des symboles, c'est à dire qu'elles déclenchent des réactions physiques et psychiques. C'est dans ce sens que je parlais de l'"image" qui s'impose à mon esprit quand j'"étudie" ces sonorités. Je regarde le positionnement physique de ma langue, de ma gorge, le chemin de l'air dans mon conduit nasal, et la posture général du corps entier, et surtout les schémas réactionnels qui répondent à ces sonorités. Ces sonorités me paraissent "universelle", c'est à dire que, à mon niveau (c'est à dire pas très loin en fait), je constate les mêmes positions et les mêmes réactions quand ces sonorités sont prononcées. Ce sont bien sûr des réaction "primaires", ou plutôt animales.

Donc, pour répondre à votre question, ce ne sont pas des images qui se présentent par le dessin même des lettres, mais le dessin entier de la prononciation et du prononciateur de ces sonorités. Oui, c'est en quelque sorte visuel et sonore parce que ce sont bien ces deux sens qui perçoivent ce que je décris.

il y a 32 minutes, tison2feu a dit :

Peut-être en l'intégrant dans un raisonnement logique ?

Je viens de relire le texte d'Ambre et curieusement tout me semble davantage accessible! 

N'oublions pas qu'on est en littérature et que j'ai utilisé une façon d'écrire qui ne rentrerait pas en section sciences ou philo!

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