Maternité/paternité: "droits" et "devoirs"? Sérieux?

il y a 12 minutes, Fraction a dit :

Bonjour,

Ma mère est une mère poule qui aurait été capable de faire de moi un "Tanguy" définitivement dépendant.

Mais à un moment donné de mon existence, j'ai eu faim, et j'ai eu peur.

L'éducation émancipatrice est un jeu de confiance et de doute bilatéral.

 

Puisqu'on en est à parler d'évolution et de darwinisme, j'ajouterais que la sélection naturelle est prise entre deux feux :

D'un côté, il faut raccourcir la maturation pour accélérer les générations et pour que l'espèce évolue plus vite.

Mais d'un autre côté, la maturation cérébrale impose une longue durée, pour une plus grande complexité fonctionnelle.

Cordialement, Fraction.

Je me suis aussi enfuie de chez mes parents, car je me sentais étouffée, même si chez eux existait une certaine volonté de nous laisser faire ce que nous déciderions de faire. Mais cette soi-disant liberté s'avérait être une corde des plus solides, d'ailleurs quelques-uns de mes frères et sœurs sont restés "collés" à mes parents. Un jour j'ai dû briser le lien pour me libérer de leur enprise.

J'avais déjà remarqué le fait que nous allions dans le mur à vouloir développer nos cerveaux et diminuer la gestation/maturation de la descendance (bon on pourrait discuter du "vouloir"...). Mais je ne vois plus ça comme une course au mur, ou plutôt comme une fatalité dans le mur, mais plutôt comme notre porte de secours. Comme si, arrivé au mur, nous serions "obligés" de passer au travers (j'avoue que c'est un peu vague ce que je raconte...mais je me comprends! )

Il y a 17 heures, Colibri* a dit :

Peut-être parlez plutôt de l'enfant libre. 

Je me méfie de ce mot-là ("libre", "liberté"...). Je lui préfère "autonome"...

Je vous offre un très court extrait de Kovanien (le livre) qui explique un peu cette défiance...

Citation

Par contre, je vais te dire ce qu'il y gagnait : il y gagnait en autonomie ! Et vous avez un autre mot pour cela : c'est le mot "liberté" ! Mais ce mot vous appartient ; nous nous en méfions car il est trop imprécis...

—  Que veux-tu dire ?

—  Je veux dire que chacun d'entre vous l'habite à sa façon et ce faisant...

—  Non. Que veux-tu dire quand tu dis qu'on y gagnait en autonomie ?

—  Je vais te donner une image. Elle est un peu caricaturale, mais elle me permettra d'établir mon affirmation plus clairement. Vous avez un proverbe qui dit : "Un petit chez soi vaut mieux qu'un grand chez les autres". J'en conclus que vous pensez que la qualité de votre vie est meilleure quand celle-ci se déroule dans un espace qui vous appartient. Acceptes-tu ma déduction ?

—  Je l'accepte.

—  J'accepte, quant à moi, cet "petit chez soi" comme un espace clairement délimité et dont je peux physiquement faire le tour... C'est bien le sens, non ?

—  D'accord.

—  Tâchons alors de voir maintenant ce qui pourrait être meilleur dans votre vie du seul fait de cet espace bien précis... As-tu quelques idées ?

—  C'est bon... J'ai compris. Tu as marqué ton point...

—  Non, non... joue le jeu. Donne-moi seulement deux exemples. Les deux premiers qui te viennent à l'esprit...

—  C'est bon te dis-je...

—  Serais-tu mauvais joueur ?

—  Rrrr... Je vais et je viens comme je l'entends ; je n'ai pas à me soucier d'un autre, d'un propriétaire, d'un colocataire, d'un gouvernant, ou de qui sais-je encore...

—  Allez ! Juste un deuxième...

—  Je me sens mieux. Je me sens chez moi, avec moi ; j'ai une relation plus intense avec moi-même, avec mes proches... Je suis sécurisé par mon sanctuaire. Je suis plus disponible, plus ouvert, mieux armé pour affronter les difficultés extérieures, etc. etc. Cela te va-t-il ? Es-tu content ?

—  Tu es donc...?

—  RRRrrr... Plus autonome ! Plus libre... Je te fais observer que tu avais promis de ne plus me crucifier ainsi...

Il y a 18 heures, Loufiat a dit :

Je suis ambigu devant ton sujet car d'un côté il me semble que ce monde s'oppose entièrement à cette vision que tu proposes ou du moins que j'entrevois, "libérer la créativité" en assurant seulement la survie, l'enfant devant se faire confiance, se découvrir et s'exercer ; très bien mais dans ce monde en suivant cette recette on abouti le plus souvent à l'échec, car rien ne va dans ce sens - et dans le même temps je constate que ce discours ou du moins un discours approchant, similaire, est au contraire exactement dans l'air du temps et parfaitement conforme à l'état de nos moyens, en particulier tout ce qu'on rassemble sous la fracture du "numérique" et le fait que l'enseignement traditionnel se trouve en décalage par rapport à ce monde où l'individu dans sa formation doit être plus "créatif", autonome, l'horizontalité et où le jeu est une valeur centrale, etc., glissements de valeurs entraînés par et avec ces nouveaux moyens (la startup nation, en gros). Pour conclure je m'interroge sur le potentiel subversif de ton idée, dans la mesure où précisément elle pourrait changer le sens de ces valeurs qui s'imposent de fait. Je ne peux que jouer les oiseaux de mauvaise augure : chaque fois c'est l'inverse qui se passe, les bonnes intentions sont déviées, le système renforcé. Sachant que je ne sais pas si je sais bien ce que tu veux dire. Tout cela est on ne peut plus embrouillé, peut-être sauras-tu en faire quelque chose ?  

Assurément, je sais en faire quelque chose: tu as parfaitement compris le sujet du topic! Plus parfaitement est impossible! Ce topic a vocation (comme la plupart de mes topics?) à nous faire réfléchir ensemble (c'est-à-dire dialoguer?), et partir de l'absurde, le cas échéant (je ne dis pas que c'est le cas ici, mais il y avait un peu l'idée car je suis simplement parti de la définition du mot "maternité" dans le CNRTL.fr avec pour seule idée de la contester!...), ne me pose aucun problème. 

Et pour le coup, je trouve ta contribution intéressante, riche de questions... (auxquelles je vais maintenant réfléchir)

Merci. À plus donc 

il y a 7 minutes, Guillaume_des_CS a dit :

Je me méfie de ce mot-là ("libre", "liberté"...). Je lui préfère "autonome"...

Et donc notre devoir en tant que parent est de guider nos enfants vers plus d'autonomie. Qu'ils puissent s'assumer seul une fois devenu adulte. Cela se construit.

Il y a 22 heures, Guillaume_des_CS a dit :

Donner juste les moyens de survie...? Advienne ce que devra?...

C'est une très bonne recette pour fabriquer des psychopathes   

à l’instant, Colibri* a dit :

Et donc notre devoir en tant que parent est de guider nos enfants vers plus d'autonomie. Qu'ils puissent s'assumer seul une fois devenu adulte. Cela se construit.

La chatte, la lionne, l'ânesse ont-elle ce devoir? Peut-on dire qu'elles n'aiment pas leurs enfants? Peut-on dire qu'elles "guident" leurs enfants vers l'autonomie? N'est-ce pas un comportement naturel? Où est le "devoir"? Quand apparaît-il? "Qui" l'a inventé? Pourquoi?... (Ce que je dis là vaut aussi pour les ânes que nous sommes, évidemment...)

Il y a 18 heures, riad** a dit :

Presque toutes, certaines bactéries ont un comportement semblable à celui des humains, elles polluent jusqu'à leur disparition, la levure du vin fait la même chose, il ne faut pas oublier que les cyanobactéries ont modifié l'atmosphère de la terre en libérant de l'oxygène il y a trois milliards d'années.
 

"...vouloir contrôler..."...

N'es-tu pas en train de leur prêter cette capacité?

Il y a 17 heures, Loufiat a dit :

Oui je vois ce que tu veux dire. Il y a pour moi une distinction à faire entre liberté et abandon. Aujourd'hui je suis étonné par l'abandon des enfants. Je m'aperçois de plus en plus que mes références sont biaisés et combien nombreux sont ceux qui sont ou ont été abandonnés d'une façon ou d'une autre. Et ce n'est pas la liberté, c'est même antinomique.

Attention! Nous vivons (selon moi, et quelques autres quand même...) dans un système complexe (au sens que la systémique donne à ce terme). Je fais court (mais je peux démontrer sans problème): il y a très probablement plus d'enfants qui abandonnent leurs parents (aujourd'hui) que l'inverse! Et ce ne sont ni les enfants ni les parents qui en décident, mais le système lui-même (en régulant son homéostasie!). Et le système, quant à lui, n'a aucune idée de ce que pourraient être "la liberté", "l'abandon", etc. Il n'est pas humain, il est systémique. Oui, je suis en train de dire que "l'humanité" n'a rien "d'humain"...

Il y a 3 heures, Fraction a dit :

Je viens de relire votre post initial, et je n'y ai trouvé qu'une déclaration invitant au débat sur l'éducation.

Dommage. Pardonnez-moi. Je me serai mal exprimé. Le sujet n'est pas l'éducation. En tout cas la question principale que j'essayais d'introduire...

Je voulais questionner les notions/concepts de "droits" et "devoirs" en regard de la maternité ou la paternité, et non questionner leurs rôles dans "l'éducation" (qui est, elle, questionnable sur le même plan). 

Il y a 2 heures, Ambre Agorn a dit :

C'est en effet le but de l'éducation commune à toutes les espèces, il me semble. Et je peux certifier que je n'ai vu que très peu de personne éduquer leurs enfants dans ce but!

J'ajouterai même que c'est le seul devoir/droit des parents et les seules aptent à offrir à leur progéniture de quoi se séparer d'eux. Car je pense que la séparation ne peut survenir que s'il y a un terrain de confiance au préalable.

Je suis tout à fait d'accord avec toi Ambre, mais tu t’engouffres dans le débat sur l'éducation... Moi (le sujet du topic), je questionne la légitimité des termes eux-mêmes; la relation de "droits" et "devoirs" à "parentalité"?

Il y a 1 heure, Guillaume_des_CS a dit :

La chatte, la lionne, l'ânesse ont-elle ce devoir? Peut-on dire qu'elles n'aiment pas leurs enfants? Peut-on dire qu'elles "guident" leurs enfants vers l'autonomie? N'est-ce pas un comportement naturel? Où est le "devoir"? Quand apparaît-il? "Qui" l'a inventé? Pourquoi?... (Ce que je dis là vaut aussi pour les ânes que nous sommes, évidemment...)

Gare à l'antropomorphisme ! Je suis loin d'être convaincu de "l'amour" des animaux pour leur petit. Sinon je vous invite à philosopher avec une chèvre 

Il y a un détail dans le développement du petit humain qui semble vous échapper et qui a été évoqué sur un autre sujet par @Crabe_fantome et que j'ai trouvé intéressant. Le petit humain naît immature, incapable de se déplacer,  de se nourrir seul. Il est complètement dépendant de ses parents et ce sur une longue période. De mémoire j'avais vu un reportage là dessus il y a quelques années : du fait de son évolution le crâne de l'homosapiens est devenu plus volumineux. Si le bébé devait naître "à terme" ou à maturité physiologique , sa tête ne passerait plus dans le bassin de la femme. Voilà pourquoi le bébé nait "prématurément" et cela a été possible dans notre évolution justement par cette capacité des parents de prendre soin de leurs petits, dans une communauté. Et donc avec des devoirs envers ses enfants.

il y a 3 minutes, Colibri* a dit :

Gare à l'antropomorphisme ! Je suis loin d'être convaincu de "l'amour" des animaux pour leur petit. Sinon je vous invite à philosopher avec une chèvre 

Il y a un détail dans le développement du petit humain qui semble vous échapper et qui a été évoqué sur un autre sujet par @Crabe_fantome et que j'ai trouvé intéressant. Le petit humain naît immature, incapable de se déplacer,  de se nourrir seul. Il est complètement dépendant de ses parents et ce sur une longue période. De mémoire j'avais vu un reportage là dessus il y a quelques années : du fait de son évolution le crâne de l'homosapiens est devenu plus volumineux. Si le bébé devait naître "à terme" ou à maturité physiologique , sa tête ne passerait plus dans le bassin de la femme. Voilà pourquoi le bébé nait "prématurément" et cela a été possible dans notre évolution justement par cette capacité des parents de prendre soin de leurs petits, dans une communauté. Et donc avec des devoirs envers ses enfants.

Non, pour moi vous sortez simplement du "traitement philosophique" du sujet pour le déplacer sur le terrain biologique? (Vous êtes chez Darwin en tout cas bien davantage que chez... Rousseau? [Arf! Je donne le bâton pour me faire battre je crois...])

il y a 4 minutes, Guillaume_des_CS a dit :

Non, pour moi vous sortez simplement du "traitement philosophique" du sujet pour le déplacer sur le terrain biologique? (Vous êtes chez Darwin en tout cas bien davantage que chez... Rousseau? [Arf! Je donne le bâton pour me faire battre je crois...])

Je vous laisse donc avec votre ami Jean-Jacques 

Il y a 1 heure, Colibri* a dit :

Je vous laisse donc avec votre ami Jean-Jacques 

Merci de m'épargner cette "battue"! En tout cas je l'espère 

il y a 5 minutes, Guillaume_des_CS a dit :

Merci de m'épargner cette "battue"! En tout cas je l'espère 

Ce n'est pas mon style rassurez vous 

il y a 4 minutes, Colibri* a dit :

Ce n'est pas mon style rassurez vous 

Non, non, je ne pensais pas à vous, mais "aux ôtres!" (Tout le monde est contre moi! Personne ne m'aime! Etc. etc. Vous n'aviez pas compris?... Ils sont tous là autour de MOI...)

Just kidding, ok? Love and peace  !

il y a 26 minutes, Guillaume_des_CS a dit :

Non, non, je ne pensais pas à vous, mais "aux ôtres!" (Tout le monde est contre moi! Personne ne m'aime! Etc. etc. Vous n'aviez pas compris?... Ils sont tous là autour de MOI...)

Just kidding, ok? Love and peace  !

Ah oui je viens de comprendre ! 

L'occasion donc pour vous de mettre en pratique vos préceptes : développer votre créativité face a l'adversité etc etc 

Il y a 4 heures, Guillaume_des_CS a dit :

Attention! Nous vivons (selon moi, et quelques autres quand même...) dans un système complexe (au sens que la systémique donne à ce terme). Je fais court (mais je peux démontrer sans problème): il y a très probablement plus d'enfants qui abandonnent leurs parents (aujourd'hui) que l'inverse! Et ce ne sont ni les enfants ni les parents qui en décident, mais le système lui-même (en régulant son homéostasie!). Et le système, quant à lui, n'a aucune idée de ce que pourraient être "la liberté", "l'abandon", etc. Il n'est pas humain, il est systémique. Oui, je suis en train de dire que "l'humanité" n'a rien "d'humain"...

Salut Guillaume,

Pour moi ici tu fais une confusion très grave (si si !) entre les individus et le système. Les individus ne sont pas le système. Lorsque je me trouve coincé dans un embouteillage, certes c'est parce que, comme tous les autres avec moi, j'ai décidé de prendre la voiture ; mais je n'ai pas voulu l'embouteillage, je subis+ le résultat de l’agrégation de ces choix individuels, qui est autre chose que ces choix. Donc oui finalement je suis d'accord avec toi, dans le sens où le système n'est pas humain - mais pas pour dire que l'humanité n'a rien d'humain. Quant à l'abandon des parents, c'est sans doute vrai oui ! Cela va sans doute avec notre 'jeunisme'... la vieillesse est terrible, entre culpabilité (de vivre, inactif, d'être un poids) et abandon.

il y a 12 minutes, Colibri* a dit :

Ah oui je viens de comprendre ! 

L'occasion donc pour vous de mettre en pratique vos préceptes : développer votre créativité face a l'adversité etc etc 

Non, bien sûr que non, mais...