Tolkien

"Tolkien" est un film du finlandais Dome Karukofski (réalisateur de "Tom of Finland"). Il s'agit d'une biographie du célèbre auteur du "Lord of the Rings"; le film se concentre sur les 20 premières années de l'écrivain, et en particulier sur sa participation à la Première Guerre mondiale.

J'ai découvert J.R.R. Tolkien (qui allait mourir la même année) en 1973, alors que j'étais à l'armée. Dans le magazine "Actuel" je lus un bref article sur la sortie de "Bilbo le Hobbit", qui était présenté comme un roman comique, à propos d'un petit personnage aux pieds poilus. J'achetais le bouquin et le lus assez rapidement, en le trouvant très amusant. Sur la 4e de couverture on écrivait que J.R.R. Tolkien - pour moi un parfait inconnu - était AUSSI l'auteur du "Seigneur des Anneaux", un chef-d'oeuvre de la Fantasy. Quand ce livre parut en livre de poche en 1976, je l'achetais. Au début, je fus plutôt déçu, et je mis 6 mois à lire le premier tome. Je le terminai en vacances en Bretagne. Rentré à Paris, j'achetais aussitôt les deux derniers volumes, et les dévorais en quelques jours. Puis je commençais immédiatement à relire le 1er volume. Depuis j'ai lu cette œuvre six ou sept fois, mais je suis très loin de Peter Jackson, qui a dû la lire une bonne cinquantaine de fois. Non seulement le "Seigneur des Anneaux" est devenu mon livre favori - ce qui est le cas pour des millions de gens, surtout depuis le succès de la trilogie de Peter Jacskon - mais en plus, dans ma vie, il est arrivé exactement au bon moment.

Faire un film sur Tolkien m'a paru une bonne idée, avec cette réserve toutefois que c'était l'homme le moins aventureux du monde - en fait, le prototype du hobbit, c'était lui. Qui y a-t-il à raconter sur la vie d'un homme qui a passé sa vie à enseigner une matière aussi ardue que les anciennes langues germaniques, à étudier, à écrire, et aussi - voire surtout - à concevoir des langues imaginaires? Un homme qui a été fidèle à la même femme, qui est passé du statut de professeur respectable à celui d'écrivain mondialement connu non sans en concevoir, on l'imagine, une touche d'agacement? En fait le film se consacre uniquement à la jeunesse de l'auteur, et part de cette idée que son expérience de la guerre et des tranchées a joué un rôle décisif dans sa création littéraire...

Sauf que cette hypothèse est tout à fait contestable. La grande passion de Tolkien, toute sa vie, on le sait, ce sont les langues. Très tôt, il commence à imaginer ce qu'il appellera la "langue des elfes". En fait il y en a deux : le Quenya le Sindarin. Il va très loin dans l'élaboration de ces langues, au point qu'on peut tout à fait les apprendre et les parler, ce que font des milliers d'amateurs aujourd'hui. Et puis il commence à comprendre qu'une langue implique l'existence d'un monde dans laquelle elle est parlée. Et il décrit donc, dans ce qui sera publié plus tard sous le nom de "Silmarillion" et de "Contes perdus", l'univers imaginaire- mais décrit avec beaucoup de détails - où vivent les peuples qui s'expriment dans ces langues. Tolkien n'a passé que quelques mois sur le front - il a été rapatrié en Angleterre parce qu'il avait attrapé ce qu'on appelait la "fièvre des tranchées" - et donc je ne pense pas que cet épisode l'ait marqué au point d'en faire la base de sa création littéraire.

Dans les années 30, il écrit pour ses enfants une sorte de conte - "The Hobbit" - qui, édité, connaît un grand succès. Comme je l'ai dit, c'est un roman amusant, destiné à la jeunesse, très loin de la trilogie boursouflée qu'en tirera Peter Jackson. Son éditeur lui demande alors une suite. Le problème, c'est que Tolkien n'a aucune idée pour cette suite. Vers 1937, il commence néanmoins à écrire ce qui deviendra "la Communauté de l'Anneau". Au début, l'auteur, tout comme ses personnages, ne sait littéralement pas où il va. Malgré toutes les corrections ultérieures, cela se sent encore, et c'est ce qui rend la lecture du début du LOTR pénible pour le lecteur non averti. Et puis un jour, il a une idée de génie : rattacher ce roman à sa grande œuvre, qui dort dans ses tiroirs, l'histoire des âges de la "Terre du Milieu". C'est ce qui donne à cette saga à la fois toute sa richesse, sa profondeur et sa poésie. Il mettra quand même une quinzaine d'années à l'écrire. Sortie dans les années 50, la trilogie est tout de suite un grand succès.

Si l'ombre de la guerre plane sur le "Seigneur des Anneaux", c'est surtout celle de la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour discerner dans Hitler et le nazisme les modèles de Sauron et du Mordor - Saroumane incarnant quant à lui, paraît-il, Staline. Le monde du LOTR, au début du roman, est un monde très menacé, un peu comme pouvait se sentir l'Angleterre en 1939-40. L'expérience personnelle de la guerre de Tolkien se ressent pourtant dans certains passages, comme la traversée des Marais des Morts. On a dit aussi que les rapports de Frodon et Sam étaient typiquement ceux d'un officier britannique et de son ordonnance.

Tout ça pour dire… Je n'attends pas grand-chose de ce film, que j'irai peut-être voir malgré tout.

A noter que l'acteur qui incarne le professeur Tolkien est Nicholas Hoult, qu'on a vu dans la saga "X-Men" dans le rôle du Fauve.

Un jugement assez critique sur le film :

https://www.lepoint.fr/pop-culture/tolkien-si-vous-etes-fan-ce-biopic-n-est-pas-pour-vous-19-06-2019-2319795_2920.php#site

Il y a 4 heures, Gouderien a dit :

"Tolkien" est un film du finlandais Dome Karukofski (réalisateur de "Tom of Finland"). Il s'agit d'une biographie du célèbre auteur du "Lord of the Rings"; le film se concentre sur les 20 premières années de l'écrivain, et en particulier sur sa participation à la Première Guerre mondiale.

J'ai découvert J.R.R. Tolkien (qui allait mourir la même année) en 1973, alors que j'étais à l'armée. Dans le magazine "Actuel" je lus un bref article sur la sortie de "Bilbo le Hobbit", qui était présenté comme un roman comique, à propos d'un petit personnage aux pieds poilus. J'achetais le bouquin et le lus assez rapidement, en le trouvant très amusant. Sur la 4e de couverture on écrivait que J.R.R. Tolkien - pour moi un parfait inconnu - était AUSSI l'auteur du "Seigneur des Anneaux", un chef-d'oeuvre de la Fantasy. Quand ce livre parut en livre de poche en 1976, je l'achetais. Au début, je fus plutôt déçu, et je mis 6 mois à lire le premier tome. Je le terminai en vacances en Bretagne. Rentré à Paris, j'achetais aussitôt les deux derniers volumes, et les dévorais en quelques jours. Puis je commençais immédiatement à relire le 1er volume. Depuis j'ai lu cette œuvre six ou sept fois, mais je suis très loin de Peter Jackson, qui a dû la lire une bonne cinquantaine de fois. Non seulement le "Seigneur des Anneaux" est devenu mon livre favori - ce qui est le cas pour des millions de gens, surtout depuis le succès de la trilogie de Peter Jacskon - mais en plus, dans ma vie, il est arrivé exactement au bon moment.

Faire un film sur Tolkien m'a paru une bonne idée, avec cette réserve toutefois que c'était l'homme le moins aventureux du monde - en fait, le prototype du hobbit, c'était lui. Qui y a-t-il à raconter sur la vie d'un homme qui a passé sa vie à enseigner une matière aussi ardue que les anciennes langues germaniques, à étudier, à écrire, et aussi - voire surtout - à concevoir des langues imaginaires? Un homme qui a été fidèle à la même femme, qui est passé du statut de professeur respectable à celui d'écrivain mondialement connu non sans en concevoir, on l'imagine, une touche d'agacement? En fait le film se consacre uniquement à la jeunesse de l'auteur, et part de cette idée que son expérience de la guerre et des tranchées a joué un rôle décisif dans sa création littéraire...

Sauf que cette hypothèse est tout à fait contestable. La grande passion de Tolkien, toute sa vie, on le sait, ce sont les langues. Très tôt, il commence à imaginer ce qu'il appellera la "langue des elfes". En fait il y en a deux : le Quenya le Sindarin. Il va très loin dans l'élaboration de ces langues, au point qu'on peut tout à fait les apprendre et les parler, ce que font des milliers d'amateurs aujourd'hui. Et puis il commence à comprendre qu'une langue implique l'existence d'un monde dans laquelle elle est parlée. Et il décrit donc, dans ce qui sera publié plus tard sous le nom de "Silmarillion" et de "Contes perdus", l'univers imaginaire- mais décrit avec beaucoup de détails - où vivent les peuples qui s'expriment dans ces langues. Tolkien n'a passé que quelques mois sur le front - il a été rapatrié en Angleterre parce qu'il avait attrapé ce qu'on appelait la "fièvre des tranchées" - et donc je ne pense pas que cet épisode l'ait marqué au point d'en faire la base de sa création littéraire.

Dans les années 30, il écrit pour ses enfants une sorte de conte - "The Hobbit" - qui, édité, connaît un grand succès. Comme je l'ai dit, c'est un roman amusant, destiné à la jeunesse, très loin de la trilogie boursouflée qu'en tirera Peter Jackson. Son éditeur lui demande alors une suite. Le problème, c'est que Tolkien n'a aucune idée pour cette suite. Vers 1937, il commence néanmoins à écrire ce qui deviendra "la Communauté de l'Anneau". Au début, l'auteur, tout comme ses personnages, ne sait littéralement pas où il va. Malgré toutes les corrections ultérieures, cela se sent encore, et c'est ce qui rend la lecture du début du LOTR pénible pour le lecteur non averti. Et puis un jour, il a une idée de génie : rattacher ce roman à sa grande œuvre, qui dort dans ses tiroirs, l'histoire des âges de la "Terre du Milieu". C'est ce qui donne à cette saga à la fois toute sa richesse, sa profondeur et sa poésie. Il mettra quand même une quinzaine d'années à l'écrire. Sortie dans les années 50, la trilogie est tout de suite un grand succès.

Si l'ombre de la guerre plane sur le "Seigneur des Anneaux", c'est surtout celle de la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut pas beaucoup d'imagination pour discerner dans Hitler et le nazisme les modèles de Sauron et du Mordor - Saroumane incarnant quant à lui, paraît-il, Staline. Le monde du LOTR, au début du roman, est un monde très menacé, un peu comme pouvait se sentir l'Angleterre en 1939-40. L'expérience personnelle de la guerre de Tolkien se ressent pourtant dans certains passages, comme la traversée des Marais des Morts. On a dit aussi que les rapports de Frodon et Sam étaient typiquement ceux d'un officier britannique et de son ordonnance.

Tout ça pour dire… Je n'attends pas grand-chose de ce film, que j'irai peut-être voir malgré tout.

A noter que l'acteur qui incarne le professeur Tolkien est Nicholas Hoult, qu'on a vu dans la saga "X-Men" dans le rôle du Fauve.

Un jugement assez critique sur le film :

https://www.lepoint.fr/pop-culture/tolkien-si-vous-etes-fan-ce-biopic-n-est-pas-pour-vous-19-06-2019-2319795_2920.php#site

  Grande érudition, respect. Analyse amoureuse.

Perso, j'ai lu Tolkien en 73  bourgois éditeur.

Enorme  flash quant à Jakson, son oeuvre. Ce qui était impossible , il l'a rendu possible et a fait partager à des millions de gens mon trésor.

Quant à la trilogie du hobbit  elle est de mon point de vue un peu superfétatoire.

il y a une heure, Slkpax a dit :

  Grande érudition, respect. Analyse amoureuse.

Perso, j'ai lu Tolkien en 73  bourgois éditeur.

Enorme  flash quant à Jakson, son oeuvre. Ce qui était impossible , il l'a rendu possible et a fait partager à des millions de gens mon trésor.

Quant à la trilogie du hobbit  elle est de mon point de vue un peu superfétatoire.

La trilogie du LOTR de Jackson est effectivement une merveille. Pour moi, Peter Jackson est l'homme qui connaît mieux l'œuvre de Tolkien que Tolkien ne devait la connaître lui-même. Il a aussi été bien aidé par un musicien de génie, Howard Shore, qui lui a pondu une BO sublime. Après, il s'est fait plaisir avec la trilogie du "Hobbit", mais il y a une légère différence entre prendre le meilleur de milliers de pages pour en faire une trilogie de 12 heures en version longue, et prendre un malheureux roman de 300 pages, lui rajouter des éléments divers venus de tous les bouquins de l'auteur et une bonne dose d'imagination personnelle, et gonfler le tout pour en faire une autre trilogie de 10 heures - parce que là, je ne me suis même pas fatigué à regarder les versions longues. Je crois surtout que PJ a éprouvé un tel plaisir en tournant la trilogie du LOTR, qu'il a voulu recommencer l'expérience avec "le Hobbit". Mais ça ne marche pas à tous les coups. 

J'adore les livres de Tolkien, je les aie tous lu je ne sais pas combien de fois, y compris le Silmarillion et les contes perdus.

Mais ce qui m'intéresse ce sont les livres ou les films et même si j'ai beaucoup de respect pour Tolkien, le film n'a aucun intérêt pour moi. Je n'irais donc pas lui voir, en plus je connais sa vie ayant lu une biographie sur lui.

il paraît qu'une série dans l'univers du Seigneur des Anneaux va avoir lieu, pour alimenter les fans de fantasy, qui n'ont plus rien à se mettre sous la dent depuis la fin de GOT. 

Il y a 7 heures, Crève a dit :

il paraît qu'une série dans l'univers du Seigneur des Anneaux va avoir lieu, pour alimenter les fans de fantasy, qui n'ont plus rien à se mettre sous la dent depuis la fin de GOT. 

Effectivement, on en parle. 

J'ai vu ce film aujourd'hui et ben... Il ne prend que certains détails et s'attarde beaucoup trop sur la relation Tolkien et sa compagne, ce qui est dommage, sa vie ne s'est pas limitée à ça et on a vu que peu de chose suite à la guerre... Néanmoins, les effets spéciaux (notamment avec la scène du dragon pour faire un clin d’œil au Hobbit) sont super, tout comme la partie lors de la guerre. Nicholas Hoult est bien dans la peau de JRR Tolkien je trouve.

Le biopic sur le facteur Cheval ou Stubby étaient mieux et plus proche de leur vie entière à mon sens.

J'ai vu le film (et en VO, même)… Pas si mal. Pas un chef-d'oeuvre, mais ça se laisse voir.

Finalement les allusions à l'œuvre future sont assez discrètes. Et l'apparition du dragon est vraiment très brève.