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L'orgueil


sirielle

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 6 013 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Bien le bonjour,

 

Il y a 1 heure, sirielle a dit :

Oui bien sûr. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'avais souligné en introduction le paradoxe consistant à vanter orgueilleusement l'humilité.

C'est vrai. Je dirais que cela dépend des raisons qui poussent une personne à se dire humble, comme ceux qui revendiquent ostentatoirement venir en aide aux autres, cela cache je pense autre chose derrière cette façade publiquement exposée, comme ce fût le cas un temps ici par un forumeur en particulier.

 

Citation

D'ailleurs l'inspiration de ce sujet m'est venue sur la base de critiques m'étant adressées, bien que je me sois déjà intéressée à ce thème pour d'autres raisons. On a pu me qualifier d'hautaine entres autres. Et bien que je n'adhère pas forcément aux critiques, il est vrai que je peux être couramment méprisante.

Je trouve intéressant de ne pas hésiter à franchir le cap, d'exprimer clairement le fond de nos propos, c'est tout à ton honneur. ( Si le besoin s'en faisait ressentir, il y a la messagerie privée ).

C'est une chose que je vis aussi, parfois, quand bien même j'y prête une attention particulière. Dernièrement, si tu veux pour illustrer concrètement, lors d'une réunion j'ai dit à haute voix que ce dont il était question dans le support de la réunion était moins intéressant que ce que je disais à propos de son élaboration elle-même, cette assertion a été tout de suite prise comme un élan de supériorité, on a confondu l'objet de mon discours avec son émetteur, autrement dit moi ! Les personnes présentes se sont arrêtées à la surface de mes dires sans en comprendre la teneur, en effet, en toute objectivité, il est quand-même plus stimulant de concevoir des procédures ou process en tenant compte de nombre de contraintes ou impératifs dans un but performatif, que d'appliquer comme elles viennent ses mêmes méthodologies, soit on se retrouve du côté des exécutants dociles soit du côté des concepteurs, il parait évident que l'exaltation n'est pas la même suivant où l'on se trouve: appliquer ou créer des règles.

Crois-tu pour ta part, que c'est ce que tu recherches réellement, ou que c'est l'effet que cela a produit sur les autres, et qu'ils te reprochent ? ( d'être méprisante ) Dit autrement, c'est ton propre jugement ou celui qui t'a été fait ?  

 

Citation

De plus l'orgueil peut me paraître effectivement (très) repoussant chez autrui, c'est aussi pourquoi j'aspire à éviter d'en user moi-même.

Oui, c'est possible, mais tu l'avais signalé toi-même au début, il y a un orgueil " positif " qui se nomme fierté, et suivant le contexte est valorisé, sans qu'il étouffe les récepteurs. Je pense que c'est plutôt le sentiment naissant de dévalorisation ou d'infériorité des autres qui les dérangent dans le prétendu orgueilleux !

Par exemple, qui se sent rabaissé quand un enfant prétend être ceci ou cela, si l'on sait que c'est faux et que l'on est potentiellement mille fois meilleur, on ne se sent pas en " danger ", on maitrise la situation si j'ose dire, alors qu'avec un pair, la distance et la véracité étant plus incertaines, on peut prendre peur et donc être sur la défensive. La résultante est donc interactionnelle, non uniquement dans le fautif éventuel.

Comme je te l'ai dit dès les premières lignes, ce qui compte c'est la vérité, est-ce vrai ou est-ce faux, si c'est le premier cas on ne peut pas voir d'orgueil là-dedans, la vérité n'est ni bonne, ni mauvaise, elle est !  Dans le second cas, c'est donc un mensonge, une erreur, un fourvoiement, une tentative de manipulation ou autre chose, mais il y a une explication causale derrière qu'il ne faut pas occulter, j'y reviens juste après.

 

Citation

Etablir des règles assez strictes dont l'irrespect peut conduire à des sanctions. Blâmer sert parfois davantage la dissuasion et le repentir que plaindre.

La question qui me vient spontanément à l'esprit, est de savoir à qui cela sert de blâmer ? Cette information est de la plus haute importance, pour agir convenablement.

Si c'est pour celui qui est dérangé, alors oui, fustiger contre l'autre peut sans doute nous replonger dans la tranquillité perdue, mais qu'en est-il du côté du blâmé ? Ne sera-t-il pas victime d'une réactance psychologique, qui au lieu de résoudre la problématique va au contraire, faire empirer les maux - pour lui !? Et donc déporter le problème ailleurs, sans le résoudre vraiment, tout en amplifiant le phénomène ou en l'alimentant en réveillant du ressentiment ou toute autre émotion néfaste.

 

Citation

Effectivement nous n'avons pas tout à fait les mêmes références bien que je souhaitais moi aussi traiter le thème y compris au-delà des cas particuliers. Cependant ton point de vue me paraît personnellement constructif dans l'ensemble et je t'en remercie, même s'il est parfois opposé au mien.

Je ne pense pas que nous soyons opposés, c'est plutôt si tu veux, que je redécoupe tes remarques en les réassignant à d'autres volitions que le seul orgueil, c'est donc plus de l'ordre du tri ou de la réaffectation sémantique que d'une opposition de point de vue. Je ne cautionne aucunement l'orgueil, mais comme en toute chose, je cherche à comprendre, et ce faisant, ceci me permet de prendre une certaine distanciation, de relativiser, voire d'avoir aussi une propension à la tolérance, car je me sais imparfait tant à mes propres yeux qu'à ceux des autres.  

 

Citation

Je crois pour ma part qu'à lui tout seul l'orgueil peut être dangereux car il détruit directement la notion d'équité, qui est essentielle à la justice.

Je ne vois pas très bien à quoi tu fais référence, en général l'orgueilleux ne participe pas à son propre jugement, et si cela ne le concerne pas directement ou indirectement, il n'y a aucune raison que son jugement soit dans ce cas faussé, moins bon ou meilleur qu'un autre.

Si il y a un juge ou un avocat particulièrement orgueilleux, la finalité du procès en cours ne s'adresse pas à sa personne en propre, mais à l'(les) accusé(s) et à la(les) victime(s) dont il est nécessairement indépendant déontologiquement et légalement.

Il en va autrement dans la vie de tous les jours, où chacun se défend, attaque et juge tour à tour !

 

Ce sont des gens soit à éviter car corrosifs, soit si l'on se sent patient, à éduquer/éveiller avec pédagogie, ce sont les deux stratégies qui me semblent les plus pertinentes dans la plupart des situations, sauf pathologie associée.

 

Citation

Parfois aimer vraiment quelqu'un suffit à vouloir lui épargner autant que possible la souffrance, même s'il s'agit d'une souffrance propre à lui-même, à laquelle on ne peut pas vraiment s'identifier soi-même parce que nos vulnérabilités aussi peuvent être différentes.

Oui, je suis tout à fait d'accord, l'éveil de la conscience dont je viens de parler ou de notre sensibilité est toujours possible, même si il faut du temps, et que le principal intéressé le veuille un minimum à la base.

Cette sensibilité est une autre expression de l'intelligence, et à défaut de comprendre la teneur exacte de la cause, on peut par empathie en revanche en ressentir ses effets et donc s'en saisir pour agir le mieux possible. Et parfois, cette compréhension n'est d'aucune utilité, notre présence étant la seule chose en notre pouvoir, à défaut de toute autre aide. 

Et c'est bien tout le problème du psychopathe, ce n'est pas tant que lui-même est insensible, mais qu'il n'arrive pas à transposer ces propres états chez autrui, il n'y a pas cet effet miroir en lui, qui pourrait le dissuader d'agir par compassion, empathie ou contagion émotionnelle, il ne fait pas de lien ou de rapprochement.

 

Citation

Et à l'excès le transfert peut occulter la considération particulière qu'on est censé réserver aux autres. Certaines compassions ont pu me paraître un peu grossières dans certains cas par l'égocentrisme de ce transfert. Donc en effet c'est une question de modération.

Je suppose que tu fais référence au transfert psychanalytique, qui peut être contre-productif. Le travail sur la psyché c'est un peu comme partir à l'aventure sur une mer inconnue sans boussole, sans montre et de nuit, on peut facilement s'y perdre, aussi bien le marin que le passager de l'embarcation que l'on avait invité à bord, en s'aidant de seulement quelques repères étoilés. 

Les humains sont des comédiens nés, certains surjouent plus que d'autres ! Et puis, encore une fois, les apparences sont parfois préférées à ce qu'elles dissimulent/recouvrent, comme on peut en entendre parler sur les réseaux sociaux, parfois destructeurs pour des membres particulièrement fragiles.  

Il faut croire que l'authenticité n'est pas la vertu première, mais une de celle que l'on feint à partir de vices cachés, un semblant d'authenticité par ironie de la situation, faire croire que l'on est vrai parait vrai, au grand dam des inconditionnels de la vérité... Et sur ce point - de recherche du vrai - il n'y a aucune modération.

 

*********

 

Aphorisme:

La vérité n'a que faire de qui la professe !

 

:hi:

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Membre, 37ans Posté(e)
sirielle Membre 9 670 messages
Maitre des forums‚ 37ans‚
Posté(e)

Bonjour deja-utilise,

Le 15/06/2019 à 13:55, deja-utilise a dit :

Je dirais que cela dépend des raisons qui poussent une personne à se dire humble, comme ceux qui revendiquent ostentatoirement venir en aide aux autres, cela cache je pense autre chose derrière cette façade publiquement exposée, comme ce fût le cas un temps ici par un forumeur en particulier.

A mon sens, vanter orgueilleusement l'humilité peut consister en effet à se prétendre humble exagérément, mais aussi à s'attribuer le rôle de donneur de leçon exagérément. D'ailleurs l'orgueil consiste souvent à s'imposer, que ce soit aux autres ou à soi-même, abusivement.

Le 15/06/2019 à 13:55, deja-utilise a dit :

Crois-tu pour ta part, que c'est ce que tu recherches réellement, ou que c'est l'effet que cela a produit sur les autres, et qu'ils te reprochent ? ( d'être méprisante ) Dit autrement, c'est ton propre jugement ou celui qui t'a été fait ?  

C'est moi surtout qui me juge méprisante, j'ai conscience de l'être fréquemment mais on me l'a rarement reproché. D'ailleurs je ne me le reproche pas moi-même pourvu que ce soit assez justifié. Cependant on m'a déjà jugée hautaine, voire imbue de moi-même, surtout dit plus vulgairement. Je ne crois pas être particulièrement orgueilleuse dans l'ensemble, mais je sais avoir été parfois au cours de ma vie empreinte de différents orgueils sociaux par exemple.

Le 15/06/2019 à 13:55, deja-utilise a dit :

Je ne vois pas très bien à quoi tu fais référence, en général l'orgueilleux ne participe pas à son propre jugement, et si cela ne le concerne pas directement ou indirectement, il n'y a aucune raison que son jugement soit dans ce cas faussé, moins bon ou meilleur qu'un autre.

Si il y a un juge ou un avocat particulièrement orgueilleux, la finalité du procès en cours ne s'adresse pas à sa personne en propre, mais à l'(les) accusé(s) et à la(les) victime(s) dont il est nécessairement indépendant déontologiquement et légalement.

Il en va autrement dans la vie de tous les jours, où chacun se défend, attaque et juge tour à tour !

En exagérant sa propre valeur au dépens de sa considération pour celle des autres, l'orgueilleux est inéquitable. La Justice concerne aussi le quotidien, pas seulement les tribunaux. Mais même s'il s'agit d'un juge se consacrant à une affaire dont il n'est pas l'acteur, sa façon d'écouter les différents intervenants, et de leur porter plus ou moins crédit, peut être influencée par un éventuel orgueil, s'il se fie davantage à ses propres impressions qu'aux dires des uns ou des autres. Par exemple en prenant exagérément de haut les dires d'un intervenant dont il estime que sa position sociale le discrédite.

Le 15/06/2019 à 13:55, deja-utilise a dit :

Oui, c'est possible, mais tu l'avais signalé toi-même au début, il y a un orgueil " positif " qui se nomme fierté, et suivant le contexte est valorisé, sans qu'il étouffe les récepteurs. Je pense que c'est plutôt le sentiment naissant de dévalorisation ou d'infériorité des autres qui les dérangent dans le prétendu orgueilleux !

Par exemple, qui se sent rabaissé quand un enfant prétend être ceci ou cela, si l'on sait que c'est faux et que l'on est potentiellement mille fois meilleur, on ne se sent pas en " danger ", on maitrise la situation si j'ose dire, alors qu'avec un pair, la distance et la véracité étant plus incertaines, on peut prendre peur et donc être sur la défensive. La résultante est donc interactionnelle, non uniquement dans le fautif éventuel.

Personnellement, comme je l'ai un peu évoqué auparavant, ce qui peut particulièrement m'ennuyer de la part des orgueilleux, c'est leur tendance à s'imposer abusivement à autrui comme si on devait se soumettre à eux et à leur autorité quelle qu'elle soit. En ne faisant pas tellement cas des désagréments malgré les éventuelles plaintes qui leur sont adressées, puisqu'ils se fient avant tout à eux-mêmes ou à ceux à qui ils s'identifient, à leur pouvoir de décision au mépris de celui d'autres sans justification assez valable, simplement quelque part "parce que c'est eux". 

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