Le sentiment de déjà-vu au cinéma

Sans doute certains d'entre vous ont déjà éprouvé un sentiment de déjà-vu devant un film qu'ils visionnaient pour la première fois.

Cela s'explique aisément par les structures narratives identiques que beaucoup de films partagent désormais. Sans vouloir sombrer dans le "c'était mieux avant", force est de constater que si la duplication de la grammaire d'un film n'est pas un phénomène nouveau, il s'est systématisé à Hollywood depuis 2005.

"Save the cat" est paru en 2005, c'est un livre de Blake Snyder, scénariste de son état, qui décrit par le menu les 15 étapes que la structure d'un film doit intégrer pour maximiser ses chances de succès. Je ne prendrai pas la peine de les énumérer ici, cela serait fastidieux et ceux qui désirent les connaitre peuvent les consulter très facilement sur internet.

Plus un film coute cher et plus les majors prennent de risques à le financer, elles tiennent non seulement à un retour sur investissement mais aussi à dégager un maximum de profit. Et pour ce faire tous les moyens sont bons, notamment sacrifier l'originalité sur l'autel de la prudence en appliquant systématiquement une même structure à des milliers "d'œuvres" différentes. Remplir des quotas ethniques afin de ne pas froisser les communautés minoritaires, s'assurer qu'au moins une femme sera présente même si sa présence est incohérente et elle devra avoir un rôle de femme forte afin de préserver la susceptibilité du beau sexe. Etalonner les productions est donc le plus sûr moyen de rentrer dans ses frais, la démarche artistique étant complètement écrasée par la logique économique.

Nous sommes arrivés à une situation où une grande majorité de films, et la totalité des blockbusters, sont devenus des produits calibrés au millimètre, passés au crible de nombreuses commissions de moralité, commissaires du bon goût et gardiens de la bien-pensance, afin de ne heurter aucune sensibilité et d'attirer un maximum de spectateurs. Les comédiens sont peu à peu remplacés par des mannequins au point que même pour incarner un boudin on choisira de préférence une splendide jeune femme, sans parler du jeunisme galopant qui partout se propage. Les scénarii eux mêmes ne sont souvent plus que des prétextes bourrés d'incohérences pour mettre en scène des effets spéciaux qui en mettent plein la vue, des scènes badass et des répliques cinglantes.

Je suis un amoureux du cinéma et j'enrage d'éprouver de moins en moins de plaisir à voir de nouveaux films tant ils n'ont absolument rien de nouveau, précisément. Il existe encore, fort heureusement quelques producteurs indépendants, quelques réalisateurs qui refusent de passer sous les fourches caudines du diktat normatif Hollywoodien mais ces espèces se font rares, elles aussi, tant l'influence culturelle dépasse le cadre strictement économique et qu'un usage rigoureusement ponctuel tend à s'imposer comme un canon indépassable.

J'adore les films à gros budgets, mais ils n'ont pas grand intérêt sur un plan cinématographique, hormis quelques prouesses techniques et d'être parfois divertissants. Quand on regarde un film américain, il y a souvent peu à réfléchir. On consomme de l'image et pourquoi pas. 

Je trouve que les films étrangers sont souvent plus intéressants. Quand on prend millénium (même si j'ai préféré les livres) la version suédoise était fantastique, je n'ai pas compris pourquoi un remake américain. Il n'apportait absolument rien. Est ce que nous ne sommes pas formatés à aimer le cinéma américain ? J'ai souvent l'impression que lorsqu'on parle de films étrangers, il y a un moment de recul. Les médias en sont en partis responsables, ils font la part belle au cinéma américain, on parle beaucoup moins de films étrangers. Combien de films étrangers passent en prime time sur les chaines les plus regardées ?  

Je te rappelle quand même que les films américains sont des films étrangers.

il y a 36 minutes, holmberg a dit :

J'adore les films à gros budgets, mais ils n'ont pas grand intérêt sur un plan cinématographique, hormis quelques prouesses techniques et d'être parfois divertissants. Quand on regarde un film américain, il y a souvent peu à réfléchir. On consomme de l'image et pourquoi pas. 

Je trouve que les films étrangers sont souvent plus intéressants. Quand on prend millénium (même si j'ai préféré les livres) la version suédoise était fantastique, je n'ai pas compris pourquoi un remake américain. Il n'apportait absolument rien. Est ce que nous ne sommes pas formatés à aimer le cinéma américain ? J'ai souvent l'impression que lorsqu'on parle de films étrangers, il y a un moment de recul. Les médias en sont en partis responsables, ils font la part belle au cinéma américain, on parle beaucoup moins de films étrangers. Combien de films étrangers passent en prime time sur les chaines les plus regardées ?  

Je n'ai rien contre les blockbusters en eux-mêmes, au contraire je suis un grand consommateur de cinéma divertissement mais c'est précisément ce cinéma là qui est affecté en premier lieu par les phénomènes que je dénonce. Qu'il n'y ait pas beaucoup à réfléchir n'excuse en rien la pusillanimité des producteurs ou que toute forme d'audace créative soit étouffé au nom du consensus et de la conformité, seuls garants des futurs profits. Le prédator de 1987 n'a pas beaucoup plus de prétentions intellectuelles que son homonyme de 2018 et pourtant un gouffre qui s'appelle le talent les sépare.

Les médias ne sont en effet qu'en partie responsables de ce que vous dénoncez mais ils ne dictent pas l'appétence de la masse pour la médiocrité, Rome achetait déjà la paix sociale au prix de pain et de jeux. Personnellement j'ai réglé le problème en jetant ma télé il y a 15 ans.

Quand à la propension des américains à faire des remake elle est avant tout le fruit de certains particularismes, notamment que la culture outre Atlantique est très autocentrée, ce qui constitue une parfaite justification pour faire des remake à l'identique et donc à moindre frais puisqu'une bonne partie du travail de préproduction est déjà fait.

Il y a 5 heures, épixès a dit :

Sans doute certains d'entre vous ont déjà éprouvé un sentiment de déjà-vu devant un film qu'ils visionnaient pour la première fois.

Cela s'explique aisément par les structures narratives identiques que beaucoup de films partagent désormais. Sans vouloir sombrer dans le "c'était mieux avant", force est de constater que si la duplication de la grammaire d'un film n'est pas un phénomène nouveau, il s'est systématisé à Hollywood depuis 2005.

"Save the cat" est paru en 2005, c'est un livre de Blake Snyder, scénariste de son état, qui décrit par le menu les 15 étapes que la structure d'un film doit intégrer pour maximiser ses chances de succès. Je ne prendrai pas la peine de les énumérer ici, cela serait fastidieux et ceux qui désirent les connaitre peuvent les consulter très facilement sur internet.

Plus un film coute cher et plus les majors prennent de risques à le financer, elles tiennent non seulement à un retour sur investissement mais aussi à dégager un maximum de profit. Et pour ce faire tous les moyens sont bons, notamment sacrifier l'originalité sur l'autel de la prudence en appliquant systématiquement une même structure à des milliers "d'œuvres" différentes. Remplir des quotas ethniques afin de ne pas froisser les communautés minoritaires, s'assurer qu'au moins une femme sera présente même si sa présence est incohérente et elle devra avoir un rôle de femme forte afin de préserver la susceptibilité du beau sexe. Etalonner les productions est donc le plus sûr moyen de rentrer dans ses frais, la démarche artistique étant complètement écrasée par la logique économique.

Nous sommes arrivés à une situation où une grande majorité de films, et la totalité des blockbusters, sont devenus des produits calibrés au millimètre, passés au crible de nombreuses commissions de moralité, commissaires du bon goût et gardiens de la bien-pensance, afin de ne heurter aucune sensibilité et d'attirer un maximum de spectateurs. Les comédiens sont peu à peu remplacés par des mannequins au point que même pour incarner un boudin on choisira de préférence une splendide jeune femme, sans parler du jeunisme galopant qui partout se propage. Les scénarii eux mêmes ne sont souvent plus que des prétextes bourrés d'incohérences pour mettre en scène des effets spéciaux qui en mettent plein la vue, des scènes badass et des répliques cinglantes.

Je suis un amoureux du cinéma et j'enrage d'éprouver de moins en moins de plaisir à voir de nouveaux films tant ils n'ont absolument rien de nouveau, précisément. Il existe encore, fort heureusement quelques producteurs indépendants, quelques réalisateurs qui refusent de passer sous les fourches caudines du diktat normatif Hollywoodien mais ces espèces se font rares, elles aussi, tant l'influence culturelle dépasse le cadre strictement économique et qu'un usage rigoureusement ponctuel tend à s'imposer comme un canon indépassable.

 

lol, tu viens de surgir de derrière un rocher ? ça fait au moins 30 ans que les blockbusters fonctionnent comme ça...

il y a 6 minutes, Amaury du Petit Pont a dit :

lol, tu viens de surgir de derrière un rocher ? ça fait au moins 30 ans que les blockbusters fonctionnent comme ça...

Comme je l'ai précisé il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, ce que je déplore c'est son application désormais systématique. Tous les phénomènes que j'évoque ont toujours existé avec divers degrés d'intensité mais je soutiens qu'ils se sont renforcés au fil des années et que les codes en vigueur n'ont jamais laissé aussi peu de place à la créativité qu'aujourd'hui.

Peut être est-ce moi qui vieillis mais il me semble que si l'on devait comparer le nombre de chefs d'œuvre produits lors des 10 années ayant précédées 2005 à celui qui ont été conçus depuis lors, le résultat serait sans appel. J'admet que c'est un exercice hautement subjectif mais des sites tels qu'imdb ou rotten tomatoes permettent de l'objectiver quelque peu.

Bien sûr que le cinéma a toujours préféré présenter des comédiens propres à charmer le public ou à éveiller sa concupiscence mais il me semble agonisant le temps où l'on n'hésitais pas à afficher des quidams, des montagnes de muscles ou des gueules cassées comme principaux protagonistes. Où sont-ils les nouveaux De Niro, Dustin Hoffman, Meryl Streep et autres Anthony Hopkins ? Il semblerait que désormais le casting de chaque film se fasse au sortir d'une agence de mannequinat et le talent n'est plus un critère de première importance puisqu'il a dut céder sa place à la séduction et à la jeunesse. Dois-je réellement citer le déplorable exemple de Taylor Lautner ? Acteur tellement mauvais qu'il a été cité 3 fois aux razzie Awards et dont la médiocrité de jeu l'avait un temps écarté du projet de Twilight 2. Il fut vite rappelé après qu'il ait pratiqué beaucoup de musculation puis les propositions de projets s'enchainèrent dès lors qu'il fut élu parmi les 50 hommes les plus sexy de 2010....

Je ne crois pas avoir tout juste surgi de derrière un rocher, non, il me semble vraiment assister à un phénomène d'amplification et de systémisation de ce que je décris. Libre à vous de ne pas être d'accord avec mon analyse mais je vous prierai alors d'argumenter et non de vous contenter d'un jugement lapidaire suggérant que mes propos ne sont pas réfléchis.