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faire le pari de l'évènement , le jouer en le regardant se jouer,


Ai ton nu dieu

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Membre, 50ans Posté(e)
Ai ton nu dieu Membre 158 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
Posté(e)

Bonsoir,

il  s'agit d'une préface d'Edwy Plenel  du livre Tunisie une révolution Arabe

 

Telle est donc l'heureuse nouvelle dont la Tunisie fut le premier pays d'annonciation : l'espérance est de retour. Une espérance qui, s'agissant des journalistes que nous sommes, est aussi notre défi, au croisement des idéaux démocratiques qui nous légitiment et des passions professionnelles qui nous animent. Car, pour le journalisme, l'avènement de l'événement, cette irruption de l'impensable et de l'inimaginable, est un moment de bonheur qui est aussi une mise à l'épreuve. Ce Graal du métier bouscule nos certitudes et nos habitudes. Il fait litière d'une actualité répétitive, tissée de communication officielle et de conformisme corporatiste. Sphinx, comme le souligna dans la foulée de 1968 le même Edgar Morin dans un célèbre numéro de la revue Communications, l'événement nous soumet à ses énigmes, à ses inconnues et à ses imprévisibles, à son chaos créateur et à son désordre inventif. « L'événement est ce qu'il devient », faisait écho, également à propos de Mai 68, Michel de Certeau, tandis que Gilles Deleuze renchérissait : « Le possible ne préexiste pas, il est créé par l'événement ».

Révélateur et inventeur, l'événement fait le tri. Des conservatismes, des immobilismes et des indifférences où se mêlent crispations sociales, préjugés intellectuels et conforts professionnels. A l'inverse, faire le pari de l'événement, le jouer en le regardant se jouer, l'accompagner avec autant de curiosité que de générosité, c'est accepter de se remettre en cause. D'être joué par lui, surpris et étonné, transformé et bousculé, ébranlé et modifié. Ce risque, aucun journaliste digne de ce nom ne saurait s'y dérober. Car l'événement est ce moment rare où nous sommes requis pour savoir et comprendre quand les pouvoirs et institutions qui en avaient jusqu'alors la maîtrise ou le magistère sont eux-mêmes dépassés et ébranlés, voire démentis et contredits.

 

j'aimerais vous demander ce que veut dire Plenel par faire le pari de l'évènement , le jouer en le regardant se jouer,  d'être joué par lui,

Franchement je ne comprends rien du tout!!!

Merci pour votre aide

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 887 messages
78ans‚ Talon 1,
Posté(e)

C'est escompter que l'événement advienne. C'est le parier, c'est jouer. Le regarder se jouer, c'est l'observer quand il se produit. Et comme dit Alain : "Qui veut observer doit retenir sa main."

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 13 heures, Ai ton nu dieu a dit :

Révélateur et inventeur, l'événement fait le tri. Des conservatismes, des immobilismes et des indifférences où se mêlent crispations sociales, préjugés intellectuels et conforts professionnels. A l'inverse, faire le pari de l'événement, le jouer en le regardant se jouer, l'accompagner avec autant de curiosité que de générosité, c'est accepter de se remettre en cause. D'être joué par lui, surpris et étonné, transformé et bousculé, ébranlé et modifié. Ce risque, aucun journaliste digne de ce nom ne saurait s'y dérober. Car l'événement est ce moment rare où nous sommes requis pour savoir et comprendre quand les pouvoirs et institutions qui en avaient jusqu'alors la maîtrise ou le magistère sont eux-mêmes dépassés et ébranlés, voire démentis et contredits.

Bonjour,

1/ "Faire le pari de l'évènement" = Le journaliste espère que le fait politique (ou économique, social, etc.) révélé par lui sera suffisamment important, et que ce choix est le bon. L'évènement diffère du fait divers par son degré d'importance. Si son pari est le bon, le journaliste sera parvenu à "faire l'évènement" en révélant une affaire, en attirant l'attention sur son côté exceptionnel.

2/ "le jouer" = Jouer l'évènement (Le pronom LE remplace évènement) = Jouer sur l'évènement = Parier, miser sur l'évènement le plus notable. De la même façon qu'un turfiste joue sur un cheval (ou joue un cheval) en espérant gagner, le journaliste joue sur un évènement en espérant faire le bon choix.

3/ "en le regardant se jouer" = En regardant cet évènement se produire (Le pronom LE remplace évènement).

4/ "c'est accepter .... d'être joué par lui = C'est accepter d'être dupé par cet évènement (Le pronom LUI remplace évènement). "Etre joué" = Etre dupé, trompé. Le journaliste, à la différence de l'historien, n'a pas toujours le recul nécessaire pour juger du degré d'importance d'un évènement. Il risque de surévaluer un simple fait divers.

Nous pourrions nous demander pourquoi Edwy Plenel utilise à trois reprises le verbe "jouer" alors qu'il traite d'un sujet aussi sérieux que la révolution arabe. En jonglant avec ce verbe, Plenel donne une certaine couleur plaisante et ludique à son écrit. Mais cet enjouement, qui est une figure rhétorique, permet de traduire un réel moment de bonheur ressenti non seulement parce que cet évènement inespéré est advenu, mais parce qu'il marque aussi le triomphe jubilatoire de l'intelligence sur la bêtise. Plenel n'écrit-il pas en guise de conclusion : "On ne remerciera jamais assez l'événement arabe, dans sa beauté, de nous avoir rendus moins stupides".

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 15 624 messages
Forumeur confit,
Posté(e)
Il y a 2 heures, tison2feu a dit :

Nous pourrions nous demander pourquoi Edwy Plenel utilise à trois reprises le verbe "jouer"

Bonjour Tison de feu,

Je partage complètement votre explication de texte.

Je suis plus réservé sur la conclusion ?

« Mais cet enjouement, qui est une figure rhétorique, permet de traduire un réel moment de bonheur ressenti non seulement parce que cet évènement inespéré est advenu, mais parce qu'il marque aussi le triomphe jubilatoire de l'intelligence sur la bêtise »

Il est vrai que le mot révolution est jubilatoire pour certains journalistes, mais les contemporains arabes de ces pays-là, en font ils la même lecture ?

J'ai un doute?

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, Enchantant a dit :

Bonjour Tison de feu,

Je partage complètement votre explication de texte.

Je suis plus réservé sur la conclusion ?

« Mais cet enjouement, qui est une figure rhétorique, permet de traduire un réel moment de bonheur ressenti non seulement parce que cet évènement inespéré est advenu, mais parce qu'il marque aussi le triomphe jubilatoire de l'intelligence sur la bêtise »

Il est vrai que le mot révolution est jubilatoire pour certains journalistes, mais les contemporains arabes de ces pays-là, en font ils la même lecture ?

J'ai un doute?

Bonjour,

Ta question n'est pas inintéressante, mais je te répondrai que cela nous éloigne trop de la question posée par l'auteur du topic. Nous sommes dans la section "langue française", faut-il le rappeler ? L'exercice proposé consiste à résoudre des difficultés de la langue française et à comprendre ce qu'a voulu dire l'auteur du texte sans trahir sa pensée. Rien ne t'empêche d'ouvrir un débat sur la question que tu soulèves dans une section plus adéquate telle qu'Actu et débats.

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