Lecture partagée - Les pionniers de la conquête spatiale

pour info ,c'est une balle de mitrailleuse qui a servit de modéle pour la forme du X1 !!!

et non celle du Colt 45 !!

il y a 17 minutes, boeingue a dit :

pour info ,c'est une balle de mitrailleuse qui a servit de modéle pour la forme du X1 !!!

et non celle du Colt 45 !!

Les avis divergent, moi j'ai ça : "Bell s'inspira d'une balle de fusil de 12,7mm, " 

https://www.aviationsmilitaires.net/v2/base/view/Model/1144.html

Ou ça :  "Il était fuselé comme une balle de Colt 45 longue de 9,45 mètres,"

http://www.avionslegendaires.net/avion-militaire/bell-x-1/

Moi je rapporte le livre... 

Et je trouvais la forme du X1 ressemblante à une balle de colt effectivement..

Il y a 12 heures, January a dit :

La V2 était très largement supersonique, presque hypersonique, puisqu’elle atteignait Mach 4 et elle pesait trois fois le poids du X1, alors, où était le problème ?

Le V2, plus d'images là : http://chrisatari.net/index/images/album_fusees.htm

Le 14 octobre 1947 Yeager affirma qu’une dernière pichenette lui permettrait de percer enfin ce mur du son. Seul problème, il souffrait, s’étant cassé deux côtes la veille après une soirée trop arrosée. Un seul technicien fut mis au secret, celui qui lui permettrait de remettre la porte du X1 en place, verrouillée, le mouvement lui étant impossible à faire.

Pour rien au monde il n’aurait laissé sa place. Le mouvement acrobatique consistant à rejoindre le X1 n’était déjà pas de tout repos en temps normal, mais avec deux côtes cassées ce fut surréaliste. Un bout de balai glissé dans la poignée, un bon coup de main gauche et clac ! porte verrouillée.

Trois, deux, un, largage. Yeager entend les quatre coups de canon des fusées qui s’allument en rafale rapide. Plus que du bleu , la sensation d’être catapulté. Alors que l’instabilité est habituelle, Yeager se cramponne, l’aiguille grimpe, elle est au-delà de Mach 0,95,  0,99.. Puis Yeager annonce que « ça y est », par une phrase codée (un instrument qui débloque), au cas où des espions seraient à l’écoute.

Les fusées s’éteignent ayant mangé tout leur carburant de l’enfer et Yeager percute un mur de caoutchouc, repasse le Mach dans l’autre sens. Yeager ramène l’avion sans heurts et il devint un symbole, une référence ; non pas tant parce qu’il avait franchi le son le premier, mais à cause de la façon dont il l’avait fait.

Fini le pilote bravache, le héros avec une longue écharpe, dragueur et grande gueule. L’heure était venue d’admirer des gens qui étaient de vrais pros, de formidables individus capables de maîtriser peur, angoisse et terreur sans adopter pour autant le comportement de cow-boy volant qui était auparavant de rigueur.

Je ne résiste pas à vous donner quelques noms de pilotes de « l’ère Yeagerienne » tant on dirait qu’ils sont tout droits sortis de l’esprit d’un scénariste.

Pete Everest : lui aurait été la première gâchette si Yeager n’avait pas existé.

Bill Bridgeman : peut-être le plus grand.

Howard Lilly : Il se tua, en décollant le Skystreak, quasi contemporain du X1.

Marion Carl : Yeager version Navy.

Joe Cannon : il fut brûlé par de l’oxygène liquide après l’explosion de son X1 sur le parking, au retour d’un vol de contrôle. Il revola. Mais très longtemps après.

Skip Ziegler : Il mourut dans l’explosion de son X2, un engin raté qui ne fonctionna jamais bien.

Kit Murray : Lui voulait battre le record d’altitude. Il monta jusqu’à 27 500 mètres d’altitude (jusque là tout va bien…). Il faillit laisser sa peau dans la descente, son X1A s’y mit en boule et descendit plus de 12 000 mètres en tournoyant cul par-dessus tête, vrille combinée sur trois axes qui fait de l’avion un caillou irrattrapable ou presque…

Mel Apt : Il mourut dans le désert après avoir atteint Mach 3 dans un modèle de X2 raté qui avait déjà tué Ziegler.

Joe Walker : de la grande équipe du X15, avion fusée ultime. Tiens, en compagnie d’un tout jeune pilote-chercheur, un certain…Neil Armstrong.

Iven Kincheloe : il se tua dans un stupide accident de siège éjectable..

Scott Crossfield : Multitâche impressionnant.

il y a 11 minutes, January a dit :

Joe Walker : de la grande équipe du X15, avion fusée ultime. Tiens, en compagnie d’un tout jeune pilote-chercheur, un certain…Neil Armstrong.

1962:  X15 pilotes réunis, debouts , de gauche à droite : Neil Amstrong, Joe Walker, Jack Mac Kay

En 1953, le NACA, l’US Air Force et l’US Navy avaient donc à eux trois l’écurie la plus extraordinaire qui soit pour satisfaire maintenant deux ambitions : aller plus vite mais aussi aller plus haut.

C’est alors que Bob Woods fit une déclaration fracassante : « Le nouvel engin sera expérimental, donc du ressort du NACA qui mettra les données obtenues lors des essais à la disposition générale. L’appareil sera monté au sommet d’une fusée balistique qui lui imprimera au départ une vitesse de 1300 à 1500 mètres par seconde. Puis la fusée une fois éteinte retombera tandis que l’appareil poursuivra son ascension jusqu’à une altitude de quelque 130 kilomètres… »

Ce gros type génial était en train d’affirmer à un aréopage de savants qu’il fallait non plus enfourner dans l’arrière d’un avion quelques petites fusées, mais bien plutôt emboîter l’avion au sommet d’une grosse fusée. L’avion devenait l’extension d’une fusée !

Et Woods continua d’expliquer que c’était selon lui la meilleure façon d’apprendre tout ce qu’il leur fallait savoir sur les phénomènes d’échauffement. Le Mur du Son commençait à laisser la place à une barrière plus démoniaque, le « Mur de la Chaleur », l’apesanteur, le pilotage extra-atmosphérique (on ne disait pas encore spatial), toutes choses que l’Amérique devait connaître.

« Il nous reste une seule alternative : aller de l’avant, ou nous croiser les bras et…

- Et, et ?

- Et laisser les Russes prendre la tête de la Grande Course.

Les Russes, la Grande Course, la Grande Course contre les Russes. C’était une phrase apte à déclencher des frémissements, des vibrations parmi l’assistance de savants, d’ingénieurs, de pilotes et de gestionnaires.

Un véritable Grand Prix pour la suprématie planétaire, pour faire savoir qui avait les meilleurs avions, donc qui faisait le plus peur à l’autre, car depuis 1945 il était devenu évident qu’une guerre ne se gagnait plus à la vaillance du plus grand nombre de soldats possible.

ce qui me fait rigoler ,ce sont les imbéciles qui nie le fait que l'Homme ait été sur la Lune !!!

bon j'ai anticipé sur ton texte !!!

Peenemünde blues…

Ce que dit Bob Woods paraît audacieux et intelligent, mais ça va bien faire rigoler les allemands, Wernher Von Braun et son équipe qui résident désormais aux USA. Von Braun écoutait les américains réinventer ce qu’eux avaient déjà imaginé dix ans plus tôt. Hermann et Gessner avaient étudié un dérivé piloté de la V2, la A10, qui aurait du voler à 1200 mètres par seconde à 30 kilomètres d’altitude et ainsi parcourir près de 500 kilomètres en un quart d’heure. Nous sommes donc à Mach 4. Ils ont lancé une A10, elle a atteint 80 kilomètres d’altitude puis a perdu une aile lors de l’entrée dans l’atmosphère.

Alors oui, il y avait vraiment de quoi sourire lorsqu’on était Allemand, qu’on avait travaillé à Peennemünde et qu’on entendait Bob Woods cette année-là. En mettant les choses au mieux, les américains allaient réaliser en 1957 ou 1958 ce que les allemands avaient commencé à essayer en 1945.

Cependant, les allemands se gardèrent de sourire ouvertement, parce que ce qu’ils avaient failli faire, les américains eux allaient le réaliser.

Super récit . Merci @January 

Un p'tit mot technique: 

Le nez pointu, fût à l'origine de nombreux dégâts structurels de l'engin. Cette apparence forme " optimale" ne parvenait pas à éloigner les fortes turbulence du corps de la fusée. 

Plus tard, un ingénieur allemand comprit qu'un nez arrondit réglerait ce problème.  Ce qui semble évident ne l'est pas toujours 

merci encore.   super interressant

Il y a 4 heures, Petit pois a dit :

Le V2, plus d'images là : http://chrisatari.net/index/images/album_fusees.htm

On baptisa X15 un engin du futur dont personne ne savait à quoi il ressemblerait. On devinait seulement que le NACA étant fauché, l’Air Force et la Navy allaient devoir financer et on ne pourrait pas éviter leur contrôle encombrant, et que l’avion en question devrait atteindre Mach 6 et 120 kilomètres d’altitude.

Beaucoup étaient sceptiques et pensaient que le projet était stupide. Ce fut Crossfield qui monta au créneau et défendit le projet avec acharnement. Il chevaucherait le X15, pour l’instant il faisait ses classes sur le Skyrocket.

Mach 6.. Ce chiffre semblait énorme, impossible à maîtriser. Et quand on se disait qu’il ne fallait quand même pas rêver tout haut, qui continuait de sourire ? Les allemands bien sûr, ils avaient mis au point dix ans plus tôt un moteur qui développait 34 tonnes de poussée ! (V2) Donc Wernher Von Braun continuait de rigoler.

Skyrocket               

X15        

Lorsqu’il était gamin vous vous souvenez que Von Braun s’était inscrit à la Société pour le Voyage Spatial ? Il a réalisé là-bas avec des compères une fusée qu’ils avaient baptisée Mirak. Pour Minimum Rakete (fusée minimum). C’était chouette leur truc, un tube d’alu accolé à une longue tige, le tube était en fait une bouteille thermos remplie d’oxygène liquide. La tige elle, contenait de l’essence. C’était bien il y avait de quoi faire exploser une jolie cabane.. Les gamins s’en furent dans un terrain vague qu’ils baptisèrent Fuséodrome et mirent à feu le truc qui explosa en truffant de débris d’alu tous les alentours.

Mais les gamins ne se découragèrent pas. Ils recommencèrent jusqu’à réaliser le Repulsor, un œuf allongé posé sur de longs ailerons courbes. Le Repulsor décollera vraiment, déclenchant la liesse frénétique de ses constructeurs. Le Repulsor montera tout droit, debout sur le jet de chalumeau craché par la tuyère ! Mais… Il déviera et abandonnera la verticale puis piquera, tout droit dans une forêt pleine de pique-niqueurs.. Heureusement, le Repulsor sera pulvérisé dans les branches des arbres et ce qu’on pouvait considérer comme une gaffe dramatique se termina bien. Ces gamins venaient d’inventer l’embryon de qui allait devenir plus tard les pervers V2…

Rendons toutefois justice à Dornberger qui approcha Von Braun, forma et dirigea l’équipe de « fuséologues » qui oeuvrèrent pendant l’entre-deux guerres et la seconde guerre mondiale.

Nous devons revenir sur le travail des allemands pour bien comprendre pourquoi ils étaient tentés de se moquer de Bob Woods.

Le premier engin construit se nommait A3 (pour Aggregat 3). Il pesait un peu moins d’une tonne, était équipé d’un moteur qui délivrait une tonne et demie de poussée. Le moteur brûlait des fluides –lox et alcool – acheminés dans la chambre par des turbo-pompes. Au départ simples pompes, entraînées par une turbine mue par un jet de vapeur. La vapeur s’obtenait en mélangeant de l’eau oxygénée à du permanganate de calcium injectés dans une chambre de vaporisation grâce à l’ouverture de bouteilles d’azote comprimé.

Von Braun et ses collègues durent subir bien des échecs et apprendre tout un tas de choses. La A3 explosait, s’égarait…

Vint l’ère de la A4. Tout à fait autre chose. Elle mesurait 14 mètres de haut. Poussée du moteur : 34 tonnes. Poids de l’engin : 17 tonnes.

il y a 15 minutes, January a dit :

l'aggregat 4

Le 18 mars 1942, la première A4 fut mise à feu pour un essai statique : elle explosa. Le 13 juin une seconde fusée A4 fut mise à feu. La tuyère rota, cracha des volutes de fumée sombre traversée de lueurs, puis elle expulsa un chalumeau énorme dans un vacarme épouvantable. Le câble d’alimentation extérieure tomba comme prévu, amorçage et allumage réussi. La A4 s’éleva puis monta encore de manière erratique pendant une minute et disparut de la vue de l’équipe (un peu effrayée qu’elle ne revienne leur tomber sur la g…). Et puis non, une explosion suivie d’une colonne d’eau et de vapeur s’élevant dans le ciel : la A4 venait de s’abattre en mer (nous sommes à Peenemünde).

Le 14 août on perdit une nouvelle fusée, puis vint la réussite du lancement, le 3 octobre. La fusée parcourut 190 km en moins de 5 minutes et elle atteignit 90 km d’altitude, soit 5 fois la hauteur atteinte par les avions les plus performants ! Cette A4 était un engin expérimental, le prototype d’une arme peut être, mais pas encore une arme.