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Start-up : « L’heure est au profit financier rapide, pas à la durabilité »


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Alexis Robert, patron d’une PME innovante, estime dans une tribune au « Monde » que valoriser la « start-up nation » sur le modèle californien revient à promouvoir la spéculation financière plutôt que la masse des entreprises traditionnelles en quête de renouvellement.

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La frénésie spéculative outre-Atlantique a vu naître un nouveau monstre de l’économie moderne : les start-up. Elles ont conquis le continent de l’Oncle Sam, puis se sont ruées sur le Vieux Monde, porteuses d’un message de renouveau que chacun attendait.

Vingt ans après la création de Google, l’illusion subsiste. La jeunesse a toujours des rêves plein les yeux, l’expérience et le porte-monnaie en moins par rapport à ses aînés, mais elle veut créer de nouveaux piliers du CAC 40. Combien y arriveront ? Combien de talents se perdront sur le chemin du succès ? Plus de 90 % des start-up françaises sont condamnées à court terme, par manque de moyens.

L’explication de la ruée se trouve peut-être dans la mécanique d’investissement… L’heure est au profit financier rapide, pas à la durabilité. Le moment est bien choisi pour trouver des idées dans la marmite des gadgets farfelus, depuis le big data jusqu’à l’alimentation, en passant par le stylisme, le design « disruptif », l’algorithmique… puis de les vanter, de lever quelques centaines de milliers d’euros (voire quelques millions) et de revendre au plus vite.

Créateur d’entreprise ou bon technicien

On s’est finalement bien amusé, on peut passer à un vrai métier dans des institutions plus stables comme les banques ou la haute fonction publique. La start-up aura coulé ou se sera fait avaler par le Goliath que David prétendait défier. La société est séduite par le dynamisme de cette mode, mais les « pépites » ne bouleversent pas vraiment le système.

Car il y a un grand absent, dans cette logique bien huilée de la course aux investissements : les emplois industriels occupés par l’essentiel de la main-d’œuvre professionnelle, dont bien peu connaissent le « big data » ou la « blockchain » ; ces termes sont réservés à une élite technico-commerciale et ne sont pas synonymes d’emplois de masse. En revanche, cette communauté de l’industrie sait faire fonctionner les scieries, les fonderies, les fermes écologiques et les ateliers textiles.

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Certes ces activités subissent des fermetures, des délocalisations, des licenciements et des suppressions d’emplois. Mais la revitalisation des industries locales parle davantage à la majorité de la population que la création de mondes virtuels ou de services exclusivement urbains. Un créateur d’entreprise (« business developer ») efficace dans le monde actuel est une denrée rare, mais l’appellation attire des milliers de jeunes qui ont faim et soif de connaissances et d’expériences.

Un bon technicien est déjà formé à la rudesse de l’ouvrage, ou en passe de l’être après une formation sur le terrain ; il saura faire tout autant qu’un business developer ! Comparons les productions annuelles brutes de ces deux travailleurs : laquelle est la plus susceptible de bénéficier à l’économie locale, puis nationale ?

Du neuf avec du vieux

Il existe de nombreux arguments pour souligner l’importance des emplois industriels. Mais la logique financière demande de rentabiliser son investissement avant même de l’avoir effectué et d’assurer un revenu à ceux qui travaillent. Et pendant ce temps, les usines ferment et les savoir-faire disparaissent. Qui les remplacera ? Comment trouver des successeurs aux cols-bleus ? Les ateliers dont notre industrie a besoin partent plus à l’Est, et s’éloignent toujours davantage.

Pourtant, nous pourrions nous-mêmes produire nos biens de consommation. Les start-up de la plasturgie, du textile, de la mécanique, sont aussi rares que sont nombreux les clones des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Alors que la combinaison entre ces deux mondes n’a jamais été aussi facile !

Si Gustave Eiffel a pu construire en un temps record une tour de 300 mètres et des dizaines de ponts robustes en employant des centaines d’ouvriers, nous pouvons bien, plus de cent ans après, marier les industries des métaux, des plastiques, des bois, des eaux avec l’agilité moderne, la créativité du numérique et le soutien des investisseurs !

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Nos ressources résident dans la culture, dans les usines et dans l’éducation. Il est temps de les fusionner. Le processus sera long, car il concerne des activités industrielles lourdes, des matières premières, des machines-outils, des formations généralistes… mais ce sont ces réalités qui offrent la base d’une exploitation économique stable, extensible et compatible avec l’intérêt sociopolitique.

Que les jeunes actifs se lèvent en tant que manœuvres, contremaîtres, chercheurs et ingénieurs de l’industrie ! Retrouvons le dynamisme et la croissance de la transformation de la matière ! C’est l’assemblage des briques technologiques connues qui crée l’innovation dont tout le monde a besoin. Faisons du neuf avec du vieux.

 

https://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/05/24/start-up-l-heure-est-au-profit-financier-rapide-pas-a-la-durabilite_5303873_3232.html

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