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L'existence précède l'essence


satinvelours

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Affirmation fracassante de Sartre et fracassante n'est pas une métaphore. Cette phrase à elle toute seule démolit totalement 2500 ans de métaphysique.
Le propre de cette discipline appelée métaphysique qui prend ses origines chez Platon  et qui est véritablement constituée à partir d’Aristote, arrive jusqu'à nous puisqu'elle va jusqu'à Heidegger inclus, c’est notre tradition philosophique.

La métaphysique pose effectivement comme nous avons comme catégorie première de la pensée l'être, que l'être est quelque chose fixé, terminé. L'être fixe, préfixe, détermine à l'avance toute éternité des choses. C'est la catégorie première. Pour la métaphysique les choses reçoivent de l'être, leur nature et leur essence. La métaphysique considère que chaque chose existante, qu'elle soit animée ou inanimée, possède sa nature, a une essence propre qui est déterminée, fixée de toute éternité et que rien ne pourra jamais changer. Par rapport à cela l'existence (c'est tout le problème) apparaît comme quelque chose qui vient se surajouter, comme quelque chose qui n'est pas essentiel. Parce qu'une chose existe réellement ou qu'elle n'existe pas cela change un peu, mais pas fondamentalement. Au fond que le dragon existe vraiment dans la réalité, ou que je puis en mon esprit en concevoir le concept, cela change quoi ? Je suis capable avec mon esprit de faire exister quelque chose, c'est-à-dire de créer un être logique.

Toute la métaphysique considère que chaque chose a une existence propre qui lui confère son être, lui donne sa propre nature. Un des postulats de la métaphysique, l'homme n’échappe pas à cette règle générale, il a une essence. Dans la métaphysique l’homme est d'abord déterminé par son essence, là-dessus se surajoute une existence qui va ajouter, lui apporter telle ou telle chose, telle ou telle expérience, aventure ou situation, mais profondément cette existence est impropre à agir sur son essence.

Très belle illustration dans ce qu'on appelle traditionnellement l'humanisme (Érasme-Montaigne) « Chaque individu porte en lui l'humaine condition ».
Avant d'être Mme Untel ou Mr Tel, je suis avant tout un être humain et en tant que tel je porte des déterminations sur lesquelles je ne peux rien, mais qui me font être ce que je suis. Par rapport à cela existence va porter des choses très accidentelles. La métaphysique fixe les choses. Les choses ont une essence, y compris l'homme, par rapport à quoi l'existence va simplement se surajouter.

L'apport de l'existentialisme sartrien et de l'existentialisme athée c'est de renverser ce système et de dire : l'essence cela n'existe pas. Ce qui existe d'abord ce sont des choses existantes. Ce n'est pas un hasard si l'on trouve dans le vocabulaire existentialiste le terme "l'étant". C'est un terme que l'on trouve chez Parménide, puis les scolastiques et qui tombe en désuétude avant d’être repris par la phénoménologie.

Ce terme l'étant c'est tout ce qui existe. Chez les existentialiste, les choses, et dans les choses les êtres humains, les choses dans le sens générique, les choses existent d'abord. Ce qui est donné c'est d'abord l'existence.
Dans cette existence aucune essence ne vient préfixer, prédéterminer d'avance quoi que ce soit, ce qui revient à dire que la nature humaine n'existe pas. Il n'y a pas de nature humaine, il n'y a pas d'essence et ce que nous considérons comme l'humanité de l'homme c'est quelque chose qui est en devenir, le résultat d'un choix, de notre liberté, de l'ensemble des projets qui sont les nôtres. Et même lorsque nous ne choisissons rien, nous choisissons de ne rien choisir. Je ne fais rien, je ne décide de rien donc j'échappe au choix. Non ! Sartre dit nous sommes absolument seuls, solitude radicale, solitude ontologique. Nous émergeons du néant seuls, nous y retournerons seuls.

Et dans la vie même si nous pouvons construire des relations plus ou moins denses les uns avec les autres, il n’empêche que fondamentalement nous sommes seuls. Ce sont mes choix, la façon dont je me comprends, dont je me projette dans le monde, dont je me saisis moi-même qui vont progressivement dans la vie me conférer cet être.
Cette essence, cet être, cette nature n’existent pas, s’ils existent c’est précisément lorsque je n’existe plus. Tant que j’existe je ne suis pas puisque dans mon existence je puis toujours choisir ceci, puis l’instant d’après revenir sur mon choix et choisir autre chose. Rien ne me fixe jamais.

(à suivre)

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Membre, 53ans Posté(e)
fidel castor Membre 3 358 messages
Mentor‚ 53ans‚
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sarte et compagnie font un sophisme...

 

l'être humain existe pas a sa naissance mais a sa conception (la rencontre entre l'ovule et le spermatozoïde)

or le "concept" de l'humain existe avant sa conception car présent avant la conception dans l'ovule et le spermatozoïde ... le code ADN ... donc l'essence existe avant l'existence en tout cas pour l'humain

 

peut être et c'est loin d’être certain un artiste peut crée avant de conceptualiser... mais a mon avis c'est le seul cas possible et j'ai de sérieux doute

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 4 minutes, fidel castor a dit :

sarte et compagnie font un sophisme...

 

l'être humain existe pas a sa naissance mais a sa conception (la rencontre entre l'ovule et le spermatozoïde)

or le "concept" de l'humain existe avant sa conception car présent avant la conception dans l'ovule et le spermatozoïde ... le code ADN ... donc l'essence existe avant l'existence en tout cas pour l'humain

 

peut être et c'est loin d’être certain un artiste peut crée avant de conceptualiser... mais a mon avis c'est le seul cas possible et j'ai de sérieux doute

C'est quoi l'essence de  l'ADN ? D'autant que nous savons aujourd'hui que ce n'est pas l'ADN qui détermine ou du moins qui construit l'enfant, ce sont les relations entre tel ou tel gène, relations qui, sur le plan statistique, confinent à l'infini.

Il nous faut sortir  du déterminisme.

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Membre, 53ans Posté(e)
fidel castor Membre 3 358 messages
Mentor‚ 53ans‚
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il y a 6 minutes, aliochaverkiev a dit :

C'est quoi l'essence de  l'ADN ? D'autant que nous savons aujourd'hui que ce n'est pas l'ADN qui détermine ou du moins qui construit l'enfant, ce sont les relations entre tel ou tel gène, relations qui, sur le plan statistique, confinent à l'infini.

Il nous faut sortir  du déterminisme.

effectivement c'est soit le déterminisme soit l’existentialisme....

l'innée et l'acquis est indéniable

or l'innée vient de ton ADN donc retour a mon premier post

et l'acquis effectivement est dans le sens de l'existentialisme mais un temps trop tard

si tu est hétéro ou homo c'est surement de l'innée

si tu es un homme tu es plus agressif qu'un femme a cause de la testostérone ... encore de l'innée

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 1 minute, fidel castor a dit :

effectivement c'est soit le déterminisme soit l’existentialisme....

l'innée et l'acquis est indéniable

or innée vient de ton ADN donc retour a mon premier post

et acquis effectivement est dans le sens de l'existentialisme mais un temps trop tard

si tu est hétéro ou homo c'est surement de l'innée

si tu es un homme tu es plus agressif qu'un femme a cause de la testostérone ... encore de l'innée

Là je ne vous suis plus, vous êtes engagé dans des questions qui sont très actuelles, qui sont vos questions quotidiennes. Je ne connais pas votre vie, votre vie engagée, dans l'amour, le sexe, la profession etc. donc je ne peux pas vous répondre. Je me place, quant à moi,  au delà de la condition quotidienne. 

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Membre, 34ans Posté(e)
markich Membre 3 722 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Sartre , il est né un mercredi ; Il faisait 3kilos 2 , 3kilos 8 ...

Durant la seconde guerre mondial, il est était très entouré, il a même été encerclé ...

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 5 minutes, markich a dit :

Sartre , il est né un mercredi ; Il faisait 3kilos 2 , 3kilos 8 ...

Durant la seconde guerre mondial, il est était très entouré, il a même été encerclé ...

A développer.

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Membre, 34ans Posté(e)
markich Membre 3 722 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
il y a 8 minutes, aliochaverkiev a dit :

A développer.

Sa femme , euh ... Madame Sartre ..

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Membre, 73ans Posté(e)
Denis825 Membre 823 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)

Ce qu'il y a de difficile avec le point de vue de Sartre c'est que ça débouche sur la stupidité de la vie. Il y a trop de tout à un moment, la vie est là mais sans raison et il ne donne pas de clef pour sortir de cette prison. On dira ce qu'on voudra de la religion ou de la philosophie avant lui mais au moins ça donne une explication à bien des questions que les humains se posent. Et même si les religions n'apportent pas de bonnes réponses, elles donnent de l'espoir et ça c'est déjà mieux que la nausée.

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 23 minutes, Denis825 a dit :

Ce qu'il y a de difficile avec le point de vue de Sartre c'est que ça débouche sur la stupidité de la vie. Il y a trop de tout à un moment, la vie est là mais sans raison et il ne donne pas de clef pour sortir de cette prison. On dira ce qu'on voudra de la religion ou de la philosophie avant lui mais au moins ça donne une explication à bien des questions que les humains se posent. Et même si les religions n'apportent pas de bonnes réponses, elles donnent de l'espoir et ça c'est déjà mieux que la nausée.

Je suis d'accord là-dessus, mais pas en tant que les philosophes ou les religieux donnent de l'espoir, mais en tant qu'ils ouvrent ou tentent d'ouvrir des voies d'exploration. Maladroitement parfois, j'en conviens, mais ils tentent de donner des voies d'expression pour nos énergies vitales.

Sartre, et c'est bizarre d'ailleurs, enferme les personnes dans une morale trop stricte. Je dis que c'est bizarre car il libère d'abord l'homme en partant de la seule existence, mais ensuite il fond comme un faucon sur ces mêmes hommes en leur imposant une morale  de style piétiste (il est originaire d'une famille très croyante, et d'une croyance chrétienne stricte).

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Membre, 73ans Posté(e)
Denis825 Membre 823 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)

Vous voulez peut-être parler de la morale qui dit qu'il faut toujours être engagé ? et qu'on sera considéré selon nos actions ? C'est exigeant en effet et écrasant même : on agit comme si tous les autres hommes devaient s'Aligner sur notre action, c'est pire que le catholicisme qui admet au départ la faute.

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 11 minutes, Denis825 a dit :

Vous voulez peut-être parler de la morale qui dit qu'il faut toujours être engagé ? et qu'on sera considéré selon nos actions ? C'est exigeant en effet et écrasant même : on agit comme si tous les autres hommes devaient s'Aligner sur notre action, c'est pire que le catholicisme qui admet au départ la faute.

En effet c'est pire que le catholicisme, c'est le piétisme. C'est un fait que le catholicisme reconnaît que l'homme est sujet à la faute, et que le pardon est possible. Avec Sartre non, il n' y a pas de pardon. Mais ce qui est curieux chez Sartre c'est qu'il ne passe pas à l'action. Il diffuse une morale extraordinairement stricte et exigeante, mais lui, il ne passe pas à l'action. Il est contemporain du nazisme, pourtant il ne dit rien. C'est fou tout de même. Il est dans la pensée. Mais une pensée déconnectée de toute action.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)
il y a 10 minutes, aliochaverkiev a dit :

En effet c'est pire que le catholicisme, c'est le piétisme. C'est un fait que le catholicisme reconnaît que l'homme est sujet à la faute, et que le pardon est possible. Avec Sartre non, il n' y a pas de pardon. Mais ce qui est curieux chez Sartre c'est qu'il ne passe pas à l'action. Il diffuse une morale extraordinairement stricte et exigeante, mais lui, il ne passe pas à l'action. Il est contemporain du nazisme, pourtant il ne dit rien. C'est fou tout de même. Il est dans la pensée. Mais une pensée déconnectée de toute action.

Il est vrai que Sartre qui est pensionnaire  en 1934 de l’institut Français à Berlin ne s’intéresse pas à la montée d’Hitler. Il est plongé dans Husserl. Il est le dos tourné à l’histoire. Simone de Beauvoir sera d’ailleurs scandalisée par l’attitude de Sartre et ne lui trouvera aucune excuse.

Cependant il s’est quand même engagé pour des causes jugées importantes. Mais au travers de cette vie passée à s’engager pour des causes jugées importantes on aperçoit une dette marxiste, dette qu’il n’a jamais contestée. Sartre est un penseur marxiste pour trois quarts de ses écrits. Mais ce que Sartre retient de Marx c’est le Marx théoricien, dialecticien qui essaie de faire travailler les contradictions de l’histoire pour accélérer le processus de libération des hommes. Ce n’est pas le Marx idéologue et fondateur du PC.

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Membre, 73ans Posté(e)
Denis825 Membre 823 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
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il y a 17 minutes, aliochaverkiev a dit :

En effet c'est pire que le catholicisme, c'est le piétisme. C'est un fait que le catholicisme reconnaît que l'homme est sujet à la faute, et que le pardon est possible. Avec Sartre non, il n' y a pas de pardon. Mais ce qui est curieux chez Sartre c'est qu'il ne passe pas à l'action. Il diffuse une morale extraordinairement stricte et exigeante, mais lui, il ne passe pas à l'action. Il est contemporain du nazisme, pourtant il ne dit rien. C'est fou tout de même. Il est dans la pensée. Mais une pensée déconnectée de toute action.

Il a passé à l'action en étant communiste et en essayant d'entrainer les gens vers le communisme mais je crois qu'il a réalisé qu'il s'était trompé vers la fin de sa vie.

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
il y a 16 minutes, Denis825 a dit :

Il a passé à l'action en étant communiste et en essayant d'entrainer les gens vers le communisme mais je crois qu'il a réalisé qu'il s'était trompé vers la fin de sa vie.

Oui c'est vrai il tente de se dédouaner après son inaction pendant la guerre, il rente de se rattraper, il devient communiste, emporté par son idéal piétiste, il ne voit pas ce qu'est le communisme. Du coup il couvre le pire.

Puis il se rend compte qu'il s'est gouré. A la fin de sa vie il est pathétique, mais attachant. Il finit par parler de foi, puis d'une Mère commune à tous (sous l'influence de Benny Lévi), il tombe dans un mysticisme étrange. 

Finalement il est attachant, son problème : son incapacité à passer à l'action.

 

il y a 22 minutes, satinvelours a dit :

Il est vrai que Sartre qui est pensionnaire  en 1934 de l’institut Français à Berlin ne s’intéresse pas à la montée d’Hitler. Il est plongé dans Husserl. Il est le dos tourné à l’histoire. Simone de Beauvoir sera d’ailleurs scandalisée par l’attitude de Sartre et ne lui trouvera aucune excuse.

Cependant il s’est quand même engagé pour des causes jugées importantes. Mais au travers de cette vie passée à s’engager pour des causes jugées importantes on aperçoit une dette marxiste, dette qu’il n’a jamais contestée. Sartre est un penseur marxiste pour trois quarts de ses écrits. Mais ce que Sartre retient de Marx c’est le Marx théoricien, dialecticien qui essaie de faire travailler les contradictions de l’histoire pour accélérer le processus de libération des hommes. Ce n’est pas le Marx idéologue et fondateur du PC.

Oui, tout cela il le pense, mais il n'agit pas. Tout ce qu'il arrive à faire c'est vendre "Libération" sur les grands boulevards en espérant être arrêté (je parle du premier  "Libération"). Pathétique. Remarque il y a en a un autre qui est pathétique : Bernard Henri Lévy. 

Pourquoi ces hommes sont-ils incapables d'action ?

Tu as un Malraux qui agit bien que n'ayant pas la vista d'un Sartre...Mais il agit.

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

 Il se sépare relativement rapidement du PC ce qui lui vaudra des attaques féroces de celui-ci. 

 Cette dette marxiste on la trouve dans le fait que l’ensemble de la philosophie sartrienne, tout ce qui concerne la grande pensée de la liberté d’une part et de l’autre côté cette vie à penser et à s’engager et donc à pousser plus loin sa pensée pourrait passer pour l’illustration de la 11e thèse de Feuerbach que travaille Marx.

 Il emprunte à Marx le concept purement marxiste de pratique théorique. Jusqu’à Marx les philosophes ont dûment séparé la théorie de la pratique que cela a abouti à ce type d’adage : ce qui est vrai en théorie ne l’est pas en pratique. Il y a un hiatus, voire un abîme entre la théorie et la pratique. Marx va se trouver avec cet héritage, comment articuler la théorie sur la pratique. Cela va donner le concept de principe théorique. Non seulement il est possible d’articuler théorie et pratique mais la pensée est déjà une forme de pratique.

L’un des effets secondaires de ce concept de pratique théorique que reprend Sartre, très important dans sa pensée, c’est l’idée que l’intellectuel n’est pas quelqu’un d’à part. Au contraire l’intellectuel a une tache propre en tant qu’intellectuel qui est de vivre parmi ses semblables, d’expérimenter, de monter sur les barricades et non pas de rester terré pour produire théoriquement. 

Il doit s’exposer pour comprendre l’Histoire, comprendre la vie et ne pas développer de grands systèmes théoriques et s’étonner que dans la pratique cela ne fonctionne pas particulièrement. Cette notion de pratique théorique est importante car elle a permis à Max de considérer le concept moderne de l’intellectuel et de l’intellectuel comme homme engagé. C’est ce qui sera repris par Sartre et mis en pratique. 

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Posté(e)

L'enfant qui vient de naître est-il véritablement une ardoise vierge à tout points de vue?

Je me dis que bien souvent les caractéristiques que nous nous prêtons les uns aux autres sont auto-réalisatrices, si bien qu'en naturalisant (càd essentialisant) certains traits nous aurons tendance à les valider chez l'autre, exactement comme une feuille de papier prendrait les plis qui se font sur elle. Une personne qu'on jugera sans cesse susceptible aura de fortes chances de finir par se montrer comme tel. Idem pour la gentillesse, l'agressivité, etc.. etc..

D'ailleurs selon les caractéristiques (taille, poids, sexe, etc..) de l'enfant nouveau né les adultes projetteront sur lui tout un tas de caractéristiques qui pourraient bien finir par marquer à tout jamais l'individu qu'il deviendra. Par exemple je crois me souvenir d'une expérience de psychologie qui démontre qu'une fille qui pleure beaucoup sera inconsciemment perçue comme plus peureuse, tandis qu'un garçon qui pleure beaucoup sera inconsciemment considéré comme plus colérique. source

Ainsi ce serait véritablement un crime contre l'humanité et sa liberté que d'effectuer des jugements définitifs où on enfermerait les autres. Mais peut-on vraiment s'empêcher de juger autrui? Si cela arrive, au moins reconnaître que c'est sujet à caution.

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Membre, 73ans Posté(e)
Denis825 Membre 823 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, satinvelours a dit :

 Il se sépare relativement rapidement du PC ce qui lui vaudra des attaques féroces de celui-ci. 

 Cette dette marxiste on la trouve dans le fait que l’ensemble de la philosophie sartrienne, tout ce qui concerne la grande pensée de la liberté d’une part et de l’autre côté cette vie à penser et à s’engager et donc à pousser plus loin sa pensée pourrait passer pour l’illustration de la 11e thèse de Feuerbach que travaille Marx.

 Il emprunte à Marx le concept purement marxiste de pratique théorique. Jusqu’à Marx les philosophes ont dûment séparé la théorie de la pratique que cela a abouti à ce type d’adage : ce qui est vrai en théorie ne l’est pas en pratique. Il y a un hiatus, voire un abîme entre la théorie et la pratique. Marx va se trouver avec cet héritage, comment articuler la théorie sur la pratique. Cela va donner le concept de principe théorique. Non seulement il est possible d’articuler théorie et pratique mais la pensée est déjà une forme de pratique.

L’un des effets secondaires de ce concept de pratique théorique que reprend Sartre, très important dans sa pensée, c’est l’idée que l’intellectuel n’est pas quelqu’un d’à part. Au contraire l’intellectuel a une tache propre en tant qu’intellectuel qui est de vivre parmi ses semblables, d’expérimenter, de monter sur les barricades et non pas de rester terré pour produire théoriquement. 

Il doit s’exposer pour comprendre l’Histoire, comprendre la vie et ne pas développer de grands systèmes théoriques et s’étonner que dans la pratique cela ne fonctionne pas particulièrement. Cette notion de pratique théorique est importante car elle a permis à Max de considérer le concept moderne de l’intellectuel et de l’intellectuel comme homme engagé. C’est ce qui sera repris par Sartre et mis en pratique. 

Une philosophe qui s'exposait pour comprendre l'histoire c'est Simone Weil. J'ai découvert ses écrits sur le web parce qu'après un certain temps moins long ici qu'en France, ça tombe dans le domaine public. Et j'aime bien aussi allez sur youtube et qu'on me raconte sa biographie. 

Elle a connu Sartre et Simone de Beauvoir, est-ce qu'elle est sortie deuxième après Sartre diplomée en philosophie ? C'est quelque chose comme ça et elle est travaillé dans une usine pour ne pas raconté n'importe quoi sur le communisme, elle a compris plus vite que Sartre les défauts du communisme, elle a chicané Trotsky à un moment. Elle a été faire la guerre en Espagne, et il y a des bouts où on l'imagine complètement malhabile à manier un fusil ou à faire la guerre. Elle mets d'ailleurs un pied dans de l'huile chaude et est évacuée du champs de bataille pour ça avant que son bataillon soit entièrement éliminé.

Quelle vie ! Quelle femme !

 

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Invité Quasi-Modo
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Posté(e)
Il y a 7 heures, Quasi-Modo a dit :

L'enfant qui vient de naître est-il véritablement une ardoise vierge à tout points de vue?

Je me dis que bien souvent les caractéristiques que nous nous prêtons les uns aux autres sont auto-réalisatrices, si bien qu'en naturalisant (càd essentialisant) certains traits nous aurons tendance à les valider chez l'autre, exactement comme une feuille de papier prendrait les plis qui se font sur elle. Une personne qu'on jugera sans cesse susceptible aura de fortes chances de finir par se montrer comme tel. Idem pour la gentillesse, l'agressivité, etc.. etc..

D'ailleurs selon les caractéristiques (taille, poids, sexe, etc..) de l'enfant nouveau né les adultes projetteront sur lui tout un tas de caractéristiques qui pourraient bien finir par marquer à tout jamais l'individu qu'il deviendra. Par exemple je crois me souvenir d'une expérience de psychologie qui démontre qu'une fille qui pleure beaucoup sera inconsciemment perçue comme plus peureuse, tandis qu'un garçon qui pleure beaucoup sera inconsciemment considéré comme plus colérique. source

Ainsi ce serait véritablement un crime contre l'humanité et sa liberté que d'effectuer des jugements définitifs où on enfermerait les autres. Mais peut-on vraiment s'empêcher de juger autrui? Si cela arrive, au moins reconnaître que c'est sujet à caution.

Tout ça pour dire que si je sais que mon propos n'est pas ce que dit Sartre, je pense que sa philosophie requiert une force morale que ne possède pas le commun des mortels. La plupart des gens finissent par réellement penser qu'ils sont comme les autres leur disent qu'ils sont. Bien sûr il faut ensuite faire un effort, mais se libérer du carcan catégoriel qui a été posé sur nous c'est compliqué : nous nous les sommes appropriés d'une telle façon que c'est effectivement presque comme si les catégories qu'on nous aura assignées faisaient partie de nous.

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, satinvelours a dit :

Affirmation fracassante de Sartre et fracassante n'est pas une métaphore. Cette phrase à elle toute seule démolit totalement 2500 ans de métaphysique.
Le propre de cette discipline appelée métaphysique qui prend ses origines chez Platon  et qui est véritablement constituée à partir d’Aristote, arrive jusqu'à nous puisqu'elle va jusqu'à Heidegger inclus, c’est notre tradition philosophique.

La métaphysique pose effectivement comme nous avons comme catégorie première de la pensée l'être, que l'être est quelque chose fixé, terminé. L'être fixe, préfixe, détermine à l'avance toute éternité des choses. C'est la catégorie première. Pour la métaphysique les choses reçoivent de l'être, leur nature et leur essence. La métaphysique considère que chaque chose existante, qu'elle soit animée ou inanimée, possède sa nature, a une essence propre qui est déterminée, fixée de toute éternité et que rien ne pourra jamais changer. Par rapport à cela l'existence (c'est tout le problème) apparaît comme quelque chose qui vient se surajouter, comme quelque chose qui n'est pas essentiel. Parce qu'une chose existe réellement ou qu'elle n'existe pas cela change un peu, mais pas fondamentalement. Au fond que le dragon existe vraiment dans la réalité, ou que je puis en mon esprit en concevoir le concept, cela change quoi ? Je suis capable avec mon esprit de faire exister quelque chose, c'est-à-dire de créer un être logique.

Toute la métaphysique considère que chaque chose a une existence propre qui lui confère son être, lui donne sa propre nature. Un des postulats de la métaphysique, l'homme n’échappe pas à cette règle générale, il a une essence. Dans la métaphysique l’homme est d'abord déterminé par son essence, là-dessus se surajoute une existence qui va ajouter, lui apporter telle ou telle chose, telle ou telle expérience, aventure ou situation, mais profondément cette existence est impropre à agir sur son essence.

Très belle illustration dans ce qu'on appelle traditionnellement l'humanisme (Érasme-Montaigne) « Chaque individu porte en lui l'humaine condition ».
Avant d'être Mme Untel ou Mr Tel, je suis avant tout un être humain et en tant que tel je porte des déterminations sur lesquelles je ne peux rien, mais qui me font être ce que je suis. Par rapport à cela existence va porter des choses très accidentelles. La métaphysique fixe les choses. Les choses ont une essence, y compris l'homme, par rapport à quoi l'existence va simplement se surajouter.

L'apport de l'existentialisme sartrien et de l'existentialisme athée c'est de renverser ce système et de dire : l'essence cela n'existe pas. Ce qui existe d'abord ce sont des choses existantes. Ce n'est pas un hasard si l'on trouve dans le vocabulaire existentialiste le terme "l'étant". C'est un terme que l'on trouve chez Parménide, puis les scolastiques et qui tombe en désuétude avant d’être repris par la phénoménologie.

Ce terme l'étant c'est tout ce qui existe. Chez les existentialiste, les choses, et dans les choses les êtres humains, les choses dans le sens générique, les choses existent d'abord. Ce qui est donné c'est d'abord l'existence.
Dans cette existence aucune essence ne vient préfixer, prédéterminer d'avance quoi que ce soit, ce qui revient à dire que la nature humaine n'existe pas. Il n'y a pas de nature humaine, il n'y a pas d'essence et ce que nous considérons comme l'humanité de l'homme c'est quelque chose qui est en devenir, le résultat d'un choix, de notre liberté, de l'ensemble des projets qui sont les nôtres. Et même lorsque nous ne choisissons rien, nous choisissons de ne rien choisir. Je ne fais rien, je ne décide de rien donc j'échappe au choix. Non ! Sartre dit nous sommes absolument seuls, solitude radicale, solitude ontologique. Nous émergeons du néant seuls, nous y retournerons seuls.

Et dans la vie même si nous pouvons construire des relations plus ou moins denses les uns avec les autres, il n’empêche que fondamentalement nous sommes seuls. Ce sont mes choix, la façon dont je me comprends, dont je me projette dans le monde, dont je me saisis moi-même qui vont progressivement dans la vie me conférer cet être.
Cette essence, cet être, cette nature n’existent pas, s’ils existent c’est précisément lorsque je n’existe plus. Tant que j’existe je ne suis pas puisque dans mon existence je puis toujours choisir ceci, puis l’instant d’après revenir sur mon choix et choisir autre chose. Rien ne me fixe jamais.

(à suivre)

C'est très clair ce que tu exposes là. D'abord la catégorie de l'être, puis tout en découle. Cela me fait penser aux Idées de Platon.

Mais je vois aussi pourquoi je ne saisissais pas ce principe de l'essence concernant le vivant. C'est que, naturellement, dans ma démarche personnelle, jamais je n'ai considéré que l'individu, face à moi, était enfermé dans une essence. Je n'ai jamais eu cette attitude. Je suis toujours parti de l'idée que ce qui "est" peut être changé, transformé.

Du coup je vois bien que, sans jamais avoir philosophé d'ailleurs, les personnes se séparent sur ce point : il y a ceux qui enferment l'autre dans une image, et ceux qui ne l'enferment pas. Il semble que cette attitude ne provienne pas d'une réflexion.

Cela me fait penser à la tentative de différenciation que j'essayais d'introduire dans un autre post, entre Apollon et Dionysos (les deux dieux de la tragédie selon Nietzsche).

Apollon renvoie à l'art de la statuaire, c'est-à-dire vers la forme définitive, immobile, et Dionysos vers le mouvement. Sur le plan scientifique cela renvoie aux deux modèles de la lumière, le photon imaginé comme une particule, un définitif de la particule, ou l'onde, qui dans sa conception la plus extrême n'est plus rien, qui est pure forme sans contenu, forme informée puisqu'elle peut prendre toutes les formes (si je réfère à la conférence de Schrödinger).

Bref pour les uns il y a un être de l'homme qui le détermine. C'est même pire que le recours au couple Apollon-Dionysos, car dans mon idée, il y a des personnes qui tendent à se faire "statut", qui tendent vers l'immobilité, mais je ne suis jamais parti de l'idée qu'ils étaient déjà "statut", déjà enfermés dans une essence !

Si j'essaye d'aller plus loin encore, de comprendre ce qui différencie les individus, pourquoi il y a ceux qui partent de l'essence et ceux qui partent de l'existence, et cela de tout temps, indépendamment de toute réflexion philosophique, je trouve deux attitudes différentes : l'attitude du spectateur et l'attitude de l'acteur.

Il y a des personnes qui pensent indépendamment de l'action possible et ceux qui pensent en ayant toujours en vue l'action possible. Ceux-là ont une pensée différente car il y a toujours en eux la tension vers l'action.

Exemple : telle personne va développer l'idée que l'homme est égoïste (essence) donc il y a rien à faire, le monde ne changera pas. Une telle pensée ne m'intéresse pas car elle renvoie à la passivité. Puis il y a cette autre personne qui ne va pas s'intéresser à l'égoïsme supposé des hommes (au sens large) mais qui va proposer telle ou telle action. Celle-là va m'intéresser car elle ouvre sur l'action.

Toi comme moi nous sommes dans l'action. Toute notre pensée est tournée vers l'action. Quand tu fais un exposé sur la littérature tu utilises ce travail pour former les futurs enseignants dans les pays francophones.  Quand je fais un exposé sur les complexes j'utilise ce travail pour mieux transmettre à mes lycéens de terminales S. Nous avons toujours en vue la création, la transformation du monde. 

 

 

 

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