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L'anarchie ...


voileux

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voileux Membre 7 613 messages
Mentor‚
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Ici nous pourrons débattre de nos conceptions respectives de l'anarchie...

Insolemment ,je vais commencer , mes convictions je les ai puisé chez Proudhon et chez Kropotkine principalement ,ceci pour la base et pour m'adapter à notre siècle à Coupat , surtout avec tiqqun

... 

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PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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Il y a 9 heures, voileux a dit :

Ici nous pourrons débattre de nos conceptions respectives de l'anarchie...

Insolemment ,je vais commencer , mes convictions je les ai puisé chez Proudhon et chez Kropotkine principalement ,ceci pour la base et pour m'adapter à notre siècle à Coupat , surtout avec tiqqun

... 

Et ça ne donne en rien ta vision de celle ci.

Que tu donnes les sources de tes convictions c'est bien, mais que tu expliques tes convictions serait mieux!

Là on peut y mettre ce qu'on veut.

Je ne dis pas ça pour toi mais chacun a sa propre interprétation d'un texte!

Le mieux serait que tu expliques.

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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En quoi "la propriété est le vol"?

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voileux Membre 7 613 messages
Mentor‚
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il y a 25 minutes, PASCOU a dit :

En quoi "la propriété est le vol"?

Cela c'est la première phase chez Proudhon, il a complètement remis en cause cette conception dans la deuxième phase...

Ce concept je n'aime guère, j'apprécie davantage la structure fédérale qui permet au pays de vivre sous l'anarchie...

Mais l'anarchie est très combattue , nos élus veulent continuer à se gaver , donc opposition complète

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Membre, 76ans Posté(e)
Pales Membre 23 646 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 6 minutes, PASCOU a dit :

En quoi "la propriété est le vol"?

Que veut tu dire par cette phrase Laconique?

Si tu veut dire par là "est ce que la propriété est un Vol ?"

Je te dit pour moi oui..............C'est du Vol

Oui si comme moi tu considère que "Propriété" est synonyme d'un bien Exclusif pris a un autre!!!

Pour moi sur cette terre nous ne détenons rien qui ne puisse être partagés avec d'autres,et en même temps tout bien est un DROIT personnel et Légitime

Et donc par définition la Propriété n'est pas du Vol pour un ANAR (que je suis)................Paradoxe

Nous ne sommes même pas Propriétaire de notre vie ici bas

Salut l'ami PASCOU ;)

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Membre, ans Posté(e)
tshuss Membre 350 messages
Baby Forumeur‚ ans‚
Posté(e)

Encore faudrait il préciser la propriété de quoi !

Si ce sont des moyens de production pour le plus grand nombre, ça peut se discuter...

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 41 minutes, voileux a dit :

Cela c'est la première phase chez Proudhon, il a complètement remis en cause cette conception dans la deuxième phase...

Ce concept je n'aime guère, j'apprécie davantage la structure fédérale qui permet au pays de vivre sous l'anarchie...

Mais l'anarchie est très combattue , nos élus veulent continuer à se gaver , donc opposition complète

Mais ça ne répond pas à ma question .

il y a 40 minutes, Pales a dit :

Que veut tu dire par cette phrase Laconique?

Si tu veut dire par là "est ce que la propriété est un Vol ?"

Je te dit pour moi oui..............C'est du Vol

Oui si comme moi tu considère que "Propriété" est synonyme d'un bien Exclusif pris a un autre!!!

Pour moi sur cette terre nous ne détenons rien qui ne puisse être partagés avec d'autres,et en même temps tout bien est un DROIT personnel et Légitime

Et donc par définition la Propriété n'est pas du Vol pour un ANAR (que je suis)................Paradoxe

Nous ne sommes même pas Propriétaire de notre vie ici bas

Salut l'ami PASCOU ;)

L' ami pales, c'est une citation de proudhon .

Et justement je pose cette question: que veut dire celle ci pour un anarchiste.

Moi j'ai une opinion mais c'est surtout celle des autres qui m'intéresse.. :)

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 46 minutes, tshuss a dit :

Encore faudrait il préciser la propriété de quoi !

Si ce sont des moyens de production pour le plus grand nombre, ça peut se discuter...

Ceux qui ont lu proudhon peuvent en parler.

Je vais regarder les explications de cette citation.

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Membre, 75ans Posté(e)
Morfou Membre 63 933 messages
Maitre des forums‚ 75ans‚
Posté(e)
il y a 44 minutes, Pales a dit :

Que veut tu dire par cette phrase Laconique?

Si tu veut dire par là "est ce que la propriété est un Vol ?"

Je te dit pour moi oui..............C'est du Vol

Oui si comme moi tu considère que "Propriété" est synonyme d'un bien Exclusif pris a un autre!!!

Pour moi sur cette terre nous ne détenons rien qui ne puisse être partagés avec d'autres,et en même temps tout bien est un DROIT personnel et Légitime

Et donc par définition la Propriété n'est pas du Vol pour un ANAR (que je suis)................Paradoxe

Nous ne sommes même pas Propriétaire de notre vie ici bas

Salut l'ami PASCOU ;)

Pourquoi dire que l'on n'est même pas propriétaire de notre vie ici bas?

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Membre, 76ans Posté(e)
Pales Membre 23 646 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 5 minutes, Morfou a dit :

Pourquoi dire que l'on n'est même pas propriétaire de notre vie ici bas?

A toi de Comprendre!!

mais je peut te donner une piste................Me concernant je suis Croyant!!

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 18 minutes, Morfou a dit :

Pourquoi dire que l'on n'est même pas propriétaire de notre vie ici bas?

Pour éviter de payer un impôt de plus?

:)

Pourquoi dire que c'est un bien pris à un autre?

il y a une heure, tshuss a dit :

Encore faudrait il préciser la propriété de quoi !

Si ce sont des moyens de production pour le plus grand nombre, ça peut se discuter...

J'ai mis ça , ça résume un peu..

https://fr.wikipedia.org/wiki/Qu'est-ce_que_la_propriété_%3F

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Membre, ans Posté(e)
tshuss Membre 350 messages
Baby Forumeur‚ ans‚
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il y a 6 minutes, PASCOU a dit :

C'est la solution de facilité ça, pas une réponse ...

Si tu l'a posté c'est que tu l'a lu, fait nous donc un résumé synthétique.

Je n'argumente face àwiki comme source, mais avec toi !

il y a 1 minute, tshuss a dit :

Je n'argumente pas face à wiki comme source, mais à ta conception de la propriété.

 

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 7 minutes, tshuss a dit :

C'est la solution de facilité ça, pas une réponse ...

Si tu l'a posté c'est que tu l'a lu, fait nous donc un résumé synthétique.

Je n'argumente face àwiki comme source, mais avec toi !

 

Là tu es dans l'erreur complète ce n'est pas moi qui dénonce la propriété mais Proudhon que citait @voileux

Tu me demandes ma vision de la propriété, ce n'est pas le sujet, oui, je viens de lire le condensé de wiki et c'est assez long quand même.

Je te mets tout le texte, qui est déjà un résumé, je ne peux pas déformer ce qu'il dit.

Paragraphe premier - de la propriété comme droit naturel[modifier | modifier le code]

La propriété est posée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 comme un droit naturel et inaliénable de l'Homme, pourtant, aux côtés de la liberté, de l'égalité et de la sûreté, la propriété apparaît comme l'intrus. Beaucoup de gens en sont effectivement privés, (non-universelle) elle peut s'échanger, s'acquérir, disparaître (non naturelle).

La propriété comme droit absolu est par ailleurs impossible en société, elle est violée tôt ou tard par la force des choses.

Paragraphe second - de l'occupation, comme fondement de la propriété[modifier | modifier le code]

Cicéron utilise la métaphore du théâtre dans lequel chacun possède une place. On occupe ainsi une part de la nature. Dans cette optique, l'égalité devrait être de mise, nul n'a droit qu'à ce qui lui suffit.

« Donc, si l'inégalité des conditions est un mal nécessaire, c'est dans l'étrangeté, puisque société et inégalité impliquent contradiction ; donc si l'homme est fait pour la société, il est fait pour l'égalité : la rigueur de cette conséquence est invincible. »[8]

Le terme propriété implique :

  • la faculté
  • le droit dominal

« La possession des choses fut assimilée à la propriété des avantages du corps et de l'esprit »[9]

Destutt de Tracy fait la distinction entre propriétés innées et acquises. Victor Cousin estime que pour devenir propriétaire il faut prendre possession par le travail et la production. Proudhon ajoute qu'il faut venir à temps, les premiers occupants ont tout occupé (la question de la possession des moyens de production dans l'histoire à sûrement influencé la théorie marxiste de l'accumulation primitive du capital).

Paragraphe troisième - de la loi civile, comme fondement et sanction de la propriété[modifier | modifier le code]

La possession existait avant la propriété. Afin d'éviter de continuels partages et dans le but de sanctifier l'égalité, on créa la propriété, les légistes ne se doutaient alors pas que cette propriété et les notions d'héritage et de transmission qui lui étaient liées, provoqueraient les pires inégalités et seraient à l'origine d'un système reposant sur l'inégalité. Ainsi que le dit l'auteur : « Le fait ne produit pas le droit »[10] Quant à la religion, elle ne fit que servir le pouvoir en place : « dans tous les temps le prêtre s'est mis au service du prince » ; « les dieux ont toujours parlé comme les politiques l'ont voulu. »[10]

La propriété entre en contradiction avec l'égalité :

« Le droit d'occupation est égal pour tous. La mesure de l'occupation n'étant pas dans la volonté, mais dans les conditions variables de l'espace et du nombre, la propriété ne peut se former. »[11] Du fait de son caractère définitif, elle apparaît immuable dans un monde en mouvement. Si l'on souhaite rester dans le cadre de l'égalité, il apparaît que : « la possession, en droit, ne pouvant jamais demeurer fixe, il est impossible, en fait, qu'elle devienne propriété. »[11]

Chapitre troisième[modifier | modifier le code]

Du travail comme cause efficiente du domaine de propriété.

L'occupation comme justification de la propriété est donc abandonnée.

Thèse critiquée par Proudhon : « la propriété est fille du travail ! »

Paragraphe premier - la terre ne peut être appropriée[modifier | modifier le code]

La nature offrit la Terre aux hommes, de quel droit et pour quelle raison ceux-ci se la partagèrent-ils ? Deux arguments justifiant la propriété privée de la Terre :

  • Say explique : La terre, contrairement à l'eau et à l'air, n'est pas de nature fugitive, la propriété en est bien plus aisée. Or il ne s'agit pas là d'un véritable argument qu'avance Say mais simplement d'un constat.
  • La Terre ensuite, explique Comte, contrairement à l'air et à la mer, est limitée. En conséquence elle doit être partagée et soumise à la propriété privée. Or, nous dit Proudhon, c'est précisément parce qu'elle est ressource limitée qu'elle ne doit pas connaître la propriété privée. Chaque homme a, en théorie, un droit égal aux ressources, la propriété étant privée et donc forcément exclusive, elle entraîne des inégalités.

« L'égalité des droits est prouvée par l'égalité des besoins ; or, l'égalité des droits, si la chose est limitée, ne peut être réalisée que par l'égalité de possession »[12]

Paragraphe second - le consentement universel ne justifie pas la propriété[modifier | modifier le code]

Une hypothétique acceptation de la propriété privée par l'Humanité tout entière se verrait opposer une fin de non recevoir par Proudhon. En effet pareille idée est injuste par nature, elle a pour but l'égalité mais la romprait forcément. De plus : « L'Homme ne peut pas plus renoncer au travail qu'à la liberté ; or reconnaître le droit de propriété territoriale, c'est renoncer au travail, puisque c'est en abdiquer le moyen, c'est transiger sur un droit naturel et se dépouiller de la qualité d'Homme. »[13]

Paragraphe troisième - la prescription ne peut jamais être acquise à la propriété[modifier | modifier le code]

Prescription : Acquisition de la propriété d’une chose, par une possession non interrompue pendant un temps que la loi détermine.

Il ne s'agit pas là d'un critère légitime, pourquoi le temps serait-il une origine de la propriété avec le travail et l'occupation ?

Paragraphe quatrième - du travail - que le travail n'a par lui-même, sur les choses de la nature aucune puissance d'appropriation[modifier | modifier le code]

L'appropriation des terres et des moyens de production est donc illégitime parce qu'exclusive : « tous seront [...] propriétaires de leurs produits ; aucun n'est propriétaire de ses instruments. Le droit au produit est exclusif, jus in re ; le droit à l'instrument est commun, jus ad rem. »[14]

Paragraphe cinquième - que le travail conduit à l'égalité des conditions[modifier | modifier le code]

« Le travail confère un droit de propriété sur la matière : pourquoi ce principe n'est-il pas universel ? Pourquoi le bénéfice de cette prétendue loi, restreint au petit nombre, est-il dénié à la foule des travailleurs ? »[15] « Le travail autrefois si fécond serait-il devenu [...] stérile ? Pourquoi le fermier, n'acquiert-il plus par le travail, cette terre que le travail acquit jadis au propriétaire ? »[15]

« Si nos efforts n'aboutissaient qu'à étendre le privilège du sol et le monopole de l'industrie, en affranchissant seulement quelques centaines de travailleurs sur des millions de prolétaires ; mais ce serait aussi comprendre bien mal notre propre pensée et faire preuve de peu d'intelligence et de logique. »[16]

« Quiconque travaille devient propriétaire [...] je veux dire propriétaire de la valeur qu'il créé, et dont le maître seul tire le bénéfice. »[17]

« Car cette force immense qui résulte de l'union et de l'harmonie des travailleurs, de la convergence et de la simultanéité de leurs efforts, il ne l'a point payée. 200 grenadiers ont en quelques heures dressé l'obélisque de Louxor sur sa base ; suppose-t-on qu'un seul homme, en 200 jours, en serait venu à bout ? »[18]

Marx fut sûrement influencé par cette idée que le travail collectif est supérieur à la somme des efforts individuels dans la mesure où il l'a reprise dans le Capital. Il a également emprunté à Proudhon le concept de reproduction de la force de travail du prolétaire. « Il faut que le travail à faire renaisse perpétuellement du travail accompli »[19] « C'est cette dénégation frauduleuse qui fait l'indigence du travailleur, le luxe de l'oisif et l'inégalité des conditions. C'est en cela surtout que consiste ce que l'on a si bien nommé l'exploitation de l'homme par l'homme. »[19] « Tout capital accumulé étant une propriété sociale nul n'en peut avoir la propriété exclusive. »[20]

Pour résumer, le travailleur est dépossédé du produit de son travail par le propriétaire des moyens de production, quand bien même celui-ci devrait profiter de son bien dans une société juste.

Paragraphe sixième - que dans la société tous les salaires sont égaux[modifier | modifier le code]

Proudhon se pose ici la question de l'égalité des salaires. Il fait la critique des thèses de Saint-Simon et de Fourrier qui prétendent respectivement : « à chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon ses œuvres » et « à chacun selon son capital, son travail et son talent ». L'auteur se fait quant à lui l'avocat de la répartition du travail entre tous les travailleurs. Une inégalité naturelle ne devant être selon lui en aucun cas sanctionnée d'une inégalité sociale, les tâches doivent être réparties également et le salaire de même.

Paragraphe septième - que l'inégalité des facultés est la condition nécessaire de l'égalité des fortunes[modifier | modifier le code]

Proudhon pose ici la question de la rémunération selon la tâche et du talent. « Tous les travaux à exécuter ne sont pas également faciles : il en est qui exigent une grande supériorité de talent et d'intelligence, et dont cette supériorité même fait le prix. »[21] La division du travail est effectivement, en société capitaliste, source d'inégalités de revenus. Proudhon commence par expliquer que nombre de tensions sociales et notamment la haine envers les élites intellectuelles, sont motivées par les inégalités. Il dit en substance que les élites seront haïes tant qu'elles persisteront à exercer un pouvoir coercitif contre le peuple[22].

Il entreprend de démontrer que « l'inégalité de nature [est] condition de l'égalité des fortunes. »[23] L'auteur commence par affirmer que : « dans une société d'hommes, les fonctions ne se ressemblent pas : il doit donc exister des capacités différentes. »[23] En somme, il n'existe aucun métier supérieur, il n'y a au fond pas « inégalités de facultés » mais « diversité de facultés »[24]. « S'il est glorieux de charmer et d'instruire les hommes, il est honorable aussi de les nourrir »[25]. De plus « la capacité de fournir une tâche sociale étant donnée à tous, l'inégalité des forces individuelles ne peut fonder aucune inégalité de rétribution »[26]. Proudhon analyse ensuite la nature du talent, il en arrive à la conclusion que celui-ci est le produit de conditions sociales données, qu'il est le fruit d'efforts collectifs. « Quelle que soit donc la capacité d'un homme dès que cette capacité est créée, il ne s'appartient plus [...] il avait la faculté de devenir, la société l'a fait être. »[27]

Paragraphe huitième - que, dans l'ordre de la justice, le travail détruit la propriété[modifier | modifier le code]

Proudhon résume ici les arguments précédents, expose les liens sur lesquels reposent toute activité productive (le laboureur a besoin du maçon, lequel a besoin du boulanger etc.), il répète ensuite son analyse du salaire que perçoit le travailleur et détaille le processus que Marx nommera plus tard la reproduction de la force de travail du prolétaire. Proudhon conclut le chapitre sur cette phrase : « Jusqu'ici j'ai considéré la propriété comme faculté d'exclusion, je vais l'examiner comme faculté d'envahissement. »[28]

Chapitre quatrième[modifier | modifier le code]

Que la propriété est impossible.

Proudhon s'attaque en introduction de ce chapitre à l'adage suivant, selon lui la « raison dernière des propriétaires » : « Si tous les hommes étaient égaux, personne ne voudrait travailler. »[29] Il choisit de s'attaquer à la propriété par la voie mathématique. Il affirme ainsi « La propriété est physiquement et mathématiquement impossible. »[30]

Démonstration[modifier | modifier le code]

Selon Proudhon, la rente, ce qu'il appelle le « droit d'aubaine » est intrinsèquement lié au concept de propriété. Le discours à suivre doit être replacé dans son contexte d'écriture, à savoir le XIXe siècle où la propriété n'était le privilège que d'une élite et où les concepts de rente et de propriété étaient pour ainsi dire synonymes, dès lors qu'on était propriétaire, on était propriétaire de moyens de production, et le plus souvent, rentier.

Première proposition - la propriété est impossible parce que de rien, elle exige quelque chose[modifier | modifier le code]

Proudhon débute par une critique du fermage, laquelle pratique rentière est défendue par des économistes comme James Mill, John Ramsay MacCulloch ou David Ricardo. Prenant pour base le cas de la terre et donc du fermage, l'auteur élargit sa critique à la rente dans son ensemble, ce qu'il nomme l'aubaine :

« “Le service du propriétaire, ajoute Say, est commode pour lui, j'en conviens.” L'aveu est naïf. “Mais nous ne pouvons nous en passer. Sans la propriété, un laboureur se battrait avec un autre pour cultiver un champ qui n'aurait point de propriétaire et le champ demeurerait en friche...” Ainsi le rôle du propriétaire consiste à mettre les laboureurs d'accord en les dépouillant tous... Ô raison ! Ô justice ! [...] Était-il possible de dire plus de mal de la propriété ? »[31]

Seul le travailleur crée de la valeur, le rentier est inutile, la rente est donc injuste. Proudhon s'oppose ensuite à une certaine tradition économique qui considère que le travail tout comme le capital tout comme la nature produit de la valeur, il affirme ainsi qu'ils sont inutiles individuellement, et que c'est leur combinaison qui produit de la valeur. « La vérité est que NI la terre n'est productive, NI le travail n'est productif, NI les capitaux ne sont productifs ; la production résulte de ces trois éléments également nécessaires, mais, pris séparément, également stériles. »[32]

La rente repose ainsi sur la fiction de la rentabilité du capital, lequel n'est finalement rentable que parce qu'il interagit avec le travail humain. Le capital ne produit, à lui seul, rien « et en se faisant payer ce produit imaginaire, [le propriétaire] reçoit, à la lettre, quelque chose pour rien. »[33] Et Proudhon de conclure : « Les produits, disent les économistes, ne s'achètent que par des produits. Cet aphorisme est la condamnation de la propriété. Le propriétaire ne produisant ni par lui-même, ni par son instrument, et recevant des produits en échange de rien, est un parasite ou un larron. Donc si la propriété ne peut exister que comme droit, la propriété est impossible. »[34]

Seconde proposition - la propriété est impossible, parce que là où elle est admise la production coûte plus qu'elle ne vaut[modifier | modifier le code]

« La proposition précédente était d'ordre législatif ; celle-ci est d'ordre économique. »[35] Proudhon se lance ici dans une démonstration mathématique que l'on pourrait résumer en ces termes : les propriétaires constituent un non-sens économique dans la mesure où ils ne prennent pas part à l'activité de production.

Troisième proposition - la propriété est impossible, parce que sur un capital donné, la production est en raison du travail, non en raison de la propriété[modifier | modifier le code]

Proudhon résume cette troisième proposition en ces termes : « Résumons : le droit d'aubaine, qui ne peut exister que dans des limites très restreintes, marquées par les lois de la production, s'annihile par le droit d'occupation [lequel fut démontré par l'auteur dans les chapitres précédents] ; or, sans le droit d'aubaine, il n'y a pas de propriété ; donc la propriété est impossible. »[36]

Quatrième proposition - la propriété est impossible parce qu'elle est homicide[modifier | modifier le code]

La propriété induit le droit d'aubaine lequel n'est ni plus ni moins qu'un impôt prélevé par le « propriétaire » sur le « producteur » (comprendre : le travailleur). Les auteurs libéraux tels que Say critiquent l'impôt tandis qu'ils ignorent l'impôt prélevé par le propriétaire. « Le propriétaire exerce, à l'égard du fermier, le même acte de spoliation que le percepteur »[37] Dans cette optique, l'argent que prête le propriétaire au travailleur pour que celui-ci puisse vivre décemment n'est autre que l'argent qui lui fut spolié par ce même propriétaire.

Cinquième proposition - la propriété est impossible parce qu'avec elle la société se dévore[modifier | modifier le code]

Proudhon aborde ici les conséquences sociales de la propriété.

« La société se dévore : 1/ par la suppression violente et périodique des travailleurs »[38] par exemple les licenciements, sachant que le chômage n'est à l'époque pas indemnisé. « 2/ par la retenue que la propriété exerce sur la consommation du producteur. »[38] Ce second point est détaillé plus loin, le salaire du travailleur est ainsi moins élevé que le prix de vente du produit du fait du bénéfice engrangé par le propriétaire. Cette idée sera reprise par Marx. Les travailleurs « ne peuvent racheter leurs produits, puisque, produisant pour un maître qui, sous une forme ou sous une autre, bénéficie, il leur faudrait payer leur propre travail plus cher qu'on ne leur en donne. »[39] Idée que l'auteur résume par la formule « C'est ton ouvrage et tu n'en jouiras pas. »[40]

Il poursuit par l'analyse des crises de surproduction, courantes à l'époque, lesquelles sont dues à une insuffisance de la demande, les thèses esquissées par Proudhon seront un siècle plus tard reprises par Keynes.

Il conclut par cette phrase : « La propriété vend au travailleur le produit plus cher qu'elle ne le lui paye ; donc elle est impossible. »

Appendice à la cinquième proposition[modifier | modifier le code]

En premier lieu, Proudhon se consacre à la critique des thèses de Charles Fourier, lequel défend la propriété et propose de l'étendre à tous les hommes. Dans un second temps, l'auteur examine l'idée de Saint-Simon d'attribuer les richesses selon les capacités de chacun.

« La rareté de la fonction ne créé pas un privilège au bénéfice du fonctionnaire, et cela pour plusieurs raisons toutes également péremptoires. »[41]

Proudhon oppose à cette idée les arguments suivants :

  1. « la rareté du génie n'a point été, dans les intentions du Créateur, un motif pour que la société fût à genoux devant l'homme doué de facultés éminentes, mais un moyen providentiel pour que chaque fonction fût remplie au plus grand avantage de tous. »[41]
  2. « le talent est une création de la société bien plus qu'un donnée la nature »[41]
  3. « la mesure de comparaison des capacités n'existe pas : l'inégalité des talents n'est même, sous des conditions égales de développement, que la spécialité des talents. »[41]

Proudhon clôt cette partie en ces termes : « Concluons donc que dans l'égalité et dans l'égalité seule, l'adage de Saint-Simon, à chacun selon sa capacité, à chaque capacité selon des œuvres, trouve sa pleine et entière application. »[42]

En dernier lieu l'auteur s'intéresse à la question du paupérisme et de la surabondance de la population, problématique importante à une époque où Malthus exerce une grande influence et où la famine et le vagabondage ne sont pas de si lointains souvenirs.

Sixième proposition - la propriété est impossible parce qu'elle est mère de tyrannie[modifier | modifier le code]

Proudhon compare ici la nation à une grande entreprise, où chaque actionnaire possède une voix délibérative. Mais, ainsi qu'il le dit « sous le régime de la propriété, les mises des actionnaires sont entre elles d'une extrême inégalité »[43] Toute mesure démocratique, parce qu'elle passe outre le poids de chaque individu en matière économique, est par conséquent incompatible avec la propriété : « La propriété est incompatible avec l'égalité politique et civile, donc la propriété est impossible. »[44]

Septième proposition - la propriété est impossible, parce qu'en consommant ce qu'elle reçoit elle le perd, qu'en l'épargnant elle l'annule, qu'en le capitalisant elle le tourne contre la production[modifier | modifier le code]

L'auteur s'intéresse dans cette partie aux trois utilisations possibles de ses revenus par le propriétaire.

  • La consommation revient à une perte sèche, et d'une façon, détruit la propriété puisque cet argent n'est pas réinvesti.
  • L'épargne est également une perte sèche parce que « mise de côté ».
  • Ce que Proudhon appelle enfin la « capitalisation » qui désigne ici le fait d'accumuler du capital et abaissant les coûts fixes (salaire, entretien des machines). Cette idée aura sûrement une influence sur Marx lorsque celui-ci formula sa théorie de la valeur, et sa baisse tendancielle du taux de profit.

La propriété est productrice d'inutilité, par conséquent elle est impossible.

Huitième proposition - la propriété est impossible parce que sa puissance d'accumulation est infinie et qu'elle ne s'exerce que sur des quantités finies[modifier | modifier le code]

Dans ce court paragraphe, l'auteur dénonce notamment l'accumulation potentiellement infinie du capital, le principe de l'intérêt qu'il considère comme arbitraire et dit du système politique et juridique qu'il repose sur des chimères et des approximations.

Neuvième proposition - la propriété est impossible parce qu'elle est impuissante contre la propriété[modifier | modifier le code]

L'esprit de cette neuvième proposition est le suivant : toute propriété se bâtit et survit aux dépens d'une autre propriété.

Premièrement Proudhon démontre que chacun s'enrichit aux dépens d'un autre, ainsi A s'enrichit parce que B s'appauvrit, c'est la réalité de toute transaction, par conséquent il y a forcément un perdant. « Il est démontré que nul homme ne peut s'enrichir sans qu'un autre s'appauvrisse. »[45]

Ainsi, la propriété et son corollaire, le droit d'aubaine, sont fondés sur l'inégalité. L'auteur prend ensuite l'exemple de la concurrence, le plus puissant tue ses concurrents en abaissant ses prix, le capitalisme, ou le « régime de la propriété » ainsi qu'il est nommé dans la phraséologie proudhonienne, repose donc sur la force, la propriété se maintenant en détruisant la propriété. « Donc, sans la force, la propriété est impuissante contre la propriété, puisque sans la force elle ne peut s'accroître par l'aubaine ; donc sans la force, la propriété est nulle. »[46]

Dixième proposition - la propriété est impossible parce qu'elle est la négation de l'égalité[modifier | modifier le code]

Sont ici résumées les 9 précédentes propositions.

Chapitre cinquième[modifier | modifier le code]

Exposition psychologique de l'idée de juste et d'injuste, et détermination du principe du gouvernement et du droit.

Première partie[modifier | modifier le code]

Paragraphe premier - du sens moral dans l'homme et dans les animaux[modifier | modifier le code]

Proudhon s'intéresse dans ce premier paragraphe aux différences entre l'Homme et l'animal. Il se rallie à la thèse de Frédéric Cuvier, lequel fait la différence entre l'instinct qui caractérise l'animal et l'intelligence qui caractérise l'Homme. Toutefois Proudhon s'intéresse plus précisément à la question du sens moral et se demande si la différence entre le sens moral chez l'Homme et l'animal est une différence de nature ou simplement de degré.

Il définit l'Homme comme étant un « animal parlant et social »[47] selon les propres termes d'Aristote. Il définit ensuite le droit comme étant « l'ensemble des principes qui régissent la société ; la justice dans l'Homme, est le respect et l'observation de ces principes. »[48]. Proudhon s'attache par la suite à démontrer, en usant de cas concrets, que cette moralité humaine ne diffère guère de la moralité animale et que l'Homme, lorsqu'il agit bien, agit souvent par instinct.

Enfin il en arrive à la conclusion que l'Homme diffère de l'animal en cela qu'il est conscient des principes auxquels il obéit, il est naturellement autrement intelligent que l'animal, mais « l'intelligence infiniment supérieure que nous avons de nos devoirs sociaux, la conscience du bien et du mal, n'établit pas, relativement à la moralité, une différence essentielle entre l'Homme et les bêtes. »[49]

Paragraphe second - du premier et du second degré de la sociabilité[modifier | modifier le code]

Selon Proudhon, le premier degré de la sociabilité s'exprime en cette attirance, cet intérêt que l'on éprouve vis-à-vis d'autrui. « La sociabilité, à ce degré, est une sorte de magnétisme que la contemplation d'un être semblable à nous réveille. »[50] Cette première forme de sociabilité ne comporte toutefois « rien qui élève l'homme au-dessus de l'animal. »[50]

« Le second degré de la sociabilité est la justice, que l'on peut définir, reconnaissance en autrui d'une personnalité égale à la nôtre. »[51] Avant d'aborder le troisième degré de sociabilité, celui-là caractéristique de l'Homme, Proudhon va s'attacher à « démontrer métaphysiquement que société, justice, égalité, sont trois termes équivalents. »[52]

Pour ce faire, il prend l'exemple d'un naufrage, il en réchappe à bord d'une barque et aperçoit un naufragé dans la mer, il lui doit assistance puisqu'il est associé, tous deux étant membres de la société, ils sont par conséquent associés et se doivent une assistance mutuelle.

Proudhon prend ensuite l'exemple de l'homme refusant de partager son pain avec l'étranger parce qu'il a seul produit son pain : « Le vice de ce raisonnement consiste dans la supposition fausse que tel producteur n'est pas nécessairement l'associé de tel autre producteur. »[53] Et Proudhon de poursuivre : « chacun produisant, non pour soi, mais pour la société, lorsque vient le moment du partage, ce n'est pas le producteur que l'on considère, c'est l'associé. »[53]

La conclusion de ce raisonnement est la suivante : « manquer à la société, manquer à la justice, manquer à l'égalité, c'est exactement la même chose. »[54] Dès lors, une personne se retirant de l'activité de production et choisissant l'oisiveté, faisant travailler quelqu'un d'autre pour lui « devient injuste, inassocié, inégal : c'est un propriétaire. »[55]

L'auteur définit ensuite le fait de pratiquer la justice comme consistant à « faire à chacun part égale des biens, sous la condition égale du travail ; c'est agir sociétairement. »[55] La justice est ainsi « produit de la combinaison d'une idée et d'un instinct »[56] c'est-à-dire la combinaison d'un instinct de sympathie chez l'Homme et de la connaissance, d'une certaine idée de la société.

Si nous sommes tous associés dès le moment où nous vivons en société, il est nécessaire de faire la distinction entre associé proche et associé éloigné, entre les proches d'une part, et les inconnus de l'autre.

Paragraphe troisième - du troisième degré de la sociabilité[modifier | modifier le code]

Les deux précédents degrés de la sociabilité ne nous distinguent cependant pas des animaux, en effet on observe des comportements semblables chez les animaux les plus intelligents. La différence réside dans le fait que les animaux sont indépendants les uns des autres, s'ils évoluent côte à côte, ils n'échangent rien, ils ne s'apportent rien. Les hommes en revanche communiquent, échangent des idées, bref ils s'enrichissent mutuellement.

« La société, chez les animaux, est en mode simple ; chez l'Homme elle est en mode composé. L'homme est associé à l'homme par le même instinct qui associe l'animal à l'animal ; mais l'homme est autrement associé que l'animal : c'est cette différence d'association qui fait toute la différence de moralité. »[57]

Le propre de l'Homme, c'est de parvenir à s'affranchir de sa nature animale et à atteindre la forme ultime de sociabilité, le troisième degré de sociabilité que Proudhon nomme l'équité : « la générosité, la reconnaissance, et l'amitié sont trois nuances distinctes d'un sentiment unique que je nommerai équité »[58]

« Par l'équité, c'est pour nous tout à la fois un devoir et une volupté d'aider l'être faible qui a besoin de nous, et de le faire notre égal ; de payer au fort un juste tribut de reconnaissance et d'honneur, sans nous constituer son esclave ; de chérir notre prochain, notre ami, notre égal, pour ce que nous recevons de lui, même à titre d'échange. L'équité est la sociabilité élevée par la raison et la justice jusqu'à l'idéal. »[59]

Proudhon dit encore : « Comme la justice est un produit mixte de l'instinct social et de la réflexion, de même l'équité est un produit mixte de la justice et du goût, je veux dire de notre faculté d'apprécier et d'idéaliser. »[59]

Dans cette optique, le grand, le puissant est celui qui reconnaît la part de lui-même qui résulte de la société ; c'est celui qui se passe de richesses, de récompenses et de soumission des autres. Sociabilité, justice et équité constituent donc les trois degrés de sociabilité. « Ces trois degrés de la sociabilité se soutiennent et se supposent : l'équité, sans la justice, n'est pas ; la société, sans la justice, est un non-sens. »[60]

La propriété constitue dès lors un obstacle à la réalisation de l'équité, elle est un obstacle à la réalisation de l'Homme, elle empêche celui-ci de s'affranchir complètement de sa nature animale.

Toutefois Proudhon conclut cette première partie par une question : « La propriété abolie, quelle sera la forme de la société ? Sera-ce la communauté ? »

Seconde partie[modifier | modifier le code]

Paragraphe premier - des causes de nos erreurs : origine de la propriété[modifier | modifier le code]

Proudhon débute en ces termes : « La propriété n'étant pas notre condition naturelle, comment s'est-elle établie ? Comment l'instinct de société, si sûr chez les animaux, a-t-il failli dans l'homme ? Comment l'homme, né pour la société, n'est-il pas encore associé ? »[61]

L'auteur s'oppose aux philosophes qui prétendent que le mal chez l'homme est incurable, que le mal fait partie de lui, qu'il est foncièrement mauvais. Ainsi, l'animal agit par instinct, la place de chaque fourmi ou de chaque abeille est déterminée, les abeilles donnent cette forme à leurs alvéoles de manière instinctive. L'Homme au contraire agit par raison et non par instinct, et la réflexion induit l'erreur : « Il n'y aurait pour lui ni erreur, ni mal, ni désordre si, de même que les animaux, il n'avait que l'instinct pour moteur. »[62]

Après examen de la question de l'origine du mal chez les hommes, il en arrive à cette conclusion :

« Ainsi le mal moral, c'est-à-dire, dans la question qui nous occupe, le désordre dans la société s'explique naturellement par notre faculté de réfléchir. La paupérisme, les crimes, les révoltes, les guerres, ont eu pour mère l'inégalité des conditions, qui fut fille de la propriété, qui naquit de l'égoïsme, qui fut engendrée du sens privé, qui descend en ligne directe de l'autocratie de la raison. L'Homme n'a commencé ni par le crime, ni par la sauvagerie mais par l'enfance, l'ignorance, l'inexpérience »[63]

En conclusion de ce premier paragraphe, Proudhon évoque l'idée de communauté, idée qui inspirera par la suite très certainement Marx et Engels pour élaborer leur théorie du communisme primitif. Proudhon tente même de récapituler sa théorie « par une formule hégélienne » :

« La communauté, premier mode, première détermination de la sociabilité, est le premier terme du développement social, la thèse ; la propriété, expression contradictoire de la communauté, fait le second terme, l'antithèse. Reste à découvrir le troisième terme, la synthèse, et nous aurons la solution demandée. [...] Les deux restes formeront, en se réunissant, le véritable mode d'association humanitaire. »[64]

Pareille idée aura sans nul doute une grande influence sur les travaux de Marx, et si ce n'est que pure spéculation que de rechercher ici les sources de la pensée marxiste, et que ce n'est pas l'objet qui nous occupe, on ne peut nier l'influence de Proudhon dans la théorie marxiste du matérialisme dialectique.

Paragraphe second - Caractère de la communauté et de la propriété[modifier | modifier le code]

Proudhon commence ce paragraphe par la critique de la communauté. Celle-ci doit être comprise comme tous les systèmes (monastères, sociétés préhistoriques, la République décrite par Platon, les systèmes rêvés par le socialistes...) plaçant la collectivité au-dessus de l'individu. « La communauté est inégalité, mais dans le sens inverse de la propriété. La propriété est l'exploitation du faible par le fort ; la communauté est l'exploitation du fort par le faible. »[65]

Il dit encore : « Ainsi la communauté viole l'autonomie de la conscience et l'égalité : la première, en comprimant la spontanéité de l'esprit et du cœur, le libre arbitre dans l'action et dans la pensée ; la seconde, en récompensant par une égalité de bien-être, le travail et la paresse, le talent et la bêtise, le vice même et la vertu. »[66]

L'auteur se livre ensuite à l'étude de l'étymologie du mot « vol » dans les langues latine, grecque et hébraïque. Il montre ensuite la relativité de ce terme et le grand nombre de réalités qu'il recouvre, depuis le vol par effraction jusqu'à l'usure, au crédit et à la rente ; le vol est pourtant toujours le même, seulement, selon la forme qu'il prend il est diversement accepté.

Proudhon s'intéresse ensuite aux origines du droit, le droit de la force d'abord, le droit de la ruse ensuite.

Il forge l'expression « socialisme scientifique » : « de même que le droit de la force et le droit de la ruse se restreignent devant la détermination de plus en plus large de la justice, et doivent finir par s'éteindre dans l'égalité ; de même la souveraineté de la volonté cède devant la souveraineté de la raison, et finira par s'anéantir dans un socialisme scientifique ».

Réfutant tous les systèmes politiques, il se définit dans un célèbre extrait comme étant « Anarchiste »[67]. Il s'explique ensuite, défendant sa prise de position (on rappelle que Proudhon est le père de l'anarchisme en tant que doctrine politique, le terme « anarchie » étant à l'époque synonyme de chaos et connoté très péjorativement) il dénonce la tendance naturelle de l'homme à suivre un chef ainsi que le font les moutons. « Tel est notre préjugé : tous tant que nous sommes nous voulons un chef ou des chefs »[68]

Par la généralisation du savoir, l'humanité tend chaque jour un peu plus vers cet idéal qu'est l'Anarchie : « Anarchie, absence de maître, de souverain, telle est la forme de gouvernement dont nous approchons tous les jours »[69]. L'auteur se fait l'avocat d'une démocratie totale, de l'Anarchie, et considère la propriété comme étant l'ultime obstacle à franchir. Il écrit ainsi dans les notes : « Si de pareilles idées pénètrent jamais dans les esprits, ce sera fait du gouvernement représentatif et de la tyrannie des parleurs. »[70]

Paragraphe troisième - détermination de la troisième forme sociale. Conclusion.[modifier | modifier le code]

Proudhon donne ici une description de son système idéal, ultime stade de l'Histoire :

« La communauté cherche l'égalité et la loi : la propriété, née de l'autonomie de la raison et du sentiment du mérite personnel, veut sur toutes choses l'indépendance et la proportionnalité. Mais la communauté, prenant l'uniformité pour la loi, et le nivellement pour l'égalité, devient tyrannique et injuste : la propriété, par son despotisme et ses envahissements, se montre bientôt oppressive et insociable. Ce que veulent la communauté et la propriété est bon : ce qu'elles produisent l'une et l'autre est mauvais. Et pourquoi ? parce que toutes deux sont exclusives, et méconnaissent, chacune de son côté, deux éléments de la société. La communauté repousse l'indépendance et la proportionnalité ; la propriété ne satisfait pas à l'égalité et à la loi. Or, si nous concevons une société fondée sur ces égalité, loi, indépendance, proportionnalité, nous trouvons l° Que l'égalité consistant seulement dans l'égalité des conditions, c'est-à-dire des moyens, non dans l'égalité de bien-être, laquelle avec des moyens égaux doit être l'ouvrage du travailleur, ne viole en aucune façon la justice et l'équité ; 2° Que la loi, résultant de la science des faits, par conséquent s'appuyant sur la nécessité même, ne choque jamais l'indépendance ; 3' Que l'indépendance respective des individus, ou l'autonomie de la raison privée, dérivant de la différence des talents et des capacités, peut exister sans danger dans les limites de la loi ; 4' Que la proportionnalité, n'étant admise que dans la sphère de l'intelligence et du sentiment, non dans celle des choses physiques, peut être observée sans violer la justice ou l'égalité sociale. Cette troisième forme de société, synthèse de la communauté et de la propriété, nous la nommerons LIBERTÉ. »[71]

Un résumé de cette conclusion serait inutile, si le lecteur veut la connaître il lui la faut lire sur wikisource [archive].

C'est cependant par cet extrait que Proudhon conclut sa réflexion : « J'ai accompli l'œuvre que je m'étais proposée ; la propriété est vaincue ; elle ne se relèvera jamais. Partout où sera lu et communiqué ce discours, là sera déposé un germe de mort pour la propriété : là, tôt ou tard, disparaîtront le privilège et la servitude ; au despotisme des volontés succèdera le règne de la raison. »

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Membre, ans Posté(e)
tshuss Membre 350 messages
Baby Forumeur‚ ans‚
Posté(e)

bon, je le fait le condensé, voilà pourquoi pour Proudhon la propriété c'est le vol:

 

il y a 5 minutes, PASCOU a dit :

Proudhon donne ici une description de son système idéal, ultime stade de l'Histoire :

« La communauté cherche l'égalité et la loi : la propriété, née de l'autonomie de la raison et du sentiment du mérite personnel, veut sur toutes choses l'indépendance et la proportionnalité. Mais la communauté, prenant l'uniformité pour la loi, et le nivellement pour l'égalité, devient tyrannique et injuste : la propriété, par son despotisme et ses envahissements, se montre bientôt oppressive et insociable. Ce que veulent la communauté et la propriété est bon : ce qu'elles produisent l'une et l'autre est mauvais. Et pourquoi ? parce que toutes deux sont exclusives, et méconnaissent, chacune de son côté, deux éléments de la société. La communauté repousse l'indépendance et la proportionnalité ; la propriété ne satisfait pas à l'égalité et à la loi. Or, si nous concevons une société fondée sur ces égalité, loi, indépendance, proportionnalité, nous trouvons l° Que l'égalité consistant seulement dans l'égalité des conditions, c'est-à-dire des moyens, non dans l'égalité de bien-être, laquelle avec des moyens égaux doit être l'ouvrage du travailleur, ne viole en aucune façon la justice et l'équité ; 2° Que la loi, résultant de la science des faits, par conséquent s'appuyant sur la nécessité même, ne choque jamais l'indépendance ; 3' Que l'indépendance respective des individus, ou l'autonomie de la raison privée, dérivant de la différence des talents et des capacités, peut exister sans danger dans les limites de la loi ; 4' Que la proportionnalité, n'étant admise que dans la sphère de l'intelligence et du sentiment, non dans celle des choses physiques, peut être observée sans violer la justice ou l'égalité sociale. Cette troisième forme de société, synthèse de la communauté et de la propriété, nous la nommerons LIBERTÉ. »[71]

 

ben voilà, il à bien résumé le truc Proudhon, t'a ta réponse.

 

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Membre, 157ans Posté(e)
sexcellence Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)
Il y a 12 heures, voileux a dit :

Ici nous pourrons débattre de nos conceptions respectives de l'anarchie...

Insolemment ,je vais commencer , mes convictions je les ai puisé chez Proudhon et chez Kropotkine principalement ,ceci pour la base et pour m'adapter à notre siècle à Coupat , surtout avec tiqqun

... 

Puiser ses convictions chez d'autres n'a rien d'anarchique

Insolement, je vous biffle

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a 7 minutes, tshuss a dit :

Tout ça est théorique, on y adhère ou pas, mais pour y arriver il n'explique jamais comment il s'y prend.

 

 

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Membre, 75ans Posté(e)
Morfou Membre 63 933 messages
Maitre des forums‚ 75ans‚
Posté(e)
il y a 8 minutes, PASCOU a dit :

Tout ça est théorique, on y adhère ou pas, mais pour y arriver il n'explique jamais comment il s'y prend.

 

 

Je crois qu'il se perd lui-même dans ses "fumeuses" théories!

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Membre, ans Posté(e)
tshuss Membre 350 messages
Baby Forumeur‚ ans‚
Posté(e)

les droit naturel d'une personne, c'est de pouvoir pécher , chasser, cultiver la terre ou elle réside, sans revendiquer aucune autres propriétés que le produit de son labeur...

je croit que stirner en parle dans un bouquin "l’éthique de la liberté" ou je ne le rejoins que sur quelques concept, trop individualiste le mec...

et capitaliste, ça va vous plaire je pense !

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Membre, ans Posté(e)
tshuss Membre 350 messages
Baby Forumeur‚ ans‚
Posté(e)

 

Proudhon: "L'appropriation des terres et des moyens de production est donc illégitime parce qu'exclusive : « tous seront [...] propriétaires de leurs produits ; aucun n'est propriétaire de ses instruments. Le droit au produit est exclusif, jus in re ; le droit à l'instrument est commun, jus ad rem. »[14]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, tshuss a dit :

les droit naturel d'une personne, c'est de pouvoir pécher , chasser, cultiver la terre ou elle réside, sans revendiquer aucune autres propriétés que le produit de son labeur...

je croit que stirner en parle dans un bouquin "l’éthique de la liberté" ou je ne le rejoins que sur quelques concept, trop individualiste le mec...

et capitaliste, ça va vous plaire je pense !

Belle théorie mais irréalisable sans règle. 

Tu vas vite rencontrer des problèmes et légiférer. 

Même dans le nature les animaux vivent sur des territoires qu'ils limitent et gardent jalousement.

C'est un équilibre obligatoire pour la survie des espèces  et fait partie de l'instinct de survie.

Tu ne pourras jamais être juste puisque la nature elle même ne l'est pas , elle est même cruelle.

Alors oui on peut essayer de tendre vers un idéal, tout le monde y croit, tout le monde y pense, beaucoup le rêvent mais qui ose commencer.

Je dirais même que ceux qui prônent le plus l'anarchisme  le font depuis le cocon douillet dune administration qu'ils dénoncent.

Ce serait même souvent les premiers touchés si on appliquait leurs règles, pourquoi eux serait ils dans des postes à vie devenus leurs propriétés qu'ils défendent bec et ongle au détriment souvent des autres?

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