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Naissance du concept d’existence

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satinvelours

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 22 heures, Blaquière a dit :

Merci de me l'expliquer : c'est mon "métier" !!!

Tu te rends compte que tu dis la même chose que moi "parce que" tu n'es pas du tout d'accord ?

Moi : je me sens exister, mais toujours de l'intérieur de moi même.

Toi : Non  l'absolu de l'extraction à soi est impossible.

Bon, puisqu'on est d'accord, on ne va pas épiloguer. C'est sur autre chose que je voudrais revenir. Sur l'étymologie d'exister...

Wiki :

"Cependant, au sens étymologique, « existence » possède une signification plus précise. Existere (en latin archaïque exsistere, soit ex + sistere), signifie littéralement « être hors de soi », donc être auprès des choses. "

!!!

ça m'a empêché de dormir une partie de la nuit cette absurdité ! Comment peut-on en arriver à imaginer à un mot une étymologie qui lui fait dire le contraire de ce qu'il dit ? .Je le dirai simplement : cette étymologie est fausse ! Exister, c'est être là, bien au centre de soi-même et tout le monde le comprend bien comme ça.

J'en ai ressorti le Gaffiot ce matin qui m'a bien confirmé ça ! Exsisto, exsistere, c'est "sortir de", "naître", "provenir de" mais bien entendu, ce n'est pas "sortir de soi" ! Si on garde le "ex" comme "sortir de", c'est sortir de "stare" que cela signifie, sortir de la stabilité, de l'immobilité de la non-vie. Advenir à la vie, à "l'existence" au mouvement. Ne plus être une statue, mais un être vivant. Exister, ce n'est pas sortir de soi mais sortir ("ex") de la non-existence.

Partant de là tous les raisonnements qui servent à recoller les morceaux d'un contre sens n'ont plus lieu d'être.

Mais bien entendu nous retombons sur nos pieds : exister est (étymologiquement !) inséparable de l'action. C'est sortir de l'inaction. On est d'accord ! C'est naître, sortir du néant de la non existence. C'est être auprès des choses au sens d'être soi aussi, une chose. Une chose bringuebalée, mouvante, "battue du flot..."

Ex-sistere comme "sortir de soi", ça m'a tout l'air d'une de ces étymologies imaginaires et... amusante comme les affectionnait Lacan... Qu'on aurait tort de prendre au sérieux. De prendre pour un thaler comptant... (ok, celle-là elle était facile...)

En fait il n' y a pas grand chose à vous répondre. Je vous ai indirectement répondu dans un post sur l'autre fil de satinvelours.

Vous vous rangez dans les spectateurs pas dans les acteurs. Vous n'êtes pas tourné vers l'action, ça ne vous intéresse pas. 

Du coup il est absolument impossible que nous puissions nous rejoindre.

Ce que la vie m'a appris c'est que le "spectateur" reste toujours spectateur. Sauf si les évènements l'obligent à sortir de son attitude de retrait, sauf s'il est par exemple menacé de tout perdre (il n' y a donc pas d'essence du spectateur puisqu'un individu même passif comme vous peut devenir actif si les circonstances l'y obligent).

Vous pensez de telle manière que votre pensée justifie votre passivité. Mais vous avez 70 ans, vous avez consolidé votre position sociale et morale, donc maintenant vous pouvez regardez le monde en spectateur, vous pouvez rire de tous ceux qui agissent et tentent d'apporter quelque chose au monde.

La seule action qui vous reste à exercer c'est celle-ci : concevoir votre mort, j'ai d'ailleurs pu constater sur d'autres fils qu'il n' y a plus que cela qui vous intéresse : votre propre mort (comme quoi il y a encore un peu d'activité chez vous).

 

Il est donc totalement impossible que nous nous rejoignons. Tout votre effort tendra à saper l'action de l'autre, la mienne en l'occurrence, et vous n' y arriverez pas, tout mon effort va tendre à vous rendre actif, créatif, et je n' y arriverai pas.

Je crois du coup qu'il est inutile de converser ensemble, j' y perdrai mon énergie sans arriver à rien !

Bonne continuation et courage ! Vous arriverez j'en suis sûr à conceptualiser votre propre mort de manière à ne plus être angoissé par cette perspective.

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 30 minutes, aliochaverkiev a dit :

En fait il n' y a pas grand chose à vous répondre. Je vous ai indirectement répondu dans un post sur l'autre fil de satinvelours.

Vous vous rangez dans les spectateurs pas dans les acteurs. Vous n'êtes pas tourné vers l'action, ça ne vous intéresse pas. 

Du coup il est absolument impossible que nous puissions nous rejoindre.

Ce que la vie m'a appris c'est que le "spectateur" reste toujours spectateur. Sauf si les évènements l'obligent à sortir de son attitude de retrait, sauf s'il est par exemple menacé de tout perdre (il n' y a donc pas d'essence du spectateur puisqu'un individu même passif comme vous peut devenir actif si les circonstances l'y obligent).

Vous pensez de telle manière que votre pensée justifie votre passivité. Mais vous avez 70 ans, vous avez consolidé votre position sociale et morale, donc maintenant vous pouvez regardez le monde en spectateur, vous pouvez rire de tous ceux qui agissent et tentent d'apporter quelque chose au monde.

La seule action qui vous reste à exercer c'est celle-ci : concevoir votre mort, j'ai d'ailleurs pu constater sur d'autres fils qu'il n' y a plus que cela qui vous intéresse : votre propre mort (comme quoi il y a encore un peu d'activité chez vous).

 

Il est donc totalement impossible que nous nous rejoignons. Tout votre effort tendra à saper l'action de l'autre, la mienne en l'occurrence, et vous n' y arriverez pas, tout mon effort va tendre à vous rendre actif, créatif, et je n' y arriverai pas.

Je crois du coup qu'il est inutile de converser ensemble, j' y perdrai mon énergie sans arriver à rien !

Bonne continuation et courage ! Vous arriverez j'en suis sûr à conceptualiser votre propre mort de manière à ne plus être angoissé par cette perspective.

 

Je n'arrive pas à t'en vouloir ; tiens tu pourrais être mon fils !

Si tu pouvais savoir ce que je m'en fiche de la mort, par exemple !!!

Mais tu ne comprends pas grand chose et ça en est comique. Pour toi l'action c'est de parler... La vraie action, la vraie création c'est de la générosité. C'est se perdre soi dans sa création. Et là, il suffit de lire ce que tu viens de dire pour réaliser que tu connais pas.

Mais je ne désespère pas, "fiston" ! ça finira par rentrer !

Il suffit que je remette quelque chose en question pour que tu perdes ton sang froid. C'est tout le contraire de ce que tu prétends. Pour moi, c'est habituel. "Ne prendre aucun chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle..." La création, pas la parlotte, la vraie est à ce prix. Toujours et chaque fois tout reprendre à zéro.

Courage, gamin !

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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L’un des cris de guerre de cette nouvelle façon de philosopher qu’est la phénoménologie est : « il faut revenir aux choses mêmes » Husserl. Attention à cette phrase qui peut être très équivoque. Comment comprend-t-on cette phrase ?

"Revenir aux choses mêmes" nous attire curieusement vers l’essence. C’est là que l’on mesure que nous sommes tous imprégnés de platonisme, d’ontologie, de métaphysique. On entend cette phrase comme : parvenir à l’essence des choses et nous pensons que la phénoménologie va nous proposer une saisine, une connaissance de cette essence. Non ! cela serait le contresens le plus grave. 

Dans phénoménologie nous avons le discours sur les phénomènes, science des phénomènes, c’est ce que veut dire étymologiquement le terme, et nous savons que phénomène, phénoménal en grec veut dire apparaitre. 

On ne comprend pas comment la science de phénomènes pourrait nous montrer ce que sont les choses, même entendues sous leurs essences. 

La phénoménologie est sceptique et pyrrhonienne, c’est-à-dire qu’elle renonce par définition à Platon, elle renonce à aller chercher au-delà des phénomènes une réalité autre, une essence. Elle prend acte que nous vivons dans un monde phénoménal où ce qui se montre à nous ne sont que des phénomènes. Il n’ y a rien derrière le phénomène. 

Revenir aux choses mêmes selon le propos de Husserl cela veut dire : revenons à ce que sont les choses pour nous, pour les consciences percevantes que nous sommes. Nous sommes donc voués à ne voir des choses que leur pure phénoménalité, la façon dont pour nous elles apparaissent. 


Etudions ces pures apparences. 

Il y a donc quelque chose de pyrrhonien. Dans l’antiquité, l’un des grands mouvements qui se développe parallèlement à l’épicurisme c’est le mouvement sceptique. Le mouvement sceptique qui installe le doute. Nous ne pouvons pas avoir d’autre position que celle du doute. Aucune vérité certaine ne peut nous être définitivement acquise, donc la seule attitude cohérente est de se maintenir dans le doute. 


Dans ce mouvement sceptique il y a Pyrrhon. Pyrrhon c’est le scepticisme absolu, total, porté à l’extrême de ses conclusions. Le pyrrhonisme est une sorte d’extrémisme, c’est une façon de tirer les conclusions des sceptiques en les poussant jusque dans la voie extrême.

Pyrrhon montre que le doute est une façon de se tenir qu’il va falloir dépasser. Il va falloir apprendre à vivre dans la pure apparence. Dès que nous avons l’apparaitre, ne le comprenons pas en l'opposant à l’être. Beaucoup de dictons dans les langues « ne pas se fier aux apparences » nous signifient que l’apparence est une chose, mais qu’il existerait à côté, au-dessus, un monde plus vrai, plus réel. Ce monde nous avons pris coutume de l’appeler le monde de l’être depuis le début de la métaphysique. 

Pyrrhon va nous livrer un monde qu’il faut repenser comme n’étant qu’un monde d’apparence, coupé de la référence à l’être. Il y a tout le temps de l’apparence mais sans l’être derrière.

D’une certaine façon les existentialistes sont pyrrhoniens. Ils récupèrent l’idée que nous devons penser les choses mêmes. Pensons le phénomène comme étant simplement un phénomène, sans s’adosser à autre chose et certainement pas à une essence. L’existence précède l’essence va nous demander de tout réinventer. C’est son côté révolutionnaire. 

Rejeter l’idée de système : les philosophies existentielles posent de revenir à ce que nous appellerions le vécu. Non pas la vie qui peut être un terme relativement abstrait , mais le vécu, l’existence particulière, individuelle de tout un chacun. 

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Ici il nous faudra croiser : 

L’axe du temps 

Chacun est soumis au temps. Toutes les philosophies de l’existence méditeront sur le temps. La prise en compte du présent et surtout de l’instant, unité de temps, le présent. Mais dans l’instant il y instance, ce qui juge, ce qui appelle pour juger.

Les philosophies existentielles vont s’enraciner dans notre présent, dans chacun de nos instants, pour nous ouvrir à ce sens : accueillir notre temps « carpe idem ». Mais aussi pour nous rendre bien conscients que cet instant, même si nous commençons à ne le comprendre que d’un point de vue strictement temporel, il nous faut le dépasser et lui donner quelque chose de l’ordre juridique.

Chaque instant est quelque chose qui m’appelle. Comment répondre à cet appel ? C’est à moi d’en juger, à moi d’assumer toutes ces choses. 
L’axe du temps ne peut qu’ouvrir sur la mort. 

Réflexion sur la mort. 

Non pas de façon traditionnelle à laquelle la philosophie nous a habitués. Ce n’est pas la méditation du Phédon chez Platon, ni la mort selon les épicuriens et les stoïciens donc séparation à ce moment fatal des pensées. Ce n’est pas la ruse épicurienne : ne crains pas la mort « quand nous sommes la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas » C’est vrai. Mais cela suffit-il à nous réconforter? 

Nous ne pouvons rien comprendre aux philosophies existentielles si nous ne posons pas aussi la question de la liberté. 

Il faudra entièrement repenser la liberté de l’homme. 

Enfin est-ce que l’existentialisme, comme le souhaitait Sartre, nous fait sortir de la métaphysique, ou est-ce que ce n’est pas une autre façon de prolonger la métaphysique ? 

Est-ce que cette rupture est vraiment consommée ? 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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 L’existence comme défaillance. 

C'est un imbroglio métaphysique et linguistique (E. Gilson : L’être et l’essence- Vrin) 
Comment ce qui n’était pas du tout pensé commence progressivement à avoir une certaine opacité, comment cette opacité travaille pour devenir péniblement un concept. 
C’est de cela que les philosophies existentielles héritent. Je l'ai déjà écrit, on ne peut pas comprendre la célèbre phrase « l’existence précède l’essence » si nous ne revenons pas sur le positionnement de l’existence et de l’essence. 
Au début de la réflexion philosophique il n’y a pas de questions sur l’existence. L’existence ne fait pas problème. Il n’y a même pas de mot pour désigner cet être. Or s’il n’y a pas de mot pour désigner cette réalité c’est précisément que l’existence apparait comme une simple modalité de l’être. 
Gilson note que le terme d’existence est un terme très tardif. On le voit utilisé, dans le sens que nous lui connaissons aujourd’hui, qu’au XVIIème siècle. 
Faisons l’histoire. 
Gilson rappelle que l’on peut diviser en trois moments l’histoire de l’existence. Trois moments scandent l’évolution de ce terme. 

1°) On part de l’étymologie « existere », voulant dire se tenir hors de et impliquant un mouvement de sortie de soi. Gilson insiste que pour les latins le sens de existere a un sens absolument concret qui n’est pas du tout celui qu’on lui attribue. Il donne deux citations : 
« Les vers sortent du fumier » Lucrèce. 
« Je crains de me montrer sévère » Cicéron. 
Concrétude de ce vers. Ce qui est intéressant est de remarquer que existere qui est le terme primitif, est une contraction d’une expression beaucoup plus ancienne « ex aliquo sistere » qui signifie 
- être à partir de quelque chose d’autre, 
- avoir sa cause hors de soi, 
- provenir de quelque chose d’autre que soi. 

« Exister signifie moins le fait d’être que le rapport que cet être entretient avec son origine » (p.16). Exister signifie « l’acte par lequel un sujet accède à l’être en vertu de son origine » (p.16). 

 - Ce rappel à l’origine que fait apparaitre Gilson, origine nécessairement extérieure à l’être dont on parle, et l’être dont on parle tient son être. Nous avons chacun notre propre origine que nous tenons de nos propres géniteurs. Elle est à l’extérieur de nous. 
Ce rapport à l’origine n’a cessé de hanter toute la réflexion sur l’existence. On la trouvera thématisée et aboutie chez Sartre au travers des notions de contingence, mais aussi de facticité. Facticité qui signifie être un fait. L’existence est un fait, elle se laisse constater mais on ne peut jamais la démontrer dira Roquentin. Contingence et facticité sont les deux concepts sartriens qui vont nous ramener à ce problème, à savoir que toute existence, de facto, nous renvoie à sa cause, à son effet, et que la question est contingente. 

- On pourra évaluer l’importance de ce rapport à l’origine sur le plan théologique et religieux , pour certains philosophes ce rapport est nécessaire, tout être a son origine hors de lui, interdit que nous disions par exemple que Dieu existe. Jules Lagneau ed.  
Pourquoi Dieu n’existe pas, pourquoi va-ton refuser l’existence à Dieu qui semble un paradoxe et un sacrilège? Parce que « l’affirmation de l’existence est toujours l’affirmation de quelque chose qui n’es pas contenu dans une idée » Lagneau. L’existence ne se laisse pas réduire à un concept, ici à une idée. 


 

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Je vais reprendre l'exemple des thalers.

 

 L’existence cela se constate c’est toujours extérieur à. 

Exemple kantien des thalers : il n’y a aucune différence entre 100 thalers réels et 100 thalers fictifs. Bien sûr il y a une différence, mais sous cette boutade, il y a un problème, le problème de la possibilité ou l’impossibilité de prouver l’existence. Kant veut dire qu’il n’y a rien de plus dans les 100 thalers réels que dans la simple idée de la somme de 100 thalers. Le réel n’ajoute rien au possible. Les 100 thalers réels ont simplement l’existence réelle en plus. Si on prend le concept de l’unité monétaire en tant que tel, ou le concept numérique de 100, que l’on soit dans la réalité ou dans un monde virtuel, on trouvera la même chose. Le concept ne variera pas.
 
En définitive nous dit Lagneau l’existence n’est jamais contenue dans le concept d’une chose. Nous n’avons pas besoin qu’une chose existe dans la réalité pour pouvoir concevoir la chose. 
En linguistique, dans le signe il y a deux entités indissolublement liées, le signifiant et le signifié. Or le signifiant c’est ce qui intéresse le son, pas celui produit par la phonation, celui qui a une matérialité, l’image acoustique de quelque chose. Quand nous pensons sans prononcer intérieurement les mots de notre langue, nous en avons une empreinte psychique. 

Bien sûr l’idée a une existence, non pas une matérialité. Sans matérialité elle a une réalité et une existence qui lui est propre. La seule pensée fait défiler des mots, autant d’empreintes dans le psychisme. Nous n’avons pas besoin que les choses existent dans la réalité pour qu’elles existent. Le seul fait de pouvoir se les représenter, les penser, d’en construire le concept (100 thalers) confère leur existence. 
Tout le problème est de savoir si lorsque je vais dire qu’une chose existe, je lui enlève ou lui rajoute quelque chose. 
Dans la logique qui était la nôtre, si nous parlons de ex aliquo d’où proviendrait le sens très fort et premier de existere, exister, nous comprenons pourquoi il est inadéquat de dire que Dieu existe, puisque Dieu existe voudrait dire : 


 - Qu’il a son originalité à l’extérieur de lui-même, comme tout être. 

 - Qu’il a lui-même la contingence. C’est toujours à l’extérieur du concept de Dieu que je trouverai son existence. 

Que doit-on dire? Dieu existant ou pas, nous voyons le danger que cela représente. Nous voyons justement comment l’existence va nous apparaitre comme défaillante, comme toujours relative à l’être, et comme signification de l’être, n’ayant aucune autonomie, ne se pensant pas sans l’être. 
D’autre part va-t-on dire Dieu est ? Est-ce mieux ? 

Deux réponses possibles. 

- Oui si l’être excède l’existence. La métaphysique le montre. 


- Non si l’être désigne simplement une nécessité logique. Dieu serait alors assimilable à un pur objet mathématique. Il n’aurait d’existence, il n’aurait de réalité que celle du triangle et du cercle.
 
Nous aboutissons à l’idéalisme le plus total, à la formulation que Dieu n’est que l’idée de Dieu. 
Tout ceci constitue l’héritage dont nos penseurs vont s’emparer. 

Les différentes significations du terme exister. 
Il y a toujours une interaction sur le plan sémantique, le plan de la signification des mots, entre le plan du langage, les idées et les notions philosophiques qui définissent plus particulièrement la métaphysique. 
Toute la métaphysique qui tourne autour de la notion d’être est une conséquence d’un phénomène grammatical qui va déraper et permettre de poser une notion qui n’existait pas, qui est celle de l’être. C’est un réservoir où s’accumulent les significations qui vont permettre de comprendre les questions.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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2°) Evolution du sens  exister.


Il faut attendre le XVIIème siècle pour que le verbe exister se vulgarise. Il va acquérir une fonction pragmatique puisque exister va signifier une certaine modalité pour l’être, d’être. Exister va permettre de mettre l’accent pour la première fois sur quelque chose  que le verbe être tout seul ne dit pas, à savoir une certaine modalité de l’être. Sur quel mode l’être est possible.
Exister signifiera donc à partir de ce moment-là, être réellement. L’accent se déplace maintenant sur la réalité.


Cet accent qui est mis sur la réalité de l’être [exister veut dire être dans le monde des choses réelles, donc sujettes à l’expérience et non plus seulement dans le monde des idées, de la pensée], se retrouverait chez Descartes qui, au terme du doute, est amené à découvrir cette première vérité fondamentale qu’est le cogito. Il va éprouver le besoin d’écrire « je suis, j’existe ». Il met bien l’accent sur le fait que son être s’inscrit aussi dans la réalité.
Cette émergence que nous constatons dans le terme exister, employé de plus en plus couramment, ne doit pas nous laisser croire que désormais l’existence devient une catégorie fondamentale, une catégorie première. Certes il y a une inflation au niveau du langage mais cela ne change rien fondamentalement puis que l’existence continue à exprimer une des modalités de l’être.


La catégorie qui reste malgré tout première est bien l’être par rapport à l’existence, qui, elle, est toujours seconde.
D’où l’idée de contingence qui va très vite être découverte, alors que ce terme est tout le temps présent, et qu’en même temps au niveau de la pensée, de la logique rien n’est modifié. L’être est toujours premier. Il semblerait que l’on ait  pressenti les enjeux.  Quels sont-ils ?

 

 Assurer la pérennité de la métaphysique.
Il faut bien comprendre le problème suivant : si (pure hypothèse puisque l’histoire montre que cela n’a pas eu lieu) l’existence était venue recouvrir l’être, c’est-à-dire que finalement elle devienne la catégorie première, que l’être soit non seulement recouvert par l’existence mais occulté, cela en aurait été fini de la métaphysique qui ne se fonde que comme science de l’être. La discipline première de l’être, et en même temps  la discipline la plus achevée, c’est l’ontologie, la science de l’être en tant qu’être. 
Oui, l’existence est de plus en plus employé, mais d’une façon paradoxale elle ne modifie rien quant à la place de nos catégories de pensée. Il en va de la survie de la métaphysique.
Cela nous permet de souligner que toute la métaphysique occidentale (et en cela les occidentaux sont uniques, il n’y a pas d’équivalence dans d’autres systèmes de pensée, d’autres philosophies) est le produit de l’existence de ce verbe être dans la langue grecque qui a, grammaticalement parlant, été progressivement nominalisé.

Au lieu d’utiliser simplement « être » comme verbe, et particulièrement comme copule, c’est-à-dire servant à lier des éléments du discours, on a peu à peu distingué l’être en tant qu’être. Du verbe qu’il était, il est devenu véritablement un  substantif, et du verbe être on passe à l’être.


La discipline maîtresse qui va régner pendant 2500 ans en philosophie pour l’occident, la métaphysique, est construite autour de ce qui n’est qu’une particularité linguistique propre au grec ancien. On ne peut pas manipuler ces catégories. Il suffit de changer leur rapport mutuel, de permuter leur place pour que tout un domaine de la philosophie, ce domaine avec lequel la philosophie se confond pendant la totalité de son existence pour nous, s’effondre totalement. Si l’on se permettait une comparaison nous pourrions dire que l’emploi nominal du verbe être c’est notre « big-bang ». L’origine de la métaphysique c’est quelque chose qui est le produit d’une cristallisation autour des propriétés au fond d’un verre.

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  • 4 semaines après...
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satinvelours Membre 3 006 messages
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Je reprends l'étude.

 

3°) Ce n’est qu’au XXème siècle, et notamment à partir de la réflexion de Heidegger, que le terme existence accueillera un sens nouveau, attesté et repris par l’ensemble des existentialistes. C’est le mouvement par lequel l’homme s’arrache en permanence à lui-même, mouvement de sortie de soi. Cette sortie de soi se fera soit sur le mode de l’intentionnalité, soit sur le mode de la transcendance. 
(Ek-sistenz : il s’agit de séparer les deux éléments constitutifs du terme pour insister et nous rappeler qu’il y a enfoui à l’intérieur cette idée de mise à l’extérieur, d’une sortie de quelque chose et particulièrement de soi) 

Ek-sistenz…..sortie (de soi)….intentionnalité (phénoménologie) 

Ek-sistenz…..sortie (de soi)….transcendance

Essayer de penser l’existence correspond à ce projet de la saisir, de la comprendre, de trouver sa vérité, de la diriger. Dans cette évolution du terme existence, nous allons de plus en plus prendre conscience du sens que Heidegger lui donnera. Dans l’existence il y a toujours cette idée de sortie de soi. Il y a une quête intérieure, la quête de la vérité de soi en supposant bien évidemment qu’elle existe. 

La vérité de soi est bien le projet avoué ou non avoué d’une réflexion sur l’existence. Avec les philosophies de l’existence peu à peu va tomber une certaine illusion qui consiste à renoncer progressivement à l’idée qu’il suffit d’ouvrir une boîte pour y trouver la vérité. Nous avons tous été formés avec l’idée que la vérité est immanente, inhérente à quelque chose. Il suffit d’étudier la chose, d’ouvrir la boîte et la vérité se révèle, qu’il y ait des emboitements ou pas. Ce grand schéma avoué ou non avoué de la vérité c’est celui que nous avons porté quasiment jusqu’à la fin du XIXème siècle. 

L’intérêt des philosophies de l’existence, à partir de Heidegger, va être de nous contraindre à renoncer à ce schéma. S’il existe une vérité de nous, ce n’est pas sur ce mode que nous pourrons envisager de la trouver, mais au contraire, c’est dans le mouvement même qui me porte à chercher, à poser quelque chose que j’apprends de ma vérité. Il n’y a pas moi d’un côté, et la vérité de l’autre, ou ma vérité à l’intérieur de moi dont je serais absolument coupé, mais je suis moi-même une sorte de démiurge qui enfante sans arrêt ma vérité. Ma vérité est liée aux modalités que je choisis pour la chercher. 

Peu à peu l’espace se réduit entre la conception métaphysique de la vérité, et la conception scientifique. L’explosion des sciences et particulièrement les grandes mutations, révolutions de la nature à la fin du XIXème siècle, la découverte du monde infiniment petit, les premiers calculs faits en microphysique attirent l’attention sur une chose, totalement nouvelle, on ne peut observer le réel sans induire des effets sur le réel. L’observateur perturbe l’objet observé. Cette découverte qui semble très ponctuelle, n’affectait que les sciences de la nature. En définitive, sur le plan épistémologique elle va affecter la philosophie, notre façon de penser. Nous allons changer peu à peu le schéma, nous allons peu à peu découvrir que c’est nous qui sommes désireux de posséder une vérité sur le monde des choses, des autres, nous-mêmes. 

C’est notre projet, la vérité n’est pas dans les choses. Les choses sont (da sein), c’est nous qui avons besoin qu’elles soient vraies. C’est nous qui fabriquons cette valeur, nous qui nous arrangeons pour qu’en l’appliquant sur le réel, comme toute application, nous modifions le réel. Et ce que nous trouvons contient forcément ce que nous y avons mis. 
Cet ultime sens qui va tellement enrichir les philosophies de l’existence, qui va même leur donner leur soubassement, c’est-à-dire cette idée que l’existence nous confronte à quelque chose d’ouvert, qui va s'opposer d’ailleurs à l’essence, qui, elle, est nécessairement fermée, croise une idée que Bergson a soutenue. 


 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Cette idée bergsonienne est l’idée que, au fond, on ne peut découvrir la vérité que dans un mouvement rétrograde du vrai. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que c’est toujours dans un mouvement rétroactif que nous découvrons la vérité des choses. Par exemple, si nous prenons le temps, c’est toujours du présent que nous nous tournons vers notre passé. Ce mouvement rétroactif produit une illusion nécessaire. Cette illusion nécessaire nous porte à attribuer aux choses, au passé, des qualités, des déterminations qui ne lui appartiennent pas mais que nous rétro-projetons sur eux. 

Cela donnera chez Bergson une célèbre méditation sur « Le possible et le réel » (coll. Quadrige. PUF). Bergson démontrera que nous sommes habitués à penser le possible avant le réel, et bien, par ce mouvement rétrograde du vrai, il faut inverser les choses. Ce que nous connaissons, enfin le moins mal, c’est le réel. C’est à partir du réel que nous échafaudons un possible, mouvement rétroactif du vrai. 

Si nous revenons à l’existence, nous pouvons dire que ce mouvement de sortie de soi, constitutif de la conscience ou de l’être conscient, va nous enfermer dans le même type d’illusion. Nous en voyons les effets d’une façon existentielle lorsque nous réfléchissons à nos existences et que nous nous désolons de ne pas avoir su prendre telle décision, ou trop tardé à la prendre. Finalement toutes les philosophies existentielles vont s’employer, chacune avec un biais particulier, à nous décaler. Cette façon-là est inappropriée, inadéquate. Pourquoi? 

Parce que là justement, nous sommes pris dans ce mouvement rétroactif du vrai, c’est-à-dire nous projetons un savoir qui est le nôtre ici, maintenant, qui n’était certainement pas le nôtre au moment où nous vivions ces événements, et qui projette une lumière sur ces événements qui va déclencher des jugements, en général moraux, va produire de la souffrance, du remords, de la culpabilité, de la perte de l’estime de soi…, et qui est bien le produit de ce mouvement relativement perverti. 

Il convient bien de comprendre l’importance de cette idée de sortie de soi, échappée de soi que l’ensemble des philosophies existentielles posent. La proposition de départ est qu’il ne saurait y avoir véritablement de contrôle de soi, de maitrise de soi. Prétendre le contraire serait, comme le dit Sartre, nier notre transcendance, serait se réfugier dans la facticité. Cela voudrait dire renoncer à notre liberté parce que nous ne voulons pas en assumer la responsabilité et donc nous nous transformons en choses. 

 

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
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Le 01/05/2018 à 10:43, satinvelours a dit :

et bien, par ce mouvement rétrograde du vrai, il faut inverser les choses. Ce que nous connaissons, enfin le moins mal, c’est le réel. C’est à partir du réel que nous échafaudons un possible, mouvement rétroactif du vrai. 

Je disais à une adolescente de 13 aujourd'hui que pour les gens, même les plus éduqués, les plantes n'ont pas de conscience.
Elle m'a fait de gros yeux et m'a rétorqué du tic au tac, comme si je racontais des bêtises : "Mais les plantes carnivores sont sensibles. Bien sûr que les plantes sont conscientes !" reprit-elle.
Je vous jure que c'est ainsi que cela c'est passé. J'en suis resté coi, puis j'ai dit : "Exact, mais les gens, je t'assure... tout le monde, pensent ainsi. Il faut me croire." 
Je plains ces jeunes à qui on enseigne ce genre de stuff sans queue ni tête que l'on appelle la philosophie institutionnelle, professionnelle. Fréderic Lenoir est en campagne pour la faire entrer dans les maternelles. L'instruction nationale veut apprendre le vrai et le réel aux enfants à peine sortis du berceau. :crazy:

Fre%CC%81de%CC%81ric-Lenoir-conseille-de-philosopher-et-de-me%CC%81diter-avec-les-enfants-a%CC%80-le%CC%81cole-et-a%CC%80-la-maison.png?resize=800,445

Il va leur apprendre que les Grecs ont inventé la philosophie, la science et la démocratie. Que l'homme de Néandertal n'était pas si bête, au contraire, il enterrait ses morts. Oui, il savait dessiner et il faisait beaucoup d'enfants. Il faut être fier de nos ancêtres. Vous savez les enfants, nous venons du singe, ils sont nos cousins.
Et pourquoi pas un peu de Bergson ou Teillard de Chardin : Les humains sont partis de l'atome. Au début il y avait rien, seulement un immense néant, puis les atomes sont devenus des molécules, et "de nappe en nappe, par sautes massives, le système nerveux va constamment se développant, se diversifiant" pour donner ce monde si riche et généreux. Mais l'évolution n'est pas terminée, elle a encore beaucoup à faire pour achever "l'hominisation". Vous êtes l'avenir de l'humanité. Il ne faudra pas vous laissez diriger par les robots, alors il faut bien apprendre la philosophie. 
Bon, maintenant, je distribue les bons points.

Mon Dieu, ayez pitié de nous !

  • Confus 1
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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Quand une femme est plantureuse, c'est un cas de conscience de savoir s'il faut la planter ou l'arroser.

Je pense que le singe descend de l'arbre.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Cette attitude est l’attitude que décrira Sartre comme l’attitude de la mauvaise foi. Mais parce que nous avons recours à la mauvaise foi, nous démontrons notre condition d’être transcendants. Nous avons également ce curieux paradoxe de l’existence qui est tout et rien comme le dit Sartre. Tout puisque je tiens intégralement dans mon existence. En même temps l’existence ne se laisse pas saisir, ne se laisse pas déterminer, ne se laisse pas définir, tout le temps me dépasse et me condamne à un mode de vie que d’aucuns jugeront défaillant.

D’où la tentation de la foi pour la partie chrétienne, en tout cas quelque chose qui ne peut se dérouler que sur le mode de l’angoisse, puisque je cours désespérément après un être dont je sais bien qu’à chaque domaine de ma vie je ne possède pas. D’où le thème de l’angoisse qui devient tout à fait central à commencer par Kierkegaard. 

Ce mouvement rétrograde du vrai va nous permettre de comprendre que c’est en se projetant hors de lui constamment et plus précisément en se projetant sur cet horizon propre à l’homme, à l’humain que constituent le temps, l’histoire et la mort qui forment une triade. C’est bien en se projetant sur cet horizon propre à l’homme que constituent le temps, l’histoire et la mort qu’il peut se ressaisir comme être pour le temps et être pour la mort. Cela n’est qu’en se vivant comme tel, en se ressaisissant comme tel qu’il s’accomplit précisément comme homme.

 Nous comprenons pourquoi toutes les philosophies existentielles vont poser la question du temps (être et temps Heidegger). L’existence est à la fois ce qui se tisse à partir d’un mouvement d’ouverture, intentionnalité, transcendance qui engage le devenir, mais aussi cette présence à soi qui doit s’éprouver au présent. Or, justement, force est de constater que nous sommes au creux même de l’existence dans une contradiction insoluble. Chaque aventure existentielle peut de ce point de vue représenter une tentative désespérée pour résoudre, ou en tout cas supporter cette contradiction sur une modalité particulière. 

Quelle est cette contradiction? 

C’est le fait que par mon existence je m’échappe à moi-même, grand thème sartrien, je ne puis donc ni la comprendre, ni la ressaisir. Je suis contraint à la vivre, mais toujours dans une situation partiellement aveugle. La philosophie est ce qui, par le souci de soi, la réflexion sur certaines choses, nous aide à ne pas faire n’importe quoi. Il y a un grand pessimisme dans ces philosophies. Nous nous éprouvons comme être existant mais l’existence elle-même, qui constituerait ce que dans la métaphysique nous aurions appelé notre essence, nous échappe. Cette existence je suis amené à la dérouler dans mon présent. Il y a deux idées : 

1) être présent à soi-même, 

2) si l’on découpe le présent en instant, il y a dans « instant » l’idée d’une instance, d’un appel qui déclenche le jugement. 


 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Cette nécessité pour moi de vivre et dans mon présent et chaque instant où je rencontre le statut général de l’existence aboutit au fait que je déserte mon présent. Il y a un paradoxe que souligne Pascal dans les « Pensées » (Grandeur et misère de l’homme), personne ne soutient un seul instant, l’instant. Nous passons notre temps à nous réfugier dans le passé, c’est la nostalgie. Le reste du temps nous le passons à faire des projets, c’est-à-dire à nous précipiter dans l’avenir, nous ne pouvons renoncer à cela.

Que ce soit notre retour plus ou moins joyeux, plus ou moins douloureux sur notre passé, que ce soit l’anticipation, le projet qui est aussi l’espoir, nous est nécessaire, espérer c’est se projeter, c’est poser par définition qu’il existe un futur, et que dans ce futur il y a des possibles qui s’ouvrent pour nous. Nous ne pouvons renoncer à cela. Quand nous mixons passé et futur nous aboutissons, avec toutes les variantes possibles, puisque nous sommes des êtres inconstants, à la conclusion pascalienne que nous ne vivons jamais l’instant. 

Ceci conduit déjà chez Pascal à l’idée d’une méprise de soi. Nous nous déprenons de nous-mêmes, nous fuyons. Nous trouvons cela analysé, thématisé dans les philosophies existentialistes (Sartre-Camus). Nous nous perdons dans les autres, dans les rapports de séduction par exemple. Sartre montre que la séduction est jeu sur les apparences, que la personne qui séduit et la personne qui se laisse séduire se comprend comme le seul plaisir que nous puissions donner.

Il va nous falloir abandonner l’être, l’existence n’étant qu’un mode tout à fait défaillant. Puisqu’il n’y a plus d’être, puisque nous ne pouvons plus saisir des essences, que nous n’avons plus affaire à des essences permanentes, mais à de purs mouvements transcendants qui visent les choses, nous sommes ramenés à ce chatoiement des apparences. C’est pour cela qu’il y a une main tendue entre la phénoménologie qui nous demande d’analyser comment les choses apparaissent à la conscience, et de l’autre côté les grandes analyses existentielles particulièrement sartriennes. 

C’est seulement de nos actes soit en train de se faire, soit sur le point de se faire (soit futur immédiat, soit passé immédiat, soit présent) que nous apprenons ce que nous sommes. C’est du futur dit saint Augustin de ce temps qui n’est pas encore, qui n’a donc pas d’être véritable, que je tente de construire mon être. C’est, dira Sartre, non seulement mon futur qui détermine mon présent mais c’est mon futur qui détermine mon passé. Mouvement rétroactif du vrai.

 

Quel événement de mon passé va me conférer un sens ?

Ce n’est pas mon passé en tant que tel puisqu’il est révolu. C’est de mon présent que je me penche sur mon passé (Bergson). Réponse logique, c’est de mon présent que je confère un sens à mon passé. Sartre nous fait découvrir que mon présent n’est pas fermé. Forcément, il ouvre constamment sur un futur. Même si je ne suis pas dans mon esprit en train de faire des projets très explicites et très précis, une partie de mon être a déjà déserté le présent, il est tourné vers l’avenir qui m’attend. 

C’est tout ce qui se joue dans ce futur, à commencer par le futur immédiat, jusqu’au futur le plus lointain avec des projets très précis, c’est de tout cela que rétroactivement je peux conférer un sens non seulement à mon présent, mais à mon passé lui-même. Qu’est-ce qui va décider, dit Sartre, que la crise de mysticisme que j’ai eu à 15 ans était prémonitoire par rapport à mes convictions religieuses ?

C’est moi et personne d’autre, mais c’est à moi de mon présent actuel, c’est moi en fonction de mes projets intéressant la religion, qui me permettent d’évaluer, à cette aune-là, tout ce qui s’est passé antérieurement. Selon que j’ai le projet de continuer mes actes de religiosités extrêmes, que j’ai le projet de développer ma curiosité, que j’ai le projet d’y renoncer, cet événement du passé qui a eu lieu, c’est un fait, va recevoir une coloration. Donc il deviendra soit événement prémonitoire, soit un accident lié à la puberté. 

Ces analyses permettent de comprendre que sur le plan ontologique force est de constater que notre existence procède de notre impossibilité à être. Cette impossibilité à être fera que je vais tenter d’être, cette tentation d’être est ce qu’on appelle l’existence. Cette impossibilité à être se marque par notre déportation sur l’avoir. C’est parce que nous ne sommes jamais que nous sommes tant intéressés par la possession. A défaut d’être, nous avons, nous cherchons à avoir, nous cherchons à posséder. 

Pourquoi sommes-nous tellement intéressés à des possessions diverses, d’abord de biens matériels, de richesse, puis des choses plus symboliques comme le pouvoir, la puissance, jusqu'à des fantasmes de possession des autres, l’emprise des autres et des choses qui ne peuvent que semer la destruction, l’aliénation, la mort ? 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Le ‎03‎/‎05‎/‎2018 à 11:42, zenalpha a dit :

Quand une femme est plantureuse, c'est un cas de conscience de savoir s'il faut la planter ou l'arroser.

Je pense que le singe descend de l'arbre.

Encore un mec que ça fait chier de voir qu'une femme peut penser. Ca le fait débander.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Il y a 5 heures, aliochaverkiev a dit :

Encore un mec que ça fait chier de voir qu'une femme peut penser. Ca le fait débander.

Marrant

A l'inverse, vous lire vient de me faire cet effet.

Je vous remercie d'être au soin de ma bite, ma petite lecture anti priapique d'un homme qui ne pense pas.

Nous devrions déjeuner pour que je reparte sur de meilleures bases

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Réponse.

Parce que justement nous transférons dans le domaine de l’avoir nos tentatives d’être. 

Les philosophies existentielles ont bien compris que nous ne pouvions pas être. Elles vont donc nous proposer une réflexion, qui ne va pas bien sûr nous apporter une réponse à tous nos soucis existentiels, mais nous apporter des questions nouvelles que la philosophie dans son histoire, puisque plombée par la métaphysique, n’avait pas eu le temps ni la possibilité logique d’élaborer. 

Déjà ces questions nouvelles, parce que la réponse c’est à nous de la trouver, vont nous servir de main courante pour éviter que nous chutions dans le vide. Ce n’est pas un hasard si dans « L’être et le néant » il y a un chapitre sur Faire et Avoir : la possession.

Analyse remarquable sur les paradoxes amoureux, les fantasmes de possession de l’autre dans l’amour. Sartre démonte tous ces mécanismes, et en fait jaillir à chaque fois les contradictions que nous ne soupçonnons pas parce que nous sommes portés par nos passions au sens traditionnel et philosophique du terme, c’est-à-dire des choses que nous subissons complètement. Nous sommes agis par la passion. Comme nous sommes agis par la passion, nous ne réfléchissons pas. 

Sartre montre que le désir de la possession de l’autre le conduit à vouloir posséder une transcendance, une liberté. Par définition on ne possède pas la liberté. Il faut revoir « faire et avoir » et bien définir l’extension de ces deux champs, le champ de l’être et le champ de l’avoir. Nous ne pouvons compenser l’un par l’autre. Ce sont des catégories qui sont ontologiquement irréductibles. Impossibilité de l’être. 

Voici ce qu’écrit Kierkegaard dans Post-scriptum définitif aux miettes philosophiques :

« L’homme pense et existe, et la pensée sépare la pensée de l’être ; elle les tient séparés l’un de l’autre dans la succession ». On ne saurait mieux dire et résumer cette antinomie à laquelle nous voue l’existence. Nous sommes des êtres pensants et existants, mais le propre de la pensée est de disjoindre, de séparer pensée et être. En définitive cette séparation va me faire rater l’être en tant que tel. Je ne pourrai jamais comme dira Sartre, coïncider avec l’être mais j’ai besoin de l’être pour penser. C’est ce rapport qu’il nous faut analyser. 

Jean Beaufret rappelle que le terme existence va être appelé à se spécifier au regard de l’évolution du terme essence. Ousia-essentia-essence.

L’essence en effet est ce qu’est la chose, c’est-à-dire sa nature. La tâche de l’essence c’est de dire ce qu’est la chose, l’être de la chose, par opposition au fait que la chose soit, c’est-à-dire qu’elle existe dans la réalité. Savoir ce qu’est la chose, quelle est son essence, quelle est sa nature ne nous dit rien de son existence. De sorte que par l’examen du sens du terme existence, par la comparaison rapide « être-existence, essence-existence », nous pouvons conclure qu’il y a une véritable défaillance ontologique de l’existence par rapport à l’être, et que ce moindre être qu’est l’existence, cette défaillance ontologique de l’existence est littéralement inscrite dans le sens premier du terme lui-même, dans sa construction.

C’est par rapport à ce constat, très lourd de conséquences qui va peser sur toutes les autres questions, que nous pourrons nous poser deux questions plus générales. 
 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 10 heures, satinvelours a dit :

Réponse.

Parce que justement nous transférons dans le domaine de l’avoir nos tentatives d’être. 

Les philosophies existentielles ont bien compris que nous ne pouvions pas être. Elles vont donc nous proposer une réflexion, qui ne va pas bien sûr nous apporter une réponse à tous nos soucis existentiels, mais nous apporter des questions nouvelles que la philosophie dans son histoire, puisque plombée par la métaphysique, n’avait pas eu le temps ni la possibilité logique d’élaborer. 

Déjà ces questions nouvelles, parce que la réponse c’est à nous de la trouver, vont nous servir de main courante pour éviter que nous chutions dans le vide. Ce n’est pas un hasard si dans « L’être et le néant » il y a un chapitre sur Faire et Avoir : la possession.

Analyse remarquable sur les paradoxes amoureux, les fantasmes de possession de l’autre dans l’amour. Sartre démonte tous ces mécanismes, et en fait jaillir à chaque fois les contradictions que nous ne soupçonnons pas parce que nous sommes portés par nos passions au sens traditionnel et philosophique du terme, c’est-à-dire des choses que nous subissons complètement. Nous sommes agis par la passion. Comme nous sommes agis par la passion, nous ne réfléchissons pas. 

Sartre montre que le désir de la possession de l’autre le conduit à vouloir posséder une transcendance, une liberté. Par définition on ne possède pas la liberté. Il faut revoir « faire et avoir » et bien définir l’extension de ces deux champs, le champ de l’être et le champ de l’avoir. Nous ne pouvons compenser l’un par l’autre. Ce sont des catégories qui sont ontologiquement irréductibles. Impossibilité de l’être. 

Voici ce qu’écrit Kierkegaard dans Post-scriptum définitif aux miettes philosophiques :

« L’homme pense et existe, et la pensée sépare la pensée de l’être ; elle les tient séparés l’un de l’autre dans la succession ». On ne saurait mieux dire et résumer cette antinomie à laquelle nous voue l’existence. Nous sommes des êtres pensants et existants, mais le propre de la pensée est de disjoindre, de séparer pensée et être. En définitive cette séparation va me faire rater l’être en tant que tel. Je ne pourrai jamais comme dira Sartre, coïncider avec l’être mais j’ai besoin de l’être pour penser. C’est ce rapport qu’il nous faut analyser. 

Jean Beaufret rappelle que le terme existence va être appelé à se spécifier au regard de l’évolution du terme essence. Ousia-essentia-essence.

L’essence en effet est ce qu’est la chose, c’est-à-dire sa nature. La tâche de l’essence c’est de dire ce qu’est la chose, l’être de la chose, par opposition au fait que la chose soit, c’est-à-dire qu’elle existe dans la réalité. Savoir ce qu’est la chose, quelle est son essence, quelle est sa nature ne nous dit rien de son existence. De sorte que par l’examen du sens du terme existence, par la comparaison rapide « être-existence, essence-existence », nous pouvons conclure qu’il y a une véritable défaillance ontologique de l’existence par rapport à l’être, et que ce moindre être qu’est l’existence, cette défaillance ontologique de l’existence est littéralement inscrite dans le sens premier du terme lui-même, dans sa construction.

C’est par rapport à ce constat, très lourd de conséquences qui va peser sur toutes les autres questions, que nous pourrons nous poser deux questions plus générales. 
 

A comparer être et faire ou avoir dans tout ce que vous venez de dire, rien ne s'oppose à dire qu'exister c'est être. Vous focalisez (peut-être) sur l'étymologie prétendue d'ex-sister qui dirait qu'exister c'est être à l'extérieur de soi. Je pense (toujours!) que si exister signifiait "être à l'extérieur de soi", ce mot n'aurait jamais existé ni pris naissance. Je pense qu' exister signifie à l'origine (plus simplement) "advenir" ou devenir, ou pire : accéder à l'être ! (au sens le plus populaire d'être quelque chose) et non pas s'en échapper (de l'être).

L'essence en devient une certaine qualité ou un ensemble de qualités qu'on prête ou attribue par la pensée, intellectuellement (à tort ou à raison) à tel être-existant.

En ce qui nous concerne en tant qu' "êtres conscients" ou consciences, il faudrait peut-être distinguer le contenu de notre conscience, et bien sûr aussi ses modes particuliers opératoires, ses habitudes, ses plis et ses faux plis (!) de ce qui la met en mouvement, son énergie et sa "force vitale" (j'aime pas trop cette association qui fait mystique !), notre Je, notre sujet proprement dit, pratiquement incompréhensible (animal, voire reptilien !) et qu'on affublera de divers noms, notre être (quand on l'oppose à faire ou avoir) ou notre "existant" de base (irréductible) quand on l'oppose à quelque essence prétendument transcendante. Autrement dit quand on l'oppose à quelque chose dont on peut bien parler !

Je dirais que les essences... c'est super!... pardon, j'ai pas pu m'en empêcher !

Mais cet être-existant primaire n'a pas de contenu ! Il n'est qu'une force...  D'où une défaillance ontologique de l'existence qui est, qui advient et qui pourtant n'est rien. puisque incompréhensible, hors du champ de notre pensée.

(En vous lisant ci-dessus, je pensais que rien ne s'oppose à ce que l'être soit l'existence.)

(En dehors d'"être au monde", nécessairement comme force, puissance ou volonté, (suivez mon regard !) à mon avis l'être et/ou l'existence n'ont pas d'autre sens.)

Modifié par Blaquière
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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@satinvelours :

Citation

 

:

« L’homme pense et existe, et la pensée sépare la pensée de l’être ; elle les tient séparés l’un de l’autre dans la succession ». On ne saurait mieux dire et résumer cette antinomie à laquelle nous voue l’existence. Nous sommes des êtres pensants et existants, mais le propre de la pensée est de disjoindre, de séparer pensée et être. En définitive cette séparation va me faire rater l’être en tant que tel. Je ne pourrai jamais comme dira Sartre, coïncider avec l’être mais j’ai besoin de l’être pour penser. C’est ce rapport qu’il nous faut analyser. 


 

Je vois la pensée comme une des applications de "l'être-existant".

Cet "être-existant" peur... s'appliquer à penser comme à marcher ou à manger. Mais l'être-existant pensant se ressent essentiellement comme une pensée.  On pense au "Moi", alors. cet "être-existant" qui impulse la pensée elle-même reste comme caché derrière la matière ou le contenu de cette pensée.

D'où l'idée de Sartre d'une transcendance de l'ego. Que je comprends transcendant par rapport à la pensée (et son contenu) : l'ego, ou l'être-existant "vient d'ailleurs", est ailleurs et différent de la pensée. Bizarrement, différent de lui-pensant ! Puisque sans lui, pas de pensée...

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)

« Dans le domaine de la science naturelle, écrit Diogène Laërte, Aristote a surpassé tous les autres philosophes. » Il avait une explication pour tout, continue Armand Marie Leroi dans son livre La lagune. Et Aristote inventa la science… « En un sens, sa philosophie c’est la biologie, et il a conçu son ontologie et son épistémologie juste pour expliquer comment fonctionnent les animaux. Demandez à Aristote : qu’est-ce qui fondamentalement existe ? Il ne dira pas, comme le ferait un biologiste moderne, "demandez à un physicien", mais il montrerait une sèche et il dirait : ça. »

Bientôt on nous annoncera que les sèches sont en voie d'inexistence... Plus de 2000 ans plus tard. Sacrée science !

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Le ‎08‎/‎05‎/‎2018 à 23:43, Blaquière a dit :

A comparer être et faire ou avoir dans tout ce que vous venez de dire, rien ne s'oppose à dire qu'exister c'est être. Vous focalisez (peut-être) sur l'étymologie prétendue d'ex-sister qui dirait qu'exister c'est être à l'extérieur de soi. Je pense (toujours!) que si exister signifiait "être à l'extérieur de soi", ce mot n'aurait jamais existé ni pris naissance. Je pense qu' exister signifie à l'origine (plus simplement) "advenir" ou devenir, ou pire : accéder à l'être ! (au sens le plus populaire d'être quelque chose) et non pas s'en échapper (de l'être).

L'essence en devient une certaine qualité ou un ensemble de qualités qu'on prête ou attribue par la pensée, intellectuellement (à tort ou à raison) à tel être-existant.

En ce qui nous concerne en tant qu' "êtres conscients" ou consciences, il faudrait peut-être distinguer le contenu de notre conscience, et bien sûr aussi ses modes particuliers opératoires, ses habitudes, ses plis et ses faux plis (!) de ce qui la met en mouvement, son énergie et sa "force vitale" (j'aime pas trop cette association qui fait mystique !), notre Je, notre sujet proprement dit, pratiquement incompréhensible (animal, voire reptilien !) et qu'on affublera de divers noms, notre être (quand on l'oppose à faire ou avoir) ou notre "existant" de base (irréductible) quand on l'oppose à quelque essence prétendument transcendante. Autrement dit quand on l'oppose à quelque chose dont on peut bien parler !

Je dirais que les essences... c'est super!... pardon, j'ai pas pu m'en empêcher !

Mais cet être-existant primaire n'a pas de contenu ! Il n'est qu'une force...  D'où une défaillance ontologique de l'existence qui est, qui advient et qui pourtant n'est rien. puisque incompréhensible, hors du champ de notre pensée.

(En vous lisant ci-dessus, je pensais que rien ne s'oppose à ce que l'être soit l'existence.)

(En dehors d'"être au monde", nécessairement comme force, puissance ou volonté, (suivez mon regard !) à mon avis l'être et/ou l'existence n'ont pas d'autre sens.)

Dès lors que nous parlons du "contenu" de la conscience nous dérapons, nous tombons dans des impasses engendrées par le fonctionnement même de la raison. C'est idem pour l'ego, la transcendance de l'ego. Il y a fourvoiement par manque de prudence par rapport au mode de fonctionnement de la raison.

Il ne peut pas y avoir de contenu de la conscience sur un plan réel, quant à l'observation. Il est impossible d'observer une conscience qui serait un contenant. Parler de la conscience comme un contenant, qui aurait donc un contenu, est une opération fictive de la raison, une représentation de l'imaginaire. Un imaginaire utile, au regard des conditions d'exercice de notre faculté de penser, mais un imaginaire quand même. L'imaginaire est nécessaire à l'élaboration de notre conception des choses, mais il est nécessaire de toujours faire la distinction entre imaginaire et réel observé. Sinon nous fossilisons l'imaginaire alors que sa nature est telle que l'imaginaire doit sans cesse être modifié, recréé.

Soit le cas d'une pierre qui roule devant nous. La pierre roule. J'observe le mouvement (comme j'observe le mouvement de la pensée). Je pose la question : qu'est-ce qui roule ? Comme je pose la question : qu'est ce qui pense ? Je réponds : la pierre, comme je réponds, pour la pensée : l'ego. Mais là où je dérape c'est que je vais en induire que, puisque c'est l'ego qui pense, c'est l'ego qui est à l'origine de la pensée, qui produit la pensée. Comme si je disais : c'est la pierre qui produit le mouvement. Alors qu'il ne me vient pas à l'idée de faire de la pierre la cause du mouvement (même si, pour qu'il y ait observation d'un mouvement, il faut quelque chose qui soit en mouvement) la métaphysique, aveugle, va faire de l'ego la cause de la pensée, le contenant de la pensée, comme si je disais : la pierre contient le mouvement. Non la pierre est en mouvement, elle ne contient pas le mouvement. L'ego, si je tiens à nommer celui qui pense, et pourquoi pas d'ailleurs, c'est Jacques qui pense par exemple face à moi, ce n'est pas Jean, donc ok, nommons celui qui pense, nommons-le : ego, l'ego donc ne contient pas la pensée, ni ne la provoque, même s'il est nécessaire à l'apparition d'une pensée (il n'y a pas de pensée désincarné, du moins pour l'homme) l'ego est en acte, l'ego est en acte de penser; comme la pierre est en acte, en acte de rouler. C'est là que la métaphysique nous égare et nous conduit dans des réflexions qui tournent en rond depuis que la philosophie (au sens grec) est née. La philosophie grecque, avec sa théorie de l'être, nous mène dans des impasses dont nul ne peut sortir. L'ontologie nous laisse espérer de profondes découvertes, mais en vérité, l'ontologie nous mène dans une impasse, la métaphysique nous mène à l'impasse. La philosophie grecque a son génie certes, mais un génie limité. 

En physique nous finissons par détacher le mouvement de la chose qui est en mouvement et nous étudions le mouvement seul, en soi (la cinématique). Il est nécessaire de détacher l'acte de penser  de celui qui pense, détacher l'acte de penser de l'ego. 

Sinon nous tombons dans cette croyance que c'est l'ego, ce transcendant, qui engendre la pensée. J'ai même le sentiment que, dès que nous parlons de l'acte de penser, j'ai le sentiment que c'est bien, peut-être, l'acte de penser qui engendre l'ego, plutôt que le contraire. C'est une hypothèse.

 

 

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