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Petite histoire de la politesse et du savoir-vivre


sovenka

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 43ans Posté(e)
sovenka Membre 8 563 messages
43ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)

          En 1889, la baronne de Staffe publia l'œuvre qui fit sa renommée : Usages du Monde, règles du savoir-vivre dans la société moderne. Depuis, les manuels de savoir-vivre se sont succédés de génération en génération, les bonnes manières d'hier n'étant plus forcément celles d'aujourd'hui.

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A Versailles, par exemple, on ne devait pas se déplacer en marchant mais en glissant, et on ne devait pas frapper aux portes mais gratter ; en revanche, on pouvait cracher sur le beau parquet ciré, c'était normal. Aussi, les messieurs qui assistaient au repas du roi devaient avoir l'épée au côté, imaginez le casse-tête pour les agents de sécurité !

Il semblerait que la politesse soit antérieure à la morale : des scientifiques la font remonter aux hominidés d'où l'homme descend, elle permettait d'esquiver les conflits et de souder le groupe.

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"Permettez !" ; "Mais je vous en prie !"

 

Dans l'Antiquité, déjà, on s'attachait à des règles de savoir-vivre, et c'était plutôt sage : la vie expose en effet les individus à des circonstances qui les engagent à se mettre en jeux devant les autres et, de ce fait, à prendre le risque de s'attirer de l'incompréhension, des désaccords, du mépris, des conflits, etc. Or, la politesse, en orientant les différentes conduites individuelles en fonction des contextes, justement, permet de se parer contre tout ça.

Les Egyptiens se saluaient face contre face.

Les Romains appréciaient la politesse d'esprit, de langage et de manières attachée à la ville de Rome, d'où ce mot : urbanitas. Chez eux, le tutoiement était de mise, même quand on s'adressait au Caesar. Les correspondances portaient en entête des abréviations pour dire "salut" ; "je te donne le salut" ; "je te salue énormément" ; "si tu vas bien, tout est bien, je vais bien moi aussi", et se terminaient par la formule "vale" (portez-vous bien).

Chez eux, on se salue dans la rue, on découvre sa tête du pan de sa toge quand on est abordé par quelqu'un, on donne un baiser sur la bouche ou sur les yeux des personnes en les saluant et les complimentant sur leur dignité ou un heureux évènement. Invité à un repas, on s'habille en conséquence, et c'est au plus grand que revient le choix des convives. A table, on prend les mets délicatement avec ses doigts.

Contrairement à ce qui est véhiculé par certains clichés se basant peut-être sur la grossièreté de certains empereurs, les Anciens se faisaient un devoir de politesse particulière envers les dames, qu'ils côtoyaient avec la plus grande retenue, ne se permettant pas même une équivoque pour ne pas alarmer leur pudeur. Ils leur cédaient le haut du pavé dans les rues, et les places les plus distinguées leur étaient destinées au cirque ou au théâtre.

Par la suite, le savoir-vivre ne cessa jamais de muter : certaines règles disparurent, d'autres apparurent...

Ci-dessous, le roi Richard II d'Angleterre, qui régna de 1377 à 1399, passe pour avoir inventé le mouchoir (on s'est longtemps mouché dans ses doigts)

Richard_II_King_of_England.jpg

En 1439, il faut se garder d'avoir la morve au nez, de se gratter la tête à table et d'écraser ses poux et puces devant les autres.

En 1487, on ne peut plus tremper dans la sauce commune le morceau de viande dans lequel on a mordu. Et comme on ne doit plus ronger les os ou les décharner avec ses ongles, il ne reste plus qu'à les jeter sous la table.

En 1577, si on s'est mouché à table, on ne met plus son mouchoir à sécher sur le dos de sa chaise.

En 1675, le chien de permanence sous la table ne peut plus servir de bouc-émissaire quand un convive lâche une caisse. Les invités sont par conséquent tenus de ne plus péter pendant qu'on mange !

En 1710, le parapluie est un gadget réservé au vulgaire démuni d'équipage. Les gens de la haute préfèreront par conséquent prendre le risque d'une douche céleste plutôt que de se montrer avec ce machin.

En 1840, les jeunes filles doivent marcher devant leurs parents pour qu'ils aient toujours l'œil sur elles.

Politesse-2.jpg

En 1900, c'est toujours la mère qui ouvre le courrier de sa fille même si elle a 60 ans ! Par contre, elle ne touche pas au courrier de son fils à partir de 25 ans.

En 1905, "Il est dans les habitudes de la société française qu'une jeune fille se marie dans le courant de l'année qu'elle a fait son entrée dans le monde (entre 16 et 20 ans). Mais si elle arrive au troisième hiver sans avoir trouvé épouseur, on ne s'occupera guère plus d'elle, et elle devra avoir recours aux subterfuges de la coquetterie pour être remarquée."

En 1908, les fiancés doivent s'appeler entre eux "monsieur" et "mademoiselle". Ils peuvent se donner un baiser sur le front, mais la simple poignée de mains est de meilleure goût.

En 1913, on peut autoriser une jeune fille à se rendre seule à l'église ou chez une amie peu éloignée, ou même faire quelques emplettes, à la condition que sa mère soit toujours au courant du but de sa sortie. Toutefois, il est plus convenable qu'elle soit accompagnée car sa réputation est chose délicate et on pourrait se repentir une vie entière d'une sortie imprudente.

Sources principales :

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Bibliographie : Savoir vivre au XXI° siècle, politesse oblige, Princesse Hermine de Clermont-Tonnerre, éd. l'Archipel

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Invité Panem&Circenses
Invités, Posté(e)
Invité Panem&Circenses
Invité Panem&Circenses Invités 0 message
Posté(e)

:blush: j'ai cru une seconde que le bonobo tenait en main autre chose qu'un bout de branche.

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Membre, 109ans Posté(e)
Cheragaz Membre 6 507 messages
Forumeur vétéran‚ 109ans‚
Posté(e)

Je n'ai pas tout lu mais j'y reviendrai :).......

Je voulais juste dire que ce que certains considèrent comme de la politesse est parfois très lourd à supporter.

A mon boulot, il m'arrive régulièrement d'être interrompu dans une conversation professionnelle avec un client, un supérieur ou un collaborateur par un autre collègue que ça ne gêne pas de nous déranger.

Parce que, enfant, on a du les bassiner avec des : "dis Bonjour à la Dame" ils ne savent plus faire la part des choses et éprouvent le besoin de te bizouiller ou de te serrer la main quelque soit la situation.

Et de ces boulets, il y en a.....

Aucun discernement, aucune prise de recul face à l'opportunité de leur démarche,  même quand elle vous est "servie" à  20h, heure  à laquelle on devrait se dire au revoir, et qui  me fait passer,  moi,  pour un malotru, voire un sauvage.

Ca,  j'assume mais j'avoue que ceux qui m'imposent leur soi disant éducation m'exaspérent au plus haut point.

 

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 43ans Posté(e)
sovenka Membre 8 563 messages
43ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)

Ils devraient lire le livre d'Hermine de Clermont-Tonnerre :) Je suis en train de le lire en ce moment, j'apprends des trucs. Par exemple : le bizouillage journalier ne devrait pas se faire en vrai, sauf quand on est de retour de vacances et qu'on ne s'est donc pas vu depuis un certain temps.

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Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Mon grand-père avait un client qui venait faire réparer son auto. C'était un marquis. Il était d'une épouvantable vulgarité. D'une grossièreté à toute épreuve.

Nous avons une copine très proche qui n'arrête pas de demander pardon. Elle s'excuse pour un rien.

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 43ans Posté(e)
sovenka Membre 8 563 messages
43ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)
il y a 12 minutes, pila a dit :

Mon grand-père avait un client qui venait faire réparer son auto. C'était un marquis. Il était d'une épouvantable vulgarité. D'une grossièreté à toute épreuve.

C'était le marquis de Sade ? :smile2: 

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  • 1 an après...
Membre, Posté(e)
kinobunika joy Membre 4 557 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Le 10/12/2017 à 12:43, sovenka a dit :

A Versailles, par exemple, on ne devait pas se déplacer en marchant mais en glissant, et on ne devait pas frapper aux portes mais gratter ; en revanche, on pouvait cracher sur le beau parquet ciré, c'était normal.

Bonjour sovenka,

ce livre semble très interessant, merci pour cette découverte, ne serait ce que pour se rendre compte de l'évolution de notre "savoir vivre"

j'ai relevé le fait de se déplacer en glissant plutôt qu'en marchant j'imagine que puisque le beau parquet servait de crachoir,et etant donné le nombre de personnes vivant à Versailles on devait avoir l'air moins ridicule en glissant ainsi on pouvait faire croire que les dérapages étaient controlés.

Versailles cette merveille dont les rideaux et tentures servaient à l'époque pour s'isoler lors d'une envie pressante et je ne parle même pas des jardins dont les bosquets n'étaient que des toilettes à ciel ouvert.....

Bon, Versailles a bien changé, les visiteurs lèvent les pieds en marchant pour ne pas rayer les beaux parquet, et des toilettes payantes ont été installées.....;)

Belle après midi à vous et à tous.

 

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Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 43ans Posté(e)
sovenka Membre 8 563 messages
43ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)

Malgré tout quelques visiteurs qui ne se gênent pas pour jeter leur chewing-gum sur le beau parquet, heureusement les agents d'entretien sont bien équipés pour nettoyer ça.

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