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Lettres à Samuel

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aliochaverkiev

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

L'intérêt, entre autres, qu'il y a pour moi de venir poster sur le forum est que j'y rencontre parfois une l'hostilité dont j'ai besoin pour me stimuler.

Je ne cherche pas toujours l'hostilité, et si je rencontre aussi de la sympathie j'en suis bien sûr heureux. Mais l'hostilité m'est aussi nécessaire pour aiguiser ma réflexion.

Il est probable que je pratique parfois la provocation pour susciter cette hostilité dont j'ai besoin pour me stimuler. Il s'agit certes là de manipulation, mais il me semble qu'est manipulé qui le veut bien.

Le fait d'être attaqué ici, sur ce fil, par un prédateur d'enfant, prédateur qui semble vouloir s'incruster, n'est pas inintéressant. Cette intrusion est stimulante.

Les genres littéraires sont variés. 

Il n'existe pas que le roman (ou la nouvelle) et la poésie.

Il existe aussi, notamment, la correspondance et la biographie.

Je laisse le prédateur, maintenant, s'exprimer.

 

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Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
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Prédateur d'enfant lis-je ? Voilà une facette de ma personnalité que j'ignorais et qui m'inquièterait si enfant était écrit au pluriel, mais il l'est au singulier, du coup cela peut se résumer de façon plus précise : c'est vrai je n'aime pas trop les enfants, fictifs ou réels, qui soumis à l'autorité de leurs éducateurs se laissent dominer et promettent de devenir de futurs grands cons.

Et pour ce qui est des genres en littérature, ce serait bien que vous nous expliquiez les subtilités de ce nouveau genre que vous semblez inaugurer ici et qui consiste à étaler de façon si indécente une correspondance sensée être privée entre un présumé père et son très hypothétique fils sur un site public où elle n'a strictement rien à faire. *

Ne me dites pas que c'est uniquement pour économiser quelques feuilles de papier, une enveloppe et un timbre : je vous croirais !

* compte tenu de l'insignifiance évidente des protagonistes .

Modifié par azad2B
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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Correspondance 2

Le 13 mai 2018

Bonjour Samuel,

Il existe des synagogues aux USA où la circoncision est remplacée par une autre cérémonie : le Brit Shalom. Cette cérémonie est promue par différentes branches du judaïsme libéral (le judaïsme humaniste, le judaïsme réformiste, le judaïsme progressiste) qui s’opposent à la circoncision qu'ils considèrent être une mutilation imposée à l'enfant, sans son consentement. Aujourd’hui il existe même un pays en Europe, l'Islande, qui envisage de faire voter une loi l’interdisant. La circoncision restera possible mais uniquement si celui qui la demande est autonome dans son jugement, c'est-à-dire s'il est adulte (ou peut-être adolescent).

La question de l’identité juive (et donc de la circoncision) est un objet de débat incessant entre les libéraux et les orthodoxes. La circoncision rituelle de l'enfant mâle au huitième jour de sa vie fait partie d e la Loi juive, la Halakhah.

Dans la bible hébraïque, Tanakh, il est écrit, Genèse 17, 11-14 :

« Vous retrancherez la chair de votre excroissance et ce sera un symbole d’alliance entre moi et vous. A l'âge de huit jours, que tout mâle, dans vos générations, soit circoncis par vous ; même l'enfant né dans ta maison, ou acheté à prix d'argent parmi les fils de l’étranger, qui ne sont pas de ta race. Oui il sera circoncis, l’enfant de ta maison ou celui que tu auras acheté ; et mon alliance, à perpétuité, sera gravée dans votre chair. Et le mâle incirconcis, qui n'aura pas retranché la chair de son excroissance, sera supprimé lui-même du sein de son peuple pour avoir enfreint mon alliance»

Les orthodoxes ont une lecture littérale de la bible, c'est-à-dire qu'ils prennent les écrits pour argent comptant, sans aucun recul ni esprit critique. Les libéraux au contraire pensent que même si la Loi est d'inspiration divine, elle a été exprimée par la bouche d'êtres humains et qu'en cela elle est déjà une interprétation. Pour eux ce sont d'abord des hommes qui parlent (Dieu ne parle pas) et en cela il est nécessaire de s'attacher à l'esprit des textes mais pas à la lettre des textes.

Comme tu fais partie, malgré toi, à New York, d'une synagogue tenue par les orthodoxes (ton grand oncle en est le rabbin) ils ne cessent de faire pression sur toi pour que tu te fasses circoncire. Pour eux en refusant la circoncision tu exprimes intentionnellement le désir de ne pas faire partie de la communauté, ce qui les exaspère.

Néanmoins ils ne peuvent pas te dénier ton identité juive (si tu décides d'épouser cette identité) car selon d'autres aspects de la Loi tu es juif, même non circoncis, car ta mère est juive.

En effet même dans les groupes les plus orthodoxes, l'identité juive est définie par filiation matrilinéaire. Un enfant né de mère juive est identifié comme juif, qu'il soit circoncis ou pas. Dans le judaïsme progressif, les garçons non-circoncis sont autorisés à suivre l'éducation religieuse et à faire leur bar mitzvah s'ils sont issus de mère juive et ont été élevés avec une identité juive.

C'est en 200 de l'Ere Commune qu’apparaît cette règle de la transmission de l'appartenance au peuple juif par la mère, règle édictée dans la mishna. La mishna regroupe les lois orales juives prononcées par les rabbins, loi orale consignée dans le Talmud.

Il suffirait que, dans le cas où tu aurais envie de faire partie d'une communauté, tu trouves une synagogue tenue par les libéraux pour que tu ne sois plus sollicité comme tu l'es actuellement. Encore faudra-t-il que tu trouves une synagogue qui remplace la circoncision par le brit shalom car tous les libéraux n'acceptent pas encore cette cérémonie.

Aujourd’hui le judaïsme libéral regroupe la majorité des juifs religieux dans le monde. La division entre orthodoxes et libéraux date du siècle des Lumières avec l’apparition de la Wissenschaft des Judentums (science du judaïsme) reconnue par les tendances libérales, rejetées par les tendances orthodoxes. La Wissenschaft des Judentums a été fondée par des juifs allemands qui ont voulu adopter une approche historique et scientifique du judaïsme avec l'intention de resituer l'histoire des juifs allemands dans l'histoire allemande. Ses initiateurs prirent de la distance avec l 'esprit religieux du judaïsme adoptant même parfois un point de vue athée tout en restant ancrés dans leur identité judéenne. C'est ainsi que fut ultérieurement créé le mot « judéité » qui réfère à une identité juive ancrée dans l’histoire , la mémoire, la défense de certaines valeurs, par opposition avec le mot « judaité » qui exprime le fait d’appartenir à la religion juive.

L'union mondiale pour le judaïsme libéral est présente dans 42 pays du monde avec 1200 communautés et réunit près de deux millions de membres. Son siège est à Jérusalem et ses bureaux régionaux à Londres, à Moscou et à New York.

Je te parlerai dans des jours prochains de l'antisémitisme puisque tu t’interroges beaucoup sur cette idéologie. Mais je préfère attendre de t'avoir parlé de l'exil à Babylone du peuple juif car c'est à partir de cet événement que s'est développée la diaspora juive, diaspora qui n'a plus jamais cessé d'exister depuis, qu' Israël ait retrouvé un territoire ou pas. La diaspora juive, soit la dispersion des Juifs dans le monde a créé une situation unique qu'il est nécessaire d'apprécier pour pouvoir parler de l' antisémitisme.

Je t'en parlerai dans une prochaine correspondance.

Je t'aime, mes pensées vont toujours vers toi

 

 

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Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Lettre 22

20 mai 2018

Samuel,

Le deuxième livre des Rois relate la chute du royaume d’Israël puis celle du royaume de Juda.

Le royaume d’Israël connut d'incessantes luttes de pouvoir qui aboutirent à sa conquête par le roi assyrien Sargon II en 721 avant l'E.C. Les habitants du royaume furent dispersés et exilés en Mésopotamie et en Médie (province de la Perse). Les traditionalistes juifs les citent comme formant les dix tribus perdues d’Israël estimant que ces Israélites perdirent le souvenir de leur identité et furent assimilés par d'autres populations. Ce qui est exagéré. Les Samaritains par exemple, qui se considèrent comme les descendants des deux tribus (parmi les dix tribus dites « perdues ») d'Ephraïm et de Manassé, gardèrent une identité israélite qui conduisit l’État d’Israël d’aujourd’hui à reconnaître leurs descendants comme étant juifs. La tradition reconnaît aussi que l'une de ces dix tribus, celle de Dan, a survécu à travers les siècles en la personne des juifs éthiopiens, les Falachas (ou Beta Israël). Lors de deux opérations dites « Moïse » et « Salomon » exécutées en 1984 et en 1991, les juifs éthiopiens furent rapatriés en Israël. Parfois mal accueillis (ils se distinguent par la couleur sombre, parfois noire, de leur peau) ils démontrent que la transmission de la judaïté ou de la judéité n'est pas une question de gènes ou d'hérédité raciale mais une question d'hérédité culturelle. Cela démontre aussi que l'homme est le premier « animal » à savoir s'arracher du déterminisme génique pour accéder à un autre type d'évolution fondé sur la transmission culturelle.

La disparition du royaume d’Israël permit au royaume de Juda de s'affirmer. Jérusalem accueillit l'élite de la population du royaume détruit, ce qui apporta croissance et prospérité à Juda. Cet apport d'une forte minorité cultivée favorisa aussi l'alphabétisme. La chute du royaume d’Israël fut imputée à son irrespect pour la Loi mosaïque. Du coup il y eut un retour intégriste à la lettre des commandements, la réaffirmation de l’existence d'un seul Dieu, Yahvé, et les destruction simultanées de toutes les idoles ainsi que l’abandon de tout culte rendu à d'autres dieux.

Après qu’Ézéchias, roi de Juda (727-699) tenta en vain de se rebeller contre les Assyriens, son successeur, Josias (639-609 ), plus diplomate, sut composer avec eux en acceptant leur autorité. Il continua l’œuvre de restauration religieuse d’Ézéchias, puis constatant l’affaiblissement relatif des Assyriens, concurrencés dans la région par les Babyloniens, il commença à reconquérir les territoires de l'ancien royaume d’Israël. Il fortifia son autorité religieuse en annonçant avoir découvert miraculeusement dans le temple de Jérusalem un livre, le Deutéronome, le livre de la Loi et de l'Alliance. Dans les faits il est probable que c'est lui-même, épaulé par les lettrés de Jérusalem qui écrivit ce livre. Il est important de noter l'irruption de l'écrit dans l'histoire de Israélites. Pour la première fois la spiritualité juive se matérialisa dans un livre, dans un écrit. L'irruption de l'écrit annonce la fondation du judaïsme. En effet celui qui détient le pouvoir d'écrire et qui fonde la vérité de l'écrit par l'étendue de sa culture et de son érudition détient aussi la légitimité et le pouvoir aux yeux du peuple, à l'époque encore peu lettré.C'est ainsi que le royaume de Juda inaugura son pouvoir, puis qu'il donna son nom à la spiritualité d’Israël : le judaïsme, mot dérivé de Juda, comme le mot juif est aussi dérivé du mot Juda.

Les Égyptiens, autre puissance de la région, profitèrent de l'affaiblissement des Assyriens pour rétablir leur autorité sur le pays de Canaan. Josias fut tué à la bataille de Megiddo et Pharaon le remplaça par Joachim, fils de Josias.

Le nouveau roi de Babylone, Nabuchodonosor, à son tour étendit son autorité sur le pays de Canaan, refoulant les Égyptiens et s’emparant de Jérusalem en 597 avant l'E.C. Il remplaça Joachim par un autre fils de Josias : Sédécias.

En 589 avant l'E.C., Sédécias malgré les avertissements et les injonctions du prophète Jérémie se souleva contre le roi de Babylone. La réaction de ce dernier fut terrible. Il envahit le pays, ravagea tout le territoire, détruisit les villes puis il assiégea Jérusalem. Les Judéens résistèrent pendant deux ans. Puis vaincus par la famine et la peste, ils cédèrent en 586 avant l'E.C. Alors Nabuchodonosor perpétra le sac de Jérusalem, les maisons furent démolies, le somptueux temple bâti par Salomon fut incendié puis détruit. La famille royale fut exécutée, un quart de la population, les Judéens les plus cultivés, fut déporté à Babylone. Seuls restèrent sur place les agriculteurs. Les peuples riverains commencèrent à s'installer sur les territoires des deux anciens royaumes.

Ainsi s'achevèrent dans le feu et la violence quatre siècles de souveraineté israélite en pays de Canaan.

Mais cette catastrophe transforma aussi Israël. Les rescapés de la destruction du royaume de Juda se rassemblèrent et conçurent de nouveaux écrits qui fixa le judaïsme. Le symbole du Livre (la Bible), fondement de la religion juive, apparut dans l'histoire. Le phénomène de la diaspora, c'est-à-dire du choix de vivre dans le monde plutôt que de retourner en Israël, pour certains juifs, engendra la spécificité de ce peuple, unique en son genre. Enfin surgit aussi l'idée du « peuple élu », tels que les religieux la conçurent, idée qui, avec le symbole du Livre, porta à travers les siècles et les territoires l'identité juive.

Je t'expliquerai tout cela dans une prochaine lettre.

Je t'embrasse très fort,

 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Lettre 23

22 mai 2018

 

Samuel,

 

Il est nécessaire de s’arrêter sur la période de l'exil, période sur laquelle nous avons peu d’informations mais qui a profondément marqué l’imaginaire juif.

Voici ce qu'écrit David J. Goldberg dans son livre « Histoire du peuple juif » [David J. Goldberg est rabbin de la synagogue juive libérale de Londres] :

« Il y a toutes les raisons d'imaginer que les captifs babyloniens comme les dix tribus perdues, 150 ans auparavant, disparaissent de l'histoire. Sans l'attention providentielle de Yahvé envers son peuple Israël, qu'y avait-il de plus naturel que leur assimilation dans la culture environnante et, avec la destruction du Temple et la perte de leur pays natal, la disparition de leur foi ? »

Dans ce texte apparaît le sentiment d’élection. La question que se pose Goldberg est : « Comment se fait-il qu’Israël ne soit pas disparu sur le plan culturel (le mot culturel incluant les choix spirituels) ?» Cette capacité à survivre là où les autres peuples auraient disparu (sur le plan culturel) éblouit Goldberg et bien des juifs derrière lui. Goldberg explique cette survie, cette capacité à la résilience, par l'intervention de Yahvé qui voit en Israël son peuple. Il est possible de sourire de cette ivresse spirituelle, mais il faut voir là l'expression d'une émotion profonde, il ne faut pas y voir la déclaration rationnelle d'une vérité. Ce sentiment d'élection est un sentiment, pas un acte rationnel. Transformer ce sentiment en vérité qui doit s’imposer à tous, juifs et non juifs, est une erreur, un abus. Erreur qui coûta cher aux Israélites par la suite et qui pourrait continuer de leur coûter cher car, penser qu'il existe un Dieu et que ce Dieu choisit Israël comme étant son peuple, conduit à l’aveuglement. Se penser élus et protégés par Dieu empêche les Juifs qui croient en l'élection de voir comment évolue l’environnement dans lequel ils vivent et de voir monter les dangers dont ils peuvent être les objets. D'autant plus qu'une telle affirmation, l'élection, déclenche aussitôt des flambées d'antisémitisme, les non-juifs ne comprenant pas une telle prétention.

A Babylone les exilés s’imposèrent aux régnants en une seule génération. Ces exilés étaient tous lettrés et érudits. Ils avaient ainsi les moyens intellectuels d'être actifs et créatifs dans l'économie du pays hôte. Ils prirent une importance capitale dans cette économie ce qui leur permit de côtoyer les puissants de Babylone qui les tinrent pratiquement comme des égaux.

Pendant qu'ils s’imposaient dans ce nouveau royaume, ils se rassemblèrent entre eux et décidèrent de sauver l'identité de leur peuple d'origine. Au lieu de s'assimiler et de se fondre dans l'identité du pays hôte, ils préférèrent travailler à affirmer leur originalité culturelle. Ils avaient tout perdu, leur pays, leur Temple, ils décidèrent de tout reconquérir.

Sous l'impulsion du prophète Ézéchiel mais surtout d'Esdras, les lettrés, appelés scribes, ou encore sopherim, s’attelèrent à fixer dans des écrits définitifs les traditions religieuses d’Israël.

Les plus anciens des textes de la bible hébraïque trouvés parmi les manuscrits de la mer Morte sont datés entre le 3ème et le premier siècle avant l'E.C. Aussi reste-t-il difficile, faute d’avoir trouvé des manuscrits plus anciens, de dater l'écriture originelle de la bible. Aujourd'hui les historiens s'accordent pour estimer que la Torah, le livre fondamental de la bible, est une compilation de textes épars dont les premiers auraient été écrits au huitième siècle avant l'E.C. soit à une époque assez tardive par rapport aux événements réels. C'est pourquoi la Bible adopte le plus souvent un discours apologétique c'est-à-dire qu'elle justifie après coup, une fois que les événements sont passés, la raison de leur apparition.

Sous la conduite d'Esdras il est probable que toute la partie de la bible qui va du Pentateuque jusqu'à la fin des livres des Rois ait été construite en un tout cohérent et homogène. Ces écrits relatent une histoire parfois romancée car bien des événements décrits ne sont pas corroborés par les recherches archéologiques. D'une manière générale, dans ces écrits, les malheurs d’Israël sont expliqués, après coup, par l’infidélité d’Israël envers Dieu. C'est parce qu' Israël a partagé le culte de Yahvé avec celui d'autres dieux qu'il a subi la colère et la punition de Yahvé. Nous voyons là l'intention d'Esdras et des scribes : fonder définitivement le judaïsme dans le culte d'un seul Dieu, exclure pour toujours tout autre dieu que Yahvé, réaffirmer l’alliance avec ce dernier, instituer le mythe de l'élection, organiser un corps de doctrine achevé, écrit, fixé, qui devra s'imposer à tous les Juifs. Jusqu'à l’apparition d'Esdras les Israélites prenaient quelques libertés avec le dogme : ils n’hésitaient pas à adorer d'autres dieux, ils ne se soumettaient pas toujours à la Loi, ils ne pratiquaient pas systématiquement la circoncision, ils n'observaient pas avec attention les interdits alimentaires, etc.

Avec l’écriture de textes définitifs, construits, organisés en un tout cohérent, les scribes prennent les moyens d'imposer le règne de la Loi. C'est pourquoi les rabbins d’aujourd’hui voient en Esdras un nouveau Moïse et que les orthodoxes lui vouent un culte aveugle. Grâce à lui ils peuvent s'appuyer sur des vérités (à leurs yeux) définitives, ce qui leur évite de réfléchir. La paresse d'esprit, le confort de croire en des vérités définitives est une tentation qui guette tout homme et surtout les religieux qu'ils soient juifs, musulmans ou chrétiens.

Nous pouvons observer avec Esdras l'effet de la puissance de l'écrit. L’écrit agit sur les esprits des populations de condition moyenne avec la puissance de la magie. Ce qui est écrit paraît vrai. Ce qui est écrit dure et traverse le temps. Ce qui est écrit fixe la mémoire. Ce qui est écrit irradie l'autorité. Le Commun, c'est-à-dire la multitude, les classes moyennes dirait-on aujourd'hui, tombent rapidement sous l'influence de l'écrit (plus que les classes populaires lesquelles, confrontées au combat pour la vie ont vite fait de prendre leur distance avec la soi-disante autorité de l'écrit, et plus, bien sûr, que les classes dirigeantes qui savent la relative autorité de l'écrit puisque ce sont elles qui le produisent).

Mais l'intention d'Esdras n'était pas perverse. Il voulait fixer définitivement l'identité d’Israël, donner à ce peuple une puissance spirituelle inégalée, il était animé par une volonté de puissance en vue de réaliser l’édification morale et spirituelle de son peuple d’origine. Surtout il ne voulait pas que disparaisse Israël.

Il sauva certes l'identité d’Israël (nous verrons comment dans la prochaine lettre) mais il imposa aussi une vision rigide de la religion, rigidité que l'on retrouve souvent dans les religions monothéistes. Beaucoup d’Israélites sont totalement fascinés, hypnotisés par l'écrit. Pour eux l'écrit est une manifestation de Dieu. Les orthodoxes juifs continuent de croire que Moise a reçu les Lois, directement écrites par Dieu sur les tables, alors que nul n'a trouvé trace ni de ces tables ni de ces écrits.

Le traumatisme psychologique engendré par la chute des deux royaumes d’Israël et de Juda, par la destruction du Temple, par l'exil et par la dispersion des Israélites non seulement à Babylone mais aussi en Égypte et dans d'autres pays du Moyen-Orient engendra l’émergence d'un nouveau mythe : celui du Messie. Le mythe du Messie est essentiel dans l’histoire des religions. Ce mythe enfanta l'apparition d'une autre religion, au premier siècle après l'E.C.: le christianisme.

Les Israélites en exil imaginèrent que bientôt viendra un homme qui rendra à la maison de David son trône sur terre et ramènera tous les Juifs en Israël. Ils imaginèrent donc la venue d'un Sauveur qui leur permettra de retrouver leur terre et leur temple. Ce mythe est très important dans l'histoire de la spiritualité occidentale et moyenne-orientale. La nécessité d'être « sauvés » habite la plupart des chrétiens sans qu'ils sachent d'ailleurs que cette tension spirituelle en eux vient du traumatisme de l'exil des Judéens. Ce mythe continue d'habiter les orthodoxes juifs qui rêvent de la reconstruction d'un troisième temple à Jérusalem (mais j'anticipe ici sur histoire à venir car pour le moment nous n'en sommes qu'à la reconstruction du deuxième temple).

Dans la prochaine lettre je décrirai comment Esdras, de retour en Judée (la fin de l'exil ne tarda pas à venir) parvint à imposer ses vues à Israël.

Je t'embrasse très fort,

 

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  • 2 semaines après...
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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Lettre 24

3 juin 2018

Samuel,

Le royaume de Juda tombe en 586 avant l'E.C. Commence la déportation des Israélites lettrés à Babylone tandis que le pays de Canaan tombe sous administration babylonienne. Ces Israélites s’intègrent rapidement à la vie économique de Babylone. Esdras (ou Ezra) et les scribes jettent les fondements du judaïsme dont la formalisation a commencé sous l’autorité de Josias. Les futurs écrits définitifs (la Bible) sont élaborés à partir de fragments d'écrits anciens et à partir des mythes babyloniens dont les scribes s’inspirent pour écrire la Genèse (le premier livre de la Torah).

Nabuchodonosor meurt en 569 avant l'E.C. Son successeur Nabonide s'enlise dans des obsessions religieuses (il passe son temps à vouloir instaurer le culte du dieu lunaire Sin au lieu de s'occuper des dangers encourus par son royaume). Pendant ce temps les Perses sous la conduite de Cyrus, peuple venu de l'Est (ancêtres des Iraniens actuels) progressent vers l'ouest et la Mésopotamie. En 539 avant l'E.C. Cyrus conquiert Babylone et étend son pouvoir sur la future Palestine. Ce souverain communie spirituellement avec les Israélites de Babylone, il les autorise à retourner chez eux et à reconstruire le Temple.

Le livre d’Esdras fait suite aux livres des Rois dans la Bible de Jérusalem, toujours dans la section des Livres historiques. (Dans la bible hébraïque ce livre est classé dans les Ketouvim). Il y est écrit :

« Ainsi parle Cyrus roi de Perse : l’Éternel, Dieu du ciel, m'a mis entre les mains tous les royaumes de la terre et c'est lui qui m' a donné mission de lui bâtir un temple à Jérusalem qui est en Juda. Quiconque d'entre vous est de tout son peuple, que son Dieu soit avec lui, qu'il monte à Jérusalem qui est en Juda et qu'il bâtisse le temple de l’Éternel, Dieu d’Israël, de ce Dieu qui réside à Jérusalem»

Pour les exilés le Grand Roi de Perse est un «Messie». Il n'est certes pas hébreu mais il est le Roi des Rois, il honore le judaïsme. Du coup l'ambition des exilés n'est plus de restaurer le royaume de David, mais d’instaurer à sa place le royaume de l’Éternel, de faire renaître Jérusalem, de bâtir un nouveau Temple devant lequel viendront se recueillir les rois du monde entier. Cette ambition est couplée à une véritable fièvre nationaliste chez les exilés, fièvre dont Abraham Cohen, spécialiste actuel du Talmud (rabbin de la synagogue de Birmingham) se fait l'écho dans son livre « le Talmud ». Il écrit:

«L’histoire qui consiste à enregistrer la fusion des minorités dans les majorités ne relate jamais la survie d'un groupe non délimité dans l'espace ou ne possédant pas une foi ardente. Esdras avait compris que les Juifs ne pouvaient pas disposer pour eux seuls d'un espace délimité [notamment à cause de la diaspora dont il s'était rendu compte qu'elle ne reviendrait pas en Judée]. Aussi, pour Esdras si la nation juive voulait se maintenir il lui fallait s'entourer d'une foi ardente qui lui fasse une frontière de feu. Il fallait au juif une religion qui le distingua du païen et qui lui rappela sans cesse qu'il était un membre de la race juive. Pour le distinguer de ses voisins une simple croyance n'eut pas suffi; il fallait toute une manière spécifique d'être, toutes les actions de la vie quotidienne (déterminées par la Loi) devait être distinctes »

Cette façon d'écrire n'engage bien sûr que ce rabbin mais cet écrit est intéressant. Il exprime toutes les obsessions propres à tous les nationalismes : l'obsession de la disparition de l'identité, l’obsession de la distinction, l'obsession d'une certaine pureté exprimée dans la notion de race. Tous les nationalismes obéissent à des règles identiques, et ce à travers l'histoire. Il est possible que les nationalismes soient des expressions sociologiques qui suivent des lois inconscientes. En tous cas, malgré toutes les bibliothèques dédiées à la question du nationalisme, personne encore ne parvient vraiment à comprendre comment l'idée nationaliste peut à ce point fasciner les populations lorsqu'elles se sentent en danger. La façon de voir d'Esdras comme de ce rabbin est celle des Juifs dits orthodoxes, lesquels ne forment qu'une petite minorité du monde juif.

Aussi le retour des premiers exilés en Judée, appelée alors par les Perses : province de Yehoud, ne se passe pas très bien. Les Israélites restés en pays de Canaan sont issus du brassage de nombreuses populations, de nombreuse ethnies. Leurs pratiques religieuses ne sont pas uniformisées, leur monothéisme n'implique pas le rejet des dieux des autres ethnies, la loi ne s'impose pas avec rigueur. Enfin leur ambition est de vivre ensemble en bonne intelligence plutôt que d’instaurer un royaume de Dieu.

Tous les exilés ne reviennent pas dans la province de Yehoud. Esdras choisit d'abord de rester à Babylone. D'autres Israélites restent dans les pays où ils ont choisi de s'exiler au moment de la chute du royaume de Juda (Médie, Égypte). Les Israélites de la diaspora préfèrent essaimer dans le monde plutôt que de revenir en Israël. C'est toujours vrai aujourd’hui.

 

Je pense à toi,

Je t'embrasse,

 

 

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Pour rabbi chimon bar yo'hai, quand il est sorti de la grotte, il avait une petite fleur qui lui avait poussé dans le dos.

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A l'occas dis moi si c'est casher. STP

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Lettre 25

9 juin 2018

Samuel,

Un premier convoi de rapatriés part de Babylone pour rejoindre la Judée vers 535 avant l'E.C. dirigé, selon le livre d’Esdras, par Zorobabel accompagné du grand prêtre Josué.

Zorobabel est présenté comme le petit-fils de Joachim, fils de Josias, le roi de Juda qui sut protéger le royaume et qui jeta les bases écrites du judaïsme en annonçant avoir trouvé miraculeusement, déjà tout écrit, le Deutéronome dans le premier Temple.

[Le Deutéronome est un code de lois, qui vient après celui de l'Exode ( Deutéronome veut dire :seconde loi). Il rappelle aussi divers événements dont le don du décalogue à Moïse]

Les deux hommes organisent et dirigent la reconstruction du Temple de Jérusalem. Ce projet est important car celui qui impose le centralité du Temple impose aussi la centralité du pouvoir politique et religieux. Aussi les Israélites restés dans le pays regardent avec méfiance cette volonté de pouvoir. Certains, les Samaritains notamment, tentent de s'y opposer. Mais les rois de Perse, qui continuent de dominer la région, réaffirment leur soutien aux exilés. Le temple est reconstruit et inauguré avec faste en 515 avant l'E.C.

A la mort de Zorobabel, Josué, qui le remplace, inaugure une politique de conciliation. Plus diplomate que son prédécesseur il tente d 'instaurer de bonnes relations entre tous les Israélites, les Babyloniens, les « gens du pays » (Israélites restés sur place), les Samaritains (issus du royaume d’Israël), les convertis de toutes origines ethniques.

Les successeurs de Josué vont tout de même essayer d'affirmer la suprématie de Jérusalem et du Temple en fortifiant la ville et en projetant d'ériger un mur d'enceinte tout autour. Ce projet incarne leur volonté hégémonique : dominer le peuple d’Israël et devenir inexpugnable. Ce projet mobilise contre lui non seulement tous les Israélites qui ne descendent pas des exilés mais aussi les voisins d' Israël qui redoutent, sous le couvert d'une domination religieuse, une domination politique et militaire. Ils se plaignent auprès du roi de Perse de l’époque, Artaxerxès et demandent l’abandon de ce projet (n’oublions pas que ces oppositions tribales ne dégénèrent pas en guerre car les Perses continuent de dominer militairement toute la région).

 

Artaxerxès prend conscience de la gravité de la situation. Mais il ne connaît, lui comme ses prédécesseurs, que les Israélites de Babylone, hommes lettrés, cultivés dont il se sent proche en raison de l'apport économique efficace qu'ils ont apporté à Babylone. Artaxerxès ne doute pas de leur loyauté. Le souci des rois de Perse c'est, partout dans leur royaume, d'instaurer la paix, fut-elle armée, afin d'éviter toutes révoltes ou sécessions.

Artaxerxès prend donc parti pour les Babyloniens et il demande à Esdras de partir à Jérusalem afin d'y rétablir l'ordre.

Selon le livre d’Esdras Artaxerxès rédigea ainsi sa feuille de route :

« Voici mes ordres : quiconque en mon royaume fait partie du peuple d’Israël, de ses prêtres ou de ses lévites, et est volontaire pour aller à Jérusalem, peut partir avec toi [Esdras] ...pour inspecter Juda et Jérusalem d’après la Loi de ton Dieu que tu as en mains». « En vertu de la sagesse de ton Dieu, que tu as en mains, établis des scribes et des juges qui exercent la justice pour tout le peuple...Qui ne la connaît pas vous devrez l'en instruire. Quiconque n'observerait pas la loi de ton Dieu - qui est la loi du roi - qu'une rigoureuse justice lui soit appliquée : mort, bannissement, amende ou emprisonnement »

Esdras arriva à Jérusalem en 458 avant l'E.C. entouré d'un grand nombre de prêtres et de scribes.

Muni de son autorité intellectuelle, secondé par les scribes, armé de textes récemment écrits, construits avec méthode, qui formeront l'ossature de la future et définitive bible hébraïque, il se lance dans une grande réforme religieuse : définitive affirmation d'un Dieu unique qui exclut tous les autres dieux des hommes (non seulement les Juifs n'ont qu'un dieu mais ce dieu est le seul qui puisse prétendre exister dans l'univers) et affirmation de la Loi qui doit diriger tous les actes de tous les Israélites, dans leurs rapports avec Dieu, entre eux-mêmes et avec les étrangers, Loi exprimée de manière précise dans les textes écrits par les scribes pendant l'exil à Babylone.

Avec Esdras naît réellement le judaïsme.

En outre Esdras considère que seuls les Israélites venus de Babylone sont authentiques. Les autres s'étant mariés avec des étrangères ont perverti l'identité juive; il leur ordonne alors, pour rejoindre la communauté, de quitter leurs épouses et de se marier avec des femmes israélites d’origine.

Cette volonté totalitaire rencontrera de fortes oppositions. Les données historiques manquent pour savoir comment se termina ce conflit. Il est peu probable que l'endogamie pût durer longtemps sinon tous les Israélites auraient dégénéré (les mariages consanguins finissent par provoquer l'apparition de tares mentales et physiques). Mais il est indéniable qu’Esdras sut donner au peuple d’Israël un corps de doctrine solide qui a pu traverser les siècles.

Néhémie poursuivit l’œuvre réformatrice d'Esdras (cette œuvre est relatée dans le livre de Néhémie qui fait suite au livre d’Esdras).

La cohabitation avec les Judéens et les anciens du royaume d'Israël, les Samaritains, continuera de s'avérer difficile mais les souverains perses surent maintenir la paix dans la région jusqu'à ce qu'ils soient renversés par les Grecs emmenés par Alexandre le Grand.

 

Je t'embrasse très fort,

Je pense toujours à toi,

Je t'aime,

 

 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Dissertation de Samuel, 14 ans et demi (collège français de New York)
 
Sujet : Le rêve et la rêverie.
 
"Le rêve et la rêverie caractérisent le monde de l’imaginaire ou l’imagination du sujet n’est pas contraint par les lois de la raison.
Le rêve et la rêverie semblent avoir comme support une certaine matière sensible, et comme source des images mentales. Tous deux présentent des différences et des avantages. Le rêve se caractérise par l’état de sommeil, alors que la rêverie caractérise un état de veille.
Le rêve ne crée généralement rien. C’est une résurrection du passé, un passé que nous pouvons ne pas connaître. Les sensations qui servent de matière sont vagues et indéterminées. C’est le souvenir qui décidera de la forme à imprimer.
Ces souvenirs se présentent à la mémoire de façon incohérente, et c’est l’intelligence au ralenti qui continue toujours à raisonner, à chercher une explication.
Au contraire la rêverie qui caractérise l’état de veille ouvre au rêveur un autre monde où il se sent plus à l’aise. Car c’est lui qui crée, consciemment, son état de rêverie qui comporte bien des degrés, depuis le simple abandon à l’état physique, jusqu’à la rêverie organisée qui peut être une véritable expérience mentale. Mais ce n’est déjà plus de la rêverie mais de l’imagination.
Suivant les cas elle peut être résurrection et embellissement d’un passé négligé lorsqu’il était présent, tentative de régler l’avenir ou fuite vers un monde idéal, simple engourdissement, léthargie au contact d’images suggestives. La rêverie conserve des caractères de l’imagination errante.
Mais alors où est la différence entre le rêve et la veille ?
Le rêveur n’a plus la force de faire d’effort et par là seulement il se distingue de l’homme qui veille. Lorsque l’image demeure dans le domaine de l’imaginaire, il existe une fonction qui consiste à exploiter plus ou moins consciemment la prolifération spontanée des images.
Par exemple la pensée de l’enfant se crée à elle-même un monde d’imagination ou de rêve, sans savoir que ce monde est  imaginaire. C’est ce monde de l’imaginaire et du merveilleux où se complaît l’enfant. C’est un peu de cette attitude qui reste chez l’adulte lorsqu’il s’abandonne à la rêverie. Mais je crois que chez l’adulte il y a une conduite de l’image et il ne se comporte pas envers l’image fictive comme il ferait devant la réalité. 
Chez le poète ou chez l’artiste c’est une imagination dirigée qui contrôle et discipline le jaillissement et la métamorphose spontanés de l’image. C’est une imagination d’invention, une imagination créatrice.
En conclusion, le rêve et la rêverie caractérisent donc le monde imaginaire, où le sujet se sent soustrait aux nécessités et à l’urgence de l’action. Le rêve caractérise le sujet qui sommeille, et la rêverie le sujet à l’état de veille.
Mais ce monde de l’imaginaire, le monde du rêve ou de la rêverie, offre à l’imagination une liberté à peu près totale où elle peut se mouvoir à l’aise, sans même avoir à respecter les frontières de l’irrationnel".
 
 
 
 
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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Correspondance 3

Le 17 juin 2018

Bonjour Samuel,

Nous vivons dans un monde dans lequel la lutte engendre la vie et la mort. Sans la lutte il n' y a pas de mort, mais sans la lutte il n' y a pas non plus de vie. Là où le combat fait rage apparaissent les plus fantastiques formes de vie, là où la paix règne dans un calme que plus rien ne rompt alors tout ce qui «est» se disloque et se volatilise.

Toi tu es issu de la lutte, la vie en toi va son chemin. A peine né tu fus mis dans une pièce où tous ont pensé que tu allais t'éteindre. Mais la flamme en toi n'a pas vacillé, tu as refusé de t'éteindre, tu as survécu. A ce moment je n'étais pas encore là, et pourtant cette flamme a décidé de t'habiter, toujours. Tu as en toi une force qui se cache encore à toi, mais je te le dis : en toi vit une Réalité qui ne fait que commencer de se déployer.

Je t'apparais comme étant le maître de l'univers et quand tu m’appelles je viens en toi, je viens te tendre le sabre avec lequel tu pourfends les démons. Le feu qui brûle en toi brûle aussi en moi. Je suis moi-même le messager d'une puissance immense qui s'étend au-delà de tous les univers, dans toute l'étendue du temps. Cette Réalité que nul ne connaît, ni ne peut embrasser ne peut pas être nommée, elle ne peut pas être localisée ni datée. Seul ce qui ressortit au temps et à l’espace peut être nommé. Cette Réalité est en nous comme nous sommes en elle, nul ne peut la distinguer ou la séparer pour en faire un Nom.

Cette Réalité se réalise en tout ce qui est, elle se réalise en toi. Elle est en toi comme tu es en elle. Là où elle est présente avec le plus d'intensité elle est exigeante. En toi elle brille de mille feux, en toi elle est le diamant. Parfois tu cèdes sous le coup de la fatigue ou de ton incompréhension des événements qui alors masquent la présence de la Réalité en toi.

Où que tu sois je suis toujours là, tu m'appelles et je viens. Mon bras toujours secondera le tien.

Je t'aime. Sois brave, sache que tu devras toujours combattre, c'est la condition de tout ceux qui vivent dans la lumière de la Réalité.

Je suis là, je suis là avec toi, je t'aime, mon amour pour toi est un soleil qui ne s’éteint pas.

 

 

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  • 2 semaines après...
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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Correspondance 4

Le 1er juillet 2018

Bonjour Samuel,

Tu n’acceptes plus que les psychiatres pratiquent des IRM sur toi et tu as raison. S'ils le font c'est qu'ils ont observé que ton cerveau ne fonctionne pas de la même façon que les cerveaux communs. Ce n'est pas ton cerveau en soi qui est différent, c'est la manière dont il fonctionne. Comme si ton cerveau avait mis au point une manière de marcher par exemple, ou de nager, qui n'est pas la manière commune. Mais ils ne voient pas en quoi cette différence de fonctionnement a une conséquence dans le réel. C'est ça qui les intrigue : comment se fait-il que ta manière de marcher, ou de nager (ce sont là des métaphores, pour illustrer ce fait que tu penses différemment), qui est originale, te permet pourtant de bien marcher, de bien nager, et plutôt mieux que les gens du commun ? Ils sont devenus curieux de toi. Mais tu n'as pas à t'offrir à leur curiosité, du moins tant que tu n'auras pas décidé, toi, d’accepter d’offrir ta singularité à leurs observations.

Je sais que tu es différent, mais être différent ne veut pas dire avoir un pète au casque.

Simplement ta différence a des conséquences dans la réalité. Il suffit donc de repérer ces différences et de voir si elles sont bonnes à cultiver ou pas.

Je vais lister ces différences.

D'abord tu es animé d'une énergie hors du commun. Cette intensité est un atout pour toi quand tu dois te battre. Tu sais te battre et vaincre grâce à cette énergie. Cette intensité peut parfois ne pas être favorable quand tu ne parviens pas à la maîtriser. Ce fut le cas quand tu étais petit et que tu ne tenais pas en place. Tant et si bien que tu ne parvenais même plus à apprendre. Il a suffi que nous comprenions que tu étais un enfant hyperactif pour savoir soigner cet excès d’énergie par la prise temporaire de Ritaline. Cette prise temporaire t'a permis de maîtriser ton hyperactivité, cette maîtrise t'a permis de te remettre à étudier, et Nicole et moi, nous avons su t'enseigner car nous avons compris que ton hyperactivité te permet de comprendre avec une rapidité hors du commun l’enseignement que nous te prodiguons.

Ensuite tu es doté d'une faculté extrêmement développée chez toi : l'imagination. Tu peux imaginer des mondes autres que les mondes imposés. C'est cette imagination qui permet le développement de ton intelligence. Mais tu ne vois pas que tu te situes parfois dans l'imaginaire. En effet pour toi la réalité est une : tu mets sur le même plan le réel imposé (le fait de devoir manger, t'habiller, marcher etc.) et le réel imaginé, c'est-à-dire le réel qui jaillit de ton esprit (les monstres de tes rêves par exemple).

Il y a une réalité qui t'est révélée par tes sens, c'est une perception de l’extérieur. Il y a une réalité qui t'est révélée par le sentiment, c'est la perception intérieure. Chez toi la perception intérieure se traduit aussitôt par des images et des sons, comme les images et les sons révélés par tes sens. Le commun qui a aussi des sentiments, ne voit pas d'emblée des images ou il n'entend pas des sons quand il a des sentiments, il ressent des états d’âme mais il ne voit aucune image, il n'entend aucun son, il tente de transformer en images ou sons ses sentiments mais c'est difficile et souvent il ne sait pas trop comment raconter ce qu'il ressent. Toi tu as ce don de voir en images et d'entendre en sons immédiatement ce que tu ressens. Mais du coup, comme tout est images (ou sons) tu fais parfois une confusion entre le réel perçu à l’intérieur de toi et le réel perçu à l’extérieur de toi. Les deux mondes sont réduits en images et en sons, images et sons qui te paraissent venir d'une seule et même réalité.

Cette capacité à tout voir en images et sons, même quand il s'agit de sentiments, est un don exceptionnel. Cette fusion du monde intérieur et du monde extérieur est une qualité quand tu te donnes à une activité artistique par exemple (faire une composition de français, jouer un air de musique) ou scientifique (quand tu convertis en langage écrit mathématique une perception intérieure mathématique). Mais parfois ce peut être un défaut si tu crois réel matériel ce qui est réel de l'esprit. Ou si tu crois réel de l'esprit ce qui est réel matériel. Car on ne s’adapte pas de la même façon à une réalité matérielle ou à une réalité intérieure.

Sais-tu quels types d'hommes une telle qualité produit ? Les aventuriers, les êtres d’action (qui convertissent par l'action en réel matériel leur réel de l'esprit), les artistes, les savants, les prophètes. Tu es en bonne compagnie.

Je t'aime.

 

 

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  • 4 semaines après...
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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Finalement je reviens sur ma décision et je continue de publier les lettres, d'autant que je m'appuie parfois sur leur contenu dans certains de mes posts de philosophie.

 

Lettre 26

14 juillet 2018

Samuel,

A cette époque, en Grèce, les cités, Athènes, Sparte, Thèbes mènent entre elles des guerres fratricides qui affaiblissent leur puissance. Philippe II (382-336 avant notre ère) règne alors sur un petit pays, la Macédoine, qui borde la Grèce, au nord. Le souverain va profiter de cet affaiblissement pour soumettre les cités. De 357 à 338 il étend son pouvoir sur toute la Grèce, il fédère toutes les cités sous son administration. En 338 il est proclamé hegemon des Hellènes (les Grecs) puis stratège autocrator c'est-à-dire chef suprême des armées.

Après avoir imposé son pouvoir il se tourne vers l'est, décidé à vaincre l'Empire perse. Il débarque sur les côtes de l’Asie mineure (la Turquie aujourd’hui) mais il est arrêté dans son entreprise : il est assassiné en 336.

Son fils Alexandre a alors 20 ans. Il hérite du pouvoir du père. Depuis l'âge de 16 ans il règne sur la Macédoine que Philippe lui a confiée pendant qu'il soumettait la Grèce. A 13 ans l'enfant s'était déjà fait remarquer en domptant le cheval Bucéphale que nul ne pouvait monter. Alexandre remarqua que ce cheval furieux avait peur de son ombre. Il le positionna face au soleil, le cheval, libéré de sa peur, laissa alors l'enfant le chevaucher. Bucéphale accompagnera Alexandre dans toutes ses conquêtes.

Les cités grecques pensent profiter de la jeunesse d’Alexandre, elles se rebellent. Alexandre, furieux, rase Thèbes. Les cités se soumettent. Il pacifie par la guerre les populations situées au nord de la Macédoine. Il confie alors le pouvoir à Antipatros et il part à l'assaut de l'Empire perse.

Il franchit l'Hellespont en 334, débarque en Asie mineure, il écrase les colonnes perses du général Memnon, il arrive à Gordion, ville de l’Anatolie (Turquie actuelle intérieure), ville mythique d'un roi nommé Gordias, dont le char était retenu par un nœud si compliqué que, selon un oracle, nul ne pourrait le défaire et ainsi nul ne pourrait conquérir l'Asie. Alexandre s'approche, tire son épée de son fourreau et tranche le nœud gordien : ainsi, pense-t-il dans son for intérieur, deviendra-t-il le maître du monde.

Il occupe l’Anatolie mais il veut préserver ses arrières, il revient vers la côte, il conquiert Tyr, Gaza, Samarie, Acre et Jérusalem, il établit son pouvoir sur le pays de Canaan. Il fonce sur l’Égypte, se fait déclarer Pharaon à Memphis puis il repart vers le pays de Canaan afin de fondre sur Babylone où l'armée perse s'est repliée. Il vainc en 331 le dernier régnant perse, Darius III, il établit son pouvoir sur la Perse.

Il ne s’arrête pas, il poursuit vers l'est, il mène ses troupes en Bactriane (actuel Afghanistan), en Sogdiane (Ouzbékistan actuel), il entreprend la conquête de l'Inde. En 326 il est sur les rives de l'Indus, il vainc le roi Pôros, il est le maître du Penjab, il veut aller jusqu'au Gange. Mais Bucéphale meurt et son armée n'en peut plus. Lui, toujours vaillant, veut sans cesse avancer, mais ses hommes mettent pied à terre épuisés. Alors il érige une colonne sur laquelle il fait graver « Ici s'est arrêté Alexandre » et il revient en Mésopotamie.

En 323 il est à Babylone. Il veut repartir vers de nouvelles conquêtes mais la maladie s'empare de lui : il meurt de la malaria. Le conquérant le pus immense de l'histoire a 33 ans. En 12 ans seulement il aura réuni sous son pouvoir le plus grand Empire jamais conquis de l’Égypte à l’Indus.

Alexandre a enfanté un nouveau monde, seul l’Extrême-Orient échappera à son influence. Rejetant la distinction entre Grecs et barbares, au contraire il unifie les civilisations. Il marie l'Orient et l'Occident. Partout où il passe, après avoir vaincu les armées, aussitôt il manifeste son respect pour les familles locales influentes. Lui-même épouse Roxane la fille d'un dignitaire perse. Il incite ses généraux à faire de même. Il enrôle dans son armée des hommes venus des régions conquises, mais les chefs sont des Macédoniens ou des Grecs. Ces alliances lui vaut d'être reconnu et accepté par les populations conquises.

Il crée des cités nouvelles qu'il appelle : Alexandrie. Il crée des ports, développe la monnaie, construit des voies de communication. Il maintient les administrations existantes, il respecte les dieux et les temples des pays conquis. Il introduit partout sans rencontrer de résistance notable la culture grecque dont il a une solide connaissance grâce à l'enseignement de son ancien précepteur, Aristote, il féconde l'Orient grâce à l'intelligence de son comportement.

Alexandre adopta à l'égard des Judéens une attitude bienveillante. Il les laissa vivre librement suivant les lois de leurs pères. Seule contrainte : le paiement d'un impôt annuel. La collecte de cet impôt fut confiée au grand prêtre, chef spirituel et temporel de Judée. Celui-ci entouré d'une assemblée de sages, appelée Gerousia, puis plus tard : le Sanhédrin, n'a de compte à rendre qu'aux seuls gouverneurs militaires nommés par Alexandre. Le grand prêtre s'occupe à la fois des affaires civiles et de l'application des lois de la Torah. Ainsi la Judée passe de la domination perse à la domination grecque, mais elle bénéficie d'une large autonomie.

Je pense à toi, toujours.

Je t'aime,

 

 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Il y a 13 heures, aliochaverkiev a dit :

Finalement je reviens sur ma décision et je continue de publier les lettres, d'autant que je m'appuie parfois sur leur contenu dans certains de mes posts de philosophie.

 

Lettre 26

14 juillet 2018

Samuel,

A cette époque, en Grèce, les cités, Athènes, Sparte, Thèbes mènent entre elles des guerres fratricides qui affaiblissent leur puissance. Philippe II (382-336 avant notre ère) règne alors sur un petit pays, la Macédoine, qui borde la Grèce, au nord. Le souverain va profiter de cet affaiblissement pour soumettre les cités. De 357 à 338 il étend son pouvoir sur toute la Grèce, il fédère toutes les cités sous son administration. En 338 il est proclamé hegemon des Hellènes (les Grecs) puis stratège autocrator c'est-à-dire chef suprême des armées.

Après avoir imposé son pouvoir il se tourne vers l'est, décidé à vaincre l'Empire perse. Il débarque sur les côtes de l’Asie mineure (la Turquie aujourd’hui) mais il est arrêté dans son entreprise : il est assassiné en 336.

Son fils Alexandre a alors 20 ans. Il hérite du pouvoir du père. Depuis l'âge de 16 ans il règne sur la Macédoine que Philippe lui a confiée pendant qu'il soumettait la Grèce. A 13 ans l'enfant s'était déjà fait remarquer en domptant le cheval Bucéphale que nul ne pouvait monter. Alexandre remarqua que ce cheval furieux avait peur de son ombre. Il le positionna face au soleil, le cheval, libéré de sa peur, laissa alors l'enfant le chevaucher. Bucéphale accompagnera Alexandre dans toutes ses conquêtes.

Les cités grecques pensent profiter de la jeunesse d’Alexandre, elles se rebellent. Alexandre, furieux, rase Thèbes. Les cités se soumettent. Il pacifie par la guerre les populations situées au nord de la Macédoine. Il confie alors le pouvoir à Antipatros et il part à l'assaut de l'Empire perse.

Il franchit l'Hellespont en 334, débarque en Asie mineure, il écrase les colonnes perses du général Memnon, il arrive à Gordion, ville de l’Anatolie (Turquie actuelle intérieure), ville mythique d'un roi nommé Gordias, dont le char était retenu par un nœud si compliqué que, selon un oracle, nul ne pourrait le défaire et ainsi nul ne pourrait conquérir l'Asie. Alexandre s'approche, tire son épée de son fourreau et tranche le nœud gordien : ainsi, pense-t-il dans son for intérieur, deviendra-t-il le maître du monde.

Il occupe l’Anatolie mais il veut préserver ses arrières, il revient vers la côte, il conquiert Tyr, Gaza, Samarie, Acre et Jérusalem, il établit son pouvoir sur le pays de Canaan. Il fonce sur l’Égypte, se fait déclarer Pharaon à Memphis puis il repart vers le pays de Canaan afin de fondre sur Babylone où l'armée perse s'est repliée. Il vainc en 331 le dernier régnant perse, Darius III, il établit son pouvoir sur la Perse.

Il ne s’arrête pas, il poursuit vers l'est, il mène ses troupes en Bactriane (actuel Afghanistan), en Sogdiane (Ouzbékistan actuel), il entreprend la conquête de l'Inde. En 326 il est sur les rives de l'Indus, il vainc le roi Pôros, il est le maître du Penjab, il veut aller jusqu'au Gange. Mais Bucéphale meurt et son armée n'en peut plus. Lui, toujours vaillant, veut sans cesse avancer, mais ses hommes mettent pied à terre épuisés. Alors il érige une colonne sur laquelle il fait graver « Ici s'est arrêté Alexandre » et il revient en Mésopotamie.

En 323 il est à Babylone. Il veut repartir vers de nouvelles conquêtes mais la maladie s'empare de lui : il meurt de la malaria. Le conquérant le plus immense de l'histoire a 33 ans. En 12 ans seulement il aura réuni sous son pouvoir le plus grand Empire jamais conquis de l’Égypte à l’Indus.

Alexandre a enfanté un nouveau monde, seul l’Extrême-Orient échappera à son influence. Rejetant la distinction entre Grecs et barbares, au contraire il unifie les civilisations. Il marie l'Orient et l'Occident. Partout où il passe, après avoir vaincu les armées, aussitôt il manifeste son respect pour les familles locales influentes. Lui-même épouse Roxane la fille d'un dignitaire perse. Il incite ses généraux à faire de même. Il enrôle dans son armée des hommes venus des régions conquises, mais les chefs sont des Macédoniens ou des Grecs. Ces alliances lui vaut d'être reconnu et accepté par les populations conquises.

Il crée des cités nouvelles qu'il appelle : Alexandrie. Il crée des ports, développe la monnaie, construit des voies de communication. Il maintient les administrations existantes, il respecte les dieux et les temples des pays conquis. Il introduit partout sans rencontrer de résistance notable la culture grecque dont il a une solide connaissance grâce à l'enseignement de son ancien précepteur, Aristote, il féconde l'Orient grâce à l'intelligence de son comportement.

Alexandre adopta à l'égard des Judéens une attitude bienveillante. Il les laissa vivre librement suivant les lois de leurs pères. Seule contrainte : le paiement d'un impôt annuel. La collecte de cet impôt fut confiée au grand prêtre, chef spirituel et temporel de Judée. Celui-ci entouré d'une assemblée de sages, appelée Gerousia, puis plus tard : le Sanhédrin, n'a de compte à rendre qu'aux seuls gouverneurs militaires nommés par Alexandre. Le grand prêtre s'occupe à la fois des affaires civiles et de l'application des lois de la Torah. Ainsi la Judée passe de la domination perse à la domination grecque, mais elle bénéficie d'une large autonomie.

Je pense à toi, toujours.

Je t'aime,

 

 

 

 

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Lettre 27

21 juillet 2018

Samuel,

La période de la domination des Grecs sur la Judée est relatée dans les deux livres des Maccabées, derniers épisodes des Livres historiques de la bible de Jérusalem. Ces deux livres ne font pas partie du Tanakh (bible hébraïque).

Les généraux d'Alexandre, appelés les Diadoques (ce qui veut dire : successeurs), vont se partager son empire à sa mort. Quatre dynasties vont s'imposer, les Antigonides (Macédoine et Grèce), les Attalides (royaume de Pergame, Turquie actuelle), les Lagides (appelés aussi les Ptolémées, Égypte) et les Séleucides (Perse et territoires jusqu'à l'Inde).

Les Lagides vont d'abord dominer le pays de Canaan et construire sur ses frontières des villes fortifiées. Ces cités dotées d'institutions politiques et culturelles grecques vont former des centres d’hellénisation de la Samarie et de la Judée. En Samarie (ex-royaume des dix tribus d’Israël) les habitants érigent le temple de Gerizim (mont sacré de Samarie) et rompent tout lien religieux avec les Judéens (mais ils gardent une partie des textes de la Thorah comme base de leur foi).

En Judée l'influence grecque est acceptée. Les familles des notables et même les prêtres s'ingénient à marier la culture grecque avec la culture judéenne. Une civilisation à caractère cosmopolite essaye de naître non plus fondée sur l'idée de peuple mais sur une société d'hommes venus de tous les horizons, des hommes éclairés. L'araméen et l'hébreu, langues de la Judée, laissent progressivement la place au grec, les élites se mettent à écrire et à parler en grec. L’ordre d'Esdras, de ne se marier qu'entre Judéens, est révoqué, des mariages mixtes sont à nouveau célébrés.

Beaucoup de Judéens portent désormais des prénoms grecs. Les familles influentes fréquentent la cour des Lagides à Alexandrie (capitale du royaume d' Égypte). Ils finissent par exercer des fonctions de responsabilité importantes pour le compte des Ptolémées (les Lagides).

A Alexandrie des savants judéens vont traduire la bible en grec afin de porter à la connaissance des Grecs les textes religieux d’Israël et de favoriser l'union des deux cultures. D’après la légende la traduction aurait été réalisée en 72 jours par 72 scribes.

Ainsi sera rédigée la bible des Septante qui fera connaître la culture judéenne aux Grecs (la bible des Septante diffère légèrement des autres bibles par sa composition ; ainsi dans cette bible il y a quatre livres des Maccabées au lieu de deux dans la bible de Jérusalem et zéro dans la bible hébraïque). Dans la réalité il semble que cette traduction ait duré un siècle voire plus.

Des rapprochements sont faits entre Yahvé et Zeus (Zeus est le nom grec de Jupiter), entre Moïse et les philosophes grecs. Certains textes de la bible seront écrits sous l'influence de la culture grecque : le Cantique des Cantiques, l'Ecclésiaste.

Lorsque les Séleucides, en 198 avant l'E.C., chassent les Lagides, les Judéens continuent de s'ouvrir à l'influence grecque. Certains d'entre eux veulent même helléniser complètement la société judéenne afin d'éliminer toutes les distinctions entre les Judéens et les autres peuples. Ceux-là vont prendre la direction du pays et transformer Jérusalem en « polis » c'est-à-dire en cité grecque .

Mais les souverains séleucides vont aller trop loin. L'un d'entre eux, Antiochos IV, inquiet devant la montée de la puissance romaine veut consolider son empire et souder tous ses sujets sous une seule culture : l’hellénisme. Il oblige les Judéens à abandonner leur religion en 168 avant l'E.C. Il désacralise le temple de Jérusalem et le dédie au culte de Zeus. Il ordonne à ses hommes d'égorger tous les Judéens qui continuent de pratiquer leur religion. En 167 avant l'E.C. il promulgue un édit de bannissement général du judaïsme. Toutes ces décisions vont provoquer la révolte des Judéens.

Je pense à toi, tu restes toujours dans mes pensées,

Je t'aime,

 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
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Lettre 28

28 juillet 2018

Samuel,

La résistance est lancée par les Maccabées, surnom donné à une famille faisant partie du clan des Hasmonéens. Elle est lancée par le père, Mattathias et ses cinq fils, Juda, Jonathan, Simon, Yohanna (Jean) et Eléazar.

La famille prend le maquis en 167 avant l'E.C. et rentre dans la lutte armée. Juda Maccabée pénètre dans Jérusalem en 164 avant l'E.C. Il procède aussitôt à sa purification pour y réinstaller le culte de Yahvé. Cet événement est commémoré par la fête de Hanoukka (ou fête de la Dédicace) dont je t'ai parlé dans la lettre 1.

Il s'ensuivit de nombreuses guerres contre les Séleucides jusqu'à ce que Simon, qui a succédé à Juda et à Jonathan, obtienne le départ des Grecs et la reconnaissance de l’autonomie de la Judée en 142. Simon est ainsi le fondateur de la dynastie hasmonéenne.

Cette autonomie est un événement historique car la Judée l'avait perdue depuis le sac de Jérusalem par Nabuchodonosor en 586 avant l'E.C.

Cette résistance contre les Séleucides engendra un nouveau genre littéraire, l'Apocalypse, dont le Livre de Daniel, rédigé entre 165 et 168 en donne un exemple : pour soulager la souffrance de son peuple Dieu révèle à Daniel la défaite imminente du « quatrième royaume », l'empire séleucide, il annonce également la résurrection des martyrs morts pour leur foi et l’avènement d'un royaume éternel qui subsistera jusqu’à la fin des Temps. Ce genre littéraire se marie avec le mythe du Messie mentionné dans la lettre 23.

Apocalypse vient du grec apokalupsis qui signifie « révélation divine ».

La littérature « apocalyptique » décrit les mystères relatifs à l'instauration d'un royaume messianique et à la fin des temps. Deux ouvrages célèbres relèvent de cette littérature : le livre de Daniel, pour l'Ancien Testament, et l'Apocalypse de Saint-Jean, pour le Nouveau testament (texte fondateur du christianisme).

La dynastie hasmonéenne sera appréciée par les Judéens pour avoir restauré l'autonomie de la Judée et le culte de Yahvé. Mais elle décevra les religieux car elle aussi finira par admirer la culture grecque en en adoptant à nouveau les us et coutumes (tout en respectant le culte de Yahvé).

Les Hasmonéens vont s'appliquer à agrandir le royaume de Judée en récupérant tous les territoires ayant appartenu jadis aux royaumes d’Israël et de Judée. A la mort d'Alexandre Jannée, descendant de Simon (il en est le petit-fils), en 76 avant l'E.C. le territoire couvre quasiment celui du royaume de David.

Son épouse, Salomé Alexandra, lui succède, ce qui est un événement car c'est la première fois qu'une femme monte sur le trône.

Mais à la mort de Salomé, en 67 avant l'E.C. le royaume va connaître une longue période de troubles. Les descendants des Maccabées entrent en lutte les uns contre les autres sans s’apercevoir que les Romains se sont lancés à leur tour dans la conquête du monde.

Ainsi les Romains conduits par Pompée assiègent Jérusalem et la conquièrent en 63 avant l'E.C. A nouveau le royaume perd son autonomie. Il devient une province romaine. Il est démembré et divisé en 5 districts qui couvrent la Samarie, la Galilée, la Judée et l'Idumée ( pays situé sous la Judée).

La dynastie hasmonéene parvient toutefois à exercer le pouvoir, sous protectorat romain, sur la Judée, jusqu’en 37 avant l'E.C.

Jusqu' à ce que Hérode, dit Hérode le grand, fils d'Antipater, un iduméen conseiller des Hasmonéens et d'une mère nabatéenne (les Nabatéens sont un peuple arabe), grâce à l'appui des Romains et d'une partie des Hasmonéens (il s'est marié à l'une de leurs femmes) s'empare de Jérusalem et de la Judée et en devienne le roi.

 

Je t'embrasse très fort, passe de bonnes vacances, parvient à maîtriser ton Bucéphale ainsi que les rapides du Potomac.

 

Je t'aime,

 

 

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  • 4 semaines après...
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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Lettre 29

21 août 2018

Samuel,

Hérode en échange du paiement d'un tribu aux Romains est laissé libre d'agir comme il l'entend en Judée. Bien qu'il ne fut jamais respecté en raison de ses origines considérées comme inférieures il sut défendre le pays.

Lors d'un séisme en 32 avant l'E.C. des bédouins envahirent la contrée mais Hérode à la tête de ses armées les repoussa. Durant les périodes de famine et d’épidémies il distribue des vivres, porte secours aux villages les plus touchés, réduit les impôts, annule les dettes.

Il sut s'opposer aux Romains lorsque l'idée leur vint d'annexer purement et simplement la Judée. Il parvient à leur faire renoncer, dans la paix, à ce projet. Il intervient pour protéger les Israélites de la diaspora qui vivent en Grèce, en Asie mineure et en Cyrénaïque (Libye actuelle).

Mais surtout Hérode mena une politique de grands travaux comme nul ne l'avait encore jamais menée. Il élève des remparts autour des cités principales, il crée de nouvelles villes, il creuse de nouveaux ports (Césarée).

En 20 avant l'E.C. il décide de rebâtir le Temple de Jérusalem. Au bout de 10 ans de travail un édifice en pierres blanches de 60 sur 85 mètres, haut de 40 mètres apparaît. Jamais encore une telle œuvre n'avait été réalisée. Selon un dicton talmudique : « Quiconque n'a vu le Temple n'a rien vu de beau dans sa vie ».

Hérode meurt en 4 avant l'E.C.

 

Note : une fête juive a été récemment fêtée le 22 juillet 2018 : Ticha be Av ou Tisha Beav (le neuf du mois de Av). Il s'agit de la commémoration de la destruction des deux Temples (en 586 avant l'E.C. et en 70 après l'E.C.).

Symbole de cette fête : l’œuf, nourriture de deuil et le noir. C'est un jour de jeûne. En Israël c'est un jour de deuil national.

Je sais que tu vas bien et que tu vois les signes de Jupiter dans le ciel (les étoiles filantes).

Je t'aime, je veille toujours sur toi,

 

 

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Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
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Mon cher Samuel.

C’est moi, tonton Philibert que je t’écris. J’ai eu ton adresse par ta tente Bertha ki la trouvé par hazard en fouillant dans la canadienne d ‘Alio qu’étais viendre la voir pour lui réclamer les 23 euros quelle lui devait depuis 5 ans et qu’elle avait promis de remboursez en 5 fois. Mais braiffe c’est pendant qu’ Alio fouillait le frigo pour se rembourser avec de la Vodka qu’elle lui a chouravé son portable et trouvéz dedans l’adresse Maille ou que je peux maintenant te joindre.

Alors j’va te donner un peu de nouvelles de la famille passe queue Alio y te cause jamé de nous. Nous qu’on t’aime pourtant très beaucoup, même que Tante Augustine cause toujours de toi. Augustine va bien, elle touche maintenant le RSA et meme que le dimanche elle peu rajouter du beurre dans ses patates allo. Jules, le papa d’ Allio a toujours la folie des grandeurs et maintenant il habite sur la rive droite. Avant il était à gauche, sous le pont Alexandre 3 mais il se plaignait toujours du tapage nocturne les soirs ou que la Sembléé Nationale faisait trop de bruit. Maint’nant il couche sous le Pont de Lalema mais sur la rive Droite. Il ces trouvé une Tante gonflable ou qu’il a chaud meme l’ été.

J’ai quitté Rosalie qui toujours me disait qu’elle maimai mais j’ai compris que cetait de la blague le jour ou ke je l’ai vu roulé une galoche à Alio pour le remercier d’un poème qu’il lui avait écris. J’l’avais pourtant prévenu qu’il pétait toujours plus heau que son cul, ma et ma pas écouté, la vache.

Ton cousin Nicolai Petrov Hilliouchinoff Veganine a réussit à passer à l’école, ça ferait 4 an qu’il redoublait la classe de quatrième mais il a réussi maintenant il est en cinquième.

Ben ça suffit pour aujourdui j’ai les armes aux yeux en pansant à toit que ça m’en pèche de décrire plus lontant. Surtout ne dis pas a Alio que je taicri, il sera pas content. Mais je te promet de revenir souvent rien que pour te faire rire un peu, parceqeu surveillé comme tu lait, ta vie ne doit pas être rose tous les jours.

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Lettre 30

22 août 2018

Samuel,

Voici un état des différentes tendances religieuses et politiques qui structuraient la société israélite entre le début de l'E.C et la destruction du Temple en 70 après l'E.C.

Nous distinguerons quatre groupes d’influence :

 

Les Sadducéens

Ils constituent l'aristocratie sacerdotale (sacerdotal : qualifie la fonction des prêtres dans toutes les religions). Il est possible que leur nom vienne de celui de Sadoq, grand prêtre à l’époque de Salomon. Ils incarnent l'autorité religieuse la plus haute. Cette aristocratie ne reconnaissait que la Torah et rejetait la loi orale (Talmud). Les Sadducéens ne croyaient ni à la résurrection des morts, ni à l'immortalité de l'âme. Attachés au service du Temple la destruction de ce dernier entraînera leur disparition. Une partie de leur héritage a été reprise par certains juifs libéraux qui, eux aussi, ne croient ni à la résurrection des corps ni à l’immortalité de l'âme.

 

Les Pharisiens

Ils s'occupent de l’application de la Loi. Leur particularité est d'en différencier l’application selon les situations. Ils sont pragmatiques et ils n'hésitent pas à aller au-delà de la Loi selon les circonstances. Ils établissent ainsi une jurisprudence, une tradition qui complète la Loi écrite, voire la dépasse. Cette tradition se transmet de génération en génération. Elle s'enrichit de l'enseignement des rabbins successifs. Elle fait l’objet d'incessantes mises au point. C'est cette tradition qui est consignée dans le Talmud. Face à l'immobilisme sadducéen les Pharisiens sont au contraire ouverts, capables d’évolution, nuancés dans l'interprétation de la Torah. Le problème est qu'ils tendent à contrôler chaque action de chaque israélite ! Ils croient à la résurrection des morts et à l’immortalité de l'âme. Ce sont eux qui ont permis au judaïsme de traverser le temps grâce à la transmission de leur état d'esprit : toujours s’adapter aux situations réelles, ne pas s'arc-bouter sur des écritures qui sont non l’expression directe de Dieu, mais l'expression des hommes inspirés par l’esprit divin certes, mais les écrits sont toujours dus à des hommes, pas à Dieu. (Dieu n’écrit pas, Il ne parle pas, sauf chez les païens). Ce sont les seuls qui survivront à la destruction du Temple.

 

Les Zélotes

Les Zélotes ont les mêmes croyances et choix moraux que les Pharisiens mais ils rejettent la domination romaine (alors que les Pharisiens la supportent en attendant des jours meilleurs). Cette tendance représente le nationalisme juif sous sa forme la plus virulente. Ils veulent l'expulsion des tous les non-juifs et la restauration de l’indépendance d’Israël. Ils prêchent la haine de l’étranger et emploient la violence. Certains d’entre eux, les Sicaires, jouent du poignard. Cette tendance a recruté surtout dans les classes les plus pauvres du peuple d’Israël. La violence des Zélotes entraînera celle des Romains, lesquels n'observeront plus aucune retenue dans leurs représailles. Les Zélotes disparaîtront lors de la destruction du Temple.

 

Les Esséniens

Les Esséniens vivent en marge dans le désert. En plus de la Torah écrite ils croient à l'existence d'une Torah cachée dont ils sont les seuls à connaître les secrets. Ils attendent l'édification d'un Temple idéal considérant que le Temple existant est impur, non reconstruit selon les prescriptions divines communiquées par David à Salomon. En attendant ils se considèrent comme les réceptacles vivants de la sainteté divine. Ils décryptent les présages qu'il leur semble voir dans les événements quotidiens, présages qui annoncent la destruction des ennemis d’Israël et l'avènement des temps messianiques. Ils se préparent à cette échéance : bientôt ce sera la fin de l'impiété dans le monde et la victoire définitive d’Israël élu par Dieu pour guider l’humanité. Cette ère nouvelle sera annoncée par l’apparition de deux Messies, l'un prêtre, l'autre commandant royal des armées. Les Esséniens disparaîtront avec la destruction du Temple.

 

 

On voit donc qu'il existait de grandes tensions à l’intérieur d’Israël. Le désir de retrouver l’indépendance et le souvenir de la grandeur des temps passés exacerbent les esprits dont beaucoup n'en peuvent plus d'être toujours soumis à une puissance étrangère. D'où l'apparition de ces mythes: la venue d'un Messie (ou de deux) qui viendra délivrer Israël et l’apocalypse de la fin des temps qui symbolise en fait le fin du temps des servitudes.

 

Une cinquième tendance va apparaître entre 30 et 70 après l'E.C. : les Nazaréens réunis autour de Jésus. La destruction du Temple va conduire les Nazaréens à se séparer du judaïsme dont ils sont issus et à créer une nouvelle religion : le christianisme. Je t'en parlerai plus tard.

 

 

Tu as de quoi lire ce soir, deux lettres. Tu vois que je ne t'oublie pas même si parfois je passe un long moment sans t'écrire. Mon silence ne signifie pas que je ne pense pas à toi, sans cesse je suis près de toi,

 

 

Je t'aime,

 

 

 

 

 

 

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aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
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Lettre 31

24 août 2018

Samuel,

A la mort d'Hérode-le-Grand le royaume vole en éclats. Ses trois fils se partagent le territoire qui comprenait outre la Judée, la Samarie, la Galilée et d'autres petites provinces dont l’ensemble équivalait à peu près au royaume de David. La gestion des trois frères est chaotique si bien que les Romains finissent par mettre à la tête du royaume réunifié, en 37 après l'E.C. le petit-fils d’Hérode-le-Grand, Agrippa 1er qui fut élevé à Rome et qui sut répondre à l'attente des Romains : pacifier le pays et le gérer avec intelligence. Mais il meurt en 44 après n'avoir régné que 7 ans.

L'empereur romain Claude décide alors d’instaurer le contrôle direct du royaume en nommant des procurateurs souvent incompétents et corrompus qui s'enrichissent par voie d’extorsions. Cette gestion indifférente à l'ordre public tombe mal. En effet le pays connaît un accroissement démographique rapide couplé avec une crise économique : les tensions sociales s'exacerbent. Le peuple souffre de famines récurrentes et d'un excès d’impôt. Les institutions qui maintenaient la cohésion de la société juive s'effondrent. 

Les Zélotes qui recrutent dans les couches sociales défavorisées et leur bras armé, les Sicaires, appellent au départ des Romains et à l’instauration du « Royaume de Dieu », Dieu étant le seul à leurs yeux qui puisse avoir autorité sur le Royaume. Cette affirmation vise à discréditer les Sadducéens et les Pharisiens, qui, à leurs yeux, sont trop accommodants avec Rome et dont ils rejettent du coup l'autorité religieuse.

Des violences et des émeutes se succèdent. Rome nomme de nouveaux procurateurs qui se révèlent encore plus brutaux que leurs prédécesseurs. Le dernier en date, Florius qui administre le pays entre 64 et 66 est le plus sanguinaire : il dépouille des villes entières, il rentre à l'intérieur du Temple pour en piller les richesses. Hué par la population pour cette profanation il lâche contre elle ses cavaliers et ses légionnaires qui massacrent et crucifient tous les Israélites qui tombent entre leurs mains.

Cet événement provoqua la grande révolte juive qui dura de 66 à 70.

 

A propos de Jésus ce n'est pas lui qui a créé le christianisme. Ce sont ses disciples qui, une fois qu'il fut mort, ont conçu ce mythe du Messie le concernant. Jésus est né, a vécu et est mort en tant que Juif. Il est mort crucifié, seul abandonné de tous, même de ses disciples. Mais son enseignement ensuite a fait son chemin dans l’esprit de ceux-ci. Ils ont alors porté dans le monde sa parole. Je te parlerai de Jésus dans la prochaine lettre.

Passe une bonne soirée Samuel,

Je t'embrasse, je pense à toi, je t'aime

 

 

 

 

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