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souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier


Ai ton nu dieu

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Membre, 51ans Posté(e)
Ai ton nu dieu Membre 158 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Lettre de Ferré à André Breton.

Un de vos vieux amis enfin m’a « introduit » dans une anthologie, moi le maigre chansonnier et chose curieuse nous sommes vous et moi et côte à côte les deux seuls vivants à essayer de bien nous tenir parmi et au bout de tant d’illustres cadavres. Vous ne trouvez pas qu’il y fait un peu froid ?

Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore.

Si j’en crois l’un de vos amis de la première heure et qui brinqueballe encore les insultes dont vous l’avez gratifié et ce « quand-même-on-ne-peut-pas-le-laisser-tomber » m’a affirmé que vous reviendriez à moi, les bras ouverts et la mine prodigue, car dit-il, un masochisme incurable vous pousse depuis des années à faire, défaire et refaire vos amitiés. Je n’en crois rien et vous laisse bien volontiers à vos vers libres.

Croyez que je regrette bien sincèrement de vous avoir eu à ma table.

Léo FERRE

Bonsoir,

D'abord je remercie tous les forumeurs d'avoir éclairé ma lanterne sans vous, je serai dans le brouillard.

pour la dernière partie de cet extrait , j'aimerais vous demander des souvenirs lyriques sont ils des souvenirs sentimentaux ? et comment traduisez vous l'expression autant que commodes à inventorier.

Merci pour vos aides.

 

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 071 messages
forumeuse acharnée,
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Les commodes à inventorier :

En général ce sont les meubles qu'un défunt laisse à ses héritiers donc des héritages du passé dont les notaires font inventaire avant la succession et le partage. Cela va introduire également la liste des choses qu'ils ont partagées.

Cela peut-être interprété comme les souvenirs lyriques d'une ancienne amitié  défunte;(= des moments marquants où Breton a été particulièrement disert et brillant en lui récitant e la poésie médiévale).

Ou alors le souvenir de ces anciens textes médiévaux quasiment oubliés de tous sauf de quelques spécialistes en littérature.

En tous cas, le fait qu'un ami commun ait pensé à eux deux pour les introduire dans une anthologie de la poésie française montre assez en qulle estime i tenas vers de ces hommes et qu'il considérait que ces deux auteurs ont été  deux poètes marquant du XXme siècle! Donc, leurs textes contemporains de deux auteurs bien vivants se sont retrouvés au milieu de textes d'auteurs morts, il y faisait un froid de tombeau pour eux et il l'affirme avec beaucoup d'ironie. Cela va lui servir pour faire le parallèle entre cette cohabitation  macabre et leur défunte amitié. Et montrer qu'ils sont en froid eux aussi.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 059 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Lyrique : poésie chantée par l'aède, Homère est le plus connu. C'est pour cela que pour les Grecs, les instruments musicaux supérieurs sont ceux qui laissent la bouche libre.

Inventorier : faire l'inventaire, le récolement.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 100 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, Ai ton nu dieu a dit :

Lettre de Ferré à André Breton.

 

"Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore."

 

... j'aimerais vous demander des souvenirs lyriques sont ils des souvenirs sentimentaux ? et comment traduisez vous l'expression autant que commodes à inventorier.

 

 

Ferré donne plusieurs exemples de souvenirs "lyriques" (leurs conversations, la voix de Breton, son évocation du Moyen-Age) dont il conviendrait de chercher le dénominateur commun. 

Lyrique = Plein d'enthousiasme, d'une exaltation de poète (Définition 4 du Petit Robert).

Nous pouvons donc imaginer aisément qu'un tel état exalté, lors de ces conversations interminables, portait à un comportement exubérant et au déclenchement de mille émotions où l'improvisation et la spontanéité l'emportaient sur la préparation et le calcul ("à brûle-pourpoint"). Les deux amis laissaient parler leur coeur avec feu et enthousiasme. L'état lyrique de Breton en train de parler, déclamer ou raconter se communiquait par contagion à l'état lyrique de Ferré, et vice-versa.

De tels souvenirs lyriques, exaltés et enthousiastes, sont d'autant plus faciles à remémorer et à inventorier qu'il sortent de la banalité de la vie de tous les jours.

Ferré exprime son infinie reconnaissance, sa dette envers Breton ("Je vous dois" est répété deux fois) sans doute pour bien montrer que lui, à la différence de Breton, n'a pas été frappé d'amnésie.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 071 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

J'imagine quand j'entends Lavilliers réciter des poèmes au milieu de ses spectacles le lyrisme des envolées oratoires des deux hommes.

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