Pourquoi le créateur fou est un mythe dans le monde de la musique

Souvent les grands compositeurs sont perçus comme des fous, des excentriques, voire des malades mentaux. Mais existe-t-il vraiment un lien entre créativité, génie et folie ?

Certains compositeurs entendaient des voix et des mélodies dans leur tête qu’ils retranscrivaient ensuite sur leurs partitions vierges. Schumann, Haydn, Chostakovitch... Étaient-ils fous ? Malades ? Était-ce un frein ou, au contraire, une source précieuse d’inspiration ?

Scientifiques et psychologues se sont interrogés sur les liens entre créativité et folie pour tenter de définir dans quelle mesure l’un influence l’autre. L’image du créateur fou s’est développée au fil des époques pour devenir un mythe plus qu’une réalité. Un mythe pour romancer l’histoire de la musique, mais aussi pour tenter de donner une explication rationnelle à la popularité de tels génies, ou à l’existence même de chefs-d’oeuvre.

Qu’est-ce qu’un génie ?

« Quand on parle de génie, ce n’est souvent pas assez précis », analyse Benjamin Frantz,du Lati, Laboratoire Adaptations Travail-Individu. « Le génie, c’est ce qui est inhabituel, extrême, beau », poursuit l’ingénieur. D’un point de vue scientifique, un génie est une personne capable de produire quelque chose de hautement original.

L’histoire de la musique révèle de nombreux génies parmi les compositeurs, comme Mozart, Bach, Beethoven, Chopin, Wagner, Haydn et bien d’autres. Mais ces artistes sont devenus des génies avec le temps. A leur époque, ils pouvaient être connus, voire reconnus comme des compositeurs talentueux ou des musiciens virtuoses, mais rarement considérés comme des génies.

Comment naît un chef-d'oeuvre ?

Prenons le cas Mozart. L’opinion publique lui attribue volontiers des « coups de génie ». Au fond qu’est-ce que c’est ? On imagine le compositeur, soudainement inspiré, coucher en une nuit sur le papier une symphonie. Si dans les faits cet épisode a existé, ce n’est pas véritablement un coup de génie. Car le génie n’arrive pas par miracle, il lui faut une « période d’incubation ».

Cette période correspond au processus créatif. « Il y a d’abord une idée qu’il faut laisser mûrir, c’est la période d’incubation, puis la personne qui crée laisse décanter et quand il se remet au travail, il voit plus clair et peut produire quelque chose », rapporte l’ingénieur Benjamin Frantz. Cette période de pause explique, en partie, un comportement similaire chez les compositeurs : ce besoin de se retirer du monde pour écrire.

D’où la déconstruction d’un autre mythe : la solitude des génies. « Personne n’a de bonnes idées en étant tout seul dans son coin », avance Benjamin Frantz. Les grands compositeurs ne vivaient pas tous reclus de la société. Au contraire, la plupart s’ancraient dans la société en tant que professeur, concertiste ou maître de chapelle… Et ils se retrouvaient beaucoup entre artistes, écoutaient réciproquement leurs musiques ou les musiques de leurs prédécesseurs.

Suite http://www.francemus...-musique-131711

Il y a une solide formation derrière et un environnement propice et encourageant la créativité.

Je suppose que si la famille de Mozart avait geint toute la journée"mais il nous enquiquine celui là avec sa musique"si papa ,papy, maman et soeurette n'avaient pas été eux- mêmes musiciens,si la famille n'avaient pas maîtrisé les arcanes du show biz,si les cours européennes l'avaient boudé .

Si son culte de la personnalité n'avait pas été entretenu religieusement par sa ville natale,Salbourg, que sa célébrité a enrichie et continue d'enrichir.Si plus personne ne parlait et de lui et ne jouait plus ses oeuvres.Mozart n'aurait été qu'un instrumentiste lambda.

C'est vrai que si Mozart était né aux îles Samoa, il serait devenu pêcheur et non pas pianiste.

Chez certaines tribus indiennes, le génie c'était celui qui tuait un aigle. Il pouvait porter ses plumes. Il y à des génies partout

Bon sujet en tout cas.

"Plus on est productif, plus on a de chances de composer un chef d’œuvre"....Hum....Intéressant...:smile2:

L'article est superbe ! C'est vraiment quelque chose que l'on n'évoque quasi jamais, alors que c'est essentiel ! :smile2:

Bach ou Kant avaient une vie réglée comme du papier à musique, quand Beethoven ou Nietzsche n'étaient que tourments. Quant à Mozart, on en a aujourd'hui plutôt une image de jouisseur à la limite du superficiel.

Difficile de dresser un portrait-robot... il semble surtout que "génies" "fous" et "malades" soient des appellations vues de l'extérieur que certes il est intéressant de désacraliser, mais sans pour autant céder aux sirènes psy qui voudraient trop souvent que la créativité résulte d'un manque qu'elle comblerait.

Je pense que les "génies" sont avant tout contextuels. Par exemple Bach a bénéficié de l'apparition du contrepoint en musique qui ouvrait à tout un univers musical inconnu jusqu'alors. Beethoven lui débarque à la création du piano, rien de moins ! Jimi Hendrix, dans un autre genre, s'immerge dans les tous nouveaux instruments électriques.

Alors bien sûr que ces musiques sont géniales, dans le sens d'intemporelles. Mais le génie de ces œuvres ne réside-t-il pas essentiellement par le fait que les contextes musicaux permettaient l'exploration d'un territoire pratiquement vierge, ou chaque morceau était à créer non pas ex nihilo bien sûr mais au sein d'un territoire vierge ?

Alors ce serait comme "l'effet nouveauté" qui devait violemment surgir au cœur même de l'émotion de ces artistes en train de créer qui "passerait" encore à l'écoute et anihilerait l'impression de "déjà vu" qu'on peut trouver dans d'autres œuvres réputées moins créatives...