Une affaire de ballet

Dans ce topic je propose qu'il soit question de spectacles de ballet, de compagnies de ballet, de danseurs et danseuses de ballet, que ces ballets, danseuses et danseurs se consacrent à de la danse classique ou de la danse contemporaine.

Le Prix de Lausanne 2016

Le Prix de Lausanne est le plus prestigieux concours de danse pour jeunes danseurs et danseuses au monde (il est mixte et s'adresse à des jeunes de 15 à 18 ans venant de toute la planète). Chaque année, plusieurs centaines de candidats se présentent. Ils envoient à Lausanne une vidéo de ce qu'ils savent faire et le jury en sélectionne 70 pour participer au Prix de Lausanne à proprement parler. Les candidats sélectionnés doivent préparer une variation classique et une variation contemporaine qu'ils choisissent parmi celles que leur propose Lausanne en fonction de leurs âges. A Lausanne, ils ont 4 jours de formation et de répétitions des variations qu'ils ont choisies avec un maître de ballet ou, mieux, avec le créateur de la variation lui même pour la partie contemporaine. Pour tous les candidats qui ont participé à cela, ces 4 jours au milieu de leurs camarades de toutes origines sont des formidables opportunités d'ouverture au monde ! Le 5ème jour ont lieu les sélections pour la finale : chaque candidat présente devant le jury sa variation classique, puis sa variation contemporaine. Le jury en sélectionne 20 pour la finale du lendemain.

A l'issue de la finale sont décernés 7 prix, tous très prestigieux, le premier conduisant la plupart du temps à une grande carrière internationale d'étoile. Ces prix sont assortis de bourses pour continuer ses études dans une école choisie parmi les plus grandes écoles de danse au monde, partenaires du Prix de Lausanne. En plus de ces 7 prix, il est décerné un prix du public (le public peut voter par internet à l'issue de la finale) et un prix d'interprétation contemporaine. De façon plus anecdotique, il est même décerné un prix du meilleur suisse (après tout, on est en suisse ! ) Chaque journée du Prix de Lausanne fait l'objet de diffusions en direct sur internet, ainsi que la finale, bien sûr, qui est en plus diffusée à la télévision suisse.

Cette année, le Prix de Lausanne s'est déroulé du 1er au 6 février dernier.

Le 6 février, j'étais à Lausanne, dans le public du palais de Beaulieu pour assister à la finale. :wub:

Voici quelques coups de coeurs personnels (en vidéo)

1. Il nous a bien bluffé ce petit gars samedi à Lausanne. On l'a adoré, tout simplement ! Il s'appelle Leroy Mokgatle, il a 16 ans, il est Sud Africain, il a remporté le prix du public (évidemment puisqu'on l'a adoré), et le 4ème prix du concours. Le voici successivement dans sa variation classique, "La Fille mal gardée", où on l'a applaudi d'entrée après ses bonds de cabri du début, (ce qui ne se fait pas, mais ça a été plus fort que nous. Heureusement, après on a été sage, on a récidivé pour personne), puis dans sa variation contemporaine "Solo for Diego". Cette variation est sympa mais elle se termine en "jus de boudin", la musique s'arrête et le danseur finit dans le silence, puis repart vers la coulisse en "pas de patineur". Il n'empêche, Leroy Mokgatle l'a dansée de façon flamboyante (en surclassant tous les autres danseurs qui l'avait également choisie) avec un bonheur que nous ressentions dans la salle. Oui, vraiment, ce petit gars, on l'a adoré !

2. Samedi, à Lausanne, un garçon nous est apparu comme de la graine de grand danseur classique mais également contemporain. En contemporain, il avait choisi la belle (et difficile) variation "Grinding the teeth" de Goyo Montero, à la fois technique, athlétique et expressive. Grâce à cette variation, il a gagné le prix d'interprétation contemporaine (et il a en plus emporté le 3ème prix du concours.) Il s'appelle Vincenzo Di Primo, il est italien, et le voici dans "Grinding the teeth" :

Par ailleurs, j'ai mis ci-dessous une répétition de "Grinding the teeth" avec le chorégraphe Goyo Montero, répétition qu'on a pu voir lors du 3ème livestream du prix de Lausanne. On découvre successivement le candidat Seu Kim, qui était lui aussi en finale, et Vincenzo Di Primo qui a donc emporté le prix d'interprétation contemporaine grâce à cette variation. C'est intéressant (et beau) de voir les échanges entre le chorégraphe et les danseurs.

3. Samedi, le prix de Lausanne a connu sa reine. Plusieurs jours avant la finale, sa victoire était annoncée sur le forum de danse que je lis régulièrement. Malgré son tout jeune âge (16 ans), elle a déjà tout, y ai-je lu, la technique, la grâce, l'incarnation qui font une potentielle grande danseuse étoile. Comme attendu, elle a gagné le prix de Lausanne 2016, 44ème du nom. On la voit ci-dessous dans sa variation classique de "la Bayadère" où, il est vrai, elle est lumineuse, et dans sa variation contemporaine. A ma grande déception, elle avait choisi en contemporain la variation "Bow" de Goyo Montero. Autant j'ai apprécié la variation "Grinding the teeth" que Goyo Montero avait créée pour les garçons, autant je trouve la variation "Bow" un peu plate, peu technique (enfin il me semble) et d'une faible expressivité. Il n'empêche, ici elle est interprétée avec une force d'incarnation qui lui donne de l'intérêt. Cette jeune fille qui a triomphé à Lausanne s'appelle Yu Hang et elle est Chinoise.

4.Et puis, un petit coup de coeur personnel avec le concurrent chinois Bai Dingkai âgé de 16 ans mais qui faisait... 14 ans, 12 ans, tellement il était juvénile dans ses expressions avec son visage réjoui de "Pierrot lunaire". A travers mes jumelles (j'avais pensé à prendre une paire de jumelles car je n'étais pas tout proche de la scène), je voyais son air de "lutin" et je le trouvais formidable par ce bonheur quasiment enfantin qui irradiait de sa personne. Sa variation classique était "Harlequinade", (d'après Marius Petitpa), ça lui allait comme un gant, et sa variation contemporaine, "Solo for Diego", faisait presque trop âgée pour lui mais c'était formidable quand même tellement il l'interprétait avec un bonheur juvénile. Je n'ai pas été le seul à le trouver épatant puisque le jury lui a accordé le 7ème prix du concours (et dernier prix puisqu'il y en a 7 à Lausanne).

Pour conclure, j'y retournerai avec plaisir l'année prochaine si je peux !

Et puis, les liens sur internet :

La finale complète : http://concert.arte....rix-de-lausanne

Les sélections pour la finale : http://concert.arte....rix-de-lausanne

Les livestream de la semaine :

N°1 : http://concert.arte....er-fevrier-2016

N°2 : http://concert.arte....-2-fevrier-2016

N°3 : http://concert.arte....-3-fevrier-2016

N°4 : http://concert.arte....-4-fevrier-2016

Justement , j'allais te demander si tu avais vu la journée spéciale qu'avait consacré ARTE à la danse classique, ce Noël dernier !!!

( Il n'y a qu'Arte pour proposer des bonnes journées thématiques ...et parfois RMC Découvertes !! :p )

Ah bah non, je n'ai pas vu cette émission. Il y a encore un replay visible ou c'est trop tard ?

Je ne sais pas !

Je vais regarder !

Sûrement il y aura en replay trois ou quatre épisodes sur la formation des danseurs et petits rats de l'Opéra Garnier ! C'était un bon docu ! Même ma fille métaleuse à ses heures a apprécié puisqu'elle les a regardé jusqu’au bout !!!

Tiens , j'ai trouvé un lien sur la série docu ... mais pas pour toute la journée Théma !!! Désolé !

http://www.arte.tv/guide/fr/045931-004-A/graines-d-etoiles-4-6

En fait il y a six épisodes !

ça existe en DVD sur Arte boutique

http://boutique.arte.tv/f8376-graines_etoile_serie

et sur Youtube

Merci, je vais regarder ça !

De rien !!

Bon, je n'y connais rien en danse classique ! Je dois te l'avouer !!

Mais cette journée sur Arté avait l'air très bien ... alors j'ai pensé que ce là te plairait !

Mais je pense qu'ils en feront d'autre tous les Noël !

Car je regarde le concert viennois du Nouvel An tous les ans !!!

( Musique classique) ainsi que Max Raabe et le Palast Orchester qu'ils rediffusent chaque année !

Donc ...à un moment ou un autre ils redifffuseront celle là aussi !!! :)

De rien !!

Bon, je n'y connais rien en danse classique ! Je dois te l'avouer !!

Mais cette journée sur Arté avait l'air très bien ... alors j'ai pensé que ce là te plairait !

Mais je pense qu'ils en feront d'autre tous les Noël !

Car je regarde le concert viennois du Nouvel An tous les ans !!!

( Musique classique) ainsi que Max Raabe et le Palast Orchester qu'ils rediffusent chaque année !

Donc ...à un moment ou un autre ils redifffuseront celle là aussi !!! :)

C'est probable. Arte est au top niveau art dans tous les domaines. Par exemple, c'est Arte, via son site internet, qui diffuse en France le prix de Lausanne dont j'ai parlé dans mon message précédent. Et Arte fait cela pour tant d'autres manifestations !

Je n'aime que Nijinsky.

Nijinsky bien sûr. Grand danseur et grand chorégraphe. "Le Spectre de la Rose", "L'après midi d'un Faune", "Le Sacre du printemps"... Hélas, la folie à 29 ans. :-(

Puisque Nijinsky, danseur et chorégraphe

Le ballet complet évoqué par Pila, "l'Après midi d'un Faune", une révolution chorégraphique de Nijinsky qui consacrait la naissance de la danse contemporaine et dont la première eu lieu le 29 mai 1912 au théâtre du Châtelet à Paris, avec Nijinsky dans le rôle du Faune. Gaston Calmette, le directeur du Figaro (qui sera assassiné deux ans plus tard par Madame Henriette Caillaux, épouse du ministre de l'économie et des finances de l'époque... mais c'est une autre histoire ) avait hurlé dès le lendemain dans son journal contre l'indécence pornographique du spectacle. Auguste Rodin lui avait répondu dans "Le Siècle" en proclamant le génie de Nijinsky.

"Le Spectre de la Rose" sur une chorégraphie de Michel Fokine. En 1911, "les Ballets Russes" frappaient un grand coup : Le retour au premier plan de l'homme dans la danse ; premier plan qu'il avait quitté depuis près de 80 ans avec les ballets romantiques qui consacraient le triomphe de la ballerine avec le danseur essentiellement en faire-valoir. "Le Spectre de la Rose" était un homme, de surcroît un jeune danseur prodigieux, Vaslav Nijinsky, qui allait connaitre un triomphe de Rock Star avec ce ballet, une gloire qui le rendrait immortel comme l'un des plus grands danseurs de son temps. Le saut qu'il faisait par la porte-fenêtre était, parait-il, si spectaculaire que un siècle plus tard on en parle encore. Jean Cocteau, qui était un familier des Ballets Russes, se rappelait : "Nijinsky dansait le Spectre de la Rose. Au lieu d'assister au spectacle j'allais l'attendre dans la coulisse. Là c'était vraiment très bien. Après le baiser à la jeune fille, le Spectre de la Rose s'élance par la fenêtre... et retombe parmi les aides qui lui crachent de l'eau à la figure, le bouchonne avec des serviettes-éponge, comme un boxeur. Que de grâce et de brutalité jointes ! J'entendrai toujours ce tonnerre d'applaudissements : toujours, je verrai ce jeune homme barbouillé de fard, râlant, suant, comprimant d'une main son coeur, se retenant de l'autre au décor, ou bien évanoui sur une chaise. Après, giflé, inondé, secoué, il rentrait en scène, saluait d'un sourire."

"Le Sacre du printemps", musique Stravinsky, chorégraphie Nijinsky. 29 mai 1913 (un an exactement après la première du "Faune"), première au Théâtre des Champs Elysées de Paris. La musique révolutionnaire, la chorégraphie révolutionnaire, génèrent un immense scandale dans la salle, probablement le plus grand scandale artistique du XXème siècle (ce scandale est tellement célèbre que un siècle plus tard, jour pour jour, le 29 mai 2013, le Théâtre des Champs Elysées l'a commémoré en grande pompe en redonnant "Le Sacre" de Nijinsky). Ici, le final, la danse sacrale de l'élue qui fut dansée le 29 mai 1913 dans un chahut indescriptible :