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L'Inde et le Mahabharata

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Maroudiji

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Misère Pieter Bruegel.jpgIl y a virtuellement une innombrable diversité de naissances que l’âme peut subir, positivement ou négativement, selon ses activités passées, bonnes ou mauvaises (karma). Si les âmes avaient le choix, elles n’hésiteraient pas en toute logique à se prémunir contre un corps et un environnement qui handicaperaient leur vie sur terre, elles éviteraient sans aucun doute les situations malencontreuses. Car il est doux de naître en bonne santé dans une famille riche et cultivée plutôt que pauvre et dysfonctionnelle. L’inégalité des sorts frappe aux yeux : tous les êtres ne naissent pas égaux, loin s’en faut. Certains se retrouvent avec un grand corps, d’autres avec un petit ; certains sont infirmes et frappés de laideur, alors que d’autres sont pleins d’énergie et resplendissants de beauté. Les lois et la générosité des hommes peuvent certes atténuer ces différences mais elles ne les suppriment pas. En revanche, contrairement à ce que les humanistes s’imaginent, notamment les Occidentaux*, et particulièrement les traditions issues du judaïsme, les âmes, elles, sont égales, comme nous l’avons vu dans le second chapitre. Que ce soit celle d’un éléphant, d’une fourmi, d’un arbre, d’une femme ou d’un homme, fut-il un yogi, l’âme reste toujours une âme, pure et éternelle, égale à elle-même. Jamais elle ne peut être diminuée, seuls les corps qu’elle emprunte la limitent, mais ils ne l’affectent pas. L’âme est spirituelle, par définition. Et le spirituel ne participe pas à la structure de la matière, il en est toujours détaché, même s’il en est indéniablement la vie qui la rend possible d’exister et de se mouvoir.

* Explication à venir

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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* L’âme schizophrène de François Cheng, « Pour user d’un langage imagé, je dirais qu’en toute âme humaine cohabitent ange et démon. Ils ne se contentent pas de cohabiter ; ils sont en constante interaction. » Un démon peut nuire à un corps, il peut vampiriser un esprit, mais il ne peut pas atteindre une âme. Un démon, faut-il préciser, est une entité physique subtile, de même que l’ange, d’ailleurs : tous deux ont une âme. On habite un corps, on n’habite pas une âme.


 

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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En publiant ce texte sur mon blog, lorsque je l'ai corrigé, je me suis rendu compte de l'erreur que j'ai commise en écrivant cette ligne, qui est le début du paragraphe dans le message avec la peinture de Brueghel. La correction est en rouge.

Il y a virtuellement une innombrable diversité de naissances que l’âme peut subir, positivement ou négativement, selon les activités passées dans lesquelles elle a été impliquée, bonnes ou mauvaises (karma).

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Chapitre 7

Krishna_cosmos_spirituel.jpg« Le Seigneur Bienheureux dit: Maintenant écoute, ô Arjuna. Voici de quelle manière, pleinement conscient de moi dans la pratique du yoga, ton mental à moi lié, tu me connaîtras tout entier, sans plus le moindre doute. » (Je souligne.)

Krishna s’apprête à faire de grandes révélations sur la nature de ce monde, et de l’autre. Bien écouter dans ce cas est une vertu, et non des moindres, sachant qu’en ces temps anciens la connaissance était transmise oralement. Après cette initiation, Arjuna saura toute la vérité. Rares sont les prétendants au savoir susceptibles de maintenir le mental silencieux et d’écouter attentivement, très rares : « Parmi des milliers d'hommes (manushyanam sahasresu), un seul, peut-être, recherchera la perfection. » (3)

En fait, il existe deux mondes. Il y a celui-ci, dans lequel vivent les êtres vivants, et qui le rendent possible par leur attachement et leur lutte incessante pour le dominer : la terre, l’eau, le feu, l’air, l’éther, le mental, l’intelligence et l’ego matériel en forment la matière brute et subtile ; et il y en a un autre, supérieur, régi par l’énergie personnelle de Krishna. Nulle autre réalité, précise-t-il, n’est envisageable, « tout repose sur moi, comme des perles sur un fil. » Il est l’origine et la fin de toutes choses, sans exception. Quelques exemples : il est le goût de l’eau, la lumière du soleil, la syllabe om, le son dans l’éther, le parfum des plantes, la force du fort, l’intelligence de l’intelligent, la chaleur du feu, la vie en toute ce qui vit, etc., etc.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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trois gunas bhagavad-gita.jpgPuis, Krishna revient sur ces fameux gunas qui influencent ce monde-ci : vertu, passion et ignorance, sattva, rajas et tamas. (12)  Les effets qu’ils produisent agissent sur tout ce qui existe et procèdent bien de lui, Krishna. Mais, ajoute-il du même souffle, il n’est pas touché par eux, leurs interactions ne le concernent en aucune façon. Il est nirguna, non sujet aux gunas. Par contre, les êtres vivants qui ne cherchent pas à s’émanciper de leur empire négatif les plus forts, c’est-à-dire « les sots, les méchants, les derniers des hommes (naradhamah) », ne peuvent pas comprendre sa personnalité, Cause de toutes les causes, et rejettent sa divinité suprême ; seuls acquièrent cette réalisation extrêmement rare, les mahatmas, ceux qui ne sont plus sous l’illusion provoquée par ces gunas. Cette aptitude les porte à se rapprocher de Krishna pour mieux le connaître et le servir par la dévotion. On les appelle des bhaktas, les dévots du Seigneur. Au début de leur quête, ces néophytes, gens de bien, sont de quatre ordres : l’affligé, le curieux qui se pose des questions, l’intéressé qui devine le profit à tirer de cette religion pour s’enrichir, et le sage à la recherche de la Vérité. Ce dernier est le plus sérieux. Une relation de réciprocité s’établit alors avec un tel dévot établi dans la vertu : « Car je lui suis infiniment cher comme il l’est pour moi. » (17)

Si on ne comprend pas l’importance omniprésente des trois gunas, notamment leurs influences sur le tempérament des hommes et des femmes, faire de la philosophie ou de la psychologie est une vaine tentative, sinon une farce.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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La religion, dans son sens le plus universel, le plus spirituel, ne doit pas se pratiquer dans la peur ou la contrainte. L’amour et la liberté de choisir ce qui convient à chacun assurent le développement naturel et le succès, que l’individu soit au sommet ou en bas de la pyramide sociale. En tout cas, c’est ce en quoi consiste le bhakti-yoga et ce que propose la Bhagavad-gita, le point d’orgue du Mahabharata.

Pratiquer le yoga implique une détermination personnelle et une connaissance scientifique de la méthode, matérielle et spirituelle. Déclarer que nous ne sommes pas tous pareils est un secret de polichinelle -et la clef de voute de la cohésion sociale. Nous avons déjà vu que les êtres qui viennent au monde ne sont pas tous au même niveau intellectuel ou physique. Certains ont fait plus de chemin que d’autres dans leur vie précédente. Aussi, dans celle-ci, d’aucuns se donnent corps et âme, peu importe leur karma, pour se sortir de cette pesanteur que leur imposent les gunas, et se dédier à Dieu.

« Ô Arjuna, tous les êtres naissent dans l'illusion, ballottés par les dualités du désir et de l'aversion. (27)

adoration_védique_dieux.jpg

À lire la Bhagavad-gita, on comprend que l’univers n’est pas vide mais contrôlé par des dieux, eux-mêmes subordonnés à l’Être suprême, en l’occurrence à Krishna. Ils sont désignés sous le nom de dévas. Krishna explique à ce propos que : « Ceux dont le mental est déformé par les désirs matériels se vouent aux dévas; ils suivent, chacun selon leur nature, les divers rites propres à leur culte. » (20) Ce faisant, ils obtiennent par leurs prières et leur dévouement des gains matériels, et non spirituels. Toute une panoplie de rituels est proposée à cet effet pour chaque étape de la vie. De tels adorateurs approchent ces dieux pour avoir de beaux enfants, une bonne santé ou réussir une épreuve quelconque. Chaque dieu a sa spécificité. Krishna par exemple ne mange pas de viande, et le sang étant considéré impur, il ne peut que contaminer le rituel et le lieu. Donc, celui qui désire absolument manger de la chair animale, pour une raison ou une autre, devra offrir la bête en sacrifice à un dieu ou à une déesse appropriés, le plus souvent Durga. Mais tout cela demeure sous la juridiction de Krishna, qui se trouve dans le cœur de chaque être : « En réalité, ces bienfaits viennent de moi seul. C’est moi qui affermis sa foi et lui permets ainsi de se vouer au déva qu'il a choisi. »

« Les hommes à l'intelligence brève rendent un culte aux dévas; éphémères et limités sont les fruits de leur adoration. Qui se voue aux dévas atteint leurs planètes, quand mes dévots atteignent ma planète, la suprême. »

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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citation-mieux-vaut-ne-pas-etre-differen

Abuddhayah est le mot sanskrit qui décrit ces "hommes à l’intelligence brève". Aveuglés par leurs désirs et leurs croyances, ils ne peuvent apprécier à leur juste valeur les qualités toutes spirituelles de Krishna ou entendre ses paroles telles qu’énoncées dans la Bhagavad-gita. Ils s’imaginent qu’il a un corps ordinaire et que ses activités sont du même ordre. Toutefois, Krishna ne les obligera pas à se tourner vers lui, à choisir sa voie. Au contraire, par sa yoga-maya, son énergie personnelle et magique, il voilera à ces sots (mudhah) sa toute puissance. Krishna est aussi appelé Maître-yogi, celui qui possède tous les pouvoirs à la perfection. « Parce que je suis Dieu, la Personne suprême, ô Arjuna, je sais tout du passé, du présent et de l'avenir. Je connais aussi tous les êtres; mais moi, nul ne me connaît. » (26) Sauf, bien évidemment, ses dévots, ceux qui ont atteint le niveau du brahman et à qui il se révèle.

Il reprend à nouveau la dialectique qu’il avait débuté au quatrième chapitre, lorsqu’Arjuna lui demandait : « Vivasvan, le déva du soleil, parut bien avant toi ; comment comprendre qu'à l'origine, tu aies pu lui donner cette science ? » Et Krishna de répondre que c’est le lot de la tragédie humaine : « Bien que nous ayons tous deux traversé d'innombrables existences, je me souviens de toutes, quand toi, tu les as oubliées. » À ce point de la discussion,  en prolongement à ce développement essentiel concernant la méthode pour l’atteindre, sans plus le moindre doute, et particulièrement en regard à ses fidèles, il clôt ce septième chapitre ainsi : « Mais ceux qui se sont évertués à s’affranchir des aléas de l’existence, de la vieillesse et de la mort, qui ne désirent plus revenir en ce monde, et qui me connaissent comme le Seigneur suprême, principe même de la manifestation matérielle, source des dévas et maître de tout sacrifice, peuvent, le mental fixe, même à l'instant de mourir, me saisir et me connaître tout entier (akhilam).»

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  • 3 semaines après...
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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Chapitre 8

Arjuna ouvre ce chapitre par une succession de questions sur la nature du brahman, de l’atma, du karma, de la manifestation matérielle, des dévas, etc. Il semble, au premier abord, que le doute l’ait quitté, car il ne s’adresse plus à son cher ami par le nom auquel il est habitué, c’est-à-dire Krishna ou d’autres aussi familiers tels que Janardhana, Keshava ou Govinda*, mais par celui de purusottama, qui signifie Dieu, la Personne suprême, ce qui est fort différent : on ne doute pas quand Dieu lui-même vous instruit.

Poser la question sur ce qu’est le brahman, entité indifférenciée, abstraite et transcendantale, alors que celui-ci est décrit par tous les anciens écrits sacrés comme l’aboutissement des diverses voies spirituelles, tout en s’adressant à Krishna en tant que Personne suprême, possédant une forme, de surcroît, est un tournant crucial à ce stade de l’évolution de la tradition védique, -c’est un événement. La Bhagavad-gita annonce une nouvelle dynamique spirituelle qui se distingue par une relation personnelle entre l’âme infinitésimale et l’Âme suprême et dont l’échange intime se caractérise par le service pragmatique et l’amour. On appelle cette forme de yoga la bhakti. La relation n’est possible qu’entre deux personnes éternelles, deux âmes immortelles et distinctes l’une de l’autre, lesquelles se font entièrement confiance.

* Il est connu pour posséder 1000 noms fameux, sahashra nama, que l’on récite dans les temples durant des cérémonies religieuses.

 

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Il est tout de même intriguant qu’Arjuna pose de telles questions, sur le Brahman par exemple, avec un B majuscule. Tous les gens instruits de son époque devaient savoir, depuis leur plus jeune âge, en quoi cela consiste. Arjuna a grandi dans un milieu royal et Krishna était son cousin et son ami. La mise en scène qui se déroule ici ne serait-elle prétexte qu’à pondre la Bhagavad-gita, qui deviendra le livre des livres en matière d’éducation spirituelle ? Car, il faut bien l’avouer, douter à ce point, alors que Krishna est son ami intime, laisse songeur, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais peut-il en être autrement quand tous deux se conduisent en êtres ordinaires, assujettis aux codes moraux de leur époque ? C’est là que réside la grande énigme concernant la personnalité de Krishna, très différente des avatars précédents. Nous l’avons dit : la Bhagavad-gita est un tournant majeur de l’évolution spirituelle hindoue. Si l’on ne comprend pas cet événement, on ne comprend pas grand-chose à la spiritualité védique et à son développement.

Dans le verset suivant, Arjuna interpelle Krishna en l’appelant Madhusudana, celui qui a tué le démon Madhu. Les commentateurs de la Bhagavad-gita, notamment Bhaktivedanta Swami Prabhupada auquel j’emprunte sa traduction pour la plupart des versets, ont souligné cette singularité : « De tels doutes sont semblables à des monstres malfaisants; c'est pourquoi, en cette occasion, Arjuna fait appel à Madhusudana, Krishna, vainqueur du monstre Madhu, afin qu'il tue tous ces doutes démoniaques, Lui, si habile à exterminer les êtres maléfiques. »

Des doutes peuvent surgir inopinément, la vie est ainsi faite que nous avons toujours des choix à prendre capables de bousculer nos habitudes, mais la connaissance et l’action juste aident à les surmonter aisément ; Krishna dixit.

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Il faut dire deux mots sur ces deux états que sont le brahman et le Brahman avec majuscule, une notion qui mène à beaucoup de confusion. Dans le premier cas, toute âme est brahman ; brahman et atman sont quasiment synonymes. Théoriquement, puisque la vie est brahman et qu’elle est partout, tout est brahman. Brahman, avec une majuscule, est l’état suprême d’éternité, sans l’influence de l’énergie matérielle, que les âmes atteignent après s’être extirpées de leur condition karmique. Krishna dira dans le 14e chapitre brahmano hi pratistaham (27) : « Car c’est moi, le fondement du Brahman. »

Yoga et méditation, pratiqués sérieusement, permettent de réaliser que toute la manifestation cosmique, et les êtres qui la peuplent, tels les dieux sur les planètes supérieures, n’est qu’un aspect du Seigneur suprême, en l’occurrence Krishna, l’instant de la mort étant le test final : la pensée à ce moment-là doit être concentrée sur Dieu car c’est ainsi que l’on entre le monde spirituel. Un fois ce test réussi, jamais on ne revient ici-bas, ce lieu de souffrance, aussi édénique soit-il. Le cas de Brahma et de sa planète sont mentionnés. Cette dernière est la plus évoluée de l’univers et ses habitants vivent jusqu’à des âges qui leur font pratiquement oublier leur mortalité. 

bhagavad-gita_8-16.jpg

Curieusement, cet aspect de la cosmogonie de l’Inde ancienne, si riche en détails, n’est jamais mentionné par les philosophes, les scientifiques ou les religieux contemporains, ils préfèrent l’ignorer et se référer aux conceptions mythologiques des Mayas, des Grecs, des Égyptiens, des juifs ou des peuples tribaux de quelques forêts profondes. Pourtant il n’y a pas photo, l’Inde, en ce domaine, se distingue haut la main. Par exemple, les versets suivants donnent brièvement ces détails qui sont expliqués exhaustivement en maints autres endroits de la littérature védique : « Un jour de Brahma vaut mille des âges que connaissent les hommes ; et autant la nuit. 
Avec le jour de Brahma naissent toutes les variétés d’êtres ; et que vienne sa nuit, toutes sont annihilées.
Sans fin, jour après jour, renaît le jour, ô Arjuna, et chaque fois, des myriades d’êtres sont ramenés à l’existence. Sans fin, nuit après nuit, tombe la nuit, et avec elle, les êtres, dans l’anéantissement, sans qu’ils rien n’y puissent. »   

 

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Chapitre 9

nimbarka_ciatation_bhagavad-gita.jpgArjuna possède une qualité indispensable à la compréhension de cet éminent savoir tel qu’enseigné dans la Bhagavad-gita : il ne nourrit aucun ressentiment envers Dieu, en tant que Personne suprême ; Arjuna est anasuyave, dénué d’envie, de jalousie. Par conséquent, il est qualifié pour recevoir la sagesse la plus secrète, cette science royale susceptible de le délivrer de ce mal omniprésent et inhérent au monde matériel.

De plus, ce secret d’entre les secrets, raja-guhyam, cette voie qui mène à la perfection des actes et de la pensée est d’application facile et joyeuse, susukham. Mais, insiste Krishna, une telle personne doit avoir la foi, sinon son initiative consistant à atteindre à la plus haute vérité sera vouée à l’échec, mrityu-samsara-vartmani, elle restera prise dans la roue des morts et des renaissances.

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Membre, 55ans Posté(e)
Angfar Membre 253 messages
Baby Forumeur‚ 55ans‚
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je n'ai rien lu a ce que Tu a écrit Maroudiji, ce n'est pas nécessaire, Tu veux faire partager l'essence de la Vie, peine en partie perdue, cela ne dépend pas de Toi, mais Fais ce que Tu dois faire. l'étape ultime Est le Silence....

je n'y arrive toujours pas.. 

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Membre, 55ans Posté(e)
Angfar Membre 253 messages
Baby Forumeur‚ 55ans‚
Posté(e)

Mais quand même, Aldoux Huxley (Philosophia Perenis). et aussi: Krishnamurti, VIvekananda...comment ne pas les partager...pour un Jnanin...Difficile le Silence.

Cordialement

Modifié par Angfar
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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Le 2017-06-03 à 14:05, Angfar a dit :

l'étape ultime Est le Silence....

je n'y arrive toujours pas.. 

Persévére, cela te fera sûrement beaucoup de bien.

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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C’est par lui, Krishna, que ce monde et sa diversité sont possibles. La nature entière agit sous sa direction, et il en est la source. Par son ordre, elle est créée, puis anéantie, dans un cycle sans fin. Tous les êtres sont en lui, mais l’inverse n’est pas vrai : personne, aucune chose, ne peut le contenir. Et quoi que fasse Dieu, ses actes ne sauraient le lier : « À jamais détaché d’eux, j’y demeure comme neutre. » (9)

« Les sots me dénigrent lorsque sous la forme humaine
je descends en ce monde.
Ils ne savent rien de ma nature spirituelle et absolue,
ni de ma suprématie totale. »
(9-11)

Ces gens égarés chérissent des vues démoniaques et athées. Ils ne croient pas en l’âme, seul le corps est réel. Le monde, pensent-ils, leur appartient et ils n’ont aucun devoir ou sacrifice à rendre envers lui ou Dieu. Pour eux, l’Univers n’est qu’un objet, exploitable à souhait, contrairement aux croyants, aux grandes âmes, que l’on désigne par le vocable de mahatmas, et qui remercient constamment le Seigneur par leurs actes et leurs prières. (14)

Entre les athées et ces grandes âmes, il y a toute une variété de spiritualistes qui adorent le Suprême d’une manière ou d’une autre, par exemple sous sa forme universelle -le panthéisme, ou dans sa conception moniste ; là, Dieu est perçu comme l’existence unique ; en dernier ressort, ces spiritualistes s’identifient à lui : l’Âme suprême et l’âme infinitésimale ne faisant plus qu’une.

Modifié par Maroudiji
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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Krishna_art_Arjuna-gita.jpgKrishna tient donc, encore une fois, à clarifier les choses. Il dit : « Mais c'est moi qui suis le rite et le sacrifice, l'oblation aux ancêtres, l'herbe médicinale et le mantra. Je suis et le beurre, et le feu, et l'offrande.
De cet univers, je suis le père, la mère, le soutien et l'aïeul. Je suis l'objet du savoir, le purificateur et la syllabe Om. Je suis également le Rig, le Sama et le Yajus (les trois Védas).
Je suis le but, le soutien, le maître, le témoin, la demeure, le refuge et l'ami le plus cher. Je suis la création et l'annihilation, la base de toutes choses, le lieu de repos et l'éternelle semence.
Je contrôle la chaleur, la pluie et la sécheresse. Je suis l'immortalité, de même que la mort personnifiée. L'être et le non-être, tous deux sont en moi, ô Arjuna.
C'est indirectement qu'ils m'adorent, les hommes qui étudient les Védas et boivent le soma (la boisson de l’immortalité), cherchant ainsi à gagner les planètes de délices. Ils renaissent sur la planète d'Indra, où ils jouissent des plaisirs des dévas.
Quand ils ont joui de ces plaisirs célestes, quand leurs mérites se sont épuisés, ils reviennent sur cette Terre mortelle. Un bonheur fragile, tel est donc, après avoir suivi les principes des Védas, le seul fruit qu'ils récoltent. » (16 à 21)

Tous les chemins mènent à Rome, dit-on souvent, ainsi toutes les voies conduisent à Dieu, ultimement. Mais le temps est déterminant, car la frustration, la souffrance et le mal-être lui sont concomitants, sachant qu’il faut plus de temps pour parcourir certaines voies que d’autres. Et tant que l’on ne connaît pas Krishna et ses désirs, la quête s’avérera longue et difficile.

 

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Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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esprit et fantôme.jpg« Ceux qui vouent leur culte aux dévas renaîtront parmi les dévas, parmi les spectres et autres esprits ceux qui vivent dans leur culte, parmi les ancêtres les adorateurs des ancêtres; de même, c'est auprès de moi que vivront mes dévots. » (25)

Rien n’est laissé au hasard dans la cosmogonie hindoue. Les innombrables espèces qui y sont mentionnées, comme ici les spectres et autres esprits, les Pitas par exemple, qui sont les ancêtres, ou alors les gobelins et les fantômes, entre autres, aussi bizarres soient-ils, ont leur raison d’être, et leurs origines et leurs rôles sont expliqués avec force détails dans les écrits tels les Puranas. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler dans le prochain chapitre.

Dieu, en tant que père de tous les êtres, ne favorise personne, encore moins une classe, il est impartial. Peu importe la situation de l’âme conditionnée, « fut-elle de basse naissance, une femme, un paysan ou même un sudra », la Gita explique que Dieu portera cependant une attention particulière à celui ou à celle qui cherche à prendre refuge en lui, même s’il a été un grand pécheur. Il en donne la preuve on ne peut plus claire, qui s’inscrit en faux avec les rituels védiques : « Que l’on m’offre, avec amour et dévotion, bhaktya, une feuille, une fleur, un fruit, de l’eau, et cette offrande je l’accepterai. » (26)

« Que dire alors des brahmanas, des justes, des bhaktas et des saints rois, qui, en ce monde éphémère, en ce monde de souffrances, me servent avec amour et dévotion. » (33)

Et du même souffle, Krishna conclut ce chapitre sur cette exhortation : « Emplis toujours de moi ton mental, deviens mon dévot, offre-moi ton hommage et voue-moi ton adoration. Parfaitement absorbé en moi, certes tu viendras à moi. »

Modifié par Maroudiji
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  • 1 mois après...
Membre, Posté(e)
anaelle13 Membre 6 messages
Baby Forumeur‚
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Un grand merci pour un tel sujet ! moi aussi je suis passionnée de l'Inde, sa culture, ses religions, sa gastronomie, ses régions ! je lis donc avec intérêt vos posts !

bon week end 

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  • 2 semaines après...
Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Désolé pour la mise en page, je n'ai pas la latitude pour mieux faire...

C'est au sujet de mes commentaires sur la Bhagavad-gita, que vous pouvez retrouver pour la plupart sur mon blog. Merci pour votre attention.

« Le Seigneur Bienheureux dit : J'ai donné cette science impérissable, la science du yoga, à Vivasvan, le deva du soleil, et Vivasvan l'enseigna à Manu, le père de l'humanité. Et Manu l'enseigna à Iksvaku. »

Après avoir résumé ce chapitre, le quatre, je reviens au premier verset pour attirer l’attention sur le yoga et la notion de temps, tels que l’envisageaient les sages de cette lointaine période: là, le début de l’humanité se calculait en centaines de millions d’années. Et ils s’y connaissaient en calcul, ces indiens.

Leur notion change toute la vision que l’on porte sur le monde. En Europe, pendant des siècles, influencés par la Bible, nous étions convaincus que le monde était apparu il y a quelques milliers d’années seulement. Cette conception était si naïve et inculte qu’on pouvait les compter sur les doigts des deux mains.

Quoi que nous ayons parcouru beaucoup de chemin depuis, la difficulté à nous extirper de ce paradigme restrictif demeure palpable.

Le yoga n’a pas été inventé il y a 2500 ans, comme veulent nous le faire accroire les indianistes qui étudient l’Inde à partir de leur fascination pour la Grèce ou le modèle bouddhiste, sans parler de ces érudits chrétiens qui cultivent une répulsion pour le paganisme et le polythéisme. Le yoga, ne leur en déplaise, existe depuis la nuit des temps, du moins depuis le début de l’humanité.

Dans ce verset Krishna dit imam vivasvate yogam, cette science du yoga (que reçut) Vivasvan. Notez le prochain vers qui accentue l’aspect personnel de la relation entre ces êtres exceptionnels : proktavan aham avyayam. aham signifie ‘je’, proktavan ‘instruisis’ et avyayam ‘impérissable’. Ce verset explique clairement que la transmission du savoir entre le déva du soleil et Manu se fit oralement et de personne à personne. praha, dans l’avant dernière ligne, se traduit également ‘dit’. Le dernier vers nous révèle que Manu transmit la science du yoga au roi de la terre, Iksvaku. Pour formuler cette idée Krishna utilise à nouveau le verbe abravit, ‘dit’. Quatre fois ce verset exprime l’idée de transmission par des verbes qui ont un sens individuel et personnel : uvaca, proktavan, praha et bravit.

Il y a deux façons d’appréhender le monde; au moyen d’une révélation  provenant d’une source qui nous est extérieure, comme livrée sur un plateau, ou par nos propres efforts, à l’aide des sens et du mental; une méthode qui a culminé dans le slogan ni maître ni dieu.

La Bhagavad-gita nous apprend qu’à l’origine le yoga, cette science qui traite de la relation de l’homme avec le divin, a été enseigné par le dieu du soleil, qui l’avait reçu de Dieu. Cette science du yoga arriva par transmission orale jusqu’ à Manu, le premier homme, le père de l’humanité. Et ainsi il parvint jusqu’à nous. Mais, toujours selon la Bhagavad-gita, ce savoir peut devenir difficile d’accès à cause des affres du temps et autres phénomènes négatifs. L’homme lui-même n’étant pas étranger à cette réalité ; en maintes occasions il s’est acharné à l’éradiquer de la surface de la terre. Les monothéistes, par exemple, ne toléraient pas ce genre de connaissance.

« Savoir suprême, transmis de maître à disciple, voilà comment les saints rois l'ont reçu et réalisé. Mais au fil du temps, la succession disciplique s'est rompue, et cette science (le yoga), en son état de pureté, semble maintenant perdue. » (2)

L’enseignement laïc et moderne fait remonter la source du savoir philosophique aux Grecs, notamment à l’éminent Thales. Ce savoir avait été une acquisition spéculative et empirique. Il dérivait surtout de l’observation des faits. Et de matérialiste il devint résolument athée, bien que pendant presque 2000 ans il fut imprégné des croyances religieuses des monothéismes aux racines judaïques.  

Il y a donc deux visions fondamentales du monde qui se sont toujours affrontées. L’une affirme que l’esprit génère la matière et l’autre tout le contraire. C’est cette dernière qui s’est imposée officiellement, la matière produisant la conscience. La technologie lui a donné des ailes. La conséquence directe de cette position a été une ignorance et un désintérêt quasi total pour la conscience et ses symptômes. Aujourd’hui, au 21e siècle, on mesure un peu mieux le gouffre que cette lacune a causé. On en est par exemple encore à se demander si les animaux en ont une véritablement, comme autrefois on se demandait si les femmes avaient une âme… Et ne parlons même pas des plantes, encore moins des rivières ou des océans, des montagnes ou des planètes ! Bref, les savants ignorent presque tout de la conscience. Du yoga et de l’âme.

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  • 4 semaines après...
Membre, 68ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
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shri aurobindo.jpgDans sa traduction de la Bhagavad-gita, Shri Aurobindo écrit, à la fin, en appendice* : « En ce qui concerne l’enseignement fondamental de la Gita, comme aussi la vie spirituelle en général, le Krishna qui nous importe est l’incarnation éternelle du Divin, et non pas l’instructeur et conducteur d’hommes dont parle l’histoire. »

Étrange. Le titre qu’a donné Vyasa à cet enseignement est Le chant du Bienheureux. Quelle idée, Aurobindo, cherche-t-il à nous transmettre par ce paradoxe ? Qu’il va se servir des paroles de Krishna pour nous instruire d’une autre Entité, plus spirituelle, éternelle et divine, et qui se serait incarnée dans un corps, celui de Krishna ?** Qu’il y aurait deux visions, ou deux conceptions, en tout cas deux interprétations majeures de la Bhagavad-gita. L’une serait dérisoire, circonstancielle, historique et mondaine, et l’autre fondamentale, transcendantale, essentielle et supérieure… La sienne.

Aurobindo ne met pas en doute le fait que Krishna ait existé. Ni Arjuna. Trop de références historiques attestent leur immense influence sur les intellectuels de haut niveau et le peuple en général pour remettre en question cette réalité. Il l’admet. Et il dit même que tout cela « pourrait bien être plus qu’une fiction poétique ». Mais c’est tout. Krishna, en tant que tel, ne l’intéresse pas. Il est surtout fasciné par « le Divin transcendant, cosmique et intérieur, source de toutes choses et Maître de tous, Divin secret en l’homme. » Un face à face avec Dieu, conclut-il, consiste en une expérience dont la « forme du Sans-forme » est la réalisation la plus élevée. Quand Krishna dit « Je », il faut lire « Il », c’est-à-dire la Divinité, sans forme. Par exemple : « la Divinité dit dans la Gita », explique-t-il, au lieu de traduire littéralement par « Krishna dit dans la Bhagavad-gita ».

* (p. 335) Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1970. Écrit originellement en 1942.

**  (À l’instar du Dieu de Moïse qui s’incarne dans Jésus ?)

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