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"L'espoir fait vivre" ?

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ping Membre 6 305 messages
Baby Forumeur‚ 55ans‚
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L'espoir fait vivre... dans un futur qui n'exite pas encore et qui n'est de toute façon pas écrit, les regrets sont du passé. La vie c'est ici et maintenant.

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  • 1 mois après...
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Il est évidemment impossible de vivre sans expectative, entendu que la vie exige couramment – sinon tout le temps – que nous posions des hypothèses et que nous entreprenions des choses sans être certains du résultat. Je dis « tout le temps » parce qu’évidemment, la part de ce que nous pouvons contrôler de ce qui nous arrive est infime. Au bout du compte, notre labeur ne peut viser qu’à maximiser nos chances de succès. Le reste est l’affaire de la nature. Quand je dis « nous », je parle de cette petite parcelle d’âme qui nous habite tous et qui calcule sans arrêt les façons de réaliser les projets que nous formons, et qui semble travailler « contre » la nature, à essayer de la comprendre, d’en percer les lois et de la maîtriser. L’expectative est cette attente lucide et résolue devant ce qui ultimement nous échappe, lorsque tout ce qui est en notre pouvoir a été fait. C’est Sisyphe lorsqu’il ne lui reste plus qu’à espérer que ses muscles ne lui feront pas défaut, que son rocher ne l’écrabouillera pas et qu’il ne retombera pas jusqu’en pas de la colline.

Dans l’espoir, cette part d’incertitude qui incombe à l’homme lui devient en quelque sorte insupportable. Le hasard, l’indifférence du monde, sa propre impuissance : voilà des choses qui lui sont improbables. Il les range donc sous le pouvoir d’une autorité morale quelconque. Ce peut être une divinité mais ce peut aussi être autre chose de plus subtil, de plus insaisissable, comme la simple croyance que le monde puisse être bienveillant. Il lui suffit de se rendre favorable cette autorité morale pour que la nature aille dans son sens. Et du coup, il s’apprivoise l’incertitude des choses, il la rend moins incertaine.

"Le paradoxe de Zeus" ;) :

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Dans cette perspective, tu as déjà réduit le champ des possibles, puisque tu te réfères à une vision mystique de l'espoir!

Parce que je n'en voyais pas d'autres avant que vous ne décortiquiez la notion ;)

J'ai d'ailleurs toujours le sentiment qu'on peut toutes les réunir sous un seul aspect, celui que DdM qualifie de "disposition moralo-spirituelle". Et j'ai du mal à savoir si j'ai raison ou si ce sont les vestiges de mon éducation religieuse (je ne crois plus en dieu mais j'ai été élevée dans sa croyance) qui m'empêchent d'en distinguer un autre, d'aspect.

Je ne pense pas qu'il existe sur terre un individu qui vive dans l'espoir d'un avenir plus négatif que son présent. Je ne pense pas non plus qu'il existe sur terre un individu qui souffre et s'accroche à la vie sans espoir d'un avenir meilleur. Et on ne vit jamais le présent dans l'espoir qu'il n'ait pas d'avenir (ou alors on se suicide). Alors, chez ceux qui ne croient pas en Dieu, à qui/quoi s'adresse cet espoir ? Et à qui/quoi lancez-vous vos "J'espère !" ou encore "Pourvu !" si vos appels ne sont pas accompagnés de la croyance que le monde est bienveillant ? Comment dissocier l'espoir, d'une certaine forme de mysticisme ?

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Regie Membre 151 messages
Baby Forumeur‚
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Je ne pense pas qu'il existe sur terre un individu qui vive dans l'espoir d'un avenir plus négatif que son présent. Je ne pense pas non plus qu'il existe sur terre un individu qui souffre et s'accroche à la vie sans espoir d'un avenir meilleur. Et on ne vit jamais le présent dans l'espoir qu'il n'ait pas d'avenir (ou alors on se suicide). Alors, chez ceux qui ne croient pas en Dieu, à qui/quoi s'adresse cet espoir ? Et à qui/quoi lancez-vous vos "J'espère !" ou encore "Pourvu !" si vos appels ne sont pas accompagnés de la croyance que le monde est bienveillant ? Comment dissocier l'espoir, d'une certaine forme de mysticisme ?

Tout être vivant est mu par l'instinct de vie, une force vitale qui agit par exemple sur la production des hormones, permettant de faire face aux situations changeantes de la vie.

Cela se complique chez l'être humain, à un point !

L'homme veut une sécurité à long terme que vivre ne permet pas, c'est ce que je pense, c'est ce que je vis. Alors il invente l'idée de l'espoir, mais ce n'est que l'autre face du désespoir à l'idée de ce qui pourrait se passer demain, et si, et si, et finalement devoir mourir.

Quelle perte d'énergie d'en ce processus mental !

Modifié par Regie
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Je ne pense pas qu'il existe sur terre un individu qui vive dans l'espoir d'un avenir plus négatif que son présent. Je ne pense pas non plus qu'il existe sur terre un individu qui souffre et s'accroche à la vie sans espoir d'un avenir meilleur. Et on ne vit jamais le présent dans l'espoir qu'il n'ait pas d'avenir (ou alors on se suicide).

C'est un préjugé. Il existe sur terre de très nombreuses personnes dans ce cas. De mon expérience personnelle, je retire que beaucoup de gens de la rue n'ayant aucun espoir d'un avenir meilleur, beaucoup de personnes malades sans espoir de guérison vivent et s'accrochent à la vie. C'est un phénomène assez courant. On vit parce que la vie est tout ce qui reste. Alcoolique couvert d'urine et d'excréments, malade souffrant jusqu'au bout, ces personnes n'abdiquent pas et tiennent jusqu'à la fin. C'est Van Gogh écrivant à son frère "Nous serons pauvres et nous souffrirons la misère aussi longtemps qu'il le faut, comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler, mais nous montrerons que nous sommes quelque chose." être malgré tout, être simplement. C'est le pêcheur du vieil homme et la mer d'Hemingway qui lutte contre le poisson, sans garantie de victoire, et qui, même victorieux, sait que les requins viendront en dévorer la dépouille. C'est ce que j'appelle "la victoire dans la défaite". Vivre, se réaliser, même si on est rien ou pas grand chose.

Pour prendre un exemple sportif, j'assistai avec un ami en 1998 au combat de boxe entre Rahilou et Mitchell, où Rahilou remettait en jeu sa ceinture de champion du monde. Un match à sens unique, Rahilou mis trois fois au tapis et finissant battu aux points au terme des douze reprises. S'ensuivit une dispute homérique, mon ami ayant osé affirmer que Rahilou ne méritait pas sa ceinture de champion, que Mitchell l'avait humilié, qu'il était une honte pour la boxe. Je l'invitais à reconsidérer sa lecture du combat. Oui, Mitchell lui était largement supérieur, il l'avait assassiné avec son punch dévastateur pendant douze reprises, et il était allé trois fois au tapis. Mais justement: Quand tu est au tapis une, deux, trois fois; que tu sais que le combat est de toute manière perdu, soit que l'adversaire te mette KO, soit qu'il te batte aux points; que tu vas prendre des coups et souffrir jusqu'à la dernière seconde, à quoi bon se relever? Rahilou s'est relevé. En se relevant, il a envoyé ce message à son adversaire: oui, tu es plus fort que moi. Oui, tu vas être champion du monde à ma place. Mais jusqu'à la fin du combat, je suis toujours champion du monde, et je me conduirai comme tel. Je serai champion du monde jusqu'à la fin des douze reprises, qu'importe l'état dans lequel je finis. Ce combat était une merveilleuse métaphore de la vie: je suis vivant, j'en ai le droit, et je serai vivant jusqu'au bout, dans n'importe quel état. La mort gagnera, mais elle attendra son heure. Je retrouve cet état d'esprit chez beaucoup des gens de la rue et des malades que je côtoie au quotidien.

Pour coller à ton sujet, je pense que l'espoir ne fait pas vivre, mais qu'il donne un sens, une direction à la vie. Mais on peut vivre sans espoir...

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D'accord, admettons qu'il existe des situations où l'on s'accroche à la vie sans espoir. (Je pense que j'y reviendrai plus tard parce que je n'en suis toujours pas convaincue, mais chaque chose en son temps.) Henri, Regie, et tous ceux qui passent par là, quand vous vous dites "pourvu que" "ou simplement "j'espère", à qui/quoi adressez-vous votre "appel" ? (évidemment la réponse est biaisée si vous croyez en dieu, la question ne peut s'adresser qu'aux athées.)

Etes-vous tous d'accord pour dire que l'espoir, qui bien-sûr s'accompagne du doute, s'adresse à cette part d'inconnu qu'on ne maîtrise pas et sur laquelle on compte pour nous être favorable ? Parce que si c'est le cas j'aimerais comprendre comment vous le dissociez d'une croyance mystique, peu importe le nom qu'on lui donne (la chance, le destin, Dieu, la Providence, etc)

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
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je suis vivant, j'en ai le droit, et je serai vivant jusqu'au bout, dans n'importe quel état. La mort gagnera, mais elle attendra son heure.

--> Sisyphe lorsqu'il pousse son rocher dans une pleine dignité.

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Pour le coup, je suis assez d'accord avec Petitpépin, l'espoir ne me semble pas avoir automatiquement vocation à être lancé à une personne, une entité ou une force extérieure à nous même.

L'espoir est un mécanisme de l'esprit qui peut tout à fait être autocentré. Il s'agit alors d'espoir d'une réalisation qui dépend principalement et même uniquement de soi-même. L'espoir d'une progression dans sa propre perfection (morale par exemple).

L'espoir, à ce moment là, vise moins une évolution linéaire, avec projection sur un futur infini, qu'une simple complétude qui se suffit à elle-même. Cela peut être l'espoir d'avoir suffisamment apprivoisé la mort pour achever en beauté une vie philosophique. Quitte à ce le néant soit le seul résultat de ce cycle parfait.

La désespérance n'est pas forcément au rendez-vous de la prise de conscience de la finitude du monde ou de sa seule existence, dès lors que l'on cherche à donner un sens à son passage, même bref.

En fait, l'espoir pourrait même recouvrer, parmi ses définitions, celle de s'échiner à ordonner le chaos.

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Je ne pense pas qu'il existe sur terre un individu qui vive dans l'espoir d'un avenir plus négatif que son présent. Je ne pense pas non plus qu'il existe sur terre un individu qui souffre et s'accroche à la vie sans espoir d'un avenir meilleur. Et on ne vit jamais le présent dans l'espoir qu'il n'ait pas d'avenir (ou alors on se suicide). Alors, chez ceux qui ne croient pas en Dieu, à qui/quoi s'adresse cet espoir ? Et à qui/quoi lancez-vous vos "J'espère !" ou encore "Pourvu !" si vos appels ne sont pas accompagnés de la croyance que le monde est bienveillant ? Comment dissocier l'espoir, d'une certaine forme de mysticisme ?

Une suite d'expectatives déçues peuvent mener un individu au désespoir, c'est-à-dire à la croyance qu'il est destiné à échouer dans ses entreprises et donc que le monde lui est fondamentalement hostile, ou du moins défavorable. De même qu'une suite d'expectatives souriantes peuvent inflatuer la confiance d'un homme et faire naître en lui l'espoir, c'est-à-dire l'idée que son existence puisse être bénie par quelque force charitable. L'espoir comme le désespoir peuvent alors être vus comme des déviances conceptuelles d'un surplus de vitalité ou d'une absence de vitalité.

Curieusement, on a coutume de donner à l'espoir une inflexion qui se rapporte beaucoup mieux au désespoir, lorsque l'on dit que certains individus se réfugient dans des croyances irrationnelles pour alléger leur fardeau - par exemple pour le chrétien qui se réfugie dans l'espoir de l'au-delà afin d'alléger le fardeau de l'idée de sa propre mort. On insiste alors sur l'impuissance d'un tel individu comme motif de sa croyance. Mais est-ce que la réalité ne se rapprocherait pas plutôt du schéma que j'ai décrit plus haut ? À savoir que la confiance d'une telle personne se trouve inflatuée par ses expectatives souriantes et que par conséquent elle s'estime capable de surmonter la mort ? Les chrétiens dont je parle (parce qu'il s'agit d'une catégorie particulièrement naïve à laquelle on ne saurait réduire l'ensemble de la chrétienté) se trouvent par exemple galvanisés par leur appartenance à l'Église; ils en tirent un surplus de vitalité - mais une vitalité anarchique, une vitalité qui ne s'écoule pas par des canaux lui assurant la continuité, mais qui jaillit plutôt en éclats éphémères, comme la vitalité que nous insuffle les drogues.

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Pour le coup, je suis assez d'accord avec Petitpépin,

Il n'a rien dit :D C'est un vilain tricheur qui a éludé mes questions.

l'espoir ne me semble pas avoir automatiquement vocation à être lancé à une personne, une entité ou une force extérieure à nous même.

L'espoir est un mécanisme de l'esprit qui peut tout à fait être autocentré. Il s'agit alors d'espoir d'une réalisation qui dépend principalement et même uniquement de soi-même. L'espoir d'une progression dans sa propre perfection (morale par exemple).

Prenons un exemple précis pour mieux se comprendre (@Dompteur aussi) : Tu apprends que ta compagne a un cancer, diagnostiqué à un stade où il est encore possible qu'elle en guérisse. Ni la situation ni son évolution ne dépendent de toi. Tu es seul, face à ton impuissance, contraint de laisser son sort aux médecins. Pourtant, tu vas passer les mois à venir à espérer sans cesse qu'elle guérisse. A chaque IRM, à chaque nouvel examen médical, tu espéreras de toutes tes forces que l'annonce des résultats soit positive. Je n'ai pas dit qu'il fallait nécessairement que l'espoir s'adresse à une entité, mais j'aimerais savoir ce qui se passe en vous lorsque vous fermez les yeux et que vous retenez votre souffle en vous concentrant sur cette pensée : "J'espère", "Pourvu que tout se passe bien".

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--> Sisyphe lorsqu'il pousse son rocher dans une pleine dignité.

À ceci près que ces personnes n'ont pas même de rocher à pousser...

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D'accord, admettons qu'il existe des situations où l'on s'accroche à la vie sans espoir. (Je pense que j'y reviendrai plus tard parce que je n'en suis toujours pas convaincue, mais chaque chose en son temps.) Henri, Regie, et tous ceux qui passent par là, quand vous vous dites "pourvu que" "ou simplement "j'espère", à qui/quoi adressez-vous votre "appel" ? (évidemment la réponse est biaisée si vous croyez en dieu, la question ne peut s'adresser qu'aux athées.)

Etes-vous tous d'accord pour dire que l'espoir, qui bien-sûr s'accompagne du doute, s'adresse à cette part d'inconnu qu'on ne maîtrise pas et sur laquelle on compte pour nous être favorable ? Parce que si c'est le cas j'aimerais comprendre comment vous le dissociez d'une croyance mystique, peu importe le nom qu'on lui donne (la chance, le destin, Dieu, la Providence, etc)

Je ne saurais quant à moi te répondre. J'ignore ce qu'est l'espoir...

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@la déesse Théia

Je suis d'accord, lorsque l'espoir vise quelque chose dont la réalisation nous est complétement extérieur, alors il ne se fait plus volonté mais prière. Et, à partir de ce moment, la prière s'adresse à ce qui nous dépasse. Ce n'est pas pour rien que l'homme est un animal religieux. ;)

Tu avais envie d'entendre que les foules restaient soumises à ton culte.:p

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contraint de laisser son sort aux médecins.


Là, on ne parle déjà plus d'espoir mais de résignation.


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mais j'aimerais savoir ce qui se passe en vous lorsque vous fermez les yeux et que vous retenez votre souffle

Puisque tu te penches sur l'espèce humaine, j'aimerais quant à moi savoir, lorsque sa chair est faite d'or et que l'on est immortelle, ce qui se passe quand l'on entend une prière monter vers soi.

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Prenons un exemple précis pour mieux se comprendre (@Dompteur aussi) : Tu apprends que ta compagne a un cancer, diagnostiqué à un stade où il est encore possible qu'elle en guérisse. Ni la situation ni son évolution ne dépendent de toi. Tu es seul, face à ton impuissance, contraint de laisser son sort aux médecins. Pourtant, tu vas passer les mois à venir à espérer sans cesse qu'elle guérisse. A chaque IRM, à chaque nouvel examen médical, tu espéreras de toutes tes forces que l'annonce des résultats soit positive. Je n'ai pas dit qu'il fallait nécessairement que l'espoir s'adresse à une entité, mais j'aimerais savoir ce qui se passe en vous lorsque vous fermez les yeux et que vous retenez votre souffle en vous concentrant sur cette pensée : "J'espère", "Pourvu que tout se passe bien".

C’est un exemple intéressant Théia.

Citons un sympathique philosophe pour l’occasion :

L’expectative est cette attente lucide et résolue devant ce qui ultimement nous échappe, lorsque tout ce qui est en notre pouvoir a été fait. C’est Sisyphe lorsqu’il ne lui reste plus qu’à espérer que ses muscles ne lui feront pas défaut, que son rocher ne l’écrabouillera pas et qu’il ne retombera pas jusqu’en pas de la colline.

Dans l’espoir, cette part d’incertitude qui incombe à l’homme lui devient en quelque sorte insupportable. Le hasard, l’indifférence du monde, sa propre impuissance : voilà des choses qui lui sont improbables. Il les range donc sous le pouvoir d’une autorité morale quelconque. Ce peut être une divinité mais ce peut aussi être autre chose de plus subtil, de plus insaisissable, comme la simple croyance que le monde puisse être bienveillant. […] L’espoir c’est Sisyphe qui s’arrête un moment de pousser son rocher et qui songe à une promesse de délivrance de son labeur infini.

J’appelle donc « expectative » une attente lucide et réaliste devant des conditions qui ultimement nous échappent. J’appelle en revanche « espoir » tout ce que l’homme insère et trafique dans l’intervalle afin de se rendre cette attente plus supportable.

Il est intéressant de noter l’usage du conditionnel que certains font dans ce type de situation. Par exemple, j’aurais moi-même tendance à dire, à propos d’un mal de tête par exemple, que je souhaiterais qu’il cesse. On peut lire dans ce trait tout à fait spontané une manière de marquer le fait que l’on est conscient de sa tendance tout à fait humaine et inévitable à espérer, et que l’on est surtout conscient de sa vanité.

De même je dirais sans doute à ma compagne « j’aimerais que tu ne sois pas malade ». Mais je ne perdrais pas mon temps à cette posture risquée et intempérante, et je mettrais toute mon énergie à ce que sa nouvelle vie de malade soit la plus digne – ce qui implique qu’elle soit sans complaisance selon moi – et la plus belle possible. Prendre son souffle et puis vivre – c’est-à-dire laisser parler le désir de vivre en soi, ce qui n’est pas la même chose qu’espérer.

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Garalacass Membre 1 029 messages
Baby Forumeur‚
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Salut,

Il parait que "l'espoir fait vivre".

Mais l'espoir n'enferme-t-il pas surtout l'individu dans l'insatisfaction d'un présent maudit ?

"L'espoir fait attendre" surtout :D

c'est vouloir quelque chose qui ne dépend pas de nous.

Je pense qu'il vaut mieux se fixer des buts et essayer de les atteindre, enfin moi, je préfère agir qu'attendre, mais chacun son truc.

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Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
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Tu apprends que ta compagne a un cancer (...) tu vas passer les mois à venir à espérer sans cesse qu'elle guérisse. (...) j'aimerais savoir ce qui se passe en vous lorsque vous fermez les yeux et que vous retenez votre souffle en vous concentrant sur cette pensée : "J'espère", "Pourvu que tout se passe bien".

Il peut y avoir une part de superstition. Je suppose que la guérison de ma compagne dépend de ma capacité à la vouloir et de ce que je fais par ailleurs... J'interprète le monde comme s'il allait donner un signe : "si tous les feux sont verts sur le chemin vers l’hôpital, c'est sûr les nouvelles seront bonnes". Si j’arrive à... Alors.

Mais s'il s'agit avant tout du désespoir à l'idée de la perdre, et de la lutte qui s'engage contre cette perspective ("Il faut garder espoir").. Alors quelle est la croyance (à la limite : "elle peut guérir"), en quoi l'espoir est-il adressé ? Ce n'est pas une prière, je ne dis pas "Dieu, si tu la sauves, je serai exemplaire", comme ça arrive si souvent.

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Invité Simplicius
Invités, Posté(e)
Invité Simplicius
Invité Simplicius Invités 0 message
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Une prière n'est pas forcément un marchandage. Ce peut être une simple supplique, lancée en désespoir de cause.

Notre Théia analyse principalement l'espoir comme la volonté même de vivre. En cela, il se transcende vite de la simple survie terrestre à la continuation d'une conscience après la mort. Elle a parfaitement raison de penser qu'il s'agit là d'une des principales facettes de l'espoir : le désir d'éternité, qui passe déjà par le refus de la perte. C'est la vieille espérance de l'Humanité que rien ne prenne fin, d'où la quête historique de l'existence d'une manifestation des morts (que cette manifestation soit appréhendée comme bénéfique ou pas pour les vivants, c'est toujours le témoignage d'une absence de néant).

Mais l'espoir peut être aussi bien plus modeste et limité, à savoir se contenter d'une harmonie lors de sa brève existence, en acceptant par avance la dissolution que représente la Mort (la sienne propre comme celle du monde).

L'harmonie ne supposant pas toujours l'immuabilité, la notion d'espérance peut recouvrir plusieurs acceptions.

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