La runomancie

Bonjour,

Depuis longtemps passionnée par le Tarot de Marseille, sur lequel d'innombrables ouvrages ont paru, voici quelques années je m'étais penchée sur la runomancie, qui est la méthode de divination par les runes. D'où ce topic qui me prendra plusieurs jours, pour lequel je vais commencer par citer mes sources, ainsi ce ne sera plus à faire :

Votre avenir par les runes (Liliane Decker, Marabout, 1995)

Les runes (Anders Andersson, Könemann, 1999)

Les runes (Dominique Agnus, Cosmogone, 2006)

Runelore, a handbook of esoteric runology (Edred Thorsson, Weiserbooks, 1983)

L'encyclopédie des symboles (le Livre de Poche, 1997)

Dictionnaire des symboles, mythes et croyances (Corinne Morel, Archipoche, 2009)

Et autres : Germania de Tacite, poème du Havamal (traduction anglaise de B. Thorpe, W.H. Auden & P. B. Taylor) et poèmes runiques (traductions diverses, notamment Pr B. Dickins & linguiste L. Wimmer)

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Voilà pour la bibliographie. Maintenant, place à la runomancie :

Les runes, qu'est-ce que c'est ?

Ce sont les lettres qui constituent l'alphabet futhark (d'après les sons des 6 premiers caractères : F.U.TH.A.R.K) qui fut celui des divers peuples de langues dites germaniques : l'anglais, le saxon, l'allemand, le suédois, l'islandais, le norvégien, etc. jusqu'à son remplacement par l'alphabet latin.

Le mot "rune" signifie "mystère", "secret", "murmure", et rejoint en ce sens le terme latin "arcanum" d'où nous vient l'arcane des alchimistes et du tarot que nous connaissons (on ne parle pas de "cartes" pour le tarot de Marseille, mais de lames, qui chacune représente un arcane).

Les runes sont d'origine fort lointaine. Elles ont de probables racines dans l'alphabet étrusque, lui-même descendant de l'alphabet phénicien. Des influences grecques, également. Cependant, les racines du futhark pourraient être beaucoup plus profondes dans le temps, au moins pour partie. Elles pourraient bien remonter à l'âge du bronze, si ce n'est au néolithique. Il existait en effet en ces temps fort éloignés une forme d'écriture, reconnue comme l'une des plus anciennes d'Europe : l'écriture de Hallristinger (du nom d'une ville de Norvège "Helleristninger"), découverte au nord de l'Europe. Elle date de la préhistoire, et comporte plusieurs versions de symboles cosmiques et saisonniers, des cercles, des spirales, des triangles, des arbres, des marques de mains ou de pieds, des bateaux, des vagues, des silhouettes humaines ou animales... Tous autant de pétroglyphes qui ont entre 4.000 et 4.500 ans et pourraient être à l'origine de certaines runes.

Ces symboles magiques auraient donc vu le jour alors que les hommes invoquaient des divinités pourvoyeuses de gibier ou de poisson, et s'en remettaient aux prières du chaman pour s'accorder les bonnes grâces de l'Au-delà. Qui sait si des runes ne seraient pas nées dans les étoiles, quand les hommes, si l'on en croit les thèses de Chantal Jègues-Wolkiewiez*, et comme je le pense également, reconnaissaient dans le dessin des constellations des créatures familières : bovidés, chevaux, etc. D'où cette dimension sacrée, cette valeur initiatique de chaque rune que je compte vous faire découvrir.

[* Mme Chantal Jègues-Wolkiewiez, docteur et professeur ès plusieurs matières (paléontologie, astronomie, ethno-astronomie, humanités, psychologie) a révélé que les fresques de la grotte de Lascaux, vieilles de 35.000 ans, attestent d'observations sérieuses des mouvements lunaires et solaires, et des cycles stellaires par les hommes de la préhistoire. Qui plus est, elles constitueraient une représentation très détaillée de la voûte céleste.]

Utilité des runes :

Les runes ont bien entendu été utilisées pour consigner de simples données (commerce, quotidien, etc.), mais servaient principalement à la divination et à la communication avec les forces surnaturelles. On avait recours à leur magie pour s'attirer une victoire, rester en bonne santé ou guérir, faciliter un accouchement, apaiser les tempêtes... On pouvait encore y avoir recours pour jeter des sorts et en nécromancie.

C'est que chaque rune est doté d'un sens intrinsèque, d'une charge magique. Elles sont des signes pouvant symboliser un être vivant, une divinité, un objet, un concept. Les graver sur des amulettes amplifiait leur pouvoir, et elles renforçaient l'efficacité des armes également.

Des inscriptions runiques ont été découvertes qui ne forment aucun mot, puisqu'elles n'ont été tracées que dans un but ésotérique, pour nuire à quelqu'un par exemple.

Nordiques et Germains pensaient tenir ces lettres du dieu Odin, dont un des multiples noms était précisément le Prince du Pouvoir gravé. Dans l'Edda, œuvre relatant les principaux mythes scandinaves, un poème -le Havamal- raconte comment Odin, pendu à l'Arbre cosmique Yggdrasill, scruta les Enfers et obtint les runes dans la souffrance. C'est en s'en emparant qu'il gagna sa délivrance et le don de sagesse occulte.

La runomancie :

Sa pratique était la vocation du (ou de la) vitki et de la völva (prophétesse itinérante) chez les Nordiques. Les chefs de guerre eux-mêmes s'y initiaient aux fins de se faire augure avant le combat ou le départ pour l'aventure.

Les Germains coupaient une branche d'arbre fruitier dont il faisait des lamelles, sur lesquelles ils gravaient ces signes. Ensuite, les lamelles étaient lancées au hasard sur une étoffe blanche. Puis le prêtre (ou le chef de famille si ce n'était que pour une affaire privée), en invoquant les dieux et les yeux levés vers le ciel, prélevaient trois runes avant de les interpréter. Leur disposition sur l'étoffe comptait aussi. Si une interdiction apparaissait dans le tirage, alors il ne devait plus y avoir d'autre consultation sur la même question au cours de la même journée.

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Les 24 runes divinatoires :

C'est le futhark originel, qui se divise en trois groupes de huit runes : les aettir (aett au singulier).

Le premier aett est celui de Frey, dieu de la fertilité, de la prospérité, de l'abondance et de la paix. Il concerne l'existence terrestre et est surtout en rapport avec le monde matériel. Il comprend les runes Feho, Ur, Thuris, Asa, Raidho, Kenaz, Gebo, Wunjo.

Le second aett est celui de Hagal -la grêle-. Il a trait aux liens entre macrocosme et microcosme*, entre l'Univers connu et le divin. Ses runes sont Hagal, Naudhiz, Issa, Jara, Ew, Pertho, Algiz et Sowilo.

Le troisième aett est celui de Tyr, dieu de la guerre, du droit et de la justice. Il comprend les runes Tiwaz, Berkana, Ehwo, Mann, Lago, Ing, Dago et Othila.

Lien vers l'alphabet runique.

Notes :

* Macrocosme et microcosme : Le macrocosme est étymologiquement le "grand monde", soit l'Univers, considéré comme un tout organisé et harmonieux, et non pas un chaos. Le microcosme ou "petit monde" étant comparable à cet Univers, mais à notre échelle humaine, cela fait que toute chose en notre monde terrestre et tout évènement de notre existence obéissent aux mêmes lois régissant l'Univers où tout ce qui se passe n'est pas sans finalité, où rien n'est vain.

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I) L'aett de Frey :

1) Feho (correspond à la lettre F) :

Feho

Associée à Frey dont j'ai parlé plus haut, elle est la rune du bétail, de la richesse matérielle, de l'avoir. Même racine que le mot "fee" en anglais.

Frey est frère jumeau de la déesse de l'amour Freya. Il fait la pluie et le beau temps, donne vie à toute végétation par sa puissance virile, décide de la richesse et du succès des humains. Il possède un sanglier plus rapide qu'un cheval, pouvant courir et tirer son char si bien sur terre que sur les mers, de jour comme de nuit grâce à sa crinière d'or illuminant tout sur son passage. On notera que le sanglier symbolise la force brute, la fougue, le courage sans borne, mais également la connaissance en tant que bête solitaire et secrète, aimant vivre cachée, aux rapports privilégiés avec le monde chtonien*.

Mais Frey dispose encore, pour ses déplacement par monts et par vaux, ou par delà les océans, d'un bateau merveilleux qu'il peut plier à sa guise et ranger dans sa poche dès qu'il n'en a plus besoin. Ce qui est fort symbolique et équivoque lorsqu'on sait que ce dieu est une divinité ithyphallique fécondant à tour de bras.

Vous retiendrez que, dans un tirage, une rune est dite en position favorable si elle est à l'endroit et en position défavorable si elle ne l'est pas.

Feho représente l'argent, la propriété immobilière, ou bien nous parle de champs, de campagne, du monde végétal...

Donc si Feho est tirée à l'endroit, elle signifie : abondance, richesse (notamment matérielle, mais aussi spirituelle, cela dépend des autres runes tirées), bonheur, bonne santé.

Renversée ou en position défavorable, ce sont des difficultés ou pertes matérielles, une faillite, de l'avarice, des problèmes de santé mineurs, du découragement, un retard...

NB :

* Chtonien : se dit des entités qui vivent sous la terre, des forces infernales.

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2) Ur (son "ou" comme dans "hibou") :

Ur

C'est le taureau, l'aurochs puissant et courageux.

En position favorable (rappel : à l'endroit), il nous parle d'énergie vitale, de force -force musculaire en l'occurrence-, de santé, de virilité, de punch, de libido, de courage, de ténacité, ainsi que de progression, mais alors de progression lente. Il peut être question de matière énergétique : pétrole, charbon... ou de nourriture riche : viande, féculents.

En position défavorable (rappel : renversé, donc à l'envers) : force mal utilisée, violence, brutalité, surplus d'impulsivité... Bas instincts, pulsions incontrôlées. Ou bien il peut être question de lourdeur, de lenteur, d'ignorance, d'un individu qui se laisse dominer par autrui, ou en position de faiblesse, laquelle peut être physique, due à la maladie, une anémie, de la malnutrition, etc. ou morale (dépression).

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Ce sera tout pour l'heure. Suite à venir.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

3) Thuris ("Th" comme dans "thursday") :

C'est la rune de Thor, dieu guerrier du tonnerre et des tempêtes, protecteur du mariage, le plus populaire du panthéon nordique. Il est très puissant et lutte contre les forces du chaos, contre les ténèbres. Il possède un marteau magique qui brise tout ce qu'il frappe et revient chaque fois dans sa main après un lancer. Il est accompagné de deux boucs tirant son char, qu'il peut faire rôtir et manger quand il a faim. Pour les ressusciter, il lui suffit de bénir leurs restes avec son marteau.

Thor est bon, mais gauche, simple et rude, un peu à l'image des méchants géants qu'il n'a de cesse de combattre pour qu'ils ne réduisent le monde à néant.

Thuris en position favorable : elle annonce une bonne nouvelle, nous parle d'ambition, de défense, de connaissance acquise ou à acquérir. Il peut être question d'un contrat, d'un accord, d'une alliance, d'une parole donnée...

Renversée, elle annonce une mauvaise nouvelle, à moins qu'il ne faille y voir un avertissement. Elle peut alors nous mettre en garde contre un danger, contre trop d'entêtement, nous parler de nos points faibles, d'un excès de naïveté, révéler un manque de défense... Il va peut-être falloir franchir une épreuve (qui peut être un simple examen), une situation de crise... Il y aura peut-être un problème à régler, une trahison est peut-être à craindre, voire la destruction de quelque chose.

C'est, enfin, la rune des souffrances physiques, surtout les maux de tête, les migraines, les règles douloureuses et les accouchements difficiles. Elle avait avant tout une dimension maléfique parce que symbolisant les forces malveillantes combattues par le bon Thor. Elle représente une épine dans la tradition anglo-saxonne et était par conséquent très utilisée en magie noire, en quelque sorte pour enfoncer tel un clou le mauvais sort dans le destin de la personne visée. Par ailleurs, elle peut symboliser en bien comme en mal un choc entre deux forces.

4) Asa (son "a") : l'Ase*, elle est associée à Odin, roi du panthéon nordique.

Odin est le dieu de la sagesse, de l'intellect, de la poésie, de la ruse et de la stratégie. Il a pour attributs principaux un cheval à huit pattes qui lui permet de voyager rapidement, deux loups et deux corbeaux qui lui rapportent tout ce qu'ils ont appris en volant de par le monde. Il est le dieu chaman par excellence. Parfois surnommé le Fourbe, il est redouté pour ses accès de violence imprévisibles et son ambivalence.

En position favorable, sa rune nous parle de sagesse, d'intelligence, de connaissance, nous ramène à tout ce qui a trait à la parole (communication, éloquence), à la création orale (chant, poésie), à l'inspiration, au charisme. Elle représente un conseil précieux, un examen, un test, un concours, un entretien d'embauche... Une initiation, un apprentissage, une transformation de soi... Ou bien c'est un message, une visite, une rencontre. Asa est également la rune de la longévité.

En position défavorable : y aurait-il un défaut de communication quelque part ? Ou bien des connaissances mal utilisées ? On peut y voir un mensonge, de fausses rumeurs, quelque mauvais conseil... Un individu au langage grossier ? Un escroc ? A moins que ce ne soit l'annonce d'une désillusion.

Nota bene : Le panthéon nordique se divise entre divinités vanes et ases. Les Vanes sont les plus anciennes, elles régissent la nature, procurent des bienfaits aux humains. Les Ases en revanche, sont plus caractéristiques de l'âge du bronze et de la propriété agricole. Ces dernières sont des divinités indo-européennes types, vraisemblablement venues compléter le panthéon originel des Vanes plus conformes à la Préhistoire.

5) Raidho (son "r") :

C'est la chevauchée (même racine que "ride" en anglais), ou encore le chariot. Elle peut encore désigner une roue dans les alphabets ou elle se nomme "rad". Quoi qu'il en soit, c'est la rune des transferts, de la transformation, des déplacements pouvant s'accomplir grâce à un contrôle exercé : l'on tient la bride de sa monture pour la diriger, tout comme on tient le volant du véhicule que l'on conduit. La roue tournoyante est elle aussi ordonnée autour d'un axe, c'est le modèle microcosmique de l'Univers.

En position favorable, Raidho nous fait prévoir des déplacements, un voyage, un déménagement, ou même un changement de direction, une initiative. Rune de dynamisme, de mouvement. Elle informe de négociations, d'informations, de nouvelles, quand elle ne nous parle pas d'études. Par elle on peut volontiers entendre les mots "vitesse", "rapidité", "vélocité" et autres, car elle n'est pas la lente et pesante Ur.

Renversée, il peut être question d'un voyage désagréable, ou bien d'un blocage, d'immobilisme, de rigidité, d'hésitation, d'indécision, de retard. Dans certains cas même, elle nous parle de mort, qui est un transfert du monde des vivants vers l'Au-delà.

6) Kenaz (son "k") :

Kenaz

C'est la torche, le flambeau, dans la tradition anglo-saxonne. Pour les autres -Scandinaves, Islandais, Germains- c'est Kaun, la plaie, l'ulcère ou le chancre.

En position favorable, elle parle d'art ou d'artisanat, de technique, de découverte, de connaissance, de passion, d'illumination... Il est question d'un artiste, d'un esthète, ou même d'une idée géniale... La santé est bonne, ou il y aura guérison si ce n'est pas le cas. Elle peut prévoir une naissance, et il lui arrive même de parler de magie.

Renversée : Elle devient Kaun, la plaie purulente, irritée donc sensible (comme dans la gorge en cas d'angine par exemple, associée avec Asa) ou bien une douleur due à un coup, des courbatures, une migraine, etc. On peut étendre sa signification au sentiment de vexation, de rancune, quelque chose de pas digéré. Elle peut reprocher un manque d'habileté, des maladresses, trop de gaucherie, une mauvaise idée ou bien un défaut d'idée. Des problèmes avec les enfants sont à prévoir s'ils ne sont pas déjà en cours. Quelqu'un souffre d'une relation de supérieur à subalterne : patron tyrannique, époux dominateur... Une rupture est à craindre... Il peut encore s'agir d'un individu luxurieux, d'un obsédé, de harcèlement au travail... Bien entendu, Kaun est avant tout maladie, fièvre... Maladie de vivre aussi, ou mal être. Elle peut nous parler de souffrances morales, secrètes, d'autant plus nuisibles que nous ne les évacuons pas. Elle peut être une haine contenue, une honte nous rongeant de l'intérieur, la sensation d'une souillure dans l'âme. Elle peut être, malheureusement, la rune sombre des enfances pénibles, et dénonce dans ce cas des mauvais traitements, des violences parentales ou des incestes.

7) Gebo (son "g" comme dans "galette") :

Gebo

Gébo est la rune de Gefn, la déesse généreuse, même racine de "gift" en anglais. Elle est si bénéfique qu'elle n'a pas d'envers.

Dans un tirage, elle nous parle bien sûr de générosité, d'hospitalité, d'un cadeau que l'on va recevoir ou bien de plaisir d'offrir. Donc, avec elle, il est aussi question d'amitié, d'harmonie, d'association, d'anniversaire, de fiançailles ou de mariage, pourquoi pas. Et puis il existe en outre des dons innés...

J'ai dit que Gebo n'avait pas d'envers, en revanche elle peut se trouver mal entourée, par des runes qui vont l'assombrir en l'occurrence ! Dans ce cas, elle nous raconte que l'on va devoir faire un sacrifice... A moins qu'il ne soit question de pauvreté, de solitude, de tristesse, parfois d'avarice, sauf quand elle attire notre attention sur une personne trop dépensière. Elle peut encore dénoncer l'existence de pots-de-vin ou autres dessous de table.

8) Wunjo (son "v" comme dans "vélo" ou "w" comme dans "western") :

Wunjo

Wunjo est de la même racine que "win" en anglais. Elle est la rune de la chance, des joies, des plaisirs, de Freya, joyeuse déesse vane de l'amour, de la passion, de l'érotisme, de la sexualité, de la fertilité et de la beauté.

Ce signe était utilisé en girouette sur les navires des Vikings comme symbole de la joie que l'on a dans l'existence lorsqu'on peut vivre en harmonie avec ses conditions.

En position favorable : Chance, joie, plaisir, bonheur, succès... Il n'est plus question de don qui nous soit propre et nous sauve la mise dans les moments critiques comme cela peut être le cas avec Gebo, mais plutôt de ce qui en résulte : les réussites, les gains, etc. On peut y voir encore les heureux hasards de la vie, ces coups de bol qui nous tombent dessus parfois, venus d'on ne sait où mais arrivant généralement à point. Wunjo nous invite à l'optimisme : il va s'opérer une transformation positive dans la vie. Le gros lot, qui sait ?

Mais Wunjo a son sens inverse : infortune, malheur, perte, chagrin, dispute, et de tant d'autres choses ne pouvant nous causer que du déplaisir, ou pire. Elle peut nous mettre alors en garde contre trop de légèreté, de frivolité, peut représenter une prostituée, ou la prostitution elle-même. Avec Kaun, c'est la maladie vénérienne. Wunjo renversée peut prévenir aussi d'une aliénation, mettre en évidence un envoûtement, une possession par des forces occultes ou, sans aller jusque là, nous dire : attention, ne te laisse pas séduire par quelqu'un qui ne te veut pas du bien !

II) L'aett de Hagal

1) Hagal (son "h" comme dans le mot anglais "hat")

Hagal

Elle signifie "grêle", et passe pour très puissante en raison de sa neuvième place, 9 ayant été un chiffre sacré chez tous les Anciens. La gestation humaine correspond à une durée de 9 lunaisons, et si vous vous plongez dans la mythologie grecque, vous retrouverez souvent ce chiffre : les 9 muses, etc. mais c'est le cas aussi dans toutes les mythologies du monde, dont la mythologie nordique pour laquelle il existe neuf mondes, sans oublier la quête initiatique d'Odin pendu à l'Arbre cosmique, qui dura neuf jours et neuf nuits.

Hagal, à l'instar de Gebo, n'a pas d'envers, mais elle peut être mal entourée, par des runes qui l'assombrissent dans le tirage, s'entend.

Quand elle est bien entourée, elle prévoit une victoire écrasante, un bouleversement aux conséquences positives dans l'existence, un passage vers une vie meilleure, un accouchement, ce que l'on peut d'ailleurs entendre au sens figuré : une renaissance en somme.

Mal entourée, Hagal devient fatalité sous toutes ses formes : obstacle important, cause de retard ou de recul, un accident, une maladie grave, une opération chirurgicale difficile, voire risquée, un désastre, une calamité, une catastrophe naturelle, la destruction de quelque chose, un scandale.

D'une manière générale, elle représente tout évènement sur lequel nous autres, pauvres humains, ne pouvons exercer de contrôle.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

10) Naudhiz (son "n") :

Nauthiz

Même racine que "need" en anglais, Naudhiz est le besoin, le manque, la gêne. Plutôt néfaste, elle était utilisée en magie noire. Ses maléfices passaient assez forts pour mettre une armée en déroute.

Rune irréversible elle aussi, comme Gebo et Hagal, elle nous parle de restriction, de pauvreté, de contrainte, de détresse, de souffrance, nous montre un environnement hostile, nous prévient de tensions, de lenteur, de retard, de confusion, d'absence de moyens... Quelqu'un est atteint d'une maladie chronique, ou le sera. Il peut être question, encore, de fautes passées à racheter.

Cette rune, entourée de runes qui l'éclaircissent, prend une connotation moins sombre en se contentant de conseiller l'attente patiente plutôt que le recours à l'action. Au mieux, elle pourra représenter une délivrance, ou la résistance dans l'adversité.

11) Issa (son "i") :

Issa

Issa (même racine que "ice" en anglais) est la glace, et c'est encore une rune irréversible ! En magie, elle servait à fixer le sort, à le maintenir intact dans la glace. Par exemple, si l'on gravait Nauthiz pour amener l'infamie sur quelqu'un, alors le sort durerait tant que Issa serait gravé à côté.

Dans les tirages, cette rune renforce l'action des runes qui l'entourent, et n'est point propice aux relations sentimentales. Elle immobilise, isole, emprisonne, handicape, nous réduit à l'inertie en nous enveloppant de sa froideur, nous glace jusqu'au cœur, jusqu'aux os : l'homme est impuissant, la femme frigide, voire stérile. L'amour se meurt, l'angoisse s'installe. Dans un contexte d'étude ou de travail, elle fait perdre toute capacité à se concentrer : on n'arrive plus à avancer, on glisse comme sur la jolie glace si trompeuse. Y aurait-il un complot derrière tout cela, ou bien serait-ce la nature qui nous jouerait des tours ? A moins que... sauf que tout le monde ne croit plus guère aux forces obscures, pas plus qu'aux envoûtements.

Toujours est-il qu'entourée de runes pas très sympathiques, Issa devient plus glaciale encore.

12) Jara (son "y" comme dans "yack" ou "j" dans "jade")

Jara

Jara, même racine que "year" en anglais. Elle est l'année, la bonne moisson. C'est la rune des cycles de la Terre qui renaît à chaque printemps après la fonte des neiges, et c'est d'ailleurs la douzième, ce qui tombe plutôt bien : n'y-a-t-il pas douze mois dans une année ! Douze divisible par 4, 4 saisons évidemment. C'est également la rune de Gerda, "Terre cultivée", la très belle géante épousée par Frey dans la légende.

Rune irréversible elle aussi, elle représente une renaissance, la croissance, la prospérité, la fertilité, la fécondité, la bonne marche des choses... Elle met bien sûr en avant l'importance des cycles naturels : les saisons, les récoltes... Elle promet une patience récompensée, un gain bien mérité.

Mal entourée, alors il y a décroissance, ou répétition : des choses dont on se passerait bien mais qui reviennent sans arrêt. Il peut être question de choses qui nous laissent des regrets, d'efforts vains. On connaît des revers de fortune, une mauvaise organisation a causé des problèmes. Il est temps de provoquer le renouveau !

13) Ew (son "é" très aigu) :

Ew

Rune associée à l'if (même racine d'ailleurs), arbre sacré de la mort et de l'Au-delà, si bien chez les Nordiques que chez les Germains et les Celtes. Le grand arbre cosmique Yggdrasill qui porte les neuf mondes dans la mythologie est un if (un frêne pour certains, sauf que sa description dans les textes anciens le rapproche plutôt de l'if qui porte bien des fruits, ce qui n'est pas le cas du frêne).

Treizième rune et, comme par hasard, rune de la mort ! Tiens tiens, c'est comme dans le tarot de Marseille.

Ew (prononcez "év") est irréversible, encore une ! Elle parle de résurrection, de force et d'endurance, de pérennité. Si danger il y a, nous trouverons de la défense car une protection est sur nous, qui peut provenir de nos ancêtres, de l'Au-delà. Cette rune a sa part d'éternité, le passé est toujours là, donc elle peut nous dire que nous sommes nostalgiques.

Quand Ew est mal entourée, il peut vraisemblablement s'agir d'un décès, d'une mort, laquelle peut être purement psychologique, après un choc par exemple, ou du moins peut signifier la fin de quelque chose, ce qui peut nous laisser plutôt insatisfaits, voire amers.

14) Pertho (son "p") :

Pertho

Que représente cette rune ? Un gobelet à dés ? Un chaudron ? Le chaudron qui contenait l'hydromel magique pouvant faire de n'importe qui un savant ou un poète dans la légende ? A première vue, elle a bien la forme d'un contenant renversé, mais passons.

En position favorable, il est question de satiété, de fête, de joies domestiques, de camaraderie, de jeux et de chance dans ce domaine... Ou bien une opportunité va se présenter, qui sera la bienvenue... Peut-être allons-nous retrouver quelque chose que l'on avait perdu : un objet auquel on tenait... Peut-être encore allons-nous avoir vent d'une révélation qui nous fera plaisir. Pour les artistes, les écrivains et autres : c'est l'inspiration qui vient. Pour une femme espérant un enfant : la vie se forme en son sein. Cela dit, vous devez savoir qu'une personne sous ce signe possède un don pour l'occulte.

Renversée, cette rune parle de malchance, de perte aux jeux, de révélations désagréables, d'adultère, de tromperie. Elle nous met en garde contre des prises de risques qui auront des conséquences fâcheuses, contre l'alcoolisme, la toxicomanie, la débauche, un excès de gaspillage... Elle peut prévoir un immense mal être.

En bien comme en mal ressort la force de la destinée, car qui peut savoir comment les dés vont se présenter en tombant du gobelet ? Nous tenons de Tacite que les Germains prenaient très au sérieux les jeux de hasard. Cela pouvait aller jusqu'à la perte du statut d'homme libre joué aux dés ! Le perdant se soumettait tout aussitôt après et sans rechigner à sa nouvelle condition d'esclave. On ne rigolait donc pas avec ce jeu, les dés, dont on attribuait l'invention à Odin lui-même.

15) Algiz (correspondait à un son entre le "r" et le "z" qui existe encore dans la langue tchèque) :

Algiz

C'est une rune très mystérieuse, associée à l'élan et à une plante des marais, rostrata elongata, plus communément appelée carex ou laîche. Il correspondrait cependant plutôt au gui dont elle a la forme. Le gui est une plante aux vertus magiques chez les Anciens. Dans la mythologie, Balder est le fils d'Odin et de Frigg, il voit sa mort en cauchemar. Sa mère fait jurer à tous les éléments et tous les êtres de la création de ne jamais lui faire de mal. Le gui lui sembla cependant tellement frêle et inoffensif qu'elle ne prit pas la peine de prêter serment. Loki le sut. Alors que Balder, qui pensait que plus rien ne pouvait l'atteindre, se prêtait à un jeu consistant à se placer comme cible de flèches qui ne pouvaient donc pas lui faire de mal, Loki donna un bâton de gui à un dieu aveugle -Höd- et guida son bras vers Balder, qui fut transpercé par le projectile et mourut.

Algiz rappelle un peu la forme d'une main ouverte, signe de protection ou d'avertissement, ou bien une silhouette humaine en position d'orant, les bras tendus vers le ciel pour invoquer le divin, comme dans un besoin d'élévation ou pour capter au mieux les énergies supérieures. Elle était figurée sur les boucliers, et les poutres extérieures apparentes des maisons nordiques représentaient aussi ce motif, a priori signe de protection.

Cependant, attention : le carex (du grec "kairo" = je coupe) n'est pas le plat préféré des herbivores : ses feuilles sont trop coupantes. En outre, il croît dans les marais, endroits où il ne faut s'aventurer qu'avec prudence, où l'on peut s'embourber, où l'air saturé est malsain. Les marécages ont de tous temps inspiré la méfiance, or chez les peuples germaniques, Odin, parfois surnommé le Fourbe ou le Fauteur de malheur, était encore le "Seigneur des marais". Il était d'autant plus redouté sous cet aspect de dieu trouble, dangereux, piégeur.

Tout cela fait de Algiz un talisman puissant, qui protège d'une part, et d'autre part symbolise le sacré, ce que l'on doit respecter et honorer, qui doit nous inspirer une crainte religieuse.

Algiz en position favorable, annonce une victoire, une élévation, une période faste. Elle nous conseille d'avoir la foi, nous invite à garder confiance : une ascendance bénéfique, qui peut être divine si l'on est croyant, nous protège. Elle peut nous informer encore d'une communication avec les forces supérieures.

Renversée, gare aux maléfices d'Odin ! Nous voilà dans une situation difficilement contrôlable qui pourrait au mieux nous acculer à de cuisants sacrifices, au pire nous mener à l'échec. On peut s'attendre à une immense déception, ou bien il va nous falloir subir des nuisances, nous méfier des malhonnêtes, ouvrir tout grand nos yeux et nos oreilles pour repérer les dangers cachés. Nous sommes vulnérables sans forcément nous en rendre compte, des yeux malveillants nous guettent. N'allons pas mettre non plus le doigt entre l'arbre et l'écorce, ni jouer aux apprentis sorciers. Ce n'est pas le moment de nous aventurer en terrain périlleux.

Algiz peut également parler des risques liés à l'exploitation sous toutes ses formes : par exemple l'exploitation abusive de la nature, car renversée ou pas, cette rune peut symboliser les forces de la planète, les matières et énergies à manipuler avec d'infinies précautions. Elle est ce qui doit demeurer inaccessible aux profanes.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

16) Sowilo (son "s") :

Sowilo

Même racine que "sun" en anglais, Sowilo est donc le soleil, et c'est la rune -irréversible- de la victoire.

Hautement bénéfique, elle annonce une gloire, un triomphe, des honneurs, une période de plénitude. Le voyage entrepris sera heureux, les vacances formidables nous laisseront de merveilleux souvenirs. Nous allons tomber sur un bon guide, avoir l'occasion de vivre une véritable réalisation de soi. Nous rayonnons de santé, et cette rune nous porte chance.

Cependant, mal entourée, même si d'une manière générale c'est la même chose mais en mode atténué, alors Sowilo peut nous parler d'une personne mégalomane, ou bien se faire miroir et nous reprocher nos propres excès de vanité, d'égocentrisme, nous prévenir de faux succès, de mauvais conseils, du risque de nous ridiculiser... C'est que lorsque le soleil éblouit, il nous aveugle, à moins qu'il ne nous fasse voir des mirages !

III) L'aett de Tyr

17) Tiwaz (son "t") :

C'est la rune de Tyr, dieu ase de la guerre et du ciel, de la justice et du bon droit, de l'honneur et de la loyauté, alors que Thor est plutôt réputé pour sa force physique et Odin comme rusé stratège dans cette triade guerrière.

Dans la légende, Tyr est un stoïque héros, fameux pour son dévouement et son courage : il sacrifie sa dextre pour enchaîner le loup Fenrir qui voulait ne faire qu'une bouchée du monde. Ce qui en fait en quelque sorte le chevalier Saint-Georges des peuples nordiques.

En position favorable, Tiwaz parle de courage, de volonté, de ténacité, de loyauté, de justice, de discipline. Elle peut annoncer une ascension sociale, une conquête, inviter à ne pas lâcher un combat. Rune de commandement, on peut voir en elle une personne de décision : un roi, un chef, un meneur, un homme d'affaires. Comme elle représente l'autorité, elle peut parler de l'armée, de la police, d'un militaire ou d'un policier. Aussi, d'un homme, tout court, mais à condition qu'il ait l'étoffe d'un héros, alors !

En position défavorable, cette rune devient tyrannie, injustice, trahison, mensonge, veulerie, laxisme... Elle invite à d'avantage de vigilance, peut annoncer un conflit, une guerre, ou un malentendu qui portera ses fruits amers. Il y a une incapacité à faire quelque chose. Le malheur s'installe dans le couple. Ou alors quelqu'un dans l'entourage fait des excès de sacrifice, peut-être même dans l'indifférence générale !

18) Berkana (son "b") :

Berkana

Même racine que "birch", le bouleau en anglais. Berkana est en effet associée au bouleau, arbre hautement bénéfique chez les Anciens. C'est la rune de la famille et du foyer.

En position favorable, elle parle de maternité, ou d'une maman, voire de la famille, ou du logis, de la maison. Elle peut parler de fécondité (qui peut être une fécondité en idées !), d'un jeune enfant, de sa croissance... Elle peut annoncer un mariage, une naissance.

Renversée, elle peut présager une naissance difficile, une fausse couche, révéler la stérilité d'une personne, mettre en avant des soucis en rapport avec les enfants. Des querelles familiales peuvent éclater, ou bien le divorce va mettre un terme à une vie de couple. Il peut encore être question d'abandon, d'un orphelin.

Dans une position ou l'autre considérée de manière totalement neutre, elle peut attirer l'attention sur tout ce qui a trait à la féminité d'une personne, à notre côté féminin, parler d'un homosexuel si c'est un homme.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

19) Ehwo (son "ê")

Ehwo est le cheval, c'est la rune des transitions et des passages.

Le cheval tient une grande place dans la mythologie nordique : char lunaire et char solaire sont tirés par des chevaux au galop, et c'est encore un cheval qui conduit l'âme vers le Walhalla, le paradis des guerriers, ce qui en fait un animal psychopompe. Lorsqu'il était sacrifié, ses os pouvaient servir d'instruments de magie noire, et sa chair consommée procurait protection et fertilité, ainsi que des visions. Odin a d'ailleurs un surnom -Ialg- qui signifie le cheval, peut-être à cause de sa fougue au combat, comparable au galop enfiévré de cet animal, mais peut-être aussi, et même plus sûrement, pour son pouvoir de liaison, de transmission, d'insufflation faisant voyager le chaman d'un monde à l'autre au cours des transes : le chaman est entraîné tel un cavalier sur le dos d'un cheval.

En position favorable, Ehwo met en mouvement. Elle est vitesse et rapidité, amène du progrès, des améliorations, ou bien nous parle d'un voyage : un déménagement est peut-être en vue ? Elle peut mettre en avant l'importance d'une relation positive et complémentaire entre deux êtres, le bien-fondé d'un travail d'équipe, et aussi féliciter le consultant pour son self-control, sa faculté de maîtrise en toutes circonstances.

Renversée, la rune présage un changement néfaste, de l'agitation ou de la nervosité, une disharmonie. Elle prévient d'un risque de perte d'autonomie, de dépendance : il ne faut pas se laisser dominer !

Ehwo renversée peut toutefois ne pas prendre de dimensions trop négatives et n'indiquer que de moindres désagréments, cela dépend beaucoup des autres runes tirées.

20) Mann (son "m") :

Mann

Mann -même racine que le mot anglais "man"- est la rune du genre humain. Elle nous rappelle notre esprit grégaire, notre besoin de communiquer avec nos semblables, d'être reconnus par eux. Notre vie n'est pas faite pour la solitude et, comme nul homme n'est éternel, il faut accepter le fait que chaque être cher nous quitte un jour, qu'il faille par conséquent profiter de leur présence tant que la vie nous le permet.

En position favorable, elle parle de ce qui a trait à l'humanité, la société, la civilisation. Son thème peut être le bonheur social, les traditions, l'harmonie dans un groupe, la coopération, la solidarité. Elle peut aussi ramener à la famille. Quelquefois, elle présente un étranger que l'on va rencontrer.

Renversée, il devient question de déséquilibre dans une société. Ou bien nous allons avoir des difficultés avec une administration. Elle peut également exprimer du pessimisme, du désespoir, le manque de confiance en soi, en les autres, la misanthropie, un tempérament farouche, un rejet de la famille, voire un repli sur soi total. Elle peut attirer notre attention sur une personne asociale, ou la situation dégradante que quelqu'un subit en l'absence de mains tendues. D'autres fois, elle révèle l'existence d'un ennemi caché.

21) Lago (son "l") :

Lago

Lago est la rune de l'élément eau. Sa forme rappelle la constellation des Poissons, qui l'a peut-être inspirée. Elle peut être associée à Aegir, dieu de l'océan à la force puissante et menaçante, à Mimir ("mémoire") dieu de la sagesse et de l'intelligence : décapité par les Vanes, Odin conserva sa tête et lui rendit la vie par des procédés magiques, afin qu'il recouvre sa faculté de parler et de révéler des secrets. Lago est également associée à Frey, qui fait tomber l'eau du ciel et la fait remonter de la terre vers les racines des végétaux pour qu'ils s'épanouissent.

Lago a encore une autre signification : le poireau ou l'oignon, des plantes qui font pleurer.

En position favorable, Lago évoque l'eau, donc la vie, mais aussi tout ce qui peut jaillir de notre source intérieure : l'intuition, l'imagination, les rêves... Elle fait émerger tout ce qui est caché, profond. Peut-être nous reproche-t-elle un certain manque de fantaisie ? Elle peut encore annoncer une grossesse, ou bien nous parler d'une femme. Il peut être question encore d'une traversée en mer.

En position défavorable, elle prévient d'un danger, d'une peur, ou de quelque chose qui va nous laisser confus, telle une perfidie à laquelle on ne s'attendait pas. Ou alors nous allons être l'objet des obsessions de quelqu'un. Il faut faire attention aux hypocrites et aux esprits dérangés. Il peut être question d'une personne timorée, d'un caractère faible, ou bien nous voilà blâmés pour notre émotivité trop forte. Il faudra se demander où mènent la passivité, la pusillanimité. Lago en mauvaise posture dans un tirage peut nous prévenir de ne pas nous faire d'illusions dans une situation précise. Retournée, elle peut symboliser des larmes qui tombent.

22) Ing (son "ng" comme dans "parking") :

Ing

Ing est une divinité plutôt méconnue : celle du printemps. Il s'agit probablement de Frey en son aspect de fécondateur actif, qui transforme continuellement les paysages au gré de ses déplacements incessants au-dessus des terres et mers. Ing, dieu dispensateur de vie, éternel amant de la déesse-mère, ne représente donc pas la Terre passive, magnétique, réceptive, mais les changements climatiques qui transportent les semences et véhiculent les pluies. Une déesse Inge ("la Jeune") même racine que young en Anglais, est peut-être son parèdre, et aussi un autre aspect de Freya, sœur jumelle de Frey.

La forme de cette rune irréversible peut évoquer une pierre précieuse taillée, une étoile, une graine... Je dirais une graine, qui est une fort petite chose, mais dotée d'un si grand potentiel, au fond : un pur concentré de vie en attente de germination. Elle représente une réserve d'énergie en attente, un commencement, une fécondation, le début d'une grossesse, la gestation d'un projet, un accomplissement, une réalisation. Ing peut encore nous conseiller du repos, une cure pour se régénérer.

Mal entourée, ce sont des efforts qui se révèlent infructueux, ou bien il est question de problèmes d'ovulation, voire de la stérilité de quelqu'un, d'un avortement, quand il ne s'agit pas d'une mise à l'écart, d'un retrait, ou de rêves détruits, de dispersion...

23) Dago (son "d") :

Dago

Dago est le jour (même racine que "day" en anglais). Cette rune irréversible chasse les ténèbres et autres influences négatives, apporte le développement, l'illumination, le retour du beau temps après la pluie. Elle est donc bonheur, et annonce un succès.

Par contre, si elle est mal entourée, alors son sens peut devenir contraire : il pourra y avoir un tournant négatif dans la vie, à moins que l'on ne soit victime d'un aveuglement, ou que nous devions essuyer une défaite. Tristesse en vue avec le retour de la nuit.

24) Othila (son "o") :

Othila

C'est la rune des ancêtres.

En position favorable, elle parle de patrimoine, d'héritage, de propriété ancestrale, de valeurs et de traditions, de famille, de lignage, et à un autre degré : de patrie. Elle exprime la stabilité, évoque les qualités innées d'une personne et l'ascendance bénéfique de ses ancêtres. Elle peut annoncer qu'un but que l'on s'est fixé va enfin être atteint, ou que quelque chose touche à sa fin. Il peut d'autre part être question d'une personne âgée.

Renversée, elle révèle les méfaits du matérialisme, de l'intéressement, ou même d'un conservatisme borné. Il peut être question d'une hérédité lourde, d'un atavisme malsain. Elle peut également annoncer une séparation, notamment d'avec les siens, ou bien un renoncement, ou alors une perte de biens, un déshéritement.

Othila rappelle qu'un digne héritier peut jouir du patrimoine qui lui revient, mais sur lequel il lui faudra veiller à son tour et qu'il devra faire prospérer dans le souci de sa propre descendance.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

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Voilà, nous avons vu les 24 runes. Maintenant, si vous voulez passer à la divination, il vous faut un jeu. On en trouve dans le commerce, mais l'avantage est qu'on peut les fabriquer soi-même, ce qui est vraiment économique. Pour ma part, je conseillerais de les graver soi-même sur des galets, avec des galets qui ont à peu près la même taille, la même forme, la même couleur, et ramassés sur la même plage. Idem si vous voulez les graver sur du bois, alors il faudra tailler des lamelles en faisant en sorte qu'elles aient la même largeur et épaisseur, dans une seule et même branche d'arbre debout (et non pas une branche de bois mort ou vermoulue, ni une branche qui perd ses fruits ou ses feuilles. On choisira une branche bourgeonnante, bien verte). Vous pouvez encore en fabriquer en argile, ou en peindre sur des coquillages (tous coquillages identiques évidemment, et provenant de la même plage) mais ce sera moins solide.

Ci-dessus, exemple de runes "maison".

Les matières non nobles comme le plastique sont à bannir. Le métal (argent, cuivre, or, etc.) est tout à fait convenable. Si toutefois vous préférez acquérir un tel jeu dans le commerce, il faudra le purifier. Voici une méthode : sur une toute petite feuille de papier vierge, écrivez ce que vous attendez de votre jeu, à savoir qu'il vous appartient et ne dois vous obéir qu'à vous, doit répondre à vos questions, vous servir de son mieux, etc. Ensuite enroulez cette feuille, brûlez-là au-dessus d'un récipient d'eau minérale de façon à ce que les cendres tombent dedans, puis plongez-y les runes. Il faut laisser les runes dedans jusqu'au matin, et que cette eau reste exposée aux rayons de la pleine lune toute la nuit. Méthode déconseillée pour les runes en bois, cela va de soi (le bois gonfle dans l'eau).

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La 25ème rune : Wyrd, ou rune blanche

Wyrd, c'est ainsi qu'était dénommée la triade des Nornes, les maîtresses du destin dans la mythologie nordique, la première représentant le passé, le seconde le présent et la dernière, l'avenir. Dans un jeu de runes, c'est une pièce sans rien de gravé dessus, que l'on appelle également "la rune blanche". Son rôle est d'informer le voyant qu'il faut s'abstenir de mener plus loin une consultation, afin que ne soit pas révélé ce qui doit rester secret, ce que nous ne devons pas changer. Un voyant est libre de l'inclure ou pas à son jeu. C'est à un anthropologue -Ralph Blum- que nous la devons : ce monsieur a publié des ouvrages sur les runes dans les années 80. Personnellement, je dirais qu'il vaut mieux en avoir une dans son jeu, de façon à accepter qu'une interdiction se manifeste dans un tirage. En citant un témoignage de Tacite au sujet de la divination chez les Germains, j'ai expliqué plus haut qu'une interdiction pouvait en effet mettre fin à un tirage, mais cela ne nous explique pas par quels signes une telle interdiction intervenait. C'est ce qui justifie pour moi la place d'une rune blanche dans un jeu. "Parfois, ne pas connaître sa destinée permet de dormir en paix" est-il dit dans le Havamal. Ce n'est en outre qu'une question d'humilité d'accepter qu'il y ait un destin nous contrôlant. Ce qui ne nous empêchera aucunement de renouveler un tirage interrompu par Wyrd ultérieurement, ou bien de formuler une autre question.

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Procéder à un tirage divinatoire :

L'idéal est de placer le jeu dans un sachet (en matériaux noble : cuir, étoffe, mais pas en plastique ou en papier) où l'on pourra prélever les runes avant de les disposer devant soi.

Je reviens sur la question des positions favorables ou défavorables : une rune est en position défavorable quand elle se présente à l'envers et/ou "mal entourée", et en position favorable si elle se présente à l'endroit et/ou "bien entourée" dans un tirage.

Les runes sont prélevées de la main gauche et en se concentrant bien sur sa question. Une question doit toujours être claire et positive. On demandera, par exemple, si l'on va réussir son examen, et non pas "Est-ce que je vais échouer à mon examen" ou "Est-ce que je ne vais pas y arriver ?".

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Méthodes de tirage divinatoire :

Voici quelques liens où vous pourrez trouver des méthodes de tirage classiques :

(Désolée, liens périmées).

Il n'existe pas de méthode meilleure qu'une autre. C'est à vous de voir ce qui vous convient, ce qui s'adaptera le mieux à la question posée, au problème à résoudre.

Vous devez encore savoir qu'au préalable d'un tirage, il faut se vider l'esprit de tout ce qui peut nous préoccuper, être détendu au mieux, fin prêt à la concentration. D'aucun allume des bougies ou des encens afin de créer une ambiance propice à la divination. Pour ma part, je le déconseille car cela risque de faire mal à la tête, en particulier les encens malsains à respirer. Préférez plutôt un moment de relaxation par la respiration avant de commencer.

Et en étudiant les runes d'un tirage, soyez comme le chasseur aborigène : quand il suit une piste, rien ne lui échappe, ni le brin d'herbe couché, ni la pierre déplacée, ni la branche cassée, pas plus que la moindre portion de mousse arrachée d'un tronc. Une trace de pas est pour lui une mine d'informations sur la bête recherchée, et il en va de même pour tout ce qu'elle laissera sur son passage, car le chasseur a tous ses sens en éveil, et se meut dans une sorte de transe. Ainsi chemine-t-il jusqu'à son but, ce qui fait de chaque chasse une quête initiatique. Le néophyte apprendra à faire de même avec une suite de runes étalée devant lui : il y verra un parcours à suivre, aura tous ses sens en éveil, même le sixième, comme un chasseur qui traque sa proie, afin de puiser le maximum d'un tirage.

Modifié le 20 juin 2021 par Doïna

Bonjour,

Voilà, alors maintenant je vais pouvoir entamer toute la partie consacrée à l'approfondissement, pour ceux que le sujet intéresse. Je sais que c'est très long, mais il y a en effet beaucoup de choses à dire sur les runes et la runomancie. En outre, tout ce que j'écris n'est que le résumé d'un livre que j'avais tenté de publier sur la question, sans succès malheureusement.

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Les poèmes de runes :

Dans les alphabets runiques, traditionnellement, chaque lettre était accompagnée d'un court texte plus ou moins obscur, que nous pourrions qualifier de "stance" et dont l'ensemble constitue un poème, ce qui avait en premier lieu une utilité mnémotechnique. Jadis transmis oralement d'initié à initié, ils ont été pour la première fois couchés sur le parchemin dans les monastères, et ce au tout début du Moyen-Âge. Je vais vous citer les trois poèmes : celui en vieil anglais, celui en vieux norvégien et celui en vieil islandais. Chaque stance sera précédée de A, N ou I : A pour l'anglais, N pour le norvégien et I pour l'Islandais. Pourquoi trois poèmes ? Mais parce qu'il a existé plusieurs alphabets futhark. Celui utilisé en runomancie est l'originel, celui qui se compose de 24 runes, lequel eut cours du II° au VII° siècle en Scandinavie, dans l'Allemagne actuelle et jusque dans une bonne partie de l'Europe centrale. Par la suite, les Anglo-Saxons vinrent y ajouter plusieurs caractères afin de l'adapter à leur propre langue. Passé le IX° siècle, Danois, Norvégiens et Islandais ne se servirent plus que d'un alphabet à seize caractères, jusqu'à son remplacement par l'alphabet latin.

En divination, on aura uniquement recours au futhark à 24 caractères, 24 étant divisible par 12 et par conséquent adaptable à notre zodiaque à douze signes, ainsi qu'à notre comput.

Pour ma part, j'ai rédigé ces stances en comparant plusieurs traductions : celle en anglais d'Edred Thorsson, d'autres en français, etc. Vous pourrez constater combien certaines de ces stances peuvent être obscures, parce que se rapportant à des croyances, superstitions, pratiques, traditions ou légendes qui se transmettaient oralement au cours de ces âges lointains, mais qui ont fini par se perdre. Je trouve important de les rapporter néanmoins, parce que ces connaissances, si anciennes soient-elles, peuvent faire écho malgré tout à des choses enfouies au plus profond de nous, et ainsi nous aider, nous orienter dans la voyance.

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Feho :

A : La richesse est un bien-être pour tous/quoique tout homme devrait la partager de bon cœur/pour gagner l'approbation du Seigneur.

Ici, dans Seigneur, il faut entendre Frey, littéralement "Seigneur", divinité dispensatrice de bienfaits et pleinement pacifique dans le panthéon nordique : les armes n'avaient point leur place dans ses temples, et qui en portait sur lui devait s'en démunir avant d'en franchir le seuil.

N : La richesse est source de conflit entre proches/Le loup vit dans les bois.

I : La richesse est cause de discorde entre proches/et le feu de la marée montante/et le chemin du serpent.

Le loup et le serpent, dans ces stances, sont des allusions à des légendes mythologiques. Dans la première, les dieux ont affaire à un loup gigantesque qui les met en danger, ainsi que le monde. Le messager de Frey est alors dépêché chez les nains, seuls capables de fabriquer un lien assez solide pour retenir la bête, au moins jusqu'à la fin du monde.

Le serpent quant à lui (ou dragon) est un monstre vivant au fond de l'océan et se mordant la queue. Le moindre de ses mouvements provoque des catastrophes sur mer. Personnellement, il me fait penser à la ceinture de feu du Pacifique, mais il doit nous rappeler aussi que nous avons chacun nos failles, notre dragon intérieur, gardien de bien des trésors, mais capable également de déclencher des tsunamis dans notre existence.

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Ur :

A : L'aurochs est sans peur et magnifiquement encorné. / Bête vraiment féroce,/il combat avec ses cornes,/vagabond bien connu de la lande./C'est un animal courageux.

N : Les scories proviennent du mauvais fer./Souvent court le renne/dans la neige rude.

I : La bruine, c'est les larmes des nuages/et la ruine de la fenaison,/et la cause de la haine du berger.

Les dernières stances peuvent nous pousser à nous interroger : qu'apporte le mauvais fer si ce n'est qu'on en tire de mauvais outils et des armes de piètre qualité pour se défendre ? Pourquoi le renne court-il dans la neige rude ? A la recherche de nourriture au plus fort de l'hiver ? Et la bruine ? Trop d'humidité fait pourrir le foin destiné à nourrir les bêtes en période maigre ? Quant au berger, ce ne doit en effet pas être un agrément de devoir garder son troupeau sous la pluie, dans le froid ?

Toutes ces images peuvent faire penser aux défenses naturelles dont dispose notre organisme, mais on peut l'étendre à nos défenses morales. C'est au voyant, qui connaît ces poèmes par cœur, de dire ce que cela lui inspire lors de la consultation.

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Thuris :

A : L'épine est bien piquante/à tout homme lige qui s'en saisit ;/elle est nuisible et extrêmement cruelle/à celui qui se couche dessus.

N : Thurs (un géant) cause la maladie des femmes./Peu se réjouissent du malheur.

I : Thurs est le fléau des femmes/et l'hôte des rochers,/et l'époux de la géante Vardh Runa.

Pour les Anglo-saxons, cette lettre était Thorn -l'épine-. L'homme lige est le serf, celui qui n'est pas libre mais au service d'un homme libre.

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Asa :

A : La bouche est maîtresse de toute parole,/l'élément de la sagesse/et un bien-être aux sages,/pour tous les nobles guerriers espoir et bonheur.

N : L'estuaire est la direction de bien des voyages,/mais le fourreau est pour l'épée.

I : Odin est le père ancien/et le chef d'Asgardhr/et le souverain du Walhalla.

Odin était le patron des routes, pistes, sentiers et carrefours, ainsi que le dieu de l'éloquence, de la parole. Dans la stance anglaise, la bouche -Os- est le même mot que le dieu ase.

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Raidho :

A : La chevauchée est, dans le palais, aisée aux guerriers/mais fort ardue pour qui chevauche un cheval puissant/par-delà des lieues de route.

N : La chevauchée est ce qu'il y a de pire aux chevaux ; /Reginn forgea la meilleure épée.

I : La chevauchée est une place bénie/et un voyage rapide,/et le dur labeur du cheval.

Reginn est un personnage de légende. Forgeron et orfèvre, il excelle dans le travail du fer et de tous autres métaux. Il fabrique l'épée la plus solide et la plus tranchante qui soit pour son fils adoptif Siegfried qui doit aller tuer le dragon Fafnir, gardien monstrueux d'un trésor maudit. Dans sa quête, Siegfried dispose d'un excellent coursier, très rapide : Grani (Robe grise), progéniture du cheval Sleipnir, la monture d'Odin.

Siegfried occis le dragon, et boit fortuitement un peu de son sang. C'est ainsi qu'il gagne le don de comprendre le langage des oiseaux. C'est d'ailleurs en entendant un oiseau qu'il apprend que Reginn, son père adoptif, a l'intention de le tuer pour lui reprendre son épée, son destrier fabuleux et le trésor. Siegfried s'empresse par conséquent de le tuer avant.

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Kenaz :

A : La torche est, pour toute personne vivante,/connue pour son feu :/il est clair et brillant./D'ordinaire, elle brûle/Lorsque les princes demeurent dans la salle.

N : L'ulcère est la malédiction des enfants,/le chagrin rend l'homme pâle.

I : L'ulcère est le fardeau des enfants,/et une affliction,/et la maison des chairs putrides.

On se rappelle que Ken est le flambeau pour les Anglo-saxons, mais pour les autres la plaie, l'ulcère : Kaun.

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Gebo :

A : Le don est pour tout homme/une fierté et une éloge,/aide et honneur ;/et de tout aventurier sans feu ni lieu/est le domaine et l'essentiel/pour ceux qui n'ont rien d'autre.

(Pas de stance norvégienne ni d'islandaise pour cette rune).

Cette stance semble nous rappeler que le seul don valable soit celui reçu des dieux. Autrement dit ce don inné qui aide à progresser dans la vie, ouvre les portes et tire des mauvais pas.

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Wunjo :

A : La joie est le lot de qui n'a que peu de tourments,/souffrances et afflictions,/et de celui qui -pour sa part-/dispose de pouvoir et de félicité,/ainsi que d'une demeure fort agréable.

(Pas d'autres stances).

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Hagal :

A : La grêle donne le plus blanc des grains,/elle vient des hauteurs du ciel./Des bourrasques de vent la précipitent,/puis elle devient eau.

N : Le grêlon est le plus froid des grains ;/l'Occulte façonna le monde en d'anciens temps.

I : La grêle donne un grain froid,/est une ondée de neige fondue/et le mal des serpents.

Dans la stance norvégienne, l'Occulte, "Celui qui est caché" (Hroptr), fait allusion à Odin. Un moine, en couchant ces mots sur le parchemin, l'avait délibérément remplacé par Christ.

Pour le reste, quelle sensation de froideur nous envahit en lisant ces phrases ! Pourtant, il arrive un moment où le grêlon, si dur, si glacé fût-il, se transforme en eau, élément indispensable à toute vie. Il en va de même durant chaque épreuve difficile dont nous pouvons tirer une leçon. C'est de cette sorte que l'on s'instruit par l'évènement, comme l'aurait dit Homère. Il n'y a que les serpents qui ne peuvent survivre à la glace, parce qu'ils sont incapables de produire leur propre chaleur.

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Naudhiz :

A : La gêne oppresse la poitrine/bien qu'aux enfants des hommes elle puisse se faire/aide et salut néanmoins,/si tôt ils y prennent garde.

N : La gêne ne facilite guère une situation ;/l'être nu gèle dans le froid.

I : La gêne est la souffrance de la femme lige,/et la contrainte d'une position difficile,/et une lourde tâche.

Je vais m'attarder un peu sur la femme lige. Dans ces peuples anciens, il s'agissait de la serve, la servante, la femme non libre au service d'un homme libre. De là, on peut se demander si par "position difficile" et "lourde tâche", on ne pourrait y voir une allusion au rituel funéraire pratiqué dans certaines sociétés nordiques. Je pense notamment aux Varègues, que l'on connaît grâce à un témoignage manuscrit d'Ibn Fadlân, diplomate irakien du X° siècle. Quand la dépouille d'un puissant était installée sur le bûcher, tous les siens attendaient que l'une de ses servantes se dévoue à l'accompagner dans l'Au-delà. Celle qui s'était désignée pour un tel sacrifice, une fois allongée à côté de son seigneur, était poignardée, ensuite seulement la crémation pouvait avoir lieu.

Dans pareilles circonstances, la fille ou femme lige se trouvait dans une position on ne peut plus difficile et contraignante, et c'était là une bien lourde tâche que l'on attendait d'elle. De nos jours heureusement, il n'y a plus de personnes liges, mais l'échelle sociale est bien une réalité.

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Issa :

A : La glace est très froide/et extrêmement glissante./Elle miroite, si claire que du verre,/Autant que des joyaux :/un parquet de gel est beau à voir.

N : La glace, nous l'appelons le large pont ; / l'aveugle à besoin d'être guidé.

I : La glace est la croûte de la rivière/et le toit des vagues,/et un péril pour les condamnés.

La stance anglaise illustre bien la nature trompeuse de la glace. La norvégienne rappelle la légende du dieu aveugle Hoder qui, guidé par le fourbe dieu Loki, tua involontairement son frère Balder d'une flèche dans le cœur. Elle nous met en garde contre la fausseté et les mauvais conseils. L'islandaise nous ramène au pouvoir immobilisant de la glace, qui emprisonne les eaux vives. Concernant le "péril des condamnés", il est vrai que chez les Anciens islandais, un homme pouvait être condamné à l'exil pour un délit, ce qui ne devait pas être une sinécure quand cela advenait en plein hiver dans ces contrées gelées du nord. Le criminel pouvait également condamné à marcher sur la glace jusqu'à ce que mort s'ensuive.

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Jara :

A : La récolte est l'espoir des hommes ;/quand dieu le permet, saint roi du ciel,/la terre donne ses fruits chatoyants/aux âmes nobles et aux nécessiteux.

N : La bonne récolte profite aux hommes ; /Je le dis : Frodhi a été généreux.

I : La bonne récolte profite à tous les hommes,/et c'est un bon été.

En ce qui concerne la stance anglaise, cela ne fait pas de doute qu'elle a été contaminée lors de sa retranscription par un moine, et que par "dieu, saint roi du ciel" il faut entendre Frey, ou Ing. Frodhi signifie "paix" et se rapporte également au dieu Frey.

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Ew :

A : L'if est un arbre d'aspect rugueux, de bois dur,/fermement implanté dans le sol,/gardien de la flamme,/maintenu par ses racines,/c'est la joie de son domaine.

N : L'if est le plus vert en hiver ; /d'ordinaire, quand il se consume, il brûle bien.

I : L'if, c'est un arc tendu/rebelle au fer,/et le Farbauti de la flèche.

On notera la dureté effective du bois d'if, imputrescible, très prisé pour la fabrication d'arcs, de flèches et autres armes. Cet arbre reste vert en hiver et a une longévité extraordinaire, qui peut dépasser deux-mille ans.

Concernant Farbauti (= "Qui frappe cruellement"), dans la mythologie c'est justement en frappant son épouse d'un éclair qu'il provoqua la naissance de Loki, le dieu fourbe du panthéon nordique.

Pertho :

A : Le coffret des sorts est toujours amusement et rires/parmi les audacieux,/là où les guerriers s'assoient/dans la halle à bière, ensemble gaiement.

(Par coffret des sorts, sans doute faut-il entendre une boîte de jeux, ou encore un gobelet à dés).

Pas de stance norvégienne et islandaise pour Pertho.

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Algiz :

Le carex de l'élan demeure/le plus souvent dans les marais,/il croît dans l'eau et blesse cruellement,/et brûle d'ulcère tout qui,/tant bien que mal, essaie de s'en saisir.

Une seule stance anglaise pour Algiz.

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Sowilo :

A : Le soleil est, des marins, toujours espéré/quand ils se rendent fort loin/sur le bain des poissons,/et ce tant que l'étalon saumâtre/ne les a point ramené à terre.

(NB : l'étalon saumâtre est le bateau).

N : Le soleil est la lumière des terres ; /je m'incline devant sa gloire.

I : Le soleil est le bouclier des nuages/et un halo resplendissant/et l'éternelle tristesse de la glace.

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Tiwaz :

A : Tyr est une étoile,/elle veille loyalement sur les Princes ;/toujours dans sa course/au-dessus des brumes de la nuit,/elle ne trahit jamais.

N : Tyr est le dieu manchot parmi les Ases ;/le forgeron doit souvent souffler.

I : Tyr est l'Ase manchot/et ce qu'a laissé le loup,/et le prince des temples.

Dans la première stance, peut-être devons-nous voir dans l'étoile la Polaire, seule étoile fixe et guide bien connu vers le nord.

Concernant Tyr, nous avons déjà vu comment il était devenu manchot. Il est le prince des temples vraisemblablement en tant que dieu de la voûte céleste au-dessus de la Terre. Bon nombre de sanctuaires se trouvaient en effet en plein air dans l'Antiquité (ce que les Celtes appelaient "nemeto") : des clairières, des monts, des îles étaient des lieux sacrés, ce qui fait de Tyr le prince des temples.

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Berkana :

A : Le bouleau ne donne point de fruits,/il produit des pousses sans semence fertile./Il a de belles branches,/en haut sur sa couronne,/il est joliment Couvert,/chargé de feuilles,/touchant le ciel.

N : La brindille est, du bouleau,/ce qu'il y a de plus verdoyant parmi ses feuilles./Loki mena sa tromperie avec succès.

I : Le bouleau est une Branche verdoyante qui exhibe ses feuilles,/et un petit arbre,/et un bois de jeunes pousses.

Ces stances sont obscures. On admettra la joliesse du bouleau, le beau vert de ses feuilles, entre le ton pomme et le ton menthe. On sait que chez les Nordiques il était lié à une divinité féminine, et que dans leur mythologie la première femme fut créée Avec une branche de cet arbre. Aussi, s'il ne donne pas de fruits hormis ces petits cônes de forme allongée non comestibles, il s'entoure en revanche fréquemment de ses propres jets telle une mère au milieu de ses rejetons.

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Ehwo :

A (stance unique) : Le cheval est, en présence des nobles,/la joie des princes, un coursier fier de ses sabots ;/c'est ainsi qu'à son sujet les héros -des hommes riches-/sur leur destrier discourent,/et c'est toujours un bien-être/à l'homme sans repos.

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Mann :

A : L'homme est dans sa gaieté cher à son parent,/bien que chacun partira de l'autre,/car le Seigneur consacre, par son décret,/cette chair faible à la terre.

N : L'homme est surcroît de poussière ;/puissante la portée des serres du faucon !

I : L'homme est le plaisir de son semblable,/et davantage de terres/et d'ornements sur les navires.

Concernant la stance anglaise, il va sans dire que par Seigneur, il faille entendre Frey, seigneur de la Terre et du monde chtonien, ce qu'un moine du haut Moyen âge n'aurait pas trouvé concevable d'écrire.

La stance norvégienne rappelle la nature éphémère de l'être humain, tôt ou tard proie de la mort. Il est d'ailleurs intéressant de rappeler au sujet des serres du faucon que la déesse Freya peut prendre la forme d'un faucon dans la mythologie nordique, et alors prendre pour sa part la moitié des morts tombés au champ d'honneur, l'autre part revenant à Odin et partant pour le Walhalla.

La stance islandaise met en avant qu'un être humain n'est point fait pour une existence solitaire et a besoin d'exister aux yeux de ses semblables. L'union entre hommes permet la conquête de nouvelles terres, et leur culture, et ce sont nos semblables qui nous inhument comme il se doit une fois passé de vie à trépas : les Vikings brûlaient en effet leurs morts sur des bateaux qu'il chargeaient d'ornements.

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Lago :

A : La mer est aux compatriotes/en apparence sans fin/s'ils s'aventurent bien loin/sur un bateau instable,/lors les vagues/tant les effrayent,/et l'étalon saumâtre (leur navire)/ne prend plus garde à sa bride.

N : L'eau est ce qui tombe des montagnes/comme une force ;/mais ce qui est d'or est chose coûteuse.

I : La mer est une eau écumante/et un large jeyser,/et le champ des poissons.

Ces stances soulignent l'instabilité de l'eau. L'or dans la stance norvégienne est peut-être celui des Nibelungen, ces nains qui habitent dans les montagnes brumeuses ?

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Ing :

A (stance unique) : Ing fut le premier parmi les Danes de l'est,/et ainsi était-il vu/jusqu'à ce qu'il retourne vers l'est,/par-delà les vagues, devançant son chariot./Il fut celui que les guerriers appelèrent héros.

C'est très obscur. Peut-être faut-il comprendre que le dieu Frey sur son chariot, sous son avatar connu comme étant Ing, faisait des déplacements incessants des terres vers les mers, puis en revenait au gré des saisons sous forme de vents chargés de pluie.

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Othila :

A (stance unique) : L'héritage est cher à tout homme,/s'il peut se réjouir à bon droit/et selon la coutume/dans sa demeure,/plus encore dans la prospérité.

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Voilà, je vous ai rapporté les trois poèmes de runes, et en les comparant avec la signification des runes vous constaterez que tout devient plus clair. En outre, le néophyte n'oubliera pas que, si obscurs lui semblent-ils, ils pourront l'aider dans l'interprétation d'un tirage. L'étude du Havamal pourra lui apprendre beaucoup également, il pourra le lire sur ce lien.

Maintenant, nous voilà arrivés à la troisième et ultime étape : les associations de runes.

Lors d'un tirage, les runes s'associent et ne sont pas à interpréter seulement une par une, mais également en considérant toutes interactions qu'elles peuvent avoir entre elles. Prenez par exemple Jara : à côté de Kenaz, nous pourrons y voir une guérison après une maladie, une récompense après des efforts fournis, une reconnaissance artistique, la notoriété, voire une conquête amoureuse longtemps espérée. Avec Kenaz renversée, alors il s'agira plus probablement d'une période de difficultés sociales (d'ordre juridiques par exemple) ou des problèmes affectifs à résoudre, ou des efforts vains, ou encore la paix retrouvée à la fin d'une période trouble.

Mann avec Naudhiz annonce des problèmes latents, des petites maladies qui peuvent être chroniques (surtout si associées à Jara), des difficultés diverses mais apportant des contraintes : une dette à rembourser par exemple. Si Naudhiz est renversée, alors il faut s'attendre à des restrictions (notamment de liberté : incarcération, surtout si Issa s'y ajoute, toxicomanie ou alcoolisme avec Pertho surtout si renversée, prostitution avec Wunjo surtout si renversée, etc.). Ces associations seront plus faciles à interpréter si déjà le voyant connaît bien chaque rune, sa signification. Le néophyte, pour avancer pas à pas, pourra commencer par se tirer lui-même les runes en pensant à quelque chose de précis ou à quelqu'un, pour voir comment elles se présentent et apprendre à les interpréter. Il pourra encore consulter sur les jours de sa semaine à venir, puis sur les mois de l'année à venir, notant scrupuleusement la suite de runes dans l'ordre de prélèvement (en précisant si elles sont venues à l'endroit ou à l'envers).

A titre d'exemple :

Le consultant demande : Est-ce que mon fils va réussir son examen ?

Il tire Asa-Lago renversée-Jara.

Donc l'examen apparait bien avec Asa, puis vient Lago renversée : le fils du consultant manquera de confiance en lui. Il ne se sentira pas dans de bonnes conditions, risque des trous de mémoire et la perte de ses moyens. Arrive en dernier Jara qui nous dit que tout ne sera pas perdu, mais qu'il faudra recommencer. On demande au consultant de prélever à nouveau trois runes : Naudhiz - Ew - Ehwo.

Naudhiz informe que le fils du consultant sera tendu, qu'il préfèrera se priver de loisirs et s'isoler pour se préparer à l'épreuve de sa dernière chance, et revoir à fond ses matières. Ew indique qu'il trouvera la force de se ressaisir et luttera de toute sa personne pour donner le meilleur de lui-même. Vient Ehwo : pendant cette seconde épreuve, il aura une parfaite maîtrise de lui-même, se sentira à l'aise parmi les autres candidats et, surtout, avec son examinateur.

On demande au consultant de tirer une dernière fois trois runes : Ur - Dago - Thuris

Ur montre que le fils du consultant sera tenace et qu'il progressera comme il faut pendant l'examen. Dago prévoit la réussite, appuyé par Thuris pour les connaissances reconnues assimilées.

Naturellement, tous les tirages ne seront pas "à rebondissement" tels que celui-là, mais il faut en effet parfois demander au consultant de s'y prendre à plusieurs fois.

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Ce sera tout, je pense vous en avoir dit assez. Il ne me reste qu'à souhaiter bon courage au néophyte qui voudrait se lancer dans la divination par les runes.

Modifié le 19 juin 2021 par Doïna

 

Merci pour ces méthodes.

J'en ai profité pour rafraîchir un peu ce topic.

Après tout ce temps, je reviens sur Algiz, quinzième rune de l'alphabet futhark. Enveloppée de ses mystères, elle n'a cessé d'exciter ma curiosité, aussi ai-je fait des recherches, pour en arriver à une plante : le gui.

Selon moi, il y aurait une piste à creuser de ce côté-là pour plusieurs raisons.

Le nom de la rune varie selon les langues germaniques des peuples qui utilisaient le futhark.

Par contre, algiz est la seule lettre à couvrir autant de sons différents d'une langue à l'autre : z, r, rj, th, m... Et selon les langues elle porte le nom d'algiz, eolhsecg, madr, Yr... Elle peut être représentée dans un sens ou dans l'autre.

Quand elle est Eolhsecg, elle correspond à ce poème :

Le roseau de l'élan, il croit dans les marais, est un féroce combattant et fait une cruelle blessure à tout guerrier qui le touche.

Eolhsecg est, littéralement traduit, le roseau de l'élan, ou bien le roseau-élan. Peut-être que cela désigne quelque chose de si effrayant ou sacré que les peuples de ces temps lointains n'osaient pas la nommer par son vrai nom. Nous savons que, jusqu'à une certaine époque, l'ours a été surnommé le Brun ou Martin par des paysans qui craignaient de le désigner par son vrai nom de peur de l'attirer, de même que quand ils préféraient dire "le malin" plutôt que le diable.

Dans la légende, le prénom Beowulf se traduit par "le loup des abeilles", qui est un des nombreux surnoms de l'ours.

Mais revenons-en à Eolhsecg : peut-être que le "roseau-élan" désigne le gui ? La forme de cette lettre évoque la forme de cette plante, et la légende nous dit qu'une flèche conçue d'un bâton de gui tua le dieu Balder/Baldur (traduction : l'audacieux). Le gui se nourrit de la sève des arbres qu'il parasite. Comme les végétaux, tout comme les animaux et les éléments, étaient souvent attribués à une divinité précise, le gui pouvait être attribué à Odin, dieu des pendus et de l'élément liquide, parce que le gui se pend à l'arbre pour se nourrir de son liquide. En outre, l'arbre cosmique Yggdrasill est, littéralement traduit, "le coursier d'Yggr", Yggr étant un des surnoms d'Odin. Chevaucher, dans le langage occulte, signifiait "être véhiculé par la transe magique", ce qui était perçu comme un transport vers l'Au-delà ou dans une autre dimension.

Yggdrasill est brouté par en haut par un cerf dont le nom -Eikthyrnir- signifie "épine de chêne", qui désigne le gui.

Poursuivons avec d'autres poèmes runiques de cette lettre représentée avec la fourche vers le bas, appelée Yr :

L'arc, c'est un arc tendu, un fer fragile, et Farbauti de la lance.

Il est le plus vert des arbres, quand il brûle, il pétille.

Farbauti est le père de Loki et une divinité de la foudre. Son nom se traduit par "flèche foudroyante". De là, on peut s'interroger si le premier poème ne se rapporte pas, une fois de plus, à Balder, foudroyé par une flèche de gui.

Quant au second poème, le gui est toujours vert. J'ignore par contre s'il pétille quand on le brûle, je n'ai pas essayé d'en brûler. Les Anciens nordiques mettaient-ils du gui sur les bûchers funéraires pour aider le défunt à renaître dans l'autre monde ?

Tout cela est très mystérieux, j'en conviens. De tous temps, les propriétés du gui ont servi à fabriquer de la glu, du poison, des infusions médicinales, divers remèdes, des teintures, des sirops... Depuis la nuit des temps, avec le houx, il fait partie de la symbolique du solstice d'hiver et de Noël. Il est également probable que, de par sa toxicité, il ait servi à élaborer des produits pour aider à atteindre la transe.

Il était sacré chez les Celtes qui le considéraient comme une panacée : "la plante qui guérit tout". Dans le sanctuaire de Glauberg fut découvert une dépouille portant une coiffe en forme de gui, et à côté une statue également coiffée, ce qui laisse à penser qu'elle était celle d'un druide. Les druides s'en servaient pour traiter la stérilité, les convulsions, la toux, la coqueluche et les maladies de poitrine, et tous les troubles liés à l'hypertension artérielle. Durant l'Antiquité, le gui fut utilisé contre l'épilepsie, comme antispasmodique et sédatif.

Ce sera tout à propos d'Eolhsecg/Algiz, qui reste toujours nimbée des brumes de ses mystères.

 

Modifié le 20 juin 2021 par Doïna

Intéressant,  mais j'ai du mal avec les runes. Je me suis intéressé à la symbolique des lames du Tarot, et je reste persuadé qu'il y a des liens avec les runes....mais bon sang que c'est complexe !

J'imagine de toutes façons qu'il faut des années pour assimiler tout ça. Quand je pense que Jung lui-même a dû consacrer quelques années aux symboles....j'en ai le vertige.

Je ne dois pas être équipé pour...

En tous cas je lis avec intérêt tout ce qui touche à l'ésotérisme en général, croyant fermement qu'il n'y a plus guère à creuser dans l'exotérisme .

 

 

Bravo @Doïna! Très beau travail ! quelle patience tu as !

Je pratique les tarots et les runes, depuis pas mal de temps , et il est vrai que c'est passionnant !

Je pense même que les runes sont encore plus précises et fidèles que le tarot ! Mais peut être un peu plus difficiles à exploiter..

sinon il y a aussi le I-Ching qui est intéressant ,si tu ne connais pas ?