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Le poème de Kipling vu au 21 éme siècle..


cyaon-le-cynique1

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Membre, 71ans Posté(e)
cyaon-le-cynique1 Membre 33 messages
Baby Forumeur‚ 71ans‚
Posté(e)

Pour bien comprendre ce texte aujourd’hui, il faut replacer le poème dans son contexte. Écrit à la fin du 19e siècle, il célèbre les vertus d’un stoïcisme sous l’ère victorienne britannique où il était noble de retenir ses émotions et de dominer ses passions. Cette société distinguait l’homme fort, intrépide et endurci, de l’homme faible, esclave de ses sentiments.

Aujourd’hui, l’interprétation que je fais de ce poème est différente. Il n’est plus question de stoïcisme. Nous sommes des êtres sensibles, nous ressentons le plaisir et la douleur. Il est alors respectable d’exprimer ses émotions et ses peines. Toutefois, le texte appelle au courage de celui qui subit une épreuve. Bien qu’on ne choisisse pas la survenue d’un événement douloureux, d’une infortune ou d’une situation, on choisit comment y réagir au lieu de la subir et de s’apitoyer sur son sort. Même abattu par le destin, l’homme doit se relever pour redevenir souverain de sa vie. C’est le message que je retiens.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,

Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre

Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle,

Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère

Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

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  • 1 mois après...
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Membre, 34ans Posté(e)
Strigidae Membre 31 messages
Baby Forumeur‚ 34ans‚
Posté(e)

J'adore ce poème. Effectivement la première fois que je l'ai lu et sans connaître l'ère victorienne, je l'ai interprété comme une certaine maîtrise de soi à avoir pour atteindre à cet espèce d'état, pareil à l'éveil, qu'est l'homme. Et puis plus tard je l'ai compris plutôt dans ton sens. Dans une interview, Jacques Brel dit qu'un homme a de la tendresse, qu'il doit assumer ses souffrances. Il faut donc accepter le sort qui nous est réservé (c'est-à-dire ne pas le nier et ne pas nier nos sentiments). Brel dit aussi que le talent ça n'existe pas, que chacun à un moment donné a la volonté de faire et si, au moment où la volonté est présente, on suit sa volonté, on a alors le talent nécessaire à la réalisation.

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