Monuments Men

Le film commence. Premier truc qui m'interpelle, la musique façon Grande Evasion mais en 2014. Volontairement kitsch, elle indique immédiatement le style de film qu'on va regarder : comique, un peu "à l'ancienne" impliquant tout ce qui fait le charme de ce genre de film, soit l'exaltation du héros patriote américain, les clichés sur les français, les allemands, les anglais, etc, etc. Bref de l'humour à l'ancienne, je me dis "Pourquoi pas".

Et là, c'est fatal : les instants humoristiques, déjà pas super fendards (ce qui n'est pas un problème en soi) sont très vites éclipsés par les monologues inspirés des lettres des soldats. Ce qui a la fâcheuse conséquence de rendre le film long, laborieux.

Au-delà de cette longueur, nous pouvons espérer un jeu d'acteur intéressant, digne de ce nom. Sauf que... Y en a pas beaucoup ! Ces moments épistolaires bouffent tellement de temps que le peu du jeu d'acteur passe inaperçu, malgré un casting faramineux !

John Goodman, fameux dans The Big Lebowski ou plus récemment dans la série Treme joue un rôle qui n'est pas du tout à sa hauteur d'acteur charismatique.

Que dire du rôle de Bill Murray qui lui aussi reste assez marginal, tout comme Jean Dujardin pour une caméra plus concentrée sur une Cate Blanchett qui s'improvise française (pas trop mal disons), un Matt Damon qui s'en sort pas trop mal, et surtout un George Clooney qui me déçoit, alternant moment de conduite dans une Kubelwagen et discours dramatiques creux aux hommes à la nuit tombée.

Les clichés eux-même ne sont pas super drôles :

- des soldats allemands suffisamment bêtes pour parler à voix basse d'objectifs stratégiques importants entouré de GI's (je pense que les allemands se doutais de la présence d'interprètes et donc gardaient le silence autant que possible) ;

- Paris, lieu de libertinage convenu par les français eux-même (enfin, surtout par une fausse française jouée par Cate Blanchett) durant les années 40 (on sent ici le rapport contradictoire qu'entretiennent les américains avec le sexe) ;

- Une seule foutue mine antipersonnel... Dans une mine ! J'aimerai connaître le sapeur allemand qui a eu cette brillante idée... De surcroît, une mine visiblement assez vétuste pour foirer. Donc probablement présente depuis plusieurs années, en compagnie de soldats allemands, faisant aller et retour avec des œuvres d'art en main pour finalement piéger un GI (et pas n'importe lequel bien sûr !) au bout de toutes ces années. En mathématique cette probabilité est de l'ordre du zéro pointé.

C'est à se demander à quoi pensait le scénariste qui a pondu un truc aussi capillotracté, alors que nous avons eu "Il faut sauver le Soldat Ryan" 16 ans plus tôt ! Je veux bien que le réalisme puisse être parfois secondaire, qu'on prenne certaines libertés. Mais pas n'importe comment non plus !

Bref, ce film me déçoit, l'histoire pouvant tenir sur un timbre-poste alors qu'il y aurait probablement beaucoup à dire sur le pillage nazi en Europe. Mais le film fait la part belle (un peu trop ?) aux familles juives européennes victime de cela, nous parle d’œuvres d'arts qui ont le mérite de se faire connaître auprès d'un public composé de profanes, etc.

Bref... Si le fond de l'histoire est bon (comme très souvent) il reste que sa réalisation peut parfois être décevante. Peut mieux faire, vraiment... J'accorde de 4/10 parce que le casting est bon et que l'histoire était une bonne idée, mais pas plus.