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Jedino

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 47 992 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Où sont-ils donc, ces noms? Que je les poursuive et les attrape. Les choses m'échappent, j'en ai les mains moites. Tout me glisse dans la paume. Même mes pensées. Même moi. Me retrouverais-je? J'ai placé une bombe non loin de mon destin.

Il faut que je vous raconte. C'était la veille d'une nouvelle semaine, de ces semaines que vous classez rapidement dans l'armoire de l'oubli. Et pourtant. C'était donc un dimanche, je ne faisais rien d'exceptionnel. Je m'étais énervé sans raison, comme trop souvent. En général, cela continuait en une promenade. Surtout s'il faisait froid. Il est bien le seul à savoir comment me calmer, à me donner de ces caresses qui font frissonner tous les corps et les coeurs. Le vent avait été mon amant, en quelque sorte.

Ce jour là, donc, mon ombre hantait la rue du paisible village où j'errais depuis si longtemps. Il me semblait l'avoir toujours connu ainsi : avec peu d'hommes à rencontrer le jour, aucun la nuit, mais à chaque fois un bonjour à offrir et accueillir. Cette bonne sympathie me redonnait un peu vie. Je ne connaissais personne, cela ne m'intéressait pas. A quoi bon? Je me suffisais à quelques sourires esquissés au détour d'un trottoir, à deux ou trois regards évasifs et fatigués. Passant, je n'étais rien. Eux étaient tout. L'âme d'un malheureux n'a parfois nul besoin de plus. L'attention répond à sa faim, sa soif, sa peine et sa vie. Même maladroite. Même ailleurs.

D'où mon incompréhension. Et ma méfiance. Pourquoi me parlait-elle? Je ne le méritais pas. Mauvais. J'étais mauvais. Pourquoi m'appréciait-elle vraiment? Pourquoi ce paumé, ce vagabond que je suis? Le feu brûlait dans ses yeux. Je fondais face à elle. Impuissant comme l'est celui qui affronte la nature, celle-là même qui saura étonner encore alors que tout paraît compris. Fuir? Mes pas ne faisaient que la moitié des siens. Je succombais.

Sa joie était sanguine : une fois avec elle, le temps redevenait chaleureux. Virevoltant sur le visage usé du monde, en partage devant ses blessures et ses souvenirs, nous allions à travers la campagne, prônant la beauté et la poésie. Se pouvait-il seulement qu'un mort, égaré au milieu des terres du passé, découvre à nouveau un sentier à suivre? Elle me contait avec entrain ses journées et ses plaisirs, son travail banal qui en devenait passionnant. Elle philosophait aussi, de temps en temps, sur ce qu'elle serait quand demain arrivera. Moi, je l'écoutais patiemment. J'observais cette bouche qui fustigeait mon désespoir d'an-temps par sa simple existence, par la force qui lui permettait de me dire toutes ces choses tandis que je me taisais.

Il me l'a rappelé : si j'ai su le tromper, je n'ai pas su disparaître. Le ciel m'a rattrapé, m'a rappelé ma condition. Je ne suis pas un phénix. Les cendres d'hier finissent poussières. Mais elles sont braises et patientent l'occasion de retrouver une vive incandescence. D'une noire incandescence.

Je ne saurais vous l'expliquer, il survînt un tournant. Elle m'aimait bien, ne m'aimait pas. Cela, je le comprenais doucement. Ce fût d'abord des absence, ce fût ensuite des excuses. Il se montrait avec elle, saluait ses connaissances, marquant un territoire que je gênais. Me battre, je ne le souhaitais plus. Je m'inclinais avant d'avoir commencé. Elle ne saisit pas réellement ce refus, cette confusion qui cessait de se dissimuler. Elle voyait, maintenant, mon âme à nue, l'inexistence de ce qui faisait les bonnes amitiés. Peut-être avait-elle bien vu. Comment aurais-je pu lui présenter ce qui, en moi, mourrait? L'indécence m'obligeait à garder tout cela pour moi.

Et un jour, cela termina. Je serais incapable de vous préciser à quel moment. L'armoire, trop lourde, s'écroula.

Je me souviens, il y avait une après-midi. Nous étions allongés, heureux, dans un pré, non loin de la forêt. Nos yeux fixaient les nuages qui voyageaient, là-haut, en direction d'autres paradis. Nous imaginions ces paradis. Je ne sais s'ils existent. Je sais juste que j'ai perdu le mien.

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Membre+, I. C. Wiener, 33ans Posté(e)
konvicted Membre+ 26 925 messages
33ans‚ I. C. Wiener,
Posté(e)

"Comment elle s'appelle ?" :sleep:

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 47 992 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Elle. Le magazine. :sleep:

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Membre, forumeur éclairé, 56ans Posté(e)
Lugy Lug Membre 10 224 messages
56ans‚ forumeur éclairé,
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on dirait qu'une bise ta mit un vent.biggrin.gif

belle écriture.

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 47 992 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Pas exactement, mais il est clair que ce que j'écris est toujours influencé par ce que je peux vivre ou ressentir au moment où je l'écris.

C'est gentil. :)

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Membre, forumeur éclairé, 56ans Posté(e)
Lugy Lug Membre 10 224 messages
56ans‚ forumeur éclairé,
Posté(e)

c'est le propre de l'artiste de faire partager l'émotion.sleep8ge.gif

wink1.gif

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 605 messages
Maitre des forums‚
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bonsoir jedino

toujours agréable de te lire .je fait un peut comme toi ,j'écrit sur le coup sur ce qui me passe aussi par la tète .

bonne soirée :plus:

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 47 992 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Merci de vos lectures, et bon week-end, oui!

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